Mort fœtale 38 SA+ 4 jours
Posté : 21 avril 2024, 08:59
À ma petite Rose,
« Petite Rose, petit bourgeon de printemps, il ne t’aura fallu qu’un instant. Un instant humide, au goût de sel, pour éclore dans nos vies et rendre tes pétales.
Un instant pour mesurer l’amour, pour compter la tendresse. Un instant pour se réunir autour de toi, imaginer les baisers, les rires et tes boucles de cuivre glisser entre nos doigts.
Petite Rose, petite perle de printemps tu es venue le temps de fleurir dans nos cœurs, le temps de faire naître d’autres chemins, des chemins de roses aux parfums éternels. »
Rebecca
Voici le poème que ma sœur a écrit pour Rose qui est partie à deux semaines du terme. Ce texte me fait du bien.
Mon congés maternité a débuté le 08/04/24, deux jours après le 10/04/24, je me rends avec ma fille aînée Lila ( 7ans) à la maternité pour la dernière échographie de croissance. J’étais suivie avant cela en ville par une sage femme en libérale. Ma fille qui était en vacances n’aime pas me suivre dans les démarches comme celles ci, mais l’envie est venue car je lui ai dit qu’on verrait Rose gigotait et faire des bulles dans mon ventre. J’avais l’application flo et nous suivions ensemble la transformation de sa sœur, du grain de pavot au chou-fleur. Ça l’amusait de voir son évolution.
Le 10/04/24, la Gyneco nous fait rentrer, elle s’étonne que Rose soit en siège alors qu’elle s’était bien positionnée lors de la précédente échographie en mars. Puis elle vérifie le cœur, et la…. Elle s’en va et court en appelant une autre Gyneco. Je comprends tout, ma fille Lila est la. C’est l’enfer. La deuxième Gyneco arrive, je pleure, je maggripe à son bras… je ne veux pas qu’on vérifie à nouveau, je ne veux pas qu’on me dise ce que je ne veux pas entendre. Je demande à ce qu’on fasse sortir Lila.
Elle vérifie et me confirme que le petit cœur de Rose s’est arrêté de battre.
J’ai tenu la main de la Gyneco presque une heure en pleurant. Ma fille était dans un couloir assise par terre, mon mari en route de son travail a la maternité.
On a été vu directement par la psy de l’hôpital, Lila s’est mise à pleurer quand elle a su. Elle était sonnée.
Je suis rentrée chez moi, c’était mercredi soir, j’ai avalé le médicament qui déclenche l’accouchement, on m’avait dit que j’accoucherai le vendredi mais la nuit du mercredi au jeudi j’ai perdu les eaux.
L’accouchement a été douloureux, une attente interminable. Ma sœur était là avec mon mari. J’ai répété peut être mille fois a Rachel, je ne veux pas accoucher. Tant qu’elle était en moi, elle n’était pas partie. J’avais tellement peur. On riait, on pleurait. Puis elle est arrivée tellement vite, j’ai souffert le martyr. Quand elle est sortie mon mari et ma sœur étaient effondrés… moi soulagée j’en pouvais plus de cette douleur.
Le temps s’est suspendu quand je l’ai eu dans les bras, un moment de grâce et d’amour. Je lui ai parlé, je lui ai dit que je l’aimais. On était tous paisibles et débordant d’amour pour cette petite Rose. Elle était si belle, rousse comme sa sœur, les lèvres roses et les petites joues roses. Mais pourquoi? Je me souviens avoir eu des crampes au bras mais me taire car si je la rendais c’était la fin.
J’ai finalement fini par leur rendre et ma douleur a commencé. Une douleur au cœur, une douleur à l’âme.
Je suis rentrée le lendemain matin. Puis les journées avant les funérailles ont été un mélange de tristesse, de paix et d’euphorie. J’étais heureuse d’avoir donné naissance, je me suis sentie bête parfois car les hormones me jouaient des tours. Un réveil joyeux, comme une chatte qui cherche son chaton puis qui réalise qu’il n’est plus là. Le visage de Rose et l’instant à la maternité me faisait pleurait de tristesse et de joie. Quelle chance d’avoir pu la voir, lui parler et lui rendre hommage. Quelle chance d’avoir pu être aussi bien accompagnée par l’équipe soignante de Montfermeil. Des sages femmes tellement gentilles, une Gyneco adorable, un anesthésiste d’une gentillesse sans nom.
J’ai pu revoir mon ange pendant les obsèques et la douleur s’est amplifiée, quand le cercueil est parti. Je ne la verrai plus jamais. J’ouvre la boîte papillon pour me raccrocher à ses empreintes, son lange encore taché par le sang de la naissance, son pyjama et sa petite mèche de cheveux. Je l’avais imaginé comme cela ma petite Rose…
De cette épreuve je retiens que l’amour triomphe et triomphera à jamais. Je retiens le soutien infaillible de mes sœurs, rachel a l’accouchement et rebecca qui est restée avec moi plusieurs jours. Le soutien de mes parents de mes amis. L’amour grandissant entre mon mari et moi. Le sentiment que la tristesse laissera place à la joie, et que la vie reviendra. La certitude de jours meilleurs. Pourquoi nous? Mais finalement pourquoi pas? C’est tombé sur nous, et de cette épreuve naîtront de belles promesses.
Paradoxalement à ces sentiments d’espoir et de paix,je suis également angoissée d’être en congés maternité sans mon bébé, de devoir gérer l’absence, le manque viscéral que je ressens presque charnel. La présence de ma famille et de mon mari atténue cette douleur, seule je ne sais pas ce qu’il en sera. Je voudrais lui donner le sein, l’embrasser, faire du peau a peau comme avec ma Lila il y a 7 ans presque jour pour jour. Lila est née le 15/04/17 et Rose le 11/04/24.
Je n’arrive pas à faire sortir de ma tête le sentiment le plus douloureux après celui de la perte, la culpabilité. Pour cette grossesse j’ai travaillé comme une folle, je me suis arrêtée tardivement, je ne me rappelle même plus quand était la dernière fois où je l’ai sentie bougé. Le 20/03 j’ai été aux urgences car j’avais trop de contractions. On m’a dit qu’il fallait que je sois en télétravail ou que je sois arrêtée. J’ai continué les deux semaines en télétravail et j’ai écouté leurs recommandations. Je sais donc quelle était encore en vie. On m’avait mis en garde car je pouvais l’avoir prématurément… desfois je me dis qu’il aurait mieux valu qu’elle naisse le 20/03.
Entre le 20/03 et le 10/04 elle est partie… quand cela s’est il produit? Dans quel état étais je quand elle est partie? Sereine? Agacée ? Endormie? Est elle partie en paix? Je ne serai jamais. Je ne peux même plus dire quand elle a bougé la dernière fois, tant je n’étais pas attentive à ma grossesse.
Mon espoir et ce qui m’aide c’est de penser qu’un autre miracle pourra arriver, un bébé arc en ciel. Cette pensée m’apaise et m’angoisse à la fois.
Ma petite Rose, repose en paix. Tu as été aimée plus que tout, tu resteras gravée dans mon cœur jusqu’à mon dernier souffle.
« Petite Rose, petit bourgeon de printemps, il ne t’aura fallu qu’un instant. Un instant humide, au goût de sel, pour éclore dans nos vies et rendre tes pétales.
Un instant pour mesurer l’amour, pour compter la tendresse. Un instant pour se réunir autour de toi, imaginer les baisers, les rires et tes boucles de cuivre glisser entre nos doigts.
Petite Rose, petite perle de printemps tu es venue le temps de fleurir dans nos cœurs, le temps de faire naître d’autres chemins, des chemins de roses aux parfums éternels. »
Rebecca
Voici le poème que ma sœur a écrit pour Rose qui est partie à deux semaines du terme. Ce texte me fait du bien.
Mon congés maternité a débuté le 08/04/24, deux jours après le 10/04/24, je me rends avec ma fille aînée Lila ( 7ans) à la maternité pour la dernière échographie de croissance. J’étais suivie avant cela en ville par une sage femme en libérale. Ma fille qui était en vacances n’aime pas me suivre dans les démarches comme celles ci, mais l’envie est venue car je lui ai dit qu’on verrait Rose gigotait et faire des bulles dans mon ventre. J’avais l’application flo et nous suivions ensemble la transformation de sa sœur, du grain de pavot au chou-fleur. Ça l’amusait de voir son évolution.
Le 10/04/24, la Gyneco nous fait rentrer, elle s’étonne que Rose soit en siège alors qu’elle s’était bien positionnée lors de la précédente échographie en mars. Puis elle vérifie le cœur, et la…. Elle s’en va et court en appelant une autre Gyneco. Je comprends tout, ma fille Lila est la. C’est l’enfer. La deuxième Gyneco arrive, je pleure, je maggripe à son bras… je ne veux pas qu’on vérifie à nouveau, je ne veux pas qu’on me dise ce que je ne veux pas entendre. Je demande à ce qu’on fasse sortir Lila.
Elle vérifie et me confirme que le petit cœur de Rose s’est arrêté de battre.
J’ai tenu la main de la Gyneco presque une heure en pleurant. Ma fille était dans un couloir assise par terre, mon mari en route de son travail a la maternité.
On a été vu directement par la psy de l’hôpital, Lila s’est mise à pleurer quand elle a su. Elle était sonnée.
Je suis rentrée chez moi, c’était mercredi soir, j’ai avalé le médicament qui déclenche l’accouchement, on m’avait dit que j’accoucherai le vendredi mais la nuit du mercredi au jeudi j’ai perdu les eaux.
L’accouchement a été douloureux, une attente interminable. Ma sœur était là avec mon mari. J’ai répété peut être mille fois a Rachel, je ne veux pas accoucher. Tant qu’elle était en moi, elle n’était pas partie. J’avais tellement peur. On riait, on pleurait. Puis elle est arrivée tellement vite, j’ai souffert le martyr. Quand elle est sortie mon mari et ma sœur étaient effondrés… moi soulagée j’en pouvais plus de cette douleur.
Le temps s’est suspendu quand je l’ai eu dans les bras, un moment de grâce et d’amour. Je lui ai parlé, je lui ai dit que je l’aimais. On était tous paisibles et débordant d’amour pour cette petite Rose. Elle était si belle, rousse comme sa sœur, les lèvres roses et les petites joues roses. Mais pourquoi? Je me souviens avoir eu des crampes au bras mais me taire car si je la rendais c’était la fin.
J’ai finalement fini par leur rendre et ma douleur a commencé. Une douleur au cœur, une douleur à l’âme.
Je suis rentrée le lendemain matin. Puis les journées avant les funérailles ont été un mélange de tristesse, de paix et d’euphorie. J’étais heureuse d’avoir donné naissance, je me suis sentie bête parfois car les hormones me jouaient des tours. Un réveil joyeux, comme une chatte qui cherche son chaton puis qui réalise qu’il n’est plus là. Le visage de Rose et l’instant à la maternité me faisait pleurait de tristesse et de joie. Quelle chance d’avoir pu la voir, lui parler et lui rendre hommage. Quelle chance d’avoir pu être aussi bien accompagnée par l’équipe soignante de Montfermeil. Des sages femmes tellement gentilles, une Gyneco adorable, un anesthésiste d’une gentillesse sans nom.
J’ai pu revoir mon ange pendant les obsèques et la douleur s’est amplifiée, quand le cercueil est parti. Je ne la verrai plus jamais. J’ouvre la boîte papillon pour me raccrocher à ses empreintes, son lange encore taché par le sang de la naissance, son pyjama et sa petite mèche de cheveux. Je l’avais imaginé comme cela ma petite Rose…
De cette épreuve je retiens que l’amour triomphe et triomphera à jamais. Je retiens le soutien infaillible de mes sœurs, rachel a l’accouchement et rebecca qui est restée avec moi plusieurs jours. Le soutien de mes parents de mes amis. L’amour grandissant entre mon mari et moi. Le sentiment que la tristesse laissera place à la joie, et que la vie reviendra. La certitude de jours meilleurs. Pourquoi nous? Mais finalement pourquoi pas? C’est tombé sur nous, et de cette épreuve naîtront de belles promesses.
Paradoxalement à ces sentiments d’espoir et de paix,je suis également angoissée d’être en congés maternité sans mon bébé, de devoir gérer l’absence, le manque viscéral que je ressens presque charnel. La présence de ma famille et de mon mari atténue cette douleur, seule je ne sais pas ce qu’il en sera. Je voudrais lui donner le sein, l’embrasser, faire du peau a peau comme avec ma Lila il y a 7 ans presque jour pour jour. Lila est née le 15/04/17 et Rose le 11/04/24.
Je n’arrive pas à faire sortir de ma tête le sentiment le plus douloureux après celui de la perte, la culpabilité. Pour cette grossesse j’ai travaillé comme une folle, je me suis arrêtée tardivement, je ne me rappelle même plus quand était la dernière fois où je l’ai sentie bougé. Le 20/03 j’ai été aux urgences car j’avais trop de contractions. On m’a dit qu’il fallait que je sois en télétravail ou que je sois arrêtée. J’ai continué les deux semaines en télétravail et j’ai écouté leurs recommandations. Je sais donc quelle était encore en vie. On m’avait mis en garde car je pouvais l’avoir prématurément… desfois je me dis qu’il aurait mieux valu qu’elle naisse le 20/03.
Entre le 20/03 et le 10/04 elle est partie… quand cela s’est il produit? Dans quel état étais je quand elle est partie? Sereine? Agacée ? Endormie? Est elle partie en paix? Je ne serai jamais. Je ne peux même plus dire quand elle a bougé la dernière fois, tant je n’étais pas attentive à ma grossesse.
Mon espoir et ce qui m’aide c’est de penser qu’un autre miracle pourra arriver, un bébé arc en ciel. Cette pensée m’apaise et m’angoisse à la fois.
Ma petite Rose, repose en paix. Tu as été aimée plus que tout, tu resteras gravée dans mon cœur jusqu’à mon dernier souffle.