Forum de l'association Petite Émilie

Bonjour à toutes et à tous,

Je me permets d’écrire ici au nom d’un couple d’amis très chers à moi. Ils ont perdu récemment leur bébé à 5 mois de grossesse, une épreuve soudaine et très douloureuse. C’était leur premier enfant, et tout s’est arrêté brutalement. Les circonstances médicales n’ont pas aidé — là où nous vivons, l’accès à des soins de qualité est parfois limité, et cela n’a fait qu’ajouter à leur peine.

Depuis, ils sont submergés par la tristesse, la culpabilité parfois, et surtout beaucoup de peur : comment retrouver un jour l’espoir d’une nouvelle grossesse ? Est-ce possible d’avancer avec cette douleur ? Ils se demandent aussi s’ils auront un jour la force de revivre cette attente, ce rêve.

Je ne sais pas trop quoi leur dire, sinon que je suis là… Mais je sens qu’ils auraient besoin de témoignages, de retours d’expérience de parents qui sont passés par ce chemin difficile et qui, peut-être, ont réussi à entrevoir à nouveau la lumière.

Si certains d’entre vous acceptent de partager un peu de leur vécu, ou même simplement une pensée, je suis sûr que cela leur ferait beaucoup de bien.

Merci d’avance pour votre bienveillance.

Bonjour à toi,

Quelle délicatesse pour tes amis, ils ont beaucoup de chance de t’avoir.
J’ai moi aussi perdu mon bébé à 5 mois de grossesse au mois de novembre, d’une mort fœtale brutale et inexpliquée. C’est un tsunami, le chaos qui arrive dans nos vies, mais je peux t’assurer que les choses s’apaisent et qu’un jour, le bonheur revient.

J’ai essayé d’envoyer des podcasts ou des liens à mes amies, espérant qu’elles viendraient lire ce forum ou regarder les films que je leur conseillais, pour qu’elles comprennent ce qu’on vivait et surtout pour qu’elles aient une bonne posture en tant qu’amies. Mais je crois qu’elles n’ont pas écouté les podcasts ni lu le forum. Aujourd’hui je me dis que ce n’est pas grave, elles ont été comme elles sont, sensibles et présentes. Mais j’aurais aimé qu’elles aient une démarche un peu plus engagée lorsque j’étais au fond du trou.
Je peux te conseiller de suivre le podcast « Au revoir podcast » qui est vraiment très bien, et il y a des épisodes consacrés aux proches, ça devrait t’intéresser.
Il y a un super documentaire qui s’appelle « Le berceau vide », que tu trouves en accès libre sur internet.
Tu peux aussi lire ce forum et les témoignages.

Ce dont j’avais le plus besoin, lorsque je venais de perdre mon bébé, c’était d’en parler. Voilà, je ne pouvais parler que de ça, de rien d’autre, et surtout ne pas taire cette grande tristesse. Il y a eu des personnes qui, en me revoyant, n’ont pas parlé du tout de mon bébé. C’était insupportable.
Je sais que c’est très difficile, parce que lorsqu’on n’a pas vécu ça, on peut être très mal à l’aise, désemparé, etc. Mais surtout ce n’est pas un tabou. Pour nous, ce bébé, ce n’est pas juste une perte, c’est notre bébé, on l’aime, il a existé. Je pense qu’en temps qu’amie, il ne faut pas hésiter à poser des questions, à faire exister ce bébé, à pleurer avec tes amis, et à t’ajuster à eux. Chaque jour est différent : parfois ils auront besoin d’en parler sans arrêt, puis le lendemain ils ne répondront pas à tes messages. C’est comme ça, c’est difficile à suivre pour les proches mais encore plus pour nous.

En tout cas, je peux te dire que le bonheur revient. En vivant son deuil à fond, en écoutant notre tristesse, ainsi que nos moments plus joyeux, on s’en sort.
Tu peux leur partager ce poème de Prévert qui m’a énormément aidée, je le lisais plusieurs fois par jour. Il s’appelle « Le bonheur en partant m’a dit qu’il reviendrait ».
Et le désir de grossesse aussi, d’ailleurs pour la plupart d’entre nous c’est ce qui fait partie des choses qui nous apportent de la joie (de la culpabilité aussi au début, toutes les émotions se mélangent).
La vie ne s’arrête pas là, tes amis seront heureux après ce grand malheur, c’est promis.

Beaucoup de courage à eux qui traversent ça, et à toi en tant qu’amie parce qu’il faut s’accrocher !