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Christellemarie
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Message par Christellemarie »

bonjour, Je suis moi même venue chercher du réconfort sur ce forum il y a 2 ans. Je me suis dit que quand je serais prête, à mon tour, je livrerais mon témoignage afin d'aider d'autres par'anges qui se trouvent dans la détresse. alors je vous livre mon histoire et m'en libère un peu aussi... merci a vous d'exister pour nous 🙂



J’apprends ma grossesse en juin 2022, je me projette déjà, je réfléchi aux affaires dont je vais avoir besoin, je calcule ma date présumée d’accouchement, (le 25 mars 2022), je recherche les vêtements de grossesse qui m’avaient servi pour mon 1er dans mes caisses en plastique soigneusement conservées au cas où !). Enzo va être grand frère ! Comment va-t-il réagir, je l’imagine déjà avec lui ou elle, je sais très bien qu’ils auront 10 ans d’écart et je me souviens des paroles d’une maman dans le même cas qui m’avait dit « j’ai fait 2 enfants unique… » Mais peu importe !! Je suis trop heureuse, ils seront 2 et nous serons 4 ! Une famille complète ! J’aimerais tellement que ce bébé soit une petite fille ! Je réfléchi déjà au prénom !

Je passe les 2 mois d’été, heureuse, comblée en sachant en moi ce petit être grandir. J’imaginais aussi la surprise de mes proches lorsque je ferais l’annonce.
Je me projette, ressors mes vêtements de grossesse, prends le rendez-vous du 1er mois de l’échographie (datation précoce). Je nage dans le bonheur. Je me dis que c’est la seule chose qui me manquait pour que la boucle soit bouclée… Enzo va être grand frère, je ne sais pas comment il va le prendre. Sera-t-il content ? ou pas…

Je passe cette échographie le 1er août dans un centre de radiologie, je suis sereine. Le médecin pose la sonde et l’image de l’embryon apparaît ! Minuscule ! Après plusieurs images il me dit que tout va bien et me décrit ce qu’il voit à l’écran, me donne sa taille, 13 millimètres ! J’entends ensuite son cœur battre !! Je suis aux anges, je réalise que c’est bien réel ! Je suis vraiment bien enceinte !!!!! Je sors avec mon échographie et l’observe attentivement dans la voiture. Je souris.

Cette étape est pour moi comme le feu vert pour que je puisse enfin annoncer la nouvelle à mes proches. Pourquoi attendre ? Je me dis qu’il n’y a pas de raison de garder cela pour moi et j’ai tellement hâte de le partager avec eux ! J’ai envie de le crier à tout le monde !!!!!

Jeudi 1er septembre 2022 17h, 1ère échographie avec la gynécologue.

Il est un peu plus de 17h quand mon monde s’effondre. Mon bonheur a duré 5 minutes où je voyais enfin ce petit bébé à l’écran, j’apercevais sa tête et son corps qui étaient positionnés vers le bas. J’entendais son cœur battre. Je me disais qu’il était beau. J’avais envie de le dire mais je me suis retenue, par pudeur. La gynécologue est silencieuse et nous dit qu’il y a quelque chose qui ne lui plaît pas. Ce sont ses mots. Je ne les oublierais jamais. Elle fronce les sourcils et fait non de la tête en regardant l’écran puis en me regardant dans les yeux. Je m’en souviendrais toute ma vie.

Je ne comprends pas tout de suite bien sûr. Je lui demande ce qui ne va pas en espérant que ce soit une erreur ou que cela ne soit pas grave.

Je regarde mon homme, visage fermé, qui fixe la gynécologue dans l’espoir d’entrevoir une réaction. Elle me répond qu’il y a un « œdème ». Elle nous explique que le bébé est entouré comme d’une seconde peau tout autour de son corps et que ce n’est pas bon signe. Elle nous dit aussi que cet œdème est un signe d’appel vers autre chose. C’est-à-dire que c’est le «symptôme» d’autre chose et qu’il faut faire des examens complémentaires pour savoir ce qu’il se passe. (Je lirai à la fin de la consultation sur le compte-rendu « lymphœdème généralisé » (anomalie du système lymphatique responsable d’une augmentation de volume d’une partie du corps qui apparaît enflé suite à l’accumulation anormale de lymphe, essentiellement dans le tissu sous la peau.) Source : Encyclopédie Orphanet Grand Public.

Elle prend le temps de nous expliquer que cet « autre chose» est peut-être une anomalie d’origine chromosomique (type trisomie 21, 13, 18, ou 9, il en existe plein d’autres, ou que cela peut être la maladie de Turner qui touche généralement les filles ou que cela peut-être d’origine virale comme le parvovirus, le cytomégalovirus, la toxoplasmose … ou bien « la faute à pas de chance » (un mauvais assemblage des cellules à la conception). Ce bébé peut avoir des malformations cardiaques et une espérance de vie limitée.
A partir de ce moment-là, je réalise qu’il y a un réel problème. Je tourne la tête de l’autre coté de l’écran pour ne plus le voir, ce sera la dernière fois que je verrais le bébé…

J’étais sur mon petit nuage et c’est comme si on avait retiré précipitamment ce nuage et que je tombais brutalement par terre.

Elle nous décrit les différentes parties de son corps très rapidement mais je ne l’écoute pas, je me répète en boucle dans ma tête qu’il y a un problème, que non ce n’est pas possible, que c’est peut-être pas si grave que cela, mais pourquoi moi, pourquoi nous ? Les larmes commencent à couler sur mon visage et je fais non de la tête. L’examen est terminé, nous nous asseyons à son bureau. Je pleure en me disant que je ne suis pas venue pour cela. Ce n’est pas ce qui était prévu. Nous devions sortir de ce rendez-vous en étant heureux. J’attendais de ce rendez-vous le top départ, le feu vert, pour enfin annoncer au reste de ma famille et de mes amis la bonne nouvelle. Au lieu de cela, ce fut un choc.

La gynécologue prend rendez-vous devant nous, avec une de ses consœurs, à l’hôpital de secteur afin qu’elle me fasse passer une échographie de référence ainsi qu’une amniocentèse. Elle nous explique que ce genre d’anomalie est grave et elle se montre pessimiste pour la suite de la grossesse. Elle nous explique qu’à n’importe quel moment de la grossesse, si nous le souhaitons, nous pouvons l’arrêter. Que la loi nous autorise à faire une interruption de grossesse hors délai légal car le motif est médical, cela s’appelle une I.M.G. (Interruption Médicale de Grossesse).

Je suis choquée de ce que j’entends. Bien sûr que non il n’est pas question d’arrêter ma grossesse. Je ne veux même pas entendre ce qu’elle me dit. A ce moment-là, je n’envisage pas du tout d’arrêter cette grossesse. Je garde espoir en me disant que c’est peut-être moins grave qu’elle ne le pense et que l’œdème va se résorber tout seul ou bien qu’il s’agit d’une erreur.

Je suis en pleure, elle saisit le compte-rendu sur son ordinateur mais n’arrive pas à joindre sa consœur. Elle lui envoi un mail et nous dit que l’on va être contacté rapidement par cette gynécologue pour le rendez-vous. Elle se lève et me donne un mouchoir en déposant sa main sur mon épaule en signe de compassion, ce que j’apprécie, mais qui me fait prendre conscience que ce qui nous arrive est grave. Elle me fixe un rendez-vous avec elle le 23 septembre 2022 en me disant qu’elle veut me revoir peu importe ce qui ce sera passé d’ici là. Je dois également faire un bilan sanguin spécifique pour la recherche d’origine virale (toxoplasmose, rubéole, syphilis, CMV, parvovirus …).

Elle fait tout de même la déclaration de grossesse à la sécurité sociale. Je suis à 12 SA + 5j. Le bébé mesure 7,2 cm.

Je sors de cette consultation en pleure et traverse la salle d’attente en larme devant les autres mamans aux ventres arrondis.
Nous restons un moment dans la voiture. Julien et moi sommes stoïques, on ne réalise pas, je pleure, je cris, ma respiration s’accélère, je ne veux pas vivre cela !

Nous évoquons l’éventualité de mettre un terme à cette grossesse si le risque que ce bébé ait de lourds handicaps ou malformations cardiaques et peu de chance d’avoir une vie normale. Nous sommes d’accord sur ce sujet.

Je passe une nuit à pleurer et sans dormir. A partir de ce soir-là, je ne toucherai plus mon ventre pendant de longs jours et je ne parlerais plus à ce bébé. Je l’ignore, par peur de m’attacher plus que je ne le suis déjà et en n’ayant cette sensation de rejet du fait d’avoir un bébé malformé dans mon ventre. Le handicap fait peur, j’imagine ce fœtus malformé avec une apparence qui fait peur. Je me réconforte en me disant que ce n’est rien, que ce n’est même pas un bébé, que c’est juste un embryon.

J’ai un appel peu de temps après de l’hôpital qui me fixe un rendez-vous avec le médecin gynécologue dès le lundi suivant.

Nous passons le week-end dans l’angoisse, l’incertitude, les questions sans réponses, les paroles de la gynécologue résonnent et tournent en boucle dans ma tête.

Lundi 5 septembre 2022 à 14h, nous arrivons au rendez-vous.

La gynécologue prend le temps, elle aussi, de nous expliquer ce qui ce passe, avec des schémas et des mots simples. Nous avons pu lui poser toutes les questions que nous avions.
Elle se montre également pessimiste sur la suite de cette grossesse, c’est-à-dire qu’il y a de fortes chances que le bébé soit très malade. Elle nous explique la même chose que ce que nous a dit la précédente gynécologue. Je lui demande ce qui va se passer maintenant. Elle nous dit que nous avons la possibilité de stopper la grossesse à n’importe quel moment et que si c’est le cas elle nous suivra à 100 % (ce qui ne nous rassure pas).

Elle nous explique que beaucoup de rendez-vous vont s’enchaîner et que si nous décidons de dire stop, nous sommes dans les délais pour pratiquer une I.V.G. (Interruption Volontaire de Grossesse), même si la raison est médicale. Alors que si on attend quelques jours en plus, le protocole sera différent car nous serons dans des délais d’une I.M.G. et que cela sera plus compliqué à vivre pour nous. Elle nous explique que dans ce cas, la maman prend la décision mais qu’une commission de différents spécialistes se réunissent pour valider ou non cette décision. (En fonction de la pathologie découverte, si on la connaît, ou du risque élevé de handicap ou de malformations cardiaque et de la viabilité du fœtus.)

Elle nous donne comme exemple qu’une trisomie 21 ne sera pas considéré par le corps médical comme une raison médicale. Donc la demande d’I.M.G. sera rejetée ! Nous comprenons que si nous prenons la décision dans la semaine nous sommes « maîtres » de ce qui va se passer alors que si nous décidons d’attendre, notre sort ne sera plus entre nos mains.

Elle me dit que si nous décidons de poursuivre la grossesse, des examens réguliers, échographies, prises de sang, etc… seront à faire régulièrement et que personne ne sait si on aura une réponse après chaque examen.
Il se peut que nous découvrions la maladie dont il souffre seulement à la naissance mais que probablement le fœtus ne survivra pas à la grossesse. Je peux perdre le bébé à tout moment de la grossesse.

Le 1er examen est une amniocentèse, qui à ce stade de la grossesse, s’appelle une choriocentese. Il consiste à prélever de petits segments de ce qui n’est pas encore le placenta ainsi que des cellules fœtales et du liquide amniotique.
Cet examen peut, peut-être, permettre de savoir de quelle maladie souffre notre bébé. Elle me dit que même si nous souhaitons arrêter la grossesse c’est mieux de le faire car j’aurais peut-être une réponse sur la maladie. Le résultat n’est pas sûr. Elle m’explique qu’il y a un risque de fausse couche lors de cet examen. Je réponds que je souhaite le faire.


Elle m’explique que cet examen se passe au bloc opératoire et que j’aurais une anesthésie locale (au ventre). Elle va introduire une aiguille dans le bas du ventre pour prélever les cellules en se fiant à l’écran de contrôle de l’échographie. Elle sera assistée d’un autre chirurgien et d’une aide soignante pour me rassurer. L’examen dure 10 min. Je vais avoir les résultats en 2 temps. Les 1ers seront analysés en 2 ou 3 jours. Ce sera le caryotype qui permet de rechercher d’éventuelles anomalies chromosomiques. Et les autres prendront environs 3 semaines car il y a un temps d’incubation, pour rechercher d’éventuelles anomalies des gènes. Je dois en plus faire une prise de sang pour rechercher une éventuelle infection virale.

Elle insiste sur le fait qu’après chaque examen nous puissions ne pas avoir de réponse.
Après ce rendez-vous, notre décision est prise. Je ne veux pas vivre cette grossesse dans l’angoisse et la peur des résultats de chaque échographie. Je ne veux pas que le bébé meurt dans mon ventre. Il y a trop de risques. Le bébé a bien quelque chose de grave mais nous ne savons pas quoi. Nous ne sommes pas sur d’avoir une réponse après chaque étape de la grossesse, chaque examen passé, d’autant que vu l’étendu de l’œdème il y a beaucoup de risque que ce bébé décède dans mon ventre. Je ne veux pas de cela. Je voudrais qu’on me l’enlève tout de suite, j’ai du mal à supporter cela. Je voudrais que la nature fasse son devoir, fasse le choix à ma place et l’emporte, au lieu de me laisser prendre cette décision, cela serait plus simple pour tout le monde…

Je cherche la cause de cette anomalie. Est-ce du a mon alimentation, ma santé, mes gènes ? Est-ce que c’est parce que j’ai pratiqué une séance d’aquafitness ou que j’ai bu de l’alcool avant de savoir que j’étais enceinte. Est-ce-cela ? Julien se demande si cela peut-être du à son nouveau traitement pour le cœur, à notre mode de vie, à ses gènes ??

Nous passons la soirée, dans l’angoisse, les questionnements, la peur, l’incompréhension, la culpabilité, faire le bon choix ? Mais y en a-t-il vraiment un ??

Le rendez-vous est pris pour le mercredi 7 septembre 2022 à 8h30 soit 2 jours après.

Nous arrivons à l’hôpital où je suis prise en charge tout de suite. On nous dirige dans une petite pièce et on me donne la blouse d’hôpital. Je suis avec mon homme. Je me prépare, masque, charlotte sur la tête et aux pieds. Je pleure et j’ai peur. L’aide soignante se présente, elle a l’air gentille. Je précise que je ne souhaite pas voir l’écran de l’échographie pendant l’examen. La gynécologue vient me chercher. Je m’installe sur la table. On me couvre d’un drap. On me badigeonne de Bétadine et elle enfonce l’aiguille. L’anesthésie a été faite avant et je ne m’en suis pas rendu compte. Puis, je sens un va-et-vient assez violent et douloureux de l’aiguille. Ce geste me fait penser à une liposuccion comme j’ai déjà vu à la télévision.

L’aide soignante est à coté de moi, sa main posée sur mon épaule. Elle m’explique chaque geste et je la stop en lui disant que je ne veux pas savoir. Je veux qu’elle fasse diversion en me parlant d’autre chose. Elle me demande de quoi elle veut que je lui parle. Je lui pose des questions sur sa vie, ses enfants, ses dernières vacances. Ce qui fonctionne car mon attention est portée sur ce qu’elle me dit.
L’examen est terminé et je pleure.
La gynécologue est très attentive envers moi et me rassure beaucoup. Je me lève avec l’aide de la soignante et elle me raccompagne dans la petite pièce.

Je me rhabille et la gynécologue revient nous voir. Elle nous dit que le prélèvement est parti en analyse. Nous lui annonçons notre décision de tout arrêter. Je pleure encore. Elle nous rassure comme elle peut mais nous conforte dans notre prise de décision. Elle est dans la compréhension et dans la compassion. Elle m’explique que l’intervention pratiquée sera chirurgicale, par aspiration. Je serai endormie et le fœtus sera aspiré ainsi que les cellules placentaires à l’aide d’une sonde et d’une cupule. Je lui demande si c’est elle qui va m’opérer. Elle me dit que cela dépend du jour prévu mais qu’effectivement cela peut ne pas être elle. Je lui demande ce que va devenir le fœtus puis me retient.
Je lui demande si elle verra le sexe et elle me répond que oui. Je lui indique que je ne souhaite pas savoir car j’ai peur que cela le rende encore plus concret dans mon imagination et dans ma projection. Elle me dit que je fais bien de lui dire.

A partir de là, elle prend rendez-vous avec l’anesthésiste et la sage-femme pour les formalités administratives et organiser le jour de l’I.M.G.

Le rendez-vous est pris pour le jeudi 8 septembre 2022 à 10h.

L’anesthésiste nous reçoit et nous explique le déroulement de l’intervention. Puis nous revenons dans la salle d’attente et j’entends la sage-femme dire à l’anesthésiste que l’intervention est prévue pour le lendemain … J’éclate en sanglots ! Déjà !! C’est trop tôt ! Ça va trop vite. Je suis partagée entre le fait que les événements s’enchaînent sans avoir le temps de les assimiler et en même temps il faut que ça aille vite car le temps qui passe est un véritable calvaire. Mais je dois le faire, le plus tôt sera le mieux, qu’on en finisse.

La sage-femme nous reçoit. Elle reprend mon dossier et me repose les mêmes questions. Elle vérifie le planning une dernière fois et nous dit qu’elle l’a tourné dans tous les sens et que la seule possibilité est pour… le lendemain. Le prochain rendez-vous étant le jeudi suivant, elle nous dit que nous serons hors délais et qu’il faudra pratiquer une I.M.G. Alors que si on le fait demain ce sera une I.V.G. Elle me dit qu’elle m’a rajoutée sur le planning d’urgence du chirurgien qui sera de garde.

Elle m’explique le déroulement de l’intervention, les conséquences, le prélèvement du fœtus. Je signe la fiche de consentement. Elle me demande de prendre un cachet appelé « ***** » qui va permettre à mon col de s’ouvrir pour l’opération du lendemain. Je signe aussi un document de consentement pour la prise de ce médicament.
Une petite bouteille d’eau est posée sur son bureau, placée prés de moi. Elle est ouverte, le bouchon est posé à coté. Je comprends que la jeune femme que j’ai croisée sortant de ce bureau juste avant moi, a elle aussi pris ce médicament. Elle était enceinte d’environ 6 ou 7 mois … elle était avec son mari. Nous nous sommes croisés tous les 4 dans ce couloir la tête baissée et le regard vide.

Je prends ce cachet en me disant que c’est le geste décisif, si je l’avale c’est terminé. Je ne pourrais plus faire marche arrière. Mais je n’ai pas le choix. Je ne réfléchis pas et l’avale… Julien me regarde.
La sage-femme me remet un dépliant d’information sur l’I.M.G. et l’I.V.G. Elle m’explique que je vais être endormie et que le chirurgien va aspirer l’embryon. Je lui demande ce qu’il deviendra puis je me reprends en disant que non en fait, je ne veux pas savoir.
Elle me dit que ce serait bien de rencontrer une psychologue car c’est une épreuve très difficile à vivre. Elle me dit que j’ai la possibilité d’être en arrêt de travail mais je refuse. Je lui demande si je serais dans le service maternité mais heureusement elle me dit que non, je serais en gynécologie.

Je dois faire un test covid sur place ce jour avant 12h30 à l’hôpital pour l’opération du lendemain et une prise de sang (je ne me souviens plus pourquoi).
Elle m’explique le protocole médical avec douche à la Bétadine le soir même et le lendemain matin avant de partir pour l’hôpital.

Je ne dors presque pas et pleure beaucoup. Je touche mon ventre en m’adressant à lui. Je lui dis que je suis désolée de faire ça mais que c’est mieux pour lui et pour tout le monde. Ce sentiment de culpabilité est présent et me hante jusqu'au bloc ou ils me l'ont "arraché"... Je suis triste que cela se passe ainsi.


Le JOUR J : vendredi 9 septembre 2022 - Jour de l’ I.V.G.

Je me lève et refais une douche à la Bétadine en effectuant à la lettre chaque geste de savonnage sur mon corps. J’ai l’impression de me préparer comme si je partais au combat. Je suis attendue pour 10h en sachant que si les opérations prévues avant moi se déroulent normalement je passerai à l’heure sinon je serai la dernière vers 13h.
Nous sommes en voiture sur la route et je me dis que je suis en train d’aller vers la fin. Ce sont les derniers instants avec lui dans mon ventre, la dernière fois que je suis enceinte. Je sais que nous reviendrons à 2. Je suis consciente de ce que nous sommes en train de faire… Je pleure…

Une infirmière nous reçoit et nous installe en chambre dans le service gynécologie. Elle nous demande si nous avons une autorisation pour que mon mari reste avec moi car avec le covid les accompagnants ne sont pas acceptés. Je lui dis que non mais que vu notre situation cela devrait être accepté. Elle me coupe et me répond que c’est pour tout le monde pareil et qu’elle va se renseigner auprès de la cadre ! J’en ai les jambes coupées, je tombe de stupeur sur le fauteuil. J’ai la tête baissée, le regard au sol, les épaules et les bras vers le bas et je pleure… Nous restons 1h comme cela, à l’attendre. L’infirmière revient et me dit que Jérôme ne peut pas rester, que le protocole l’interdit et qu’il doit partir et revenir me chercher ce soir…. Mais comment on peut faire ça ! Je ne comprends pas ! Je pleure mais aucun mot n’arrive à sortir de ma bouche. Jérôme essai de lui faire comprendre. L’infirmière me pose des questions sur mon identité (protocole d’accueil sûrement) mais je n’arrive pas à la regarder et à lui parler, je pleure, je suis comme paralysée et abasourdie…

Une aide-soignante entre dans la chambre est comprend la situation. Me voyant dans cet état, elle s’approche de moi, pose sa main sur mon épaule, me regarde et me reconnaît. C’est l’aide-soignante qui m’a réconfortée ? Lors de l’amniocentèse la veille. Elle me dit de ne pas m’inquiéter, elle explique à sa collègue devant nous que j’ai passé un examen hier avec elle et que notre situation est particulière et lui demande que mon mari reste à mes côtés. Elle lui répond que non, ce n’est pas possible. Alors l’aide-soignante sort de la chambre sans rien dire et revient 5 min plus tard en disant devant nous à l’infirmière que la cadre à donner exceptionnellement son accord. L’infirmière est bouche bée !

Je la remercie car grâce à elle, Julien a pu rester avec moi et me soutenir. Je ne la reverrais pas mais ferais passer le message de mes remerciements encore et encore à son service. Elle s’appelle Nelly.

Après cet épisode angoissant, je me blottis contre Julien et pleure encore.
Je suis épuisée, j’ai besoin de m’allonger. Je m’installe en position fœtal dans le lit une main sur le ventre, pour profiter de lui jusqu’au bout. Je somnole et pleure. Julien s’occupe comme il peut dans le fauteuil.

Il est 13h quand le brancardier vient me chercher. J’embrasse fort Julien et nous partons au bloc. Pendant le trajet je garde mes mains sur mon ventre une dernière fois alors que je ne l’avais plus touché durant des jours avant hier soir. C'était une manière de lui dire au revoir.

Je passe de salle en salle où l’on me prépare puis arrive au bloc. L’équipe médicale se présente. Il y a un médecin anesthésiste, un infirmier anesthésiste, une aide-soignante et le chirurgien que je verrais qu’au dernier moment.
On place mes pieds dans des étriers. On me couvre d’une couverture chauffante. On me pose une perfusion sur le bras gauche et des électrodes sur le torse. Je pleure toujours, mes jambes commencent à trembler. Je sens dans ce bloc une ambiance très froide, entre eux et envers moi. Pas de paroles bienveillantes. Pas de regards.

Je demande à l’équipe si je vais voir le chirurgien qui va m’opérer. On me dit que peut-être s’il arrive avant que l’on m’endorme. Finalement, il arrive comme un chef d’orchestre devant son public. Il me dit que quelqu’un lui a dit que je voulais le voir. Alors je lui réponds non pas spécialement. En fait je voulais juste voir son visage.
Je me demande si l’équipe médicale connaît le motif de cette opération. Est-ce qu’ils savent que cette I.V.G qu’ils vont pratiquer est en fait une I.M.G ? Est-ce qu’ils savent pourquoi j’ai décidé de mettre fin à cette grossesse ? Je ressens le besoin d’expliquer à l’équipe médicale les raisons de l’acte qu'ils vont effectuer... Comme si j'avais besoin de me justifier... Je demande à l’aide soignante si elle sait pourquoi je suis là. Elle me répond gênée que oui. Alors je vais plus loin et lui demande si elle connaît la raison pour laquelle je suis là. Je suis en pleure. Elle ne sait pas quoi me répondre. Je la sens embarrassée. Je lui dis en pleurant que la raison est médicale, que le bébé est très malade et qu’on n’a pas le choix. L’infirmier anesthésiste prend le relais. Il se trouve derrière moi, je sens sa main sur mon épaule. Il penche sa tête vers moi et me rassure en me disant qu’ils ne sont pas là pour me juger. Que la décision nous appartient. Que cela va bien se passer et que je n’ai pas de craintes à avoir. Il m’injecte le produit, et je pleure. J’essaie de me calmer en prenant de grandes inspirations. Le médecin me parle et je ne sens pas encore l’effet. Mais quelques secondes plus tard je sens des fourmillements dans le corps et le produit chaud qui se répand dans toutes les veines de mon corps. Cette sensation est agréable, je me souviens même être dans un état de bien-être. J’ai juste le temps d’entendre une voix d’homme me dire : à tout à l’heure Madame. Je réponds oui et je me sens partir.

Je suis en salle de réveil quand j’entends quelqu’un me parler. C’est l’aide-soignante qui m’aide à me réveiller. Je pleure en me disant que ça y est, c’est fait. Je me réveille avec ce ventre vide... Il n’est plus là. Ils l’ont tué. Il est mort. Mon ventre est vide. C'est fini. Je ne suis plus enceinte, je ressens de la culpabilité, de l’angoisse, de la peur, de la tristesse et de la peine mais aussi un soulagement, de ne plus l’avoir en moi.

On vient me voir régulièrement pendant le temps de surveillance. Je saigne beaucoup et je porte une protection très épaisse.
Je ne sais pas exactement au bout de combien de temps je remonte en chambre. Dans les couloirs, je vois Julien qui m’attendait avec impatience car il commençait à s’inquiéter de ne pas me voir arriver. Il était 16h.

Nous rentrons dans la chambre et il m’annonce qu’il vient de voir la gynécologue à l’instant car elle a eu les premiers résultats. Elle lui a expliqué ce que le bébé avait et a dit qu’elle allait repasser nous voir pour m’expliquer.

Il me dit avec soulagement : « Il avait bien quelque chose : Il avait une trisomie 18. » Je me souviendrai toujours de ses paroles. Il me dit ce que la gynécologue lui a expliqué que ce sont des bébés qui meurent souvent avant de naître ou qui vivent quelques mois seulement et avec de lourds handicaps et opérations. Il me dit avec soulagement et conviction qu’on a fait le bon choix… Je pleure de soulagement parce qu’ils avaient raison et qu’on a fait le bon choix, mais aussi de tristesse car il n’est plus là.

La gynécologue revient nous voir et nous explique que la trisomie 18 ou syndrome d’Edwards est une anomalie chromosomique causée par la présence d’un chromosome 18 supplémentaire qui entraîne un déficit intellectuel et des anomalies physiques. Cette anomalie s’est faite au moment de la conception et n’est pas explicable. Il n’y a pas de cause. C’est la faute à pas de chance, c’est un « accident ». Elle nous dit que ces fœtus ne sont pas viables et meurent souvent en cours de grossesse. La trisomie 18 n’est pas fréquente (1 cas / 6000 naissances) mais est sévère avec une très forte mortalité avant l’âge de 1 an. Seulement près de 10 % des enfants dépassent l’âge d’1 an. Et pour ceux qui l’atteignent, ils souffrent de malformations majeures notamment physiques, cardiaques et cérébrales avec de lourdes opérations et de prise en charge à l’hôpital. Je suis soulagée d’apprendre cela. Ces indications me conforte dans la décision que nous avons prise.

Maintenant que nous avons les 1er résultats, nous devons attendre les prochains (dans 3 semaines) pour savoir si cela est génétique. Elle se montre plutôt rassurante sur la faible probabilité que ça le soit. Elle nous dit que si c’est le cas et que nous souhaitons remettre une grossesse en route, il faudra que nous fassions notre caryotype à tout les deux afin de savoir de qui cela vient. Il faudra ensuite remonter dans une des deux familles pour que notre neveu et nos nièces soient dépistés à leur tour au moment venu. Si la réponse est négative alors il n’aura presque aucune chance que cela se reproduise sur une autre grossesse.

Nous sommes toutefois rassurés car notre décision et notre acte sont officiellement justifiés. Je suis soulagée d’avoir eu cette réponse car mon deuil n’aurait pas pris la même tournure si je n’avais pas eu de réponse.
Nous remercions encore le docteur qui nous dit que c’est elle qui nous informera des résultats par téléphone dès qu’elle les aura.

Elle quitte la pièce et nous nous effondrons.

Je rencontre un peu plus tard la psychologue de l’hôpital et en présence de mon mari. Elle reste un moment à m’écouter lui raconter ce que nous vivons. Puis, je lui demande comment nous devons annoncer la fin de la grossesse à notre fils. Elle me dit d’aller au plus simple mais de répondre à toutes les questions qu’il nous posera.

Je lui dis que je suis sure qu’il va me demander où il est et je veux savoir quoi lui répondre. Elle me retourne la question. A mon avis, qu’est-il devenu ? Je lui réponds que certainement il est parti avec les D.A.S.R.I. (Déchets d'Activités de Soins à Risques Infectieux) autrement dit, les déchets médicaux. Mais elle me dit très clairement que ce n’est pas un déchet. Que c’est un fœtus, un petit être humain et que non il n’a pas été jeté dans les déchets médicaux. Elle me dit qu’il y a quelques années encore, c’était malheureusement le cas, mais plus aujourd’hui.

J’apprendrai plus tard, que des associations de parents se sont battues dans les années 80 pour que ces fœtus soient incinérés dans des contenants différents des déchets médicaux et que grâce à eux, une loi a aboutie à cette obligation.


Je lui réponds donc qu’il a été certainement incinéré. Elle me répond que oui c’est le cas et que si d’autre interruption de grossesse de ce stade ont eu lieu le même jour alors une incinération collective est réalisée.

Elle nous dit d’insister sur le fait que ce n’est pas de sa faute si le bébé n’est plus là. En effet, après l’annonce de la grossesse certains enfants peuvent souhaiter que leur petit frère ou sœur ne naissent pas par jalousie alors elle nous dit surtout de bien lui dire que ce n’est pas de sa faute.

Elle me conseille de me faire suivre par une psychologue au moins quelques temps et me propose un arrêt de travail que je refuse. Elle me laisse sa carte si besoin.
Nous quittons l’hôpital vers 20h à deux.

Je la rappellerais plusieurs jours plus tard afin qu’elle me donne les réponses à des questions qui surgiront bien après.

Mon deuil commence maintenant.
J’ai eu besoin de contacter la psychologue de l’hôpital car des questions sont arrivées quelques jours après :
- Où sont les cendres ?
- Dans quel service j’étais ?
- Est-il mort pendant l’aspiration ?
-Est-ce-que les soignantes du service savaient que la décision de l’I.V.G était médicale ?
- Est-ce-que je dois faire un deuil comme pour un enfant ?

Elle me répond :
- que les cendres sont placées dans un endroit spécial de l’hôpital mais elle est resté très vague ;
- que j’étais dans le service gynécologie et pas en maternité pour éviter d’entendre les pleures des bébés ;
- que non, le fœtus n’est pas mort pendant l’aspiration, mais soit avec le médicament pris la veille de l’intervention, soit au moment de l’injection du produit anesthésiant. Elle me dit qu’il s’est endormi en même temps que moi.
- que les soignantes savaient que j’étais là pour une I.V.G mais ne connaissaient pas la raison médicale sauf Nelly, qui était là pour l’amniocentèse et qui a compris. J’ai d’ailleurs demandé à la psychologue de remercier encore une fois Nelly de ma part et de s’assurer qu’elle ait bien le message. Je lui ai dit que j’avais du mal à comprendre que j’avais subi une I.M.G sous les conditions d’une I.V.G. Elle m’explique que l’I.V.G peut être pratiqué jusqu’ à 16 SA et que passer ce délai le protocole n’est plus le même et qu’on doit pratiquer une I.M.G.

L’I.M.G est souvent pratiquer dans le cas d’une grossesse avancée avec un accouchement par voie basse et implique donc un accouchement et la naissance d’un bébé mort-né ainsi que des formalités administratives lourdes de sens (déclaration de naissance d’un bébé mort-né, inscription sur le livret de famille, choix d’un prénom, préparation des obsèques, choix cercueil, incinération ? ….). On ne prépare plus une naissance mais un enterrement.

- Concernant le deuil, elle me répond que oui, c’est tout à fait légitime et que je dois faire le deuil de cet enfant et de cette grossesse.
Notre entretien se termine.

Les rendez-vous se sont enchaîner tellement vite que je n’ai pas eu le temps d’assimiler tout ce qui s’est passé, ce qui est bien dans un sens car il faut que ça se passe vite mais en même temps il y a ce sentiment où l’on ne contrôle pas les choses et où l’on prend des décisions très vite. Tout bascule en l'espace d’un rendez-vous lors de l’échographie et tout se termine du jour au lendemain avec l’I.V.G. l’interruption de la grossesse 9 jours après.

Ôter la vie d'un petit être sera la plus douloureuse décision que nous ayons eu à prendre dans notre vie. Je devais donner la vie, je ne devais pas donner la mort, ce n’est pas logique.


L’équipe médicale a été très compatissante, bienveillante et à l’écoute. Mais je n'ai rien quoi me raccrocher. Je n'ai pas vécu d'accouchement. Il me reste seulement les échographies, les photos de mon ventre et les résultats des examens. C'est une épreuve très difficile à vivre, je vais mettre du temps à ne plus être triste et à retenir mes larmes. Les ruminations sont très présentes et le sommeil difficilement trouvable.

Ce petit être, si petit soit-il, a grandi dans mon ventre pendant trois mois et demi. Ces trois mois avec lui ont été magnifiques.

Les premières sensations de la grossesse ont été pour moi et surtout 10 ans après la 1ère, extraordinaire. Revoir mon ventre s'arrondir et sentir cette lourdeur dans le bas du ventre, bref, se sentir enceinte, était une période magnifique mais trop courte.
J'ai été très soutenue et très entourée par mes proches et je le suis encore. Je reste encore fragile mais j'arrive à me projeter dans l’avenir.

Quelques semaines plus tard, nous recevons les derniers résultats qui confirment qu’il n’y a pas de raison génétique et qu’une nouvelle grossesse pourra être commencée sans inquiétude. C’est dans ce courrier que j’apprends également qu’il s’agissait d’une petite fille. La gynécologue n’a pas fait attention à ma demande de ne pas connaître le sexe du bébé mais je suis finalement contente de le savoir. Elle devait se prénommée Rose.
lau_
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Re: IMG

Message par lau_ »

Bonjour Christellemarie,

Je suis désolée pour toi de t'accueillir sur ce forum même si l'img remonte à deux ans en arrière.

J'ai trouvé dans ton récit des choses faisant écho à mon histoire, à celle de mon petit garçon (même période dans l'année, un oedème, les examens qui s'enchaînent très vite, etc) mais finalement tout ça est malheureusement souvent le cas dans nos histoires.
A travers tes mots je ressens surtout tout l'amour que t'as eu pour ta fille et que malgré le fait que tu ai dû faire ce non-choix tu l'as fais pour elle, pour vous et pour éviter à ta famille une suite qui aurait sûrement été compliqué.
J'imagine que cela a dû être très dur de demander une ivg alors que cette grossesse tu l'avais voulue et désirée très fort et que tu l'interrompais seulement pour des raisons médicales. Je suis en revanche très surprise qu'on t'ai dis que l'IMG aurait été refusée pour une trisomie 21, je ne connais pas trop mais il me semble qu'actuellement l'img est acceptée pour n'importe quelle trisomie, ce n'était peut-être pas le cas en 2022? ...

J'ai l'impression que malgré la douleur qui est encore présente tu ressens de l'apaisement. J'espère que tu as réussi à te projeter dans de nouveaux projets et qu'après cette dure épreuve la vie t'as offert de belles surprises.

Je pense à toi et à ta petite Rose
Maman d'une princesse née en 2016, de deux trésors nés en 2017 et 2021
Mamange d'un ptit ange né sans vie le 09/09/2024 (14sa+6), img pour maladie osseuse sévère
Pépin
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Re: IMG

Message par Pépin »

Bonjour Christellemarie,

Je te remercie pour ce témoignage complet et bouleversant. Je me reconnais beaucoup dans le début de ton témoignage, dans l'insouciance de la grossesse avant les mauvaises nouvelles... Même si, de mon côté, rien n'était visible à l'échographie et que c'est le DPNI (réalisé pour chaque grossesse en Belgique) qui a révélé la trisomie 21 de notre fille.

Je suis par contre un peu révoltée concernant ta prise en charge. Dans ton témoignage, j'ai vraiment l'impression que les médecins t'ont orientée vers l'IVG plutôt que l'IMG pour de très mauvaises raisons.

Nous sommes nombreuses sur ce forum à avoir subi une IMG pour T21 (aussi bien en France qu'en Belgique). Il s'agit d'un motif automatiquement accepté par le corps médical. Je n'ai jamais entendu un seul cas de refus. Je ne comprends pas pourquoi la gynécologue vous a effrayés à ce point en vous prétendant que vous ne pourriez possiblement pas demander l'IMG pour ce motif.

Elle a orienté votre choix alors que vous étiez dans un état de choc et de sidération, sans prendre en compte quelle prise en charge serait la plus douce et la plus appropriée dans ces moments difficiles. Elle n'a pas exposé de manière complète les deux choix. Elle vous a fait inutilement peur en vous faisant croire que vous ne pourriez plus bénéficier du choix de l'interruption, alors qu'il est garanti dès qu'il existe une forte probabilité que l'enfant à naître soit atteint d'une affection d'une particulière gravité reconnue comme incurable au moment du diagnostic (notamment en cas de T21). Le jour de l'interruption, il me semble également tellement inhumain que le corps médical n'ait pas été prévenu du motif particulier de cette intervention.

Elle vous a privés d'un moment de réflexion dans la tempête pour réfléchir à vos choix (voir le bébé, le tenir, avoir une ou plusieurs photo, pouvoir vous occuper de son incinération/son enterrement, l'inscrire officiellement dans votre famille ou non, etc.) et à ce que vous souhaitiez faire pour votre bébé. Ce fameux temps de réflexion qu'offre normalement l'attente des résultats et du diagnostic.

Dans ton témoignage, je ressens malgré tout encore beaucoup de douleur. Douleur de ne pas avoir été traitée comme une maman qui a dû faire le non-choix de ne pas laisser son bébé souffrir. Douleur de ne pas avoir pu voir votre bébé. Douleur de ne pas avoir de lieu propre où vous recueillir, de n'avoir eu que des réponses vagues concernant son corps.

Je suis également étonnée que la psychologue ait insisté sur les lourdeurs administratives d'une IMG. À ce stade, vous n'étiez pas obligés d'organiser quoi que ce soit si vous ne le souhaitiez pas. Mais vous auriez eu l'option et le choix d'inscrire votre enfant dans votre livret de famille...

J'admets être bouleversée, mais aussi un peu révoltée. Je suis sincèrement désolée que tu n'aies pas reçu d'informations complètes et éclairées dans ces moments d'extrême douleur et de fragilité.

Je ressens aussi à travers tes mots tout l'amour que tu portes pour ta fille, ta petite étoile. Ce non-choix est une décision d'amour. Vous avez pris pour vous la douleur pour qu'elle ne souffre pas. Vous avez été des parents admirables.

Même si tu n'as pas de lieu de recueillement, je te conseille peut-être de t'en créer un. Pour ma part, même si nous avons dispersé les cendres de notre fille nous-mêmes dans une parcelle des étoiles, j'ai décidé de planter un petit poirier dans le jardin. L'arbre fleurira en mars pour rappeler la naissance sans vie de notre petite fille. J'aime le regarder et toucher le tronc. C'est l'arbre de notre Pépinette.

Je te souhaite tout le meilleur pour le futur et t'envoie tout mon soutien.

Ta tristesse est légitime. Elle ne partira sans doute jamais tout à fait. Mais la vie finit par reprendre ses droits. On apprend à vivre avec le deuil.

J'ai une douce pensée pour ta petite Rose qui a été et est toujours aimée par sa maman.
Manon, Équipe de modération de Petite Emilie
Pépinette, IMG à 17SA pour T21 - 28/03/2024
Louis, notre Petit Espoir - 05/03/2025
maxime_p
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Re: IMG

Message par maxime_p »

Bonjour Christellemarie,

Merci pour ce témoignage poignant et très complet, qui présente finalement beaucoup de similitudes avec notre propre expérience.
Paradoxalement, cela m'a fait beaucoup de bien de vous lire (nonobstant les quelques mouchoirs en moins dans la boîte :)).
Alors encore une fois, merci pour ces mots.
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