Forum de l'association Petite Émilie

Bonjour à tous,

Voici mon histoire.
Maman d'un petit Charlie de deux ans et demi. J'ai mis du temps à tomber enceinte, grossesse parfaite mais accouchement avec césarienne en urgence.

Été 2024 on tente le deuxième. Premier essaie. Ça fonctionne ! Mais malheureusement fausse couche à 11 semaines. Bébé avait arrêté de se développer à 7 semaines. Je l'ai plutôt bien pris. J'étais confiante. Ça remarchera !

Je retombe enceinte directement après. Super ! Malheureusement cette grossesse a été un peu compliqué dès le départ. J'ai eu des saignements très tôt appelé " hématome sous-chorial". Le premier trimestre et le début du deuxième ont été accompagné de stresse à chaque saignements. Ne Plus porter mon Charlie. Plus aller nager ( je fais de la natation synchronisée.

Arrivée à la T2 à s20. Mardi 18 février. Bébé nickel. Qui bouge +++ col fermé haut. Plus d'hématome. Je peux reprendre ma vie d'avant. Soulagement !

Mercredi 19 février au soir. Je lisais un livre tranquillement, 23h, perte de liquide au repos. Beaucoup de liquide. Jai rompu la poche des eaux.

Nous vivons aux usa, alors j'appelle les urgences. Qui me disent que bébé pas viable donc si pas de saignement, pas de douleur je reste à la maison mais aller à la première heure à la gynéco le lendemain.

Jeudi 20 Février 8h30 diagnostic confirmé : poche des eaux rompus. Ma gyneco nous envoie directement voir un professionnel de grossesse à risque. 10h30, nous avons plus d'informations sur ce qui va se passer. Le niveau de liquide amniotique est bas. Rdv dans une semaine pour un suivi et on a le temps de réfléchir sur notre souhait de continuer la grossesse ou d'arrêter. Nous devions apprendre le sexe pendant le weekend qui arrivait avec des amis via une reveal gender party. Nous demandons donc son sexe. Un petit garçon. Et annulons le weekend.

Nous sommes dans le milieu médical tous les deux. Nous avons beaucoup de connaissances dans ce milieu. Nous avons directement contacter nos amis pédiatres, qui travaillent en néonat.
Pour plein de raisons personnelles nous avons décidé d'arrêter cette grossesse. Dès le lundi j'appelle pour avancer le rdv avec le professionnel. Il nous informe que le niveau de liquide a encore diminué et que je suis oligoamnios. Ça confirme notre décision.

Tout a été très vite. Jeudi 27 février j'ai été hospitalisé le soir. J'avais des débuts de contractions. Ouverte à un. Début du travail. Vendredi 28 février notre petit garçon est arrivé, son petit coeur était déjà arrêté. Beaucoup d'amour, de douceur. Il m'a donné le cadeau d'accoucher par voie basse.
Nous n'avions pas encore de prénom. Et nous n'avons pas eu la force de lui en donner un. Pour nous depuis le début de la grossesse c'était notre bébé arc en ciel. Donc nous l'appelons : Rainbow.

Nous sortons de l'hôpital le lendemain, samedi 1er mars. Au moment de partir je m'effondre. Weekend très dur à la maison. Beaucoup de pleures. Des cauchemars. De la peur de perdre mon charlie.

Pour problème administratif, nous avons eu l'incinération que lundi dernier. Ça a été un moment vraiment dur.

Voilà six semaines et quelques jours que je fais mon deuil. Des hauts. Beaucoup de bas. J'ai des moments où je craque complètement. Où je me dis que j'ai tué mon bébé. Où je m'en veux de ne pas lui avoir donné une chance. Même si je me rappelle pourquoi nous avons décidé d'arrêter la grossesse.

J'écoute beaucoup de podcast de témoignages de deuil prénatal. Mais je recherche des témoignages de situation similaire à la nôtre. Qui ont fait le choix d'arrêter la grossesse après une rupture de la poche des eaux.

C'est aussi très dur d'enchaîner une fausse couche et cet img. Je me demande pourquoi nous ?

Merci de m'avoir lu.

Salut, je vous apporte réconfort et vous dire vous n'êtes pas seule, malheureusement je suis profondément désolée de te voir atterrir ici.
C'est tout a fait normal de ressentir de la culpabilité, c'est tout a fait normal d'avoir la peur, c'est tout a fait normal d'être triste.
Dites vous juste c'est pas votre faute, c'est la faute à pas de chance tout simplement, vous n'avez pas choisi ce combat mais ce combat vous a choisi fort malheureusement.

Vic Vic,
Je suis désolée de t'accueillir sur le forum, et désolée de ces deux épreuves successives.
Je me retrouve beaucoup dans ton ressenti, puisque j'ai enchaîné dans le même ordre une fausse couche puis une IMG pour trisomie 21. Comme toi, nous avons fait le choix de décider de la mort d'un enfant à naître que nous avions tellement attendu..
J'ai un peu plus de recul puisque ma fausse couche a eu lieu en 2019 et mon IMG en 2022. Je t écris ce message depuis mon canapé pendant que mon compagnon se débrouille comme il peut avec notre fils né en janvier 2024 à l'issue d'une 3e grossesse ô combien anxiogène ... où on a cru le pire jusqu'à l'accouchement !
Mais voilà il est bien vivant. Il va bien. Il sourit et se marre même !. Et la culpabilité a pris du large. La tristesse aussi.
Ça paraît impossible au début et presque indécent d'aller mieux. Nous qui avons fait ce choix horrible... pourtant, je suis obligée d'admettre que c'est digéré, et que la colère s'est évanouie.
Je ne sais pas si mon témoignage est approprié a ce que tu traverses, ton histoire est tellement récente mais je me souviens que cette histoire de revanche sur la vie m'avait fait tenir alors je te la livre ... avec tout l'espoir que je vous souhaite ...

Coucou @vicvic,

J'ai vécu la même chose, à un stade plus précoce (rupture de la poche à 13 SA et IMG). Ici, en plus de l'absence totale de liquide, j'avais les marqueurs de l'infection qui étaient mauvais, autant dire que les chances de bébé étaient dérisoires. Tu peux lire mon témoignage à partir de ma signature. Nous avons eu la grande joie d'avoir un autre bébé ensuite, qui a deux ans à présent .

Dans mon cas, le "pourquoi ?" a trouvé une réponse : je me suis blessé le col et ça l'a rendu incompétent. Mais même avec une réponse, ça reste terriblement injuste. Il y a toujours d'autres pourquoi qui viennent. Le travail d'acceptation reste à faire de toute façon...

Tu n'as pas tué ton petit Rainbow. C'est cette saleté de problème, cette poche crevée qui a causé tout ça. Certains parents parlent de "non choix" à propos de l'IMG : la vie te met dans une situation impossible, tu prends la décision que tu peux, et de toute façon, dans bien des cas, même sans l'IMG, ça se termine mal... Surtout dans nos situations où la petite poche est crevée et vide . Je suis tellement désolée pour ce qui est arrivé. Je t'envoie mes plus sincères pensées.

Merci a toutes les 3 pour vos reponses.
je sais que ca prend du temps. chaque jour est une nouvelle etape.
je crois que je commence a accepte le choix qu'on a du prendre a l'instant T.
Grosse pensee a nos petits anges.

Bonjour Vicvic

J’ai vécu une rupture de la poche des eaux à 21 semaines, et l’accouchement est arrivé une semaine plus tard. Je comprends tout ce que tu vis. Moi aussi j ai eu des saignements le premier trimestre, je me doute maintenant que c’est lié mais sur le moment les médecins ne ce sont pas inquiétés.

Pour ma part l’accouchement a eu lieu par voix basse a 22 semaines, c’était ma première grossesse d’une pma, un parcours compliqué.

Cela va faire un an le 18 mai, j’ai fait du chemin depuis mais c’est vrai que ce qui m’a beaucoup rongé c’est la culpabilité. J’avais peur d’avoir fait quelque chose sans le vouloir qui aurait provoqué la rupture… mais il n’en est rien.
J’ai eu aussi beaucoup de mal à re aimer mon corps, à prendre soin de moi. J’en voulais à mon corps. Mais je m’en sors, je me suis retrouvé petit à petit et ma fille fait partie de ma vie. De notre histoire.

C’est tellement injuste de vivre cette épreuve. Tu as fais le bon choix, car tu as pensé à l’avenir de ton bébé j’imagine. Il n’était pas assez développé.

Nous pouvons échanger si tu le souhaites.

Bonjour Vicvic,

Ton témoignage est bouleversant et je te remercie de l’avoir partagé avec autant de sincérité et de courage. Je n’ai pas vécu exactement la même situation, mais je voulais te dire que ton choix, aussi difficile soit-il, a été fait avec tout l’amour et le sens des responsabilités d’une maman. Tu n’as « tué » personne — tu as protégé ton bébé d’un avenir incertain, dans un contexte douloureux, en faisant ce que tu pensais être le mieux.
https://universmaman.fr/
Rainbow restera toujours une trace d’amour dans votre histoire. Et même si les mots sont peu face à ce que tu vis, tu n’es pas seule. Beaucoup d’autres parents ont dû faire ce choix dans le silence — et chaque témoignage comme le tien leur fait du bien.

Je t’envoie plein de douceur, et du courage pour les jours où ça fait trop mal.

Bonsoir VicVic,
bonsoir à toutes et tous qui avez répondu au message sur ce sujet.

Ce même malheur de rupture prématurée de la poche des eaux suivie d'une IMG vient de me frapper.

Voici mon histoire : j'ai deux "grands" garçons de désormais 9 ans et 7 ans.
Mes deux accouchements se sont bien déroulés, par voie basse, mais se sont tous les deux soldés par une rétention placentaire. Pour le deuxième, j'ai eu un curetage 2 mois après, qui a donné lieu à des synéchies (adhérences intra-utérinnes), rendant impossible toute future grossesse en l'état.

Début 2021, j'ai subi 3 opérations pour retirer ces adhérences et retrouver une cavité utérine "habitable". S'en sont suivies presque 4 années de PMA pour tenter de tomber enceinte (mon endomètre était très fin, ce qui empéchait la nidation), dont 2 fausses couches, l'une ayant été traitée par curetage qui m'a causé une perforation utérine, abimant encore le nid douillet d'un futur bébé.

Et en janvier 2025, après plusieurs mois de pause, je tombe enceinte après mon 8e transfert d'embryon ! Nous sommes très stressés pendant les premières semaines. Puis vient l'écho du T1 et le test DNPI (systématique en Belgique), qui nous indiquent que notre petit garçon se développe bien.

Nous pouvons enfin y croire !

Et ce maudit vendredi 9 mai, je perds les eaux en m'habillant le matin. Je n'ai aucun doute sur ce qu'il m'arrive, car j'ai aussi perdu les eaux, à terme, pour mon premier fils.

S'en suivent plusieurs jours d'hospitalisation pour suivre si le liquide amniotique se régénérait et pouvait se maintenir, mais cela ne fut pas le cas. Bébé ne pourrait pas bien se développer. Pour mettre un terme à ma souffrance psychologique et éviter un avenir noir à notre bébé (naissance ultra prématurée sans garantie de survie), nous décidons d'interrompre la grossesse.

Et le jeudi 15 mai, il y a trois jours, je donne naissance à mon petit Basile. Nous décidons de le voir quelques heures après l'accouchement, il est déjà tellement mignon...Cela m'apaise, mais m'attriste à la fois. Je suis anesthésiée au sens figuré.

Je suis de retour à la maison depuis seulement hier, car j'ai perdu beaucoup de sang après l'accouchement (encore une rétention placentaire) et ai dû être transfusée.

Et depuis, j'ai l'impression d'être en dehors de ma vie. Je culpabilise de penser à mon bébé qui n'est plus là, même lorsque je parle avec mes garçons. Seuls leurs calins et la présence solide de mon compagnon me rassurent, mais elle ne parviennent pas à combler ce vide abyssal que je ressens. Une tristesse physique me submerge. Je ressens comme des coups de poignards de la part de cette tristesse.

Alors oui, je sais que le temps permettra à mon corps de guérir, et à mon coeur de moins souffrir.

Mais aujourd'hui déjà, je me pose la question de savoir si je devrai faire le deuil "uniquement" de ce bébé, ou bien d'une vie à 5. J'aurais tellement peur de revivre ce drame, mais seule l'idée d'avoir encore un bébé me semble aujourd'hui à même de me redonner le sourire.

Les médecins ne peuvent pas me dire si cette rupture de la poche des eaux est due à mon utérus abimé ou pas. Il ne peuvent pas, non plus, exclure que cela soit le cas. Avant de tenter ce transfert, j'avais toutefois demandé à mon gynéco de PMA si mon utérus était capable de mener une grossese à terme, ce dont il m'avait rassurée.

Or j'ai 39 ans, je n'ai plus énormément de temps devant moi pour tomber enceinte (car j'ai de gros problèmes de fertilité).

Je suis perdue. J'attends avec hâte une période d'apaisement.

Merci de m'avoir lue. je suis de tout coeur avec vous, les parents qui ont perdu un bébé lors d'une IMG.

Sandra, sans Basile.

Bonjour Sandra,

Toutes mes condoléances pour ton petit Basile.

Je suis sincèrement désolée de lire ton parcours du combattant en PMA.

Tu as le droit de te sentir en colère et triste. Cette situation est profondément injuste. Le vide en soi est particulièrement pesant les premières semaines. Il faut pas mal de temps pour avancer et se sentir de nouveau un peu plus connectée au monde après un tel traumatisme.

La culpabilité est aussi normale après une IMG. Bien entendu, tu as fait tout ce que tu as pu pour ton fils. L'IMG est un non-choix. Tu as dû décider du "moins pire" pour lui. C'était une décision d'amour.

Je suis heureuse de lire que tu es bien entourée par ta famille. Avoir du soutien, c'est ce qui aide le plus dans ces moments difficiles.

Pour la suite, c'est à toi de voir avec les médecins, en fonction de tes forces, de tes désirs et de ton corps. Donne-toi un peu de temps pour savoir ce que tu souhaites pour l'avenir.

J'ai une douce pensée pour ton petit Basile qui a rejoint nos étoiles. Je suis persuadée qu'il était très beau et apaisé.

Bonsoir Sandra,

Ton histoire fait écho à la mienne, j’ai suivi aussi un long parcours de Pma, j’ai des problèmes de fertilité, beaucoup trop de fibromes (j ai subi une intervention aussi) et j’ai perdu ma Noa après une rpm à 22 semaines de grossesse. Le 18 mai 2024, il y a tout juste un an. On vient passer cette date d’anniversaire tant redoutée. Cela fait un an, en même temps j’ai l’impression que c’était hier et en même ça me paraît loin car nous avons fait beaucoup de chemin mine de rien.
Je ne veux pas re tenter car j’ai des risques de récidive et je m’en remettrai pas. Ma compagne a d’autres problèmes qui l’empêche de porter un enfant. J’ai comme toi 39 ans, et elle 40. Je pense que nous sommes en chemin vers le deuil de ce magnifique projet. On pense tenter l’adoption, nous n’avons pas d’enfants.

Cette démarche me remet du baume au cœur.
En effet on fait du chemin mais on a besoin de plus de temps pour tout, même pour les prises de décisions les plus anodines.

Tout cela pour te dire de prendre vraiment ton temps, nos corps, nos cœurs et nos esprits en ont besoin après une telle épreuve.

Courage à toutes les mamanges , et plein d’amour sur vous