Te dire adieu à 28sa
Posté : 04 mai 2024, 12:37
J'ai besoin de t'écrire (et d'écrire ton histoire là où des personnes on traversées la même chose que nous)...
J'ai vécu la pire journée de ma vie jusqu'à présent.
J'ai dû te dire adieu après plus de 28 sa passé ensemble.
Il y a un peu plus de 2 semaines, on apprenait que tu souffrais d'une cardiopathie complexe, très rare et sévère.
On s'est pris un aller/retour en pleine face avec ton papa. Tout cet avenir qu'on s'imaginait avec ton grand frère s'arrête instantanément et pourtant tu es là, ton cœur bat malgré tout et surtout tu es extrêmement expressif avec des coups très fréquents.
J'ai épluché, j'ai cherché des réponses sans vraiment rien trouver (le cardio pédiatre non plus d'ailleurs n'a pas pu nous sortir de documents au sujet de tes pathologies tu fais parti de 1/des millions...). On nous parle au départ d'éventuelles séquelles sans précisions et surtout au minimum une opération à coeur ouvert dès la naissance.
Après avoir dû encaisser cette nouvelle, nous avons eu une semaine complète de doutes, d'appréhensions, de stress, de tristesse aussi. Quel serait ton avenir ?
Te faire endurer toutes ces épreuves en début de vie me paraît insurmontable, me dire que potentiellement tu ne pourrais pas avoir une vie "normale" est inenvisageable.
Il a fallu dès le lendemain pratiquer une amniocentèse pour vérifier une potentielle délétion chromosomique (recherche délétion 22q11). Puis attendre encore presque 1 semaine pour revoir le cardio pédiatre et la gynécologie obstétricienne référente du CHU.
Après avoir mis quelques mots sur ta pathologie suite au dessin schématique du cardio pédiatre, tu souffrais de plusieurs malformations cardiaques :
- interruption de l'arche aortique
- ventricules déséquilibrés
- crosse hypoplasique
- CIV
- Biscupidie
Nous avons bien compris que la conclusion était nettement plus lourde...
Non sans stress, nous avons revu le cardio pédiatre une semaine plus tard, qui refait une écho approfondie de ton petit cœur et qui nous explique avec toute la bienveillance possible que l'interruption, couplé au petit calibre de l'aorte et à l'hypoplasie du ventricule gauche, il ne serait pas possible de te sauver.
Nous nous en doutions au vu du premier diagnostic... Il a ensuite été fait un bilan morphologique approfondi complet pour déceler d'éventuelle malformations. Tu étais parfait en tout point et même revenu à la normale en terme de taille et de poids alors que tu étais bien au dessus des valeurs à la T2 à cause de mon diabète gestationnel. Mais le moteur, l'organe le plus important, ton cœur, ne pouvait pas te permettre de vivre correctement, avec une espérance de vie quasi nulle.
Nous avons donc pris la décision finale avec les praticiens d'arrêter. A ce moment là, je suis vidée, je culpabilise et je suis soulagée en même temps. Cette ambivalence va me suivre jusqu'à notre rencontre. Pourtant toi tu n'y es pour rien... Nous non plus d'après ce qu'on nous dit. Ni toi, ni nous ne méritions cette issue.
J'ai été hospitalisée, et on a tenu le coup avec ton papa jusqu'à cette journée fatidique qu'on redoutait tant...
2 jours avant, il a fallu prendre des médicaments pour ouvrir le col.
Et vient cette fameuse journée ou tout bascule, il a fallu arrêter ton petit cœur (étape interminable de plus de 2h30 car tu ne voulais pas partir, c'est tellement dur de savoir que tu t'accrochais à la vie, et je m'effondre quand on me dit "bébé s'est endormi.."), puis déclencher le travail supporter les contractions jusqu'à quasiment la fin (la péri qui ne fonctionne pas) puis te mettre au monde sans vie...
Là encore tout devait aller très vite, les sages femmes ont eu ton papa au téléphone qui était à 1h de route et lui ont dit "ne vous pressez pas ce sera terminé à votre arrivée c'est enclenché"... Et finalement tu t'es arrêté de descendre, comme si tu attendais que ton papa arrive, et tu es venu au monde dans les 5min qui suivent don arrivée ... Ces choses ne s'expliquent pas....
J'ai dû attendre la délivrance, et finalement plus de 4h30 car la "vie" prime et d'autres enfants naissaient à côté, quel déchirement d'entendre d'autres bébés crier à côté alors que toi tu ne le pourra jamais...
Ces instants que je redoutais, je m'effondre à nouveau car ça met un point final à tout ça. Je ne savais pas au départ si j'avais envi de te voir ou non, finalement le oui l'a emporté et je t'ai porté un très long moment, nous avons apporté de quoi t'emmailloter.
Tu parais si paisible et tellement beau, mais nous n'aurons pas cette chance de se connaître... Tu n'ouvriras jamais les yeux sur nous...
Et il a fallu te dire réellement adieu.
La vie est injuste......
Après des nuits sans dormir, je me réveille le lendemain et les jours suivants vide, démunie, tu n'es plus là... Le contre coup, les hormones, les larmes montent dès qu'on pense à toi.
Je ne te sens plus, mon ventre est déjà bien moindre, j'aperçois toutes les piqûres bref la fin.
Nous n'avons pas la force d'organiser des obsèques (j'espère que tu nous pardonneras pour ça). Mais tu fais parti de notre vie, de notre famille et tu auras ta place dans le livret de famille dans 15 jours.
Ton papa est fort mais je sais qu'il n'en pense pas moins. Tu seras bientôt tatoué sur sa peau pour rester à jamais. De mon côté je vais faire graver un bijou pour t'avoir aussi en permanence avec moi.
Je garde de toi le souvenir de cette grossesse, de tes coups incessant (surtout au moment d'aller dormir), tes empreintes, tes photos qui nous parviendrons bientôt et la volonté que tu sois inscrit dans notre histoire.
Tu resteras à jamais une partie de nous.
On ne t'oubliera pas, jamais !
Malo, né le 02/05/2024 à 22h10. Je t'aime et on t'aimera toute notre vie du plus profond de nos cœurs.
J'ai vécu la pire journée de ma vie jusqu'à présent.
J'ai dû te dire adieu après plus de 28 sa passé ensemble.
Il y a un peu plus de 2 semaines, on apprenait que tu souffrais d'une cardiopathie complexe, très rare et sévère.
On s'est pris un aller/retour en pleine face avec ton papa. Tout cet avenir qu'on s'imaginait avec ton grand frère s'arrête instantanément et pourtant tu es là, ton cœur bat malgré tout et surtout tu es extrêmement expressif avec des coups très fréquents.
J'ai épluché, j'ai cherché des réponses sans vraiment rien trouver (le cardio pédiatre non plus d'ailleurs n'a pas pu nous sortir de documents au sujet de tes pathologies tu fais parti de 1/des millions...). On nous parle au départ d'éventuelles séquelles sans précisions et surtout au minimum une opération à coeur ouvert dès la naissance.
Après avoir dû encaisser cette nouvelle, nous avons eu une semaine complète de doutes, d'appréhensions, de stress, de tristesse aussi. Quel serait ton avenir ?
Te faire endurer toutes ces épreuves en début de vie me paraît insurmontable, me dire que potentiellement tu ne pourrais pas avoir une vie "normale" est inenvisageable.
Il a fallu dès le lendemain pratiquer une amniocentèse pour vérifier une potentielle délétion chromosomique (recherche délétion 22q11). Puis attendre encore presque 1 semaine pour revoir le cardio pédiatre et la gynécologie obstétricienne référente du CHU.
Après avoir mis quelques mots sur ta pathologie suite au dessin schématique du cardio pédiatre, tu souffrais de plusieurs malformations cardiaques :
- interruption de l'arche aortique
- ventricules déséquilibrés
- crosse hypoplasique
- CIV
- Biscupidie
Nous avons bien compris que la conclusion était nettement plus lourde...
Non sans stress, nous avons revu le cardio pédiatre une semaine plus tard, qui refait une écho approfondie de ton petit cœur et qui nous explique avec toute la bienveillance possible que l'interruption, couplé au petit calibre de l'aorte et à l'hypoplasie du ventricule gauche, il ne serait pas possible de te sauver.
Nous nous en doutions au vu du premier diagnostic... Il a ensuite été fait un bilan morphologique approfondi complet pour déceler d'éventuelle malformations. Tu étais parfait en tout point et même revenu à la normale en terme de taille et de poids alors que tu étais bien au dessus des valeurs à la T2 à cause de mon diabète gestationnel. Mais le moteur, l'organe le plus important, ton cœur, ne pouvait pas te permettre de vivre correctement, avec une espérance de vie quasi nulle.
Nous avons donc pris la décision finale avec les praticiens d'arrêter. A ce moment là, je suis vidée, je culpabilise et je suis soulagée en même temps. Cette ambivalence va me suivre jusqu'à notre rencontre. Pourtant toi tu n'y es pour rien... Nous non plus d'après ce qu'on nous dit. Ni toi, ni nous ne méritions cette issue.
J'ai été hospitalisée, et on a tenu le coup avec ton papa jusqu'à cette journée fatidique qu'on redoutait tant...
2 jours avant, il a fallu prendre des médicaments pour ouvrir le col.
Et vient cette fameuse journée ou tout bascule, il a fallu arrêter ton petit cœur (étape interminable de plus de 2h30 car tu ne voulais pas partir, c'est tellement dur de savoir que tu t'accrochais à la vie, et je m'effondre quand on me dit "bébé s'est endormi.."), puis déclencher le travail supporter les contractions jusqu'à quasiment la fin (la péri qui ne fonctionne pas) puis te mettre au monde sans vie...
Là encore tout devait aller très vite, les sages femmes ont eu ton papa au téléphone qui était à 1h de route et lui ont dit "ne vous pressez pas ce sera terminé à votre arrivée c'est enclenché"... Et finalement tu t'es arrêté de descendre, comme si tu attendais que ton papa arrive, et tu es venu au monde dans les 5min qui suivent don arrivée ... Ces choses ne s'expliquent pas....
J'ai dû attendre la délivrance, et finalement plus de 4h30 car la "vie" prime et d'autres enfants naissaient à côté, quel déchirement d'entendre d'autres bébés crier à côté alors que toi tu ne le pourra jamais...
Ces instants que je redoutais, je m'effondre à nouveau car ça met un point final à tout ça. Je ne savais pas au départ si j'avais envi de te voir ou non, finalement le oui l'a emporté et je t'ai porté un très long moment, nous avons apporté de quoi t'emmailloter.
Tu parais si paisible et tellement beau, mais nous n'aurons pas cette chance de se connaître... Tu n'ouvriras jamais les yeux sur nous...
Et il a fallu te dire réellement adieu.
La vie est injuste......
Après des nuits sans dormir, je me réveille le lendemain et les jours suivants vide, démunie, tu n'es plus là... Le contre coup, les hormones, les larmes montent dès qu'on pense à toi.
Je ne te sens plus, mon ventre est déjà bien moindre, j'aperçois toutes les piqûres bref la fin.
Nous n'avons pas la force d'organiser des obsèques (j'espère que tu nous pardonneras pour ça). Mais tu fais parti de notre vie, de notre famille et tu auras ta place dans le livret de famille dans 15 jours.
Ton papa est fort mais je sais qu'il n'en pense pas moins. Tu seras bientôt tatoué sur sa peau pour rester à jamais. De mon côté je vais faire graver un bijou pour t'avoir aussi en permanence avec moi.
Je garde de toi le souvenir de cette grossesse, de tes coups incessant (surtout au moment d'aller dormir), tes empreintes, tes photos qui nous parviendrons bientôt et la volonté que tu sois inscrit dans notre histoire.
Tu resteras à jamais une partie de nous.
On ne t'oubliera pas, jamais !
Malo, né le 02/05/2024 à 22h10. Je t'aime et on t'aimera toute notre vie du plus profond de nos cœurs.