IMG tardive

[Emilie2]

Bonjour à toutes,

Je m'appelle Émilie, je suis à 34 SA + 6 J et dans une semaine je vais subir une IMG. C'est une première grossesse.

Un diagnostic tardif d'une Agénésie du corps calleux, avec des ventricules latéraux augmentés de volume de manière importante. Avec des risques pour mon bébé de troubles du neuro développement plus ou moins importants.

Tout a basculé le 19 juin dernier lors de mon échographie du troisième trimestre. Tous les examens ont été faits très rapidement au vu de mon terme avancé.
Depuis ce jour, c'est un véritable cauchemar...

Après consultation avec un neuropédiatre et après concertation pluridisciplinaire. Nous avons décidé avec mon conjoint de stopper la grossesse.
Avant même d'avoir terminer les examens complémentaires, mon conjoint était en faveur de l'IMG.
Travaillant dans le milieu du handicap il était déjà terrorisé et même avant d'entamer notre projet grossesse, d'avoir un enfant un jour avec un handicap mental.

Pour moi ça été plus compliqué avec plusieurs jours de doutes constants avec l'impossibilité de prendre une décision.
Tout ce que je voulais c'était accueillir mon bébé et de pouvoir m'en occuper en tant que nouveau né mais pas d'essayer de me projeter avec mon enfant dans 3 ans, 10 ou 15 ans....

C'est la consultation avec le neuropédiatre qui m'a guidé dans ce non choix... Avec un pronostic péjoratif sur le long terme.
Je me suis sentie soulagée d'avoir pu prendre une décision pendant 24h mais depuis je suis dans une culpabilité constante.
J'ai un sentiment d'effroi rien de penser qu'il faut arrêter le coeur de mon bébé alors que je la sens tellement bouger...
Mon conjoint est très soutenant, il s'occupe de beaucoup de choses, je suis un peu tel un zombie.
J'oscille entre le fait que dans une semaine je vais rencontrer mon bébé mais aussi que l'on a décidé de mettre fin à sa vie.

Mon conjoint me répète que c'est aussi une décision médicale mais je n'arrête pas de me demander si j'ai fait le bon choix.

J'avais besoin d'écrire ce long texte, j'espère qu'il est compréhensible...

Merci.

Emilie

[Chacha22-Luna230622]

Bonjour Émilie, et bienvenue dans cet espace de douceur où tous les mots ont leur place
Ton histoire me déchire le coeur, je n'étais pas au meme terme mais j'ai eu la sensation d'être un monstre qui tue son bébé... la seule chose que je peux te dire, c'est que bizarrement, la rencontre peut être douce, pleine d'amour malgré les circonstances dramatiques
Je t'envoie tout mon soutien

[Axel&baby4]

Bonjour Emilie,

Je suis désolée de t’accueillir sur ce forum. Axel avait une agénésie du corps calleux, des pieds bots et une fente palatine. Ton histoire fait un peu revivre la mienne. L’amniocentèse réalisée à l’époque (avec expérimentation d’un Exome) a révélé un accident génétique et en gros notre bébé n’aurait pas pu vivre. Je te raconte ça parce que nous avons pris la décision de l’IMG avant l’info sur le gène et là non « viabilité » de notre enfant. « Seulement » avec les avis des médecins et je me rappelle avoir espéré que le neuro pédiatre soit optimiste puisque c’était le dernier médecin que nous voyions avant la signature du dossier d’IMG. Et finalement non, il nous avait tracé un tableau noir…. Au final, cette décision que nous avons prise, c’est par amour pour notre Loulou. Quelle vie nous lui aurions offerte?
Pour autant, mes loulous nés sans vie me manquent tous les jours. Mais chaque jour avec plus de douceur. C’est comme des vagues. Parfois c’est un tsunami. C’est dur. Mais on apprend à vivre avec.
N’hésite pas à déposer tes états d’âme, tes questions, y’a douleur.

Bon courage à toi et je t’embrasse fort pour ces prochains jours. Ta fille sent l’amour que tu lui portes.

Marie

[M-M]

Bonjour Emilie,

Je suis désolée de t’accueillir ici... Tu pourras y déposer tous tes doutes, tes peines et aussi tout ton amour pour ta fille.

De mon côté, nous avons subit l'IMG plus tôt dans la grossesse (1ere également) et nous avons appris après de quel problème génétique souffrait Maëlle et que l'on était pas porteurs.

Le sentiment de culpabilité est toujours la, moins fort qu'au début, moins régulier. Il m'arrive encore de relire les comptes rendus médicaux pour me rappeler pourquoi on a dû passer par là...

Cette "décision" n'est qu'amour pour ton enfant.

J'ai un très beau souvenir de l'accouchement de ma fille. Elle m'a fait évoluer.

Je vous envoie tout mon soutien

[Mariondux]

Bonjour Emilie.

J'ai accouché de ma petite fille en janvier dernier à la suite d'une IMG, à 37 semaines. Je sais à quel point la période que tu vis et à vécu est un enfer. Nous aussi avons dû prendre notre décision sans vraiment savoir quelles seraient les conséquences concrètes du syndrome dont elle était atteinte. C'était une torture mais nous savons que nous avons fait le bon choix. Quand notre bébé est là, dans notre ventre c'est tellement dur de se le dire... Mais tu verras, le calme revient ensuite...
J'ai trouvé que la période avant l'IMG était là plus dure. La période qui vient après est extrêmement triste mais il y a presque un soulagement que ce soit fini...
Où en es tu aujourd'hui ? Ce doit être ces jours ci. Je te souhaite énormément de courage et d'amour autour de toi pour supporter cette épreuve si terrible... Je suis là par la pensée avec toi...
Marion.

[Emilie2]

Bonjour à toutes,

Merci beaucoup pour ces messages de soutien. J'ai accouché mercredi dans la nuit d'une petite Suzanne. Je suis rentrée de la maternité cet après-midi. Le sentiment de culpabilité n'est plus vraiment là. Je me dis que nous avons fait le bon choix pour notre fille. Nous avons rencontré le gynécologue qui nous a suivi avant l'IMG et qui était également là au bloc opératoire qui permet de déculpabiliser. Les discussions avec l'équipe des sages femmes allègent un peu également.
La rencontre avec Suzanne était très belle et nous l'avons revue avant de quitter la Clinique. Nous avons pris quelques photos et je ne peux pas m'empêcher de les regarder très souvent depuis que je suis rentrée. Elle me manque déjà tellement.
Nous avons organisé les obsèques qui auront lieu dans quelques jours. Encore une autre étape.

Encore merci pour ces messages de soutien.

Emilie

[Emilie2]

Bonjour à toutes,

J'ai besoin d'écrire dans le forum aujourd'hui. Nous sommes le 17/08, le jour qui aurait dû être mon terme de grossesse.
Je me suis réveillée comme tous les matins depuis mon accouchement le 12/07 avec l'angoisse qui me prend dans tout le corps dès le réveil.

Depuis la naissance sans vie de ma petite fille, la culpabilité est omni présente. J'arrive parfois à me dire que j'ai fait le mauvais choix et que j'aurais dû l'accueillir... J'ai repris rendez-vous avec le neuropédiatre que l'on avait vu avant l'interruption pour que l'on me reparle de sa malformation et du pronostic.

Je ne fais que de penser à elle, je revois son petit corps de bébé dans mes bras. Je me dis que c'est irréel que je vais me réveiller de ce cauchemar horrible. Je me dis que c'est impossible de nos jours de détecter si tard dans la grossesse ce type de malformation... Je me demande comment j'ai pu arrêter ma grossesse à 8 mois... Je ressens ce besoin viscérale d'avoir ma fille auprès de moi. Pour mon compagnon, c'est différent il est très triste mais ne ressent pas de culpabilité.

Notre vie est tellement chamboulée, j'aimerais tellement pouvoir reprendre notre vie d'avant...

Ce qui me fait tenir, c'est mon entourage et les personnes qui me font du bien sinon ce serait trop difficile de tenir le coup.
Je suis partie quelques jours dans la maison secondaire de mes beaux parents. Ça me fait du bien de ne pas être dans mon environnement habituel. Ma sœur et ma meilleure amie sont venues passer quelques jours avec moi. J'ai pu profiter quand même, même de rigoler pour la première fois depuis l'interruption.

Merci de me lire.

Emilie

[Malorie]

Bonjour Émilie,
Effectivement ces sentiments ambivalents partent et reviennent, sans prévenir, avec des intensité variables.
Même si on sait pourquoi on a dû malheureusement prendre cette décision, on se dit "et si"
Ça va faire bientôt 9 mois, et pas un jour je n'y repense pas, je ne m'en veux pas, et que ma fille ne me manque pas.
C'est difficile de reprendre le cours de la vie 'comme si'. Personnellement il m'a fallu du temps pour accepter que non la vie ne sera plus jamais comme avant. Certains ne se rendent pas compte mais j'ai réussi à bien l'intégrer et aussi accepter l'idée que tous ne s'en rendront pas compte. On ne passe pas à autre chose, on apprend à vivre avec.
Si t'as besoin de craquer, fais le ! Pleurer, ne rien vouloir faire, ça arrive et c'est nécessaire. Ma psy m'a avait dit de s'autoriser à aller mal, pour aller mieux.
Prends soin de toi et douces pensées à Suzanne.

[Axel&baby4]

Bonjour Emilie,

Je suis désolée de lire ta souffrance. Et c’est tellement normal que ta fille te manque.
C’est bien que tu sois entourée et que tu aies pu revoir le neuropédiatre.
Je t’envoie beaucoup de douceur et pense fort à Suzanne.

Marie

[Sarah23]

Coucou,
Je suis vraiment désolée que tu souffres. C’est normal qu’elle te manque et tu as raison parfois on a l’impression que c’est irréel. La culpabilité permet aussi de donner du sens là où il n’y en a pas vu que nous avons besoin d’une raison pour que les choses se passent en tant qu’être humain mais tout cela n’a aucun sens et tu n’es en rien coupable. Mais peut-être que pour l’instant tu as besoin de te dire ça pour avancer. Et effectivement tu as le droit d’être triste mais aussi de rigoler et parfois par la suite d’être heureuse.
Bon courage et j’espère que ton rdv te fera du bien