Une IMG après une FC, le tout à l'étranger
Posté : 19 septembre 2023, 10:10
Bonjour à tous, c'est la première fois que je poste ici. Je vis actuellement à l'étranger en Suède et en cette année 2023, j'ai eu mon lot de malheur. Désolé d'avance pour le très long message mais j'ai besoin de tout écrire depuis le début.
Tout commençait bien pourtant très bien, nous venions d'acheter notre appartement en Suède et avons décidé de commencer un projet bébé avec mon conjoint en fin d'année 2022. Tout a fonctionné très vite et facilement, en janvier je me retrouve enceinte pour la première fois et je suis aux anges ! Trois copines tombent elles aussi enceintes à ce moment là et nous étions 4 femmes enceintes à 4 mois d'intervalle, ca semblait être le destin. J'ai des saignements assez important en semaine 4 que je pense d'abord être mes règles (merci la courbe de température ! Sans ca, je n'aurais pas su et sans doute jamais fait un test de grossesse avant longtemps !), mais ma meilleure amie a aussi eu ces fameuses 'règles anniversaires' et sa grossesse va très bien donc j'essaie de rester optimiste. Seulement voilà, on ne déroge pas aux statistiques et j'apprend à mon échographie des 8 semaines que j'ai fait une FC silencieuse. L'embryon n'a jamais dépassé le stade de 5 semaines 5 jours… Ca avait déjà été très dur d'obtenir cette échographie à 8 semaines car ce n'est pas du tout prévu dans le système suédois, même en cas de saignement, ce que j'apprend à mes dépends. La médecin qui me voit pour l'échographie me renvoie tout simplement chez moi sans m'expliquer grand chose et me dis de revenir dans 1 semaine. Seulement voilà, je suis dans le milieu de la santé, je sais très bien que ce que j'ai vu à l'échographie n'est clairement pas ce que je devrais voir avec une grossesse viable à 8SA. Je suis sûre de ma date d'ovulation grâce à la courbe de températures donc l'espoir que cette grossesse soit viable est proche de 0. Passé le choc de l'annonce et le déni, je commence à aller très mal. Comble de mon malheur, moi qui avait jusque là été épargnée par les symptômes du premier trimestre, mes seins commencent à être extrêmement douloureux. Je n'arrive plus à dormir. Je ne comprend pas pourquoi mon corps garde cette grossesse qui n'est pas viable depuis des semaines, je ne saigne pas du tout. Ma meilleure amie qui est dans le bonheur de son deuxième trimestre est très peu présente pour moi et très maladroite. Je me sens seule et je suis en colère. Pourquoi est-ce que ca tombe sur moi ? Je suis dans le début de ma trentaine, je ne bois pas, n'ai jamais fumé, je fais du sport régulièrement, en très bonne santé (pas de maladie, pas de médicaments), je ne suis pas en surpoids, je mange bien, prend mon acide folique etc... Personne dans ma famille n'a fait de FC et il faut que ca tombe sur moi ! Sans m'en apercevoir, je commence à sombrer dans la dépression faute de soutien de mes proches (peu étaient au courant…) et d'accompagnement psychologique. Je reviens une semaine après pour la deuxième échographie et sans surprise, rien n'a bougé donc je demande à avoir la pilule abortive au plus vite car cette semaine d'attente était un supplice, ca avait assez duré. Seulement, quelle n'a pas été ma surprise quand la médecin m'a annoncé qu'il fallait que je prenne un autre rdv pour ca ! Donc encore de l'attente ! Je me suis effondrée en larmes dans la salle. Mon compagnon était là et a piqué une colère sur la médecin. Il a finalement réussi à la persuader de nous emmener illico vers le département des avortements pour que je sois prise en charge sur le champs. Je suis accueillie par une sage femme, elle m'explique comment ca se passe et je repars avec toutes mes pilules et mes antidouleurs. J'explique que psychologiquement ca ne va pas du tout et qu'il faut que je vois quelqu'un. Ils me prennent un rdv pour voir un "kurator" la semaine suivante, càd quelqu'un à qui parler, pas un psychologue, mais soit c'est toujours ca… Je prend la première pilule directement en sortant du rdv. Puis je commence avec le médicament pour l'avortement le lendemain… Quelques heures après je ressens d'intenses contractions et je commence à saigner en gros caillots. Je ris jaune en pensant qu'ils m'ont décrit ça comme étant des 'douleurs de grosses règles' pour la plupart des gens. Ce n'est clairement pas 'comme des grosses règles'. Je prend mes antidouleurs. Curieusement, dans l'action, je me sens beaucoup mieux mentalement, j'ai l'impression d'avancer. Après une grosse après midi de saignements en caillot + contractions, ca finit par se calmer un peu. Je me dis que tout ca est derrière moi et je me met déjà en tête mon nouvel objectif : Récupérer et tomber enceinte le plus vite possible ! Je sais maintenant comment suivre mon cycle et pas besoin d'attendre que mes règles reviennent. Je retourne au travail directement et j'essaie de ne pas être triste. Les larmes coulent malgré moi dès que personne ne regarde et que je ne suis pas occupée à qqc. 2 semaines après, mes saignements s'arrêtent et mon test de grossesse est de nouveau négatif. Je vais à un rdv pour faire une échographie qui était planifiée pour la grossesse mais que j'ai gardé car je voulais qu'on vérifie que tout était bien parti. RAS, j'ai le feu vers pour réessayer de nouveau. Nous recommençons à avoir des rapports et j'essaie d'avancer.
Seulement voilà… 1 mois, 2 mois, 3 mois passent et mon cycle ne revient pas… Je n'ai plus d'ovulation, plus mes règles, rien ne se passe. J'essaie tant bien que mal d'avoir un rdv gynéco mais on me le refuse à chaque fois parce que 'c'est normal, des fois ca prend du temps'. Oui mais non ? J'ai toujours eu des cycles réguliers, je n'ai pas eu de complications après la FC, ma HCG était rapidement redescendue, alors ca n'a aucun sens ? Bref, passé le cap des 3 mois, on me prend finalement au sérieux car cette fois ca a un nom : une aménorrhée. Et parce que je fais mes propres recherches je commence à me demander si mon état psychologique ne jouerait pas son petit rôle là dedans. Je commence une thérapie. Je me rend compte que je n'avais pas vraiment pris le temps de faire mon deuil de ma première grossesse dans ma hâte de retomber enceinte. En parallèle, les échographies et tests sanguins ne trouvent juste rien, tout semble normal. Mon endomètre est fin, mes œstrogènes basses mais pas 'critiquement basses'. J'ai l'air d'avoir des ovaires polykystiques mais étant donné mon anovulation prolongée et mon absence d'autres signes cliniques, on me dit que c'était sans doute une conséquence plutôt qu'une cause… Je commence vraiment à me dire que c'est sans doute ma dépression qui cause tout ça et je continue ma thérapie. Je me livre à des amies sur place. Je commence à aller un peu mieux. On m'induit des fausses règles avec un traitement et je prend rdv dans une clinique de fertilité. A la clinique on nous refait plein de tests, j'apprend que mon AMH est extrêmement haute (ben oui j'ai plein de follicules, rien de nouveau) mais toujours rien n'est trouvé. On me propose de continuer le process et de faire une hystérosalpingographie (HSG) avant que je puisse commencer des traitements de fertilité. Pour ca je dois (encore !) reprendre le traitement pour induire de fausses règles et j'ai juste peur de déséquilibrer mon cycle car j'ai l'intime conviction qu'il va redémarrer tout seul… Je décide d'attendre car je vais bientôt aller en vacances de toute façon et là… J'ovule 2 jours après mon rdv ! Je suis en joie. Bien sur avec mon compagnon nous somme au taquet et on fait ce qu'il faut pour que ca marche. 2 semaines plus tard, une deuxième bande apparait de nouveau sur mon test, je suis de nouveau enceinte.
Et malgré le bonheur, tout de suite mon angoisse commence. Je fais des tests tous les jours pour vérifier que ma HCG progresse bien. Je prend mon rdv pour une échographie à 8 semaines direct pour ne pas me faire surprendre cette fois et le même jour mon premier rdv de grossesse avec une sage femme dans un centre différent de celui pour ma première grossesse où j'ai été mal prise en charge. Je vais en vacances, ça me donne une bonne distraction mais je veux toujours prendre ma température et faire les tests jusqu'à ce que les bandes soit si foncées que ça ne sert plus à rien. A partir de la semaine 6, je commence à avoir de la nausée. Malgré le sérieux inconvénient en vacances, c'est un bon signe que la grossesse progresse bien cette fois ! Nous passons de bonnes vacances malgré nos grosses dépenses restau car je ne veux pas prendre le risque de manger des sandwichs et avec ma nausée, c'est aussi compliqué. Nous rentrons finalement à la maison et je rencontre ma sage-femme qui, à ma grande surprise, est extrêmement douce et compréhensive de mes angoisses après ma FC, elle accepte de me prendre un rdv pour une écho à 9SA et quelques. Mon écho 8SA se passe bien, je vois le petit cœur qui bat sur l'écran et je commence à être rassurée. Je vais ensuite une semaine à une retraite de yoga durant laquelle ma nausée va me pourrir la vie. Je passe le dernier jour en particulier à vomir mes tripes. Je rentre de nouveau à la maison et ait mon écho 9SA, la crevette bouge bien et son petit cœur bat bien. Je reviens au travail et annonce ma grossesse à ma cheffe qui savait pour ma FC. Je lui explique mes angoisses, ma nausée et ma volonté d'éviter tout risque au travail. Elle comprend. J'achète un doppler pour écouter le cœur de la crevette à la maison et je le trouve du premier coup assez facilement. Je l'utilise tous les 4-5 jours pour me rassurer que tout va bien. Et là j'arrive à mon écho T1 à 12SA, je suis angoissée mais assez assurée que cette fois-ci, pas de raison que ça se passe mal, le tonnerre tombe rarement deux fois à la même porte. L'échographie commence, la crevette a bien grandit et gigotte bien.
Seulement voilà, la sage-femme commence à passer beaucoup de temps sur la tête… Et je commence à voir ce qu'elle voit : Il n'y a pas de profil comme on devrait le voir, la tête parait aplatie… Je commence à me tendre, et finis par demander si quelque chose ne va pas. La sage femme me dit que oui, elle pense qu'il y a un problème mais elle veut que sa collègue confirme ce qu'elle voit. Mon sang se glace. La collègue confirme. Je demande à aller au toilettes car ma vessie était archi pleine et on m'avait demandé de me retenir. Je fond en larmes et reviens dans la salle. Le résultat tombe 1 chance sur 2 de trisomie à cause des marqueurs à l'échographie. Tous mes marqueurs sanguins étaient bons pourtant. Elle m'explique que c'est à cause de la malformation de la tête. Nous demandons un rdv chez un spécialiste mère-fœtus au plus vite et obtenons un rdv le lendemain matin. J'annonce la nouvelle à mes proches et à ma cheffe qui me dit de ne même pas penser à revenir au travail et prendre tout le temps nécessaire. Elle est anéantie pour moi. Je suis inconsolable et en colère. Pourquoi le sort s'acharne-t-il sur moi ?!… Le spécialiste confirme le diagnostic : c'est une acranie, c'est fatal. Dans le meilleur des cas cet enfant ne vivra que quelques jours et il n'aura jamais de conscience car son cerveau va être détruit par le liquide amniotique qui est exposé à cause de l'absence de crâne. Il nous conseille de faire une IMG. C'est un coup de pas de bol et rien que je n'ai pu faire n'a pu le causer. Il essaie d'être rassurant en nous disant que vu l'anomalie isolée, que ce n'est très probablement pas génétique mais ils vont faire un test génétique du fœtus pour vérifier quand même. Les résultats prendront au moins 2 mois et ils nous conseille d'attendre au moins ce délai avant de réessayer. Je prend mon rdv pour l'IMG le lendemain et je vais chercher la première pilule dans l'après midi… Je commence à bien connaitre ce process horrible. Cette fois ci la deuxième pilule je dois la prendre à l'hôpital car ma grossesse est à 13SA et c'est trop avancé. Mon compagnon m'accompagne et on passe toute la journée là bas. J'ai besoin de plusieurs doses cette fois et des antidouleurs bien plus puissants. Malgré tout, les sage femmes sont au petit soin avec nous et ça se passe bien. Je finis par donner naissance à ce fœtus puis au placenta. Je demande à le voir, je voulais m'assurer que je n'avais pas fait le mauvais choix. C'est un petit garçon, je le vois tout de suite. Ses pieds, ses mains, ses doigts… Tout est si normal mais son crâne est absent. J'ai pris la bonne décision. Pour lui, pour moi, pour nous.
Ça fait maintenant presque 3 semaines que j'ai du dire au revoir à mon fils. J'ai aussi dû me séparer de mes proches, dont mes parents qui me font plus de mal que de bien en ne comprenant pas ma douleur. Je saigne toujours mais c'est mentalement que je ne vais pas bien surtout. Je suis malheureuse, j'ai mal. Il me manque. Je sais que ma décision était la bonne mais la douleur ne disparait pas pour autant. Je continue ma thérapie avec la psychologue que j'avais gardé pendant ma grossesse "au cas où". J'ai bien fait. J'ai aussi peur pour l'avenir. Nous voulons réessayer quand nous pourront… Mais quand ? Quand vais-je retrouver mon cycle ? Vais-je devoir encore attendre des mois ? Rien ne me garantit que ça ne se reproduira pas. Rien ne me garantit non plus que je retomberai si facilement enceinte comme les deux premières fois. Je n'apprécierai plus jamais une grossesse comme à mes débuts. Pourtant j'ai toujours ce désir de devenir mère, plus que tout. Mon compagnon ferait un père si merveilleux... Alors je fais encore mes recherches et j'ai appris que l'acranie était un défaut du tube neural. J'ai rappelé le spécialiste et demandé de suite une prescription pour une dose augmentée d'acide folique que je prend maintenant chaque jour pour éviter une récurrence d'un DTN lors de ma prochaine grossesse. Et maintenant j'attends. J'attends et j'essaie d'aller mieux. Car maintenant je sais que c'est nécessaire pour avancer.
Merci de m'avoir lue.
(Modifié pour enlever les doses et mentions des noms de médicaments)
Tout commençait bien pourtant très bien, nous venions d'acheter notre appartement en Suède et avons décidé de commencer un projet bébé avec mon conjoint en fin d'année 2022. Tout a fonctionné très vite et facilement, en janvier je me retrouve enceinte pour la première fois et je suis aux anges ! Trois copines tombent elles aussi enceintes à ce moment là et nous étions 4 femmes enceintes à 4 mois d'intervalle, ca semblait être le destin. J'ai des saignements assez important en semaine 4 que je pense d'abord être mes règles (merci la courbe de température ! Sans ca, je n'aurais pas su et sans doute jamais fait un test de grossesse avant longtemps !), mais ma meilleure amie a aussi eu ces fameuses 'règles anniversaires' et sa grossesse va très bien donc j'essaie de rester optimiste. Seulement voilà, on ne déroge pas aux statistiques et j'apprend à mon échographie des 8 semaines que j'ai fait une FC silencieuse. L'embryon n'a jamais dépassé le stade de 5 semaines 5 jours… Ca avait déjà été très dur d'obtenir cette échographie à 8 semaines car ce n'est pas du tout prévu dans le système suédois, même en cas de saignement, ce que j'apprend à mes dépends. La médecin qui me voit pour l'échographie me renvoie tout simplement chez moi sans m'expliquer grand chose et me dis de revenir dans 1 semaine. Seulement voilà, je suis dans le milieu de la santé, je sais très bien que ce que j'ai vu à l'échographie n'est clairement pas ce que je devrais voir avec une grossesse viable à 8SA. Je suis sûre de ma date d'ovulation grâce à la courbe de températures donc l'espoir que cette grossesse soit viable est proche de 0. Passé le choc de l'annonce et le déni, je commence à aller très mal. Comble de mon malheur, moi qui avait jusque là été épargnée par les symptômes du premier trimestre, mes seins commencent à être extrêmement douloureux. Je n'arrive plus à dormir. Je ne comprend pas pourquoi mon corps garde cette grossesse qui n'est pas viable depuis des semaines, je ne saigne pas du tout. Ma meilleure amie qui est dans le bonheur de son deuxième trimestre est très peu présente pour moi et très maladroite. Je me sens seule et je suis en colère. Pourquoi est-ce que ca tombe sur moi ? Je suis dans le début de ma trentaine, je ne bois pas, n'ai jamais fumé, je fais du sport régulièrement, en très bonne santé (pas de maladie, pas de médicaments), je ne suis pas en surpoids, je mange bien, prend mon acide folique etc... Personne dans ma famille n'a fait de FC et il faut que ca tombe sur moi ! Sans m'en apercevoir, je commence à sombrer dans la dépression faute de soutien de mes proches (peu étaient au courant…) et d'accompagnement psychologique. Je reviens une semaine après pour la deuxième échographie et sans surprise, rien n'a bougé donc je demande à avoir la pilule abortive au plus vite car cette semaine d'attente était un supplice, ca avait assez duré. Seulement, quelle n'a pas été ma surprise quand la médecin m'a annoncé qu'il fallait que je prenne un autre rdv pour ca ! Donc encore de l'attente ! Je me suis effondrée en larmes dans la salle. Mon compagnon était là et a piqué une colère sur la médecin. Il a finalement réussi à la persuader de nous emmener illico vers le département des avortements pour que je sois prise en charge sur le champs. Je suis accueillie par une sage femme, elle m'explique comment ca se passe et je repars avec toutes mes pilules et mes antidouleurs. J'explique que psychologiquement ca ne va pas du tout et qu'il faut que je vois quelqu'un. Ils me prennent un rdv pour voir un "kurator" la semaine suivante, càd quelqu'un à qui parler, pas un psychologue, mais soit c'est toujours ca… Je prend la première pilule directement en sortant du rdv. Puis je commence avec le médicament pour l'avortement le lendemain… Quelques heures après je ressens d'intenses contractions et je commence à saigner en gros caillots. Je ris jaune en pensant qu'ils m'ont décrit ça comme étant des 'douleurs de grosses règles' pour la plupart des gens. Ce n'est clairement pas 'comme des grosses règles'. Je prend mes antidouleurs. Curieusement, dans l'action, je me sens beaucoup mieux mentalement, j'ai l'impression d'avancer. Après une grosse après midi de saignements en caillot + contractions, ca finit par se calmer un peu. Je me dis que tout ca est derrière moi et je me met déjà en tête mon nouvel objectif : Récupérer et tomber enceinte le plus vite possible ! Je sais maintenant comment suivre mon cycle et pas besoin d'attendre que mes règles reviennent. Je retourne au travail directement et j'essaie de ne pas être triste. Les larmes coulent malgré moi dès que personne ne regarde et que je ne suis pas occupée à qqc. 2 semaines après, mes saignements s'arrêtent et mon test de grossesse est de nouveau négatif. Je vais à un rdv pour faire une échographie qui était planifiée pour la grossesse mais que j'ai gardé car je voulais qu'on vérifie que tout était bien parti. RAS, j'ai le feu vers pour réessayer de nouveau. Nous recommençons à avoir des rapports et j'essaie d'avancer.
Seulement voilà… 1 mois, 2 mois, 3 mois passent et mon cycle ne revient pas… Je n'ai plus d'ovulation, plus mes règles, rien ne se passe. J'essaie tant bien que mal d'avoir un rdv gynéco mais on me le refuse à chaque fois parce que 'c'est normal, des fois ca prend du temps'. Oui mais non ? J'ai toujours eu des cycles réguliers, je n'ai pas eu de complications après la FC, ma HCG était rapidement redescendue, alors ca n'a aucun sens ? Bref, passé le cap des 3 mois, on me prend finalement au sérieux car cette fois ca a un nom : une aménorrhée. Et parce que je fais mes propres recherches je commence à me demander si mon état psychologique ne jouerait pas son petit rôle là dedans. Je commence une thérapie. Je me rend compte que je n'avais pas vraiment pris le temps de faire mon deuil de ma première grossesse dans ma hâte de retomber enceinte. En parallèle, les échographies et tests sanguins ne trouvent juste rien, tout semble normal. Mon endomètre est fin, mes œstrogènes basses mais pas 'critiquement basses'. J'ai l'air d'avoir des ovaires polykystiques mais étant donné mon anovulation prolongée et mon absence d'autres signes cliniques, on me dit que c'était sans doute une conséquence plutôt qu'une cause… Je commence vraiment à me dire que c'est sans doute ma dépression qui cause tout ça et je continue ma thérapie. Je me livre à des amies sur place. Je commence à aller un peu mieux. On m'induit des fausses règles avec un traitement et je prend rdv dans une clinique de fertilité. A la clinique on nous refait plein de tests, j'apprend que mon AMH est extrêmement haute (ben oui j'ai plein de follicules, rien de nouveau) mais toujours rien n'est trouvé. On me propose de continuer le process et de faire une hystérosalpingographie (HSG) avant que je puisse commencer des traitements de fertilité. Pour ca je dois (encore !) reprendre le traitement pour induire de fausses règles et j'ai juste peur de déséquilibrer mon cycle car j'ai l'intime conviction qu'il va redémarrer tout seul… Je décide d'attendre car je vais bientôt aller en vacances de toute façon et là… J'ovule 2 jours après mon rdv ! Je suis en joie. Bien sur avec mon compagnon nous somme au taquet et on fait ce qu'il faut pour que ca marche. 2 semaines plus tard, une deuxième bande apparait de nouveau sur mon test, je suis de nouveau enceinte.
Et malgré le bonheur, tout de suite mon angoisse commence. Je fais des tests tous les jours pour vérifier que ma HCG progresse bien. Je prend mon rdv pour une échographie à 8 semaines direct pour ne pas me faire surprendre cette fois et le même jour mon premier rdv de grossesse avec une sage femme dans un centre différent de celui pour ma première grossesse où j'ai été mal prise en charge. Je vais en vacances, ça me donne une bonne distraction mais je veux toujours prendre ma température et faire les tests jusqu'à ce que les bandes soit si foncées que ça ne sert plus à rien. A partir de la semaine 6, je commence à avoir de la nausée. Malgré le sérieux inconvénient en vacances, c'est un bon signe que la grossesse progresse bien cette fois ! Nous passons de bonnes vacances malgré nos grosses dépenses restau car je ne veux pas prendre le risque de manger des sandwichs et avec ma nausée, c'est aussi compliqué. Nous rentrons finalement à la maison et je rencontre ma sage-femme qui, à ma grande surprise, est extrêmement douce et compréhensive de mes angoisses après ma FC, elle accepte de me prendre un rdv pour une écho à 9SA et quelques. Mon écho 8SA se passe bien, je vois le petit cœur qui bat sur l'écran et je commence à être rassurée. Je vais ensuite une semaine à une retraite de yoga durant laquelle ma nausée va me pourrir la vie. Je passe le dernier jour en particulier à vomir mes tripes. Je rentre de nouveau à la maison et ait mon écho 9SA, la crevette bouge bien et son petit cœur bat bien. Je reviens au travail et annonce ma grossesse à ma cheffe qui savait pour ma FC. Je lui explique mes angoisses, ma nausée et ma volonté d'éviter tout risque au travail. Elle comprend. J'achète un doppler pour écouter le cœur de la crevette à la maison et je le trouve du premier coup assez facilement. Je l'utilise tous les 4-5 jours pour me rassurer que tout va bien. Et là j'arrive à mon écho T1 à 12SA, je suis angoissée mais assez assurée que cette fois-ci, pas de raison que ça se passe mal, le tonnerre tombe rarement deux fois à la même porte. L'échographie commence, la crevette a bien grandit et gigotte bien.
Seulement voilà, la sage-femme commence à passer beaucoup de temps sur la tête… Et je commence à voir ce qu'elle voit : Il n'y a pas de profil comme on devrait le voir, la tête parait aplatie… Je commence à me tendre, et finis par demander si quelque chose ne va pas. La sage femme me dit que oui, elle pense qu'il y a un problème mais elle veut que sa collègue confirme ce qu'elle voit. Mon sang se glace. La collègue confirme. Je demande à aller au toilettes car ma vessie était archi pleine et on m'avait demandé de me retenir. Je fond en larmes et reviens dans la salle. Le résultat tombe 1 chance sur 2 de trisomie à cause des marqueurs à l'échographie. Tous mes marqueurs sanguins étaient bons pourtant. Elle m'explique que c'est à cause de la malformation de la tête. Nous demandons un rdv chez un spécialiste mère-fœtus au plus vite et obtenons un rdv le lendemain matin. J'annonce la nouvelle à mes proches et à ma cheffe qui me dit de ne même pas penser à revenir au travail et prendre tout le temps nécessaire. Elle est anéantie pour moi. Je suis inconsolable et en colère. Pourquoi le sort s'acharne-t-il sur moi ?!… Le spécialiste confirme le diagnostic : c'est une acranie, c'est fatal. Dans le meilleur des cas cet enfant ne vivra que quelques jours et il n'aura jamais de conscience car son cerveau va être détruit par le liquide amniotique qui est exposé à cause de l'absence de crâne. Il nous conseille de faire une IMG. C'est un coup de pas de bol et rien que je n'ai pu faire n'a pu le causer. Il essaie d'être rassurant en nous disant que vu l'anomalie isolée, que ce n'est très probablement pas génétique mais ils vont faire un test génétique du fœtus pour vérifier quand même. Les résultats prendront au moins 2 mois et ils nous conseille d'attendre au moins ce délai avant de réessayer. Je prend mon rdv pour l'IMG le lendemain et je vais chercher la première pilule dans l'après midi… Je commence à bien connaitre ce process horrible. Cette fois ci la deuxième pilule je dois la prendre à l'hôpital car ma grossesse est à 13SA et c'est trop avancé. Mon compagnon m'accompagne et on passe toute la journée là bas. J'ai besoin de plusieurs doses cette fois et des antidouleurs bien plus puissants. Malgré tout, les sage femmes sont au petit soin avec nous et ça se passe bien. Je finis par donner naissance à ce fœtus puis au placenta. Je demande à le voir, je voulais m'assurer que je n'avais pas fait le mauvais choix. C'est un petit garçon, je le vois tout de suite. Ses pieds, ses mains, ses doigts… Tout est si normal mais son crâne est absent. J'ai pris la bonne décision. Pour lui, pour moi, pour nous.
Ça fait maintenant presque 3 semaines que j'ai du dire au revoir à mon fils. J'ai aussi dû me séparer de mes proches, dont mes parents qui me font plus de mal que de bien en ne comprenant pas ma douleur. Je saigne toujours mais c'est mentalement que je ne vais pas bien surtout. Je suis malheureuse, j'ai mal. Il me manque. Je sais que ma décision était la bonne mais la douleur ne disparait pas pour autant. Je continue ma thérapie avec la psychologue que j'avais gardé pendant ma grossesse "au cas où". J'ai bien fait. J'ai aussi peur pour l'avenir. Nous voulons réessayer quand nous pourront… Mais quand ? Quand vais-je retrouver mon cycle ? Vais-je devoir encore attendre des mois ? Rien ne me garantit que ça ne se reproduira pas. Rien ne me garantit non plus que je retomberai si facilement enceinte comme les deux premières fois. Je n'apprécierai plus jamais une grossesse comme à mes débuts. Pourtant j'ai toujours ce désir de devenir mère, plus que tout. Mon compagnon ferait un père si merveilleux... Alors je fais encore mes recherches et j'ai appris que l'acranie était un défaut du tube neural. J'ai rappelé le spécialiste et demandé de suite une prescription pour une dose augmentée d'acide folique que je prend maintenant chaque jour pour éviter une récurrence d'un DTN lors de ma prochaine grossesse. Et maintenant j'attends. J'attends et j'essaie d'aller mieux. Car maintenant je sais que c'est nécessaire pour avancer.
Merci de m'avoir lue.
(Modifié pour enlever les doses et mentions des noms de médicaments)