Colère, rancoeur et honte

[Morgane93]

Bonjour à tous,

C'est la première fois que je poste sur ce forum. J'ai lu beaucoup de témoignages similaires au mien, et parfois bien plus douloureux même, mais j'ai besoin de témoigner aujourd'hui. Je vous remercie d'avance de votre accueil et de votre aide.

J'ai vécu une IMG à 25 SA car notre petite Abeille avait une agénésie rénale bilatérale (pas de reins). L'accouchement était le 25 mars 2023 et je pensais que le temps aiderait à soigner les blessures mais plus le temps passe et plus c'est difficile.

J'ai toujours énormément de colère en moi et aussi beaucoup de rancœur pour mon entourage et nos familles. Je vous balance tout en vrac mais voilà :
- J'en veux à mon père et à la sœur de mon conjoint, qui ne sont pas venus aux obsèques. Comme si notre petite fille n'avait jamais existé, comme si elle ne valait rien, comme si elle ne valait pas le déplacement ou de prendre un jour de congé. Si la situation était inversée et que nous n'allions pas aux obsèques de leur enfants tout le monde trouverait ça aberrant, et à raison ! Mais là ?
- Mes "amies" à qui j'avais envoyé des messages pour leur dire que j'étais enceinte puis par la suite qu'il y avait eu un problème, et qu'il y aurait des obsèques. Personne n'a envoyé des fleurs, pas même un petit message pour me dire "je pense à toi, à vous" ce jour là. Comme si ce n'était pas le jour le plus difficile de notre vie. A l'inverse mon conjoint a eu ce type de soutiens de la part de ses propres amis, qui sont venus, qui ont envoyé des fleurs, qui nous envoyé des messages …
- J'en veux aussi beaucoup aux trois personnes de mon entourage (dont ma propre mère) qui m'ont dit que j'étais responsable pour ce qui arrivait à mon enfant car je m'étais fait vacciner contre le COVID, 2 avant ma grossesse. Comme si la culpabilité qui nous entoure dans ce genre de situation, en tant que mère, ne suffit pas. On me dit que c'est moi qui ai tué mon bébé ?!?
- J'en veux à ma belle-mère, qui, en tant que croyante m'a dit un jour, au détour d'un déjeuner "tu sais pour moi elle est vivante". Alors là vraiment je suis navrée mais non, c'est moi qui ai accouché et j'ai accouché d'un bébé décédé, j'en suis certaine, elle n'est pas vivante. Peut-être qu'elle est au paradis, peut-être qu'elle prie pour nous mais elle n'est pas vivante, ça c'est certain.
- J'en veux à cette amie en particulier, qui nous a annoncé, le jour de la fête des mères, et sur une conversation de groupe qu'elle était enceinte de 5 mois. Comme si le jour de la fête des mères n'était pas suffisamment difficile dans ces cas là. Alors que c'est précisément à 5 mois de grossesse que nous avons appris que notre bébé ne survivrait pas.

Je n'arrive pas à passer outre toute cette colère, et tout cette rancœur que j'ai envers ces gens là. Le médecin m'a conseillé d'en parler directement car sûrement que les personnes ne savent même pas qu'elle m'ont fait du mal.

Avez-vous autant de colère en vous ? Et autant de rancœur pour tant de personnes différentes ? Comment avez-vous fait pour continuer ? Êtes vous suivies ? Nous ne sommes allés voir la psy de l'hôpital qu'une seule fois, avant l'accouchement, depuis j'ai revu deux fois une autre psychologue proche de chez moi mais qui me faisait plutôt me sentir plus mal que mieux .. Le médecin m'a fait une ordonnance pour aller voir un psychiatre mais je vois que tout ceux proches de chez moi sont très très complets. J'ai eu finalement rendez-vous avec un mais qui pourra me recevoir qu'une fois par mois, j'ai l'impression que ce ne sera pas suffisant, en tout cas en début. J'ai commencé à écrire aussi un peu … Sinon ma solution le week-end est plutôt de me noyer dans les jeux vidéos. Mais les semaines sont d'autant plus difficiles.
En plus pendant la grossesse j'envisageai une reconversion professionnelle aussi retourner au boulot est un douloureux rappel que je n'ai pu mener à bien aucun de ces projets.

J'ai aussi un sentiment de honte par rapport à ça. J'ai l'impression que je n'ai pas accompli mon devoir en tant que femme de devenir mère. J'ai l'impression d'avoir failli aux yeux de la société et aux yeux de mon conjoint. Ce qui est faux car il ne pense pas du tout comme cela, je sais que c'est vraiment dans ma tête mais ça me fait souffrir. Je ne sais pas d'où me vient une vision aussi "arriérée" de la femme, comme si nous devions forcément être mère pour être reconnue mais voilà, c'est ce que je ressens en ce moment.

Merci à toutes et tous de m'avoir lu, et de l'aide que vous pourrez m'apporter.

PS: désolée pour le pavé.

[Chacha22-Luna230622]

Morgane,
Tu es la bienvenue sur ce forum où toutes les colères peuvent être déposées, et les tiennes sont si légitimes, elles s'ajoutent au chagrin et au deuil et on comprend bien que ce soit terrible
Je voudrais te répondre rapidement pour surtout te dire que prendre la décision d'interrompre la vie de son enfant à naître, c'est avant tout une décision de mère. Organiser ses funérailles, c'est une décision de mère.
Protéger le souvenir de son enfant, c'est un geste de mère.
Les plus terribles qui soient certes, mais seul un parent peut faire ça.
Alors ton devoir pour moi, tu l'as accompli incontestablement et tu continues de l'accomplir en exigeant de la reconnaissance pour ta petite Abeille pour qui j'ai une pensée bien émue.
Sur l'après IMG, je dois dire que j'ai ressenti une immense colère contre la vie, contre les gens qui me disaient d'y croire encore parce que la prochaine fois "il n'y a pas de raison que", contre le temps qui passe et qui me rapprochait de 40 ans mais la présence de ma petite Luna m'a toujours semblé douce, quel que soit la douleur que je lui ai consciemment infligée en acceptant de la tuer dans mon ventre.
Je pense que nos bebes pourraient tout à fait nous dire la chose suivante :
" Il n'y a ni rancœur, ni colère à avoir puisque je suis le fruit de leur amour et puisque cette décision est une décision d'amour."
Mais le jour où j'ai appris que je portais de nouveau la vie, ma première pensée a été : que penserait elle de cette injustice ? Pourquoi lui et pas elle ?
Alors on est bien obligés d'apprendre à vivre avec cette colère, nous qui avons dû faire ce choix.
Je te souhaite de l'apprivoiser, c'est tellement vide de sens de devoir arrêter la vie que l'on désirait tant que finalement, la colère est le seul truc qui rend la vie supportable. Un temps, parce qu'après, tu auras besoin de légèreté, et qui sait, de lumière dans ta vie
Je pense à toi et à ta petite fille
Courage ❤

[M-M]

Morgane,

Tu as bien fait de déposer tes maux ici. Le forum est aussi là pour ça.

Je suis désolée pour ce qui vous est arrivé et pense bien à ta petite fille.

Je suis complètement d'accord avec le message de Chacha, tout ton parcours a été fait par une maman : toi.

Pour ce qui est des proches, j'ai aussi eu mon lot de "maladresses", des absences et des blessures profondes.
Clairement j'ai fait un tri très net dans mon entourage.

Une très bonne amie a disparu de la circulation dès l'annonce de la maladie de ma fille. Elle est réapparu 5 ou 6 mois plus tard avec un "je ne sais pas comment te le dire mais je suis enceinte de 3 mois". A travers des partages que j'ai fait sur le deuil périnatal sur les réseaux, elle a compris tout le mal qu'elle a fait. Elle s'est excusée. Nous n'avons plus de relation à présent.
J'ai eu le lot malheureusement commun du "vous y arriverez", "vous êtes jeunes, vous en aurez d'autres" (à la sortie du cimetière), "y a pas de raison", "vous avez fait le brouillon, plus qu'à faire le chef d’œuvre" ...

Mes beaux-parents sont très croyants. Pour eux, elle est la Vie. Pour moi elle est la mort et l'absence... Nous avons eu une belle discussion sur nos façons de voir les choses... Ils acceptent que pour moi le manque et la douleur prédomine. Je garde en tête que pour eux ma fille est dans un monde meilleur... Au moins, nous pouvons parler librement d'elle et ça me fait du bien. Même si nos points de vue sont différents, elle a existé (elle existe) pour eux aussi...

D'autres proches ont mis des distances avec nous. Sans jamais nous avoir posé des questions sur le pourquoi du comment la grossesse a du être interrompu par des médecins. Dans ma tête (et peut être que c'est faux) ils sont contre l'IMG et donc nous juge et nous en veulent...

L'IMG est une épreuve. Avec le recul, je trouve que les conséquences sociales en sont une aussi... Différente mais c'est dur également.

Peut être qu'en parler posément directement, comme te suggère ton médecin, ferait du bien, mais je ne l'ai pas fait donc je ne peux pas témoigner.

Ce qui m'a aidé et m'aide toujours énormément se sont les balades dans la nature. La culpabilité est toujours là. Moins forte et moins intense mais toujours au fin fond de moi. J'apprends à vivre avec elle et j'essaie de l'accepter quand elle ressort.

Dans 10 jours ça fera 2 ans... Depuis j'ai eu un petit gars plein de vie à la maison. Mais je n'ai rien oublié et rien n'est guéri...
D'ailleurs pour le 28, j'ai posé un jour de congé et je prendrai du temps pour moi et ma fille...

Courage, n'hésites pas à nous écrire. Il y a beaucoup de personnes douces et bienveillantes ici.

[Axel&baby4]

Bonjour Morgane,

Désolée de t’accueillir ici et douces pensées pour ta fille.

Je suis désolée de voir tout ce à quoi tu as été confrontée outre le deuil de ta fille. Je ne peux pas trop témoigner parce que parmi mes proches c’était soit le silence et l’absence de soutien, soit ils ont été géniaux.
Par contre, tu as un recueil de trucs qui peuvent aider dans le premier topic parmi le chemin de la reconstruction et je recommande souvent l’épisode 23 de la saison d’Au Revoir podcast. C’est un épisode pendant lequel les personnes confrontées au deuil périnatal disent ce qu’elles ont aimé que leurs proches fassent et donc on peut l’utiliser pour faire comprendre à nos proches ce dont on a besoin.

Bon courage à toi dans cette reconstruction. Pas la peine de vouloir changer les fondations : ton vécu est là et il faut construire par-dessus donc il faut que les personnes qui t’aiment s’adaptent et comprennent ça.

Prends soin de toi

Marie

[Morgane93]

Bonsoir à vous trois qui m'avez répondu si rapidement, et un immense merci.
Je suis si émue de lire vos réponses. Elles sont toutes très importantes pour moi car elles me permettent de me sentir un peu moins enfermée dans ma solitude (qui prend de plus en plus emprise sur moi ces derniers temps).

@Chacha22, Merci de me rappeler que je suis effectivement une maman, il est vrai que j'ai tendance à ne pas me considérer comme telle. Surtout merci de me dire que j'ai accompli mon devoir de maman. Je crois que personne d'autre ne me l'a dit jusqu'ici et que je ne l'avais pas réalisé mais oui j'ai tout fait pour elle, et je continuerai.

@M-M, je suis vraiment navrée de lire toutes les paroles que tu as subi également de la part de ton entourage. Ton expérience de dialogue positif avec tes beaux-parents m'apporte beaucoup d'espoir cependant. Il est vrai que ce que je reproche à beaucoup de gens de faire comme si rien ne s'était passé, je sais au moins que pour eux elle a existé et elle existe comme tu dis. Ce sera peut-être plus facile d'ouvrir le dialogue avec eux en premier.

@Axel&baby4, merci pour les recos, je n'avais pas du tout cliqué sur ce lien et je n'aurais jamais imaginé que le deuil périnatal était si documenté. Une amie (la seule qui ai été présente) m'a conseillé effectivement ce podcast. Je vais écouter plus particulièrement l'épisode 23 que tu me recommandes et je ne manquerai pas de le partager autour de moi.

Une pensée à vos anges également.

Je vois que certaines d'entre vous ont réussi à avoir maintenant leur bébé Arc-en-ciel comme on dit ici sur le forum. Je suis curieuse de savoir; avez vous su tout de suite après l'IMG que vous vouliez retenter, plus tard l'aventure de la maternité ? Pour l'instant je suis coincée dans une phase où je me dis que c'est horrible et que je ne veux plus jamais tomber enceinte, ni essayer d'avoir d'autre enfant. Avez-vous eu des pensées similaires ?

Je vous remercie encore.
à bientôt,

[Pamplerose]

Bonjour Morgane,

Non tu n'es malheureusement pas seule à ressentir cette colère et à avoir cette rancœur. C'est triste à dire mais je pense que beaucoup ne comprennent simplement pas... Dans mon entourage proche et ma famille, presque personne n'a eu de fausse couche (juste ma belle mère) et personne n'a eu à avoir une IMG. Et clairement, ça se ressent.

Après ma fausse couche je les ai toutes entendues ces phrases : "Au moins ça s'est arrêté tôt", "c'est sans doute que ça devait être comme ça, c'est pour le mieux, ce n'était pas viable", "tu es jeune ! Tu retomberas enceinte", "c'est tellement commun les fausse couches tu sais", et le pompon de toutes : "tu es sûre que tu veux avorter ?" (Car je faisais une fausse couche silencieuse...). Ma meilleure amie qui était une des rares proches à qui j'avais confié ma première grossesse a complètement merdé, elle ne m'a pas demandé comment j'allais pendant ma semaine atroce entre mes deux échos pour diagnostiquer ma FC silencieuse et dans ces rares messages elle minimisait ce que je vivais. Me disant par exemple au bout de 3 jours que j'allais sans doute rapidement arrêter de saigner (mais lol). Derrière quand je l'ai finalement appelé pour lui expliquer de vive voix car je pensais qu'elle était maladroite par messages... Elle rangait ses laines (enceinte de 5 mois à l'époque) pour sa fille alors que j'étais en larmes à lui expliquer ma FC. J'ai été tellement choquée que j'ai juste mis fin à la conversation et je l'ai ghostée pour la première fois de ma vie pendant 4 mois. Quand je suis retombée enceinte, j'ai voulu lui pardonner et j'ai repris contact. Je lui ai expliqué que son comportement m'avait énormément blessé alors que je comptais sur elle... Elle s'est excusée et m'a promis qu'elle voulait me prouver qu'elle pouvait être là pour moi à l'avenir. Je ne lui avait pas dit pour ma seconde grossesse mais j'ai finalement craqué fin août quand nous avons appris que je devais mettre fin à ma seconde grossesse... Elle m'a dit qu'elle serait présente... Cette fois quand je me suis sentie mal 3 jours après mon IMG et que j'avais besoin de parler, j'ai décidé de lui refaire confiance et de l'appeler pour vider mon sac. Elle a eu la bonne idée d'être au téléphone avec sa fille qui faisait des gazouillements joyeux pendant que moi je lui racontais mon IMG... Que je venais de perdre mon fils... Ça m'a fait éclater en larmes comme jamais, cette fois ci elle sait qu'elle a merdé et elle sait pourquoi. J'ai raccroché. Elle m'a envoyé des messages d'excuses de suite mais depuis plus rien. Elle ne s'inquiète même pas. Ne demande même pas de nouvelle. Je me sens juste trahie en plus de la rancœur que je ne peux m'empêcher de ressentir envers elle. Parce qu'elle a eu sa fille et moi je suis là, brisée par une fausse couche et une IMG... Et qu'en plus elle en a pas grand chose à foutre et préfère se concentrer sur son petit bonheur.

Mes parents aussi ont merdé... J'avais décidé de leur dire pour ma deuxième grossesse et pour avoir leur soutiens au cas où ça merderait encore. J'étais loin de m'imaginer que quand je les appelerai pour du réconfort, ils me lanceraient des accusations et des reproches. Parce que je savais que j'aurai une chute hormonale ect donc j'aurai dû demander des médicaments... et que c'est normal que ma meilleure amie soit avec sa fille parce qu'elle est petite... Rien à foutre que sa fille n'avait clairement pas une urgence ou qu'elle ne pouvait pas la laisser 15min à son compagnon le temps de m'appeler, c'est pas comme si elle ne savait pas d'avance le sujet de la conversation. Rien à foutre que moi je suis en deuil, que je viens de perdre mon fils ... Non non pour eux il n'a jamais existé ! Donc ça compte pas. Et je retomberais enceinte parce que c'est sûr, et que ça se passera bien parce que c'est sûr... C'est ce qu'ils m'ont dit au début de ma seconde grossesse aussi, on voit bien comment ça prévient les choses !

Bref et encore j'en passe... J'ai beaucoup de rancœur comme tu le vois. Et particulièrement envers mes plus proches, mes parents et ma meilleure amie... Car c'est sur ceux que je comptais le plus ! Mais j'ai décidé de me protéger et de les rayer de ma vie, au moins pour le moment. Je ne donne plus de nouvelles, ne répond pas aux messages, je les ghoste. Je ne veux m'entourer que de gens qui me soutiennent, ceux qui me disent des conneries ou qui ne veulent pas faire le moindre effort pour comprendre ma douleur... Ça dégage ! C'est triste mais c'est mieux comme ça. J'ai d'autres chats à fouetter et c'est bien assez difficile comme ça... Je ne veux pas passer mon temps à me justifier ou à expliquer ce qu'il ne faut pas faire/dire à côté de quelqu'un qui fait le deuil d'un enfant/une grossesse. Je considère que ça coule le source, on peut être maladroit mais il y a des limites à la connerie.

[M-M]

Bonjour,

Quelle force Pamplerose de réussir à "ghoster" tes plus proches. Tu te mets au centre de ta vie et tes besoins et je trouve ça très courageux !
J'espère que tu trouves des personnes ressources par ailleurs...

Morgane, pour répondre à ton dernier paragraphe...
On a relancer l'aventure de la grossesse très vite. On a juste attendu un rdv avec la généticienne qui nous a expliqué que, même si on était porteurs du gène qui a causé la maladie, on ne nous aiderait pas (via une pma par exemple) et qu'il faudrait une grossesse naturelle pour potentiellement faire des tests à 11 SA.
Avec le recul, j'ai très mal vécu certaine étape de la grossesse car je pense que je n'avais pas bien assimilé la mort de ma fille. Mais cette grossesse était un des projets qui me faisait tenir debout. Comme m'a dit mon mari dernièrement "Ce petit gars a réussi à nous faire croire en l'avenir et avoir de l'espoir alors qu'il faisait la taille d'un haricot"...

Sur ce point, personne n'est identique. Que ce soit après un deuil périnatal ou non. La seul réponse est de s'écouter. Si tu as besoin de temps, prends le !
As tu eu des rdv avec des généticiens à l’hôpital pour savoir s'il y a des risques de récidives ? Arrives - tu as en parler avec ton conjoint ?
Ce que tu as vécu est horrible, perdre son enfant, "choisir" de ne pas le faire naître vivant est une épreuve. Un pas après l'autre on avance...

De grosses pensées pour ton Abeille....

[Axel&baby4]

Bonjour Morgane,

Pour ma part, après ma première IMG, l’envie a été assez rapide. D’ailleurs j’étais enceinte 3 mois après. Et puis j’ai vécu une deuxième IMG. J’ai sombré très profondément et j’ai pensé ne plus jamais être enceinte. Je voulais aussi récupérer mon corps et mon esprit, m’investir de nouveau dans le travail. Mais la vie a repris le dessus avec une question d’un ami : comment te vois-tu dans 20 ans…. Eh bien je me voyais avec u mn enfant vivant en plus dans ma famille. Alors on a de nouveau essayé et j’ai été de nouveau enceinte 3 mois après ma deuxième IMG.
Ma mère m’a toujours dit qu’il n’y avait pas de bon moment pour attendre un enfant et c’était vrai aussi dans ce cas. J’ai beaucoup été aidé par la psychiatre qui m’a suivie depuis la première écho cata de ma première IMG (et qui me suis encore maintenant même si c’est très peu souvent).
Il faut voir de quoi tu as envie, comment tu te sens, est-ce que tu as besoin d’aide etc.

Bon courage à toi sur le chemin rocailleux de la maternité

Marie

[Malorie]

Bonsoir Morgane,
Je rejoins les autres réponses tu es une Mère, une Maman, une avec un grand M même si nos parcours de maternite sont différents des plus classiques.
Je me permets de rebondir sur la colère à chaud et même avec les mois qui passent. C'est normal, à la fois instinctif de vouloir protéger la mémoire et le respect pour nos tout-petits et même vis à vis de nous même.
Ce qu'on a traversé est compliqué et les gens se permettent parfois trop de remarques, de comme si e rien n'était, ils oublient...
Moi j'ai une collègue qui n'arrête pas des maladresses, je suis à lui souhaiter une extinction de voix au travail ! Ce week-end ma belle sœur et des amis m'ont parlé du nouveau bébé qu'on attend comme du bébé 2 et que notre grand allait devenir grand frère... Je les ai repris plusieurs fois pour leur dire que non c'était bébé 3 et que notre fils avait déjà une petit sœur (chose qu'il a complètement intégré !). Notre fille, on l a enterré y a même pas 10 mois, la veille de Noël... Je ne sais pas comment les gens peuvent oublier, si vite.
Faut pas prendre trop sur soi, ça fait trop. Moi ce fut une psy et mon vélo qui m'ont permis d'extérioriser, pour avancer.
Je te souhaite beaucoup de courage, et si t'as envies de cracher ton venin ou autres émotions ou questionnements, n'hésite pas

[Morgane93]

Bonsoir à toutes,

Pamplerose, cette phrase que tu as dite fait beaucoup écho en moi "Et particulièrement envers mes plus proches, [...] Car c'est sur ceux que je comptais le plus !" Je me suis fait la réflexion également que ceux qui m'avaient le plus déçu était ceux dont j'en attendais le plus... et cela aussi m'a fait culpabiliser d'ailleurs. Je me suis dis que finalement peut-être que ce n'était pas leur faute mais la mienne car j'en attendais trop d'eux. Mais non en fait, et je rejoins M-M, tu as eu beaucoup de courage de casser ce cercle et de te protéger. S'il y a un seul moment dans toute notre vie où nous devons penser à nous et nous protéger c'est celui là. Nous ne pouvons pas gérer notre deuil et la maladresse et / ou la méchanceté de notre entourage. Je te souhaite d'être entourée uniquement de personnes bienveillantes à l'avenir.

@M-M : Nous avons eu les premiers résultats, ceux de l'autopsie etc... où ils n'ont rien trouvé. Nous avons rendez-vous le 9 octobre pour les résultats génétiques de mon conjoint et moi-même mais nous ne comptons pas vraiment sur les résultats car la généticienne nous a expliqué qu'ils sont capables d'analyser uniquement 2% de l'adn humain donc en gros, même si on ne trouve rien aux résultats ça ne veut pas dire pour autant que nous sommes excepts d'une tare génétique et qu'il n'y a pas, potentiellement, un risque de récidive. Donc voilà. C'est pas très encourageant.
Et oui heureusement nous avons un bon dialogue avec mon conjoint. Je lui partage tout ce que je ressens et pense et je suis étonnée car souvent il me répond qu'il ressent la même chose. Ce n'est pas parce qu'ils ne verbalisent pas autant qu'ils ressentent moins.

@Marie : c'est exactement ça, récupérer mon corps et mon esprit oui. Je n'ai été enceinte "que" 5 mois mais quand je suis rentrée à la maison sans mon bébé j'avoue que je ne savais plus qui j'étais, ni ce que j'aimais faire. J'avais l'impression de ne plus me connaître. C'est très dur comme sensation. La reprise du boulot a été difficile mais nécessaire. Et le corps, terrible...
Merci pour ton témoignage en tout cas.

@Malorie: Merci hihi, j'essayerai de rester soft quand même en crachant mon venin !
Décidément les belles-soeurs hein ... pas une pour rattraper l'autre.
Moi j'ai de la chance finalement au boulot tout le monde a décidé de ne pas en parler... Ça me rendait triste mais peut-être finalement qu'il vaut mieux le tabou aux maladresses ? Je ne sais pas.
Une pensée à ton petit ange. Enterrer son bébé c'est déjà une épreuve très difficile, je n'imagine pas une veille de fête.
D'ailleurs j'appréhende énormément nos anniversaires (je fais 30 cette année et mon conjoint 35) et les fêtes de fin d'année aussi. En plus ma date de conception théorique était le 15 octobre, qui est la journée du deuil périnatal (je ne l'ai appris que bien plus tard) qu'elle coïncidence...

Je vous remercie toutes pour vos témoignages, j'ai longtemps hésité à poster, je viens sur le forum depuis début mars mais je suis vraiment heureuse d'avoir sauté le pas et de partager avec vous, ça me fait beaucoup de bien.

Une pensée à vos anges.