IMG à 33 semaines
Posté : 04 septembre 2024, 18:30
Bonjour à tous les membres du forum,
Tout d'abord un très grand merci à toutes et à tous de partager vos expériences. Lire vos témoignagnes m'a beaucoup aidé à me préparer à mon IMG. En espérant que ma contribution aide d'autres parents.
J'ai subi une IMG à 33 semaines de grossesse le 27 août 2024. Ma première grossesse à 36 ans. Une mutation du chromosome 5, responsable du syndrome du cri du chat, nous a poussé à prendre cette décision.
Bien que facile à vivre physiquement, ma grossesse a été très éprouvante mentalement. Passé le premier trimestre et la peur d'une fausse couche ou d'une trisomie, le deuxième trimestre s'est très bien passé. Le deux mois et demi de pure bonheur. Lors de la deuxième échographie, la radiologue n'a pas réussi à prendre toutes les mesures du cerveau, et m'a invité à revenir plus tard une fois le bébé plus grand. J'y retourne seule, le 3 juillet, ne pensant pas un seul instant qu'il pourrait y avoir un problème. Un premier diagnostic tombe: notre petite a un corps calleux court. La radiologue me conseille de faire une amiocenthèse + ACPA + exome + IRM cérébrale pour mon conjoint et moi même + IRM foetale pour savoir si l'origine de ce problème est génétique ou non. Je rentre et annonce la nouvelle à mon conjoint. Nous tombons des nues et imaginons le pire.
Il aura fallu six semaines pour que le diagnostic tombe, six semaines de stress intense, au cours desquelles je me suis beaucoup renseignée sur le corps calleux, l'IMG et autres. Le 14 août, le diagnostic final tombe, le problème est bien une mutation chromosomique. Les conseillières génétiques nous explique nos options, et à quoi ressemblerait notre vie si nous gardions notre petite. La littérature médicale ne recense qu'un seul cas où la le problème est bénin. Perdre notre premier bébé nous semble être la pire chose qui puisse nous arriver, mais la faire venir au monde semble trop injuste pour elle.
Le pire reste à venir. Les jours qui suivent le diagnostic et précèdent l'IMG sont un supplice. Nous annoncons le diagnostic à mes parents qui vivent avec nous (ma mère est atteinte d'Alzheimer), ainsi que notre famille et amis. Tout le monde partage notre peine. Il est tellement difficile d'annoncer la nouvelle à nos proches qui se faisaient un plaisir pour nous d'attendre notre premier bébé. J'essaie d'expliquer la situation à mon bébé, je continue à lui parler, mais je me sens comme la pire mère au monde qui s'apprête à faire tuer son bébé.
Le 27 août, je suis admise à la maternité. Le travail durera 36 heures (problème d'hypotension, de rupture de la poche des eaux, fièvre et tremblements, cathéter ressorti à deux reprises, placenta qui ne se décolle pas etc.). Heureusement les équipes médicales de jour et de nuit sont bienveillantes.
Puis vint le moment de découvrir notre petite fille. Nous avions pris la décision en amont de la voir. Et là, le ciel et la terre s'écroulent. Je réalise que je découvre mon bébé pour la première fois, et ne la reverrai jamais. Je ne pourrai jamais connaitre son regard, son rire, découvrir ses premiers pas, et avoir une conversation avec elle. Néanmoins je suis également très contente de rencontrer mon premier bébé, celui que nous avons tant voulu, celui que j'ai senti très actif pendant des mois dans mon ventre. Je la prends dans les bras, je lui parle, et nous prenons quelques photos. On nous propose de passer la nuit avec elle dans notre chambre mais en fin de soirée je sens que je ne pourrai pas dormir si elle reste à nos côtés, et j'ai terriblement besoin de dormir. Nous retournerons la voir en chambre mortuaire avant notre départ. Une autre épreuvre terrible. Je lui parle un peu plus de sa famille, je lui réexplique pourquoi nous avons pris notre décision, un non choix vraiment, et nous lui disons adieu.
Notre famille est venue nous épauler à notre retour de la maternité. Notre moral est en dent de scie, notre sommeil aussi. Je parviens à rester active (ça a toujours été ma façon de faire lors d'un deuil), mais je me sens perdue. J'avais imaginé les prochaines semaines, mois et années focalisés sur mon bébé. Moi qui prévoit toujours sur le long terme, j'ai dû mal à savoir ce que je ferai dans la prochaine heure. Nous voulons tenter à nouveau d'avoir un enfant l'année prochaine, selon notre état. Je souhaite que cet deuxième enfant soit voulu pour lui, et nous pour effacer le drame que nous vivons. Mais nous savons déjà que cette prochaine grossesse, si elle a lieu, sera très stressante, peur qu'un problème se déclare à tout moment.
En espérant que mon témoignage vous aide.
Tout d'abord un très grand merci à toutes et à tous de partager vos expériences. Lire vos témoignagnes m'a beaucoup aidé à me préparer à mon IMG. En espérant que ma contribution aide d'autres parents.
J'ai subi une IMG à 33 semaines de grossesse le 27 août 2024. Ma première grossesse à 36 ans. Une mutation du chromosome 5, responsable du syndrome du cri du chat, nous a poussé à prendre cette décision.
Bien que facile à vivre physiquement, ma grossesse a été très éprouvante mentalement. Passé le premier trimestre et la peur d'une fausse couche ou d'une trisomie, le deuxième trimestre s'est très bien passé. Le deux mois et demi de pure bonheur. Lors de la deuxième échographie, la radiologue n'a pas réussi à prendre toutes les mesures du cerveau, et m'a invité à revenir plus tard une fois le bébé plus grand. J'y retourne seule, le 3 juillet, ne pensant pas un seul instant qu'il pourrait y avoir un problème. Un premier diagnostic tombe: notre petite a un corps calleux court. La radiologue me conseille de faire une amiocenthèse + ACPA + exome + IRM cérébrale pour mon conjoint et moi même + IRM foetale pour savoir si l'origine de ce problème est génétique ou non. Je rentre et annonce la nouvelle à mon conjoint. Nous tombons des nues et imaginons le pire.
Il aura fallu six semaines pour que le diagnostic tombe, six semaines de stress intense, au cours desquelles je me suis beaucoup renseignée sur le corps calleux, l'IMG et autres. Le 14 août, le diagnostic final tombe, le problème est bien une mutation chromosomique. Les conseillières génétiques nous explique nos options, et à quoi ressemblerait notre vie si nous gardions notre petite. La littérature médicale ne recense qu'un seul cas où la le problème est bénin. Perdre notre premier bébé nous semble être la pire chose qui puisse nous arriver, mais la faire venir au monde semble trop injuste pour elle.
Le pire reste à venir. Les jours qui suivent le diagnostic et précèdent l'IMG sont un supplice. Nous annoncons le diagnostic à mes parents qui vivent avec nous (ma mère est atteinte d'Alzheimer), ainsi que notre famille et amis. Tout le monde partage notre peine. Il est tellement difficile d'annoncer la nouvelle à nos proches qui se faisaient un plaisir pour nous d'attendre notre premier bébé. J'essaie d'expliquer la situation à mon bébé, je continue à lui parler, mais je me sens comme la pire mère au monde qui s'apprête à faire tuer son bébé.
Le 27 août, je suis admise à la maternité. Le travail durera 36 heures (problème d'hypotension, de rupture de la poche des eaux, fièvre et tremblements, cathéter ressorti à deux reprises, placenta qui ne se décolle pas etc.). Heureusement les équipes médicales de jour et de nuit sont bienveillantes.
Puis vint le moment de découvrir notre petite fille. Nous avions pris la décision en amont de la voir. Et là, le ciel et la terre s'écroulent. Je réalise que je découvre mon bébé pour la première fois, et ne la reverrai jamais. Je ne pourrai jamais connaitre son regard, son rire, découvrir ses premiers pas, et avoir une conversation avec elle. Néanmoins je suis également très contente de rencontrer mon premier bébé, celui que nous avons tant voulu, celui que j'ai senti très actif pendant des mois dans mon ventre. Je la prends dans les bras, je lui parle, et nous prenons quelques photos. On nous propose de passer la nuit avec elle dans notre chambre mais en fin de soirée je sens que je ne pourrai pas dormir si elle reste à nos côtés, et j'ai terriblement besoin de dormir. Nous retournerons la voir en chambre mortuaire avant notre départ. Une autre épreuvre terrible. Je lui parle un peu plus de sa famille, je lui réexplique pourquoi nous avons pris notre décision, un non choix vraiment, et nous lui disons adieu.
Notre famille est venue nous épauler à notre retour de la maternité. Notre moral est en dent de scie, notre sommeil aussi. Je parviens à rester active (ça a toujours été ma façon de faire lors d'un deuil), mais je me sens perdue. J'avais imaginé les prochaines semaines, mois et années focalisés sur mon bébé. Moi qui prévoit toujours sur le long terme, j'ai dû mal à savoir ce que je ferai dans la prochaine heure. Nous voulons tenter à nouveau d'avoir un enfant l'année prochaine, selon notre état. Je souhaite que cet deuxième enfant soit voulu pour lui, et nous pour effacer le drame que nous vivons. Mais nous savons déjà que cette prochaine grossesse, si elle a lieu, sera très stressante, peur qu'un problème se déclare à tout moment.
En espérant que mon témoignage vous aide.