IMG 19 SA rupture totale des membranes
Posté : 31 mai 2022, 23:27
Bonjour,
Je ne sais pas si je suis au bon endroit mais 5 mois après la perte de mon fils et a 6 jours de ma DPA, je souhaitais raconter mon histoire.
Ma grossesse fut compliquée dès le début : je suis tombée enceinte sous stérilet, et "l'œuf" était très mal placé, contre le stérilet.
Si je continuais ma grossesse, le risque était une fausse-couche, précoce ou tardive (une rupture des membranes ou une infection du fœtus résultant de son décès).
Les médecins refusaient de retirer mon stérilet au début car ils avaient peur d'interrompre la grossesse.
Au final ils ont acceptés, et après des semaines de doutes et de peur, ils l'ont retiré avec succès.
Ils nous ont affirmés que la grossesse était redevenue une grossesse "normale", qu'il n'y avait plus de risques. C'était en octobre 2021.
On me fait le test sanguin de la trisomie 21, qui montre un risque très faible (c'est un détail important pour la suite).
Je précise que malgré le fait d'être heureuse de cette grossesse, j'avais un mauvais pressentiment.
Debut décembre 2021, je me reveille en pleine nuit, trempée. Je me dirige vers les toilettes, j'ai perdu beaucoup "d'eau"
Je pleure, je réveille mon conjoint, je pense être entrain d'accoucher. On attend mais rien ne se passe. Je me dis que je me suis peut-etre urinée dessus, j'en rigole et je suis rassurée qu'il ne se passe rien.
2 jours plus tard je décide d'aller aux urgences maternité pour vérifier que tout aille bien car je me demande si cet evenement était normal.
Le verdict tombe : il n'y a plus de liquide amniotique. Au début je ne comprends pas la gravité de la situation, on me dit que ça arrive, qu'il y a une femme dans le service a qui s'est arrivé et qu'elle est a 6 mois de grossesse. Je dois rester hospitalisée pour une antibiothérapie en IV pour limiter le risque d'infections et faire d'autres examens.
Je suis triste, j'ai peur mais je me dis que mon bébé naîtra juste prématuré a 7 mois de grossesse et que je serais alitée. On se dit que ça va être dur mais qu'on y arrivera avec mon conjoint.
Plus les jours passent et plus le tableau s'assombrit quand les médecins viennent me voir. Ils m'expliquent qu'il n'a aucun liquide et qu'il ne peut pas développer ses poumons. La grossesse peut se poursuivre jusqu'a 7 mois mais il n'arrivera probablement pas a respirer a la naissance, et dans le peu de chance de survie qu'il a, il sera sûrement handicapé aux niveaux des membres (car ne peut pas bouger de toute la grossesse).
On me propose l'IMG. Nous faisons nos recherches avec mon conjoint, et aux vues des résultats très pessimistes, nous décidons que c'est le plus humain pour lui.
Malgré tout mon cœur de maman se demande s'il n'y a pas un tout petit espoir.
On nous demande d'attendre 1 semaine pour avoir RDV avec un médecin spécialisé, et pour vérifier que le liquide ne se reconstitu pas de lui-meme (très peu de chance mais pourquoi pas)
Problème : attendre une semaine et réaliser l'IMG revient à accoucher le 24 décembre ou repousser à plus tard.
Ça ne m'enchante pas car je ne veux pas associer cette fête au décès de mon bébé. j'en parle à une interne. Elle me dit de prendre ma valise à mon RDV et que si le choix de l'IMG se confirme, on réaliserais la procédure directement pour éviter ça. Je me dis que tout est prévu.
J'arrive a mon RDV : le liquide ne s'est pas reconstitué, mon dernier espoir s'envole. Pire : les mesures du fœtus ne sont pas bonnes : il se demande s'il n'a pas un problème ou une maladie (rien a voir avec la rupture des membranes mais deuxième douche froide)
Il me renvoie dans la ville où j'habite car je ne suis pas prévue pour l'IMG chez eux. Les médecins de ma ville ne sont pas au courant de mon dossier, donc le temps d'organiser l'accouchement tomberais le 24 décembre. On décide de repousser au lundi suivant.
Les jours qui passent son douloureux... j'essaie de ne pas y penser pendant les fêtes. J'ai l'impression d'avoir un petit ventre parce que je n'ai plus de liquide... je demande a mon conjoint de me prendre en photo pour avoir un souvenir.
Lundi arrive, le protocole de l'IMG n'est pas le même que dans ma ville... plus long. Je demande comment savoir si je dois venir a l'hôpital avant les RDV, si j'accouche plus tôt que prévu... on me dit que c'est comme un accouchement normal (je m'attends a des contractions régulières comme mon premier accouchement).
Je précise a la sage-femme que le médecin preconise un caryotipe sur le cordon ombilical pour voir si le bébé n'était pas malade. Tout semble géré.
Nous pleurons, je prends les médicaments, ma première fille est chez ses grand-parents. On nous précise qu'il n'y a pas de jardins des souvenirs dans cet hôpital, donc soit nous réalisons des obsèques à nos frais, soit "il ira avec d'autres bébés pour une cremations, puis dans les déchets de l'hôpital" selon les dire de la sage-femme.
Nous décidons de réaliser ses obsèques, et passons aux pompes funèbres.
J'ai déjà mal au ventre, je sent que j'ai des contractions. Je demande de rentrer a la maison car rien de régulier mais qu'il faudrait peut-etre aller a l'hôpital plus vite que prévu (c'était censé durer 4 jours).
Puis tout s'arrête. Je me dis que c'était une fausse alerte et que j'attendrais mon rdv le lendemain.
La nuit passe, mon conjoint est au travail.
Je me lève... j'ai envie d'aller aux toilettes. Je pousse pour faire pipi et là... je sent quelque chose entre mes jambes. Je suis entrain d'accoucher.
Je vous passe les détails, mais je fini par accoucher dans la salle de bain. Je ne ressent aucune douleur physique mais je hurle d'horreur et de tristesse.
Je ne suis pas quelqu'un qui pleure facilement, mais cette situation est trop douloureuse pour moi.
J'appelle de moi-meme mon conjoint, la sage-femme puis le SAMU. Mon fils est né. La placenta ne sort pas. Ma porte est fermé a clé, personne ne peut venir m'aider. Je dois rassembler mes forces et le porter jusqu'à la porte.
Mon conjoint arrive, on s'installe dans un lit et on les attends. Les pompiers et le SAMU arrivent, coupent le cordon et récupèrent mon fils. Le placenta n'est toujours pas sorti. J'ai l'impression de saigner mais rien ne coule.
On me transporte jusqu'en salle d'accouchement, me faif une échographie. Le placenta est presque dehors me dit le médecin. Ils essaient de le sortir et m'appuient sur le ventre pour m'aider. Ils ne sortent que des caillots de sang. J'ai mal, je demande à être endormie.
On m'envoie au bloc opératoire et ils m'endorment. J'ai du mal a me réveiller, je ne me sens pas bien physiquement mais n'arrive pas a définir pourquoi.
On m'amène dans une salle... on m'apporte mon fils. Il est beau. Il ressemble a son père.
On me dit qu'on l'a pris en photos et qu'on allait réaliser ses empruntes.
Je retourne en chambre. C'est extrêmement difficile psychologiquement. Je suis aussi pleine d'adrénaline, sidérée. Je suis epuisee mais je n'arrive pas a dormir.
La nuit, je me lève pour aller aux toilettes et fais un malaise. Je n'en pense rien. Je me recouche avant de perdre connaissance et m'endors.
Le lendemain pareil. J'en informe l'équipe, on me dit que c'est psychologique.
La prise de sang montre une anémie : j'ai perdu 5 points d'hémoglobine. Le médecin dit que je suis trop jeune pour une transfusion, on me fait une cure de fer et me laisse sortir avec un rdv de contrôle.
La sage-femme me dit que nous n'avons pas de papier a remplir, ils s'occupent de tout (c'est faux).
C'est difficile psychologiquement et physiquement, je suis faible, j'ai du mal a marcher longtemps. Je me repose beaucoup.
Nous réalisons les obsèques de Noah, c'est la chose la plus dure que j'ai eu a faire. Mon conjoint s'est occupé de tout et s'occupe de moi.
J'ai mon rdv de contrôle, je dis que physiquement c'est dur, on me dit que c'est normal.
Problème : il reste un morceau de placenta. On me donne des médicaments (les mêmes que pour une IVG) pour l'évaluer. Mon hémoglobine n'est pas remontée et j'ai des risques de saignements mais le médecin dit que ça va aller.
Retour a la maison : je saigne, beaucoup. La sensation des caillots de sang sont les mêmes qu'a l'accouchement, je suis au plus bas.
J'ai le sentiment que je vais mourir. Mon conjoint tente de me rassurer. J'envoie un message à ma famille pour leur dire que je les aime (au cas où).
Mon conjoint a nettoyé mon sang a la serpillière, je m'endors.
Je me reveille (ouf). Mais je ne tiens plus debout. Diffixile d'être assise aussi. J'ai l'impression que mon corps ne supporte plus. J'ai d'énormes maux de têtes quand je me lève. Je ne me douche plus. Je reste allongée. Je ne m'occupe plus de ma fille.
Ah oui, je fais un syndrome post-traumatique normal : cauchemars, crise d'angoisse, flash...
Mon conjoint rapproche le rdv a ma demande. On m'hospitalise, j'avais encore perdu 2 points d'hémoglobine, je tachycardais et j'avais une petite tension.
On me transfuse. Je pleure de joie en me levant sans tachycarder. Je rêve d'une balade depuis 2 semaines maintenant. Ça attendra mais je suis pleine d'espoirs.
Ah oui : les médicaments n'ont pas expulsé le morceau de placenta, je dois repasser au bloc opératoire. J'ai peur de ne jamais me réveiller, de saigner encore.
On me traite avec beaucoup de douceur et ils évitent d'utiliser des outils qui pourraient me faire saigner. Je me réveille bien mieux que la première fois.
On fait des analyses sur le morceau de placenta car le caryotipe n'a pas été fait sur le cordon a cause de l'accouchement a la maison.
Le verdict tombe : il y avait une anomalie chromosomique. Impossible de savoir avec précision sur un morceau de placenta.
Je me dis que tout ça n'est pas arrivé par hasard, c'est plus facile d'accepter que de me dire que mon bébé était en parfaite santé et que le seul problème était du liquide amniotique.
Voilà la fin de mon histoire... les empruntes de mon bébé n'ont pas été faites pour une raison obscures. Je reçoit toujours des messages de la secu pour ma grossesse car les papiers n'ont pas été fait non plus. Apparemment nous devions envoyé un papier. Personne ne nous l'a dis.
J'ai ouvert les photos de mon bébé pour la première fois il y a quelques jours... mon souvenir n'était pas la réalité. Ça m'a fait du bien de le voir.
Il me manque. Il manque a ma famille. J'ai peur d'une nouvelle grossesse. Je suis suivis par une infirmière spécialisée dans le deuil prénatal.
Je n'ai plus de symptome post-traumatique. La douleur est là, mais elle vient de moins en moins souvent.
C'est mon deuxième enfant, mon fils.
J'aurais souhaité que tout se passe autrement mais je dois accepter notre histoire.
Nous partons à l'étranger dans deux semaines pour s'installer. Nous avons revendu la maison. L'impression de l'abandonner une deuxième fois.. il m'a fallut 4 mois pour retourner dans la salle de bain où j'ai accouchée.
Nous avons besoin d'un projet pour avancer.
Je suis venue sur ce forum souvent lorsque nous avons decides de l'IMG. Ça m'a fais du bien de savoir que je n'étais pas seule.
Les mots des autres sont durs parfois. Le retour au travail n'a pas été facile.
Je ne sais pas si quelqu'un lira un jour ce post, mais merci de m'avoir lu si c'est le cas.
C'était notre histoire,
Laura et Noah
Je ne sais pas si je suis au bon endroit mais 5 mois après la perte de mon fils et a 6 jours de ma DPA, je souhaitais raconter mon histoire.
Ma grossesse fut compliquée dès le début : je suis tombée enceinte sous stérilet, et "l'œuf" était très mal placé, contre le stérilet.
Si je continuais ma grossesse, le risque était une fausse-couche, précoce ou tardive (une rupture des membranes ou une infection du fœtus résultant de son décès).
Les médecins refusaient de retirer mon stérilet au début car ils avaient peur d'interrompre la grossesse.
Au final ils ont acceptés, et après des semaines de doutes et de peur, ils l'ont retiré avec succès.
Ils nous ont affirmés que la grossesse était redevenue une grossesse "normale", qu'il n'y avait plus de risques. C'était en octobre 2021.
On me fait le test sanguin de la trisomie 21, qui montre un risque très faible (c'est un détail important pour la suite).
Je précise que malgré le fait d'être heureuse de cette grossesse, j'avais un mauvais pressentiment.
Debut décembre 2021, je me reveille en pleine nuit, trempée. Je me dirige vers les toilettes, j'ai perdu beaucoup "d'eau"
Je pleure, je réveille mon conjoint, je pense être entrain d'accoucher. On attend mais rien ne se passe. Je me dis que je me suis peut-etre urinée dessus, j'en rigole et je suis rassurée qu'il ne se passe rien.
2 jours plus tard je décide d'aller aux urgences maternité pour vérifier que tout aille bien car je me demande si cet evenement était normal.
Le verdict tombe : il n'y a plus de liquide amniotique. Au début je ne comprends pas la gravité de la situation, on me dit que ça arrive, qu'il y a une femme dans le service a qui s'est arrivé et qu'elle est a 6 mois de grossesse. Je dois rester hospitalisée pour une antibiothérapie en IV pour limiter le risque d'infections et faire d'autres examens.
Je suis triste, j'ai peur mais je me dis que mon bébé naîtra juste prématuré a 7 mois de grossesse et que je serais alitée. On se dit que ça va être dur mais qu'on y arrivera avec mon conjoint.
Plus les jours passent et plus le tableau s'assombrit quand les médecins viennent me voir. Ils m'expliquent qu'il n'a aucun liquide et qu'il ne peut pas développer ses poumons. La grossesse peut se poursuivre jusqu'a 7 mois mais il n'arrivera probablement pas a respirer a la naissance, et dans le peu de chance de survie qu'il a, il sera sûrement handicapé aux niveaux des membres (car ne peut pas bouger de toute la grossesse).
On me propose l'IMG. Nous faisons nos recherches avec mon conjoint, et aux vues des résultats très pessimistes, nous décidons que c'est le plus humain pour lui.
Malgré tout mon cœur de maman se demande s'il n'y a pas un tout petit espoir.
On nous demande d'attendre 1 semaine pour avoir RDV avec un médecin spécialisé, et pour vérifier que le liquide ne se reconstitu pas de lui-meme (très peu de chance mais pourquoi pas)
Problème : attendre une semaine et réaliser l'IMG revient à accoucher le 24 décembre ou repousser à plus tard.
Ça ne m'enchante pas car je ne veux pas associer cette fête au décès de mon bébé. j'en parle à une interne. Elle me dit de prendre ma valise à mon RDV et que si le choix de l'IMG se confirme, on réaliserais la procédure directement pour éviter ça. Je me dis que tout est prévu.
J'arrive a mon RDV : le liquide ne s'est pas reconstitué, mon dernier espoir s'envole. Pire : les mesures du fœtus ne sont pas bonnes : il se demande s'il n'a pas un problème ou une maladie (rien a voir avec la rupture des membranes mais deuxième douche froide)
Il me renvoie dans la ville où j'habite car je ne suis pas prévue pour l'IMG chez eux. Les médecins de ma ville ne sont pas au courant de mon dossier, donc le temps d'organiser l'accouchement tomberais le 24 décembre. On décide de repousser au lundi suivant.
Les jours qui passent son douloureux... j'essaie de ne pas y penser pendant les fêtes. J'ai l'impression d'avoir un petit ventre parce que je n'ai plus de liquide... je demande a mon conjoint de me prendre en photo pour avoir un souvenir.
Lundi arrive, le protocole de l'IMG n'est pas le même que dans ma ville... plus long. Je demande comment savoir si je dois venir a l'hôpital avant les RDV, si j'accouche plus tôt que prévu... on me dit que c'est comme un accouchement normal (je m'attends a des contractions régulières comme mon premier accouchement).
Je précise a la sage-femme que le médecin preconise un caryotipe sur le cordon ombilical pour voir si le bébé n'était pas malade. Tout semble géré.
Nous pleurons, je prends les médicaments, ma première fille est chez ses grand-parents. On nous précise qu'il n'y a pas de jardins des souvenirs dans cet hôpital, donc soit nous réalisons des obsèques à nos frais, soit "il ira avec d'autres bébés pour une cremations, puis dans les déchets de l'hôpital" selon les dire de la sage-femme.
Nous décidons de réaliser ses obsèques, et passons aux pompes funèbres.
J'ai déjà mal au ventre, je sent que j'ai des contractions. Je demande de rentrer a la maison car rien de régulier mais qu'il faudrait peut-etre aller a l'hôpital plus vite que prévu (c'était censé durer 4 jours).
Puis tout s'arrête. Je me dis que c'était une fausse alerte et que j'attendrais mon rdv le lendemain.
La nuit passe, mon conjoint est au travail.
Je me lève... j'ai envie d'aller aux toilettes. Je pousse pour faire pipi et là... je sent quelque chose entre mes jambes. Je suis entrain d'accoucher.
Je vous passe les détails, mais je fini par accoucher dans la salle de bain. Je ne ressent aucune douleur physique mais je hurle d'horreur et de tristesse.
Je ne suis pas quelqu'un qui pleure facilement, mais cette situation est trop douloureuse pour moi.
J'appelle de moi-meme mon conjoint, la sage-femme puis le SAMU. Mon fils est né. La placenta ne sort pas. Ma porte est fermé a clé, personne ne peut venir m'aider. Je dois rassembler mes forces et le porter jusqu'à la porte.
Mon conjoint arrive, on s'installe dans un lit et on les attends. Les pompiers et le SAMU arrivent, coupent le cordon et récupèrent mon fils. Le placenta n'est toujours pas sorti. J'ai l'impression de saigner mais rien ne coule.
On me transporte jusqu'en salle d'accouchement, me faif une échographie. Le placenta est presque dehors me dit le médecin. Ils essaient de le sortir et m'appuient sur le ventre pour m'aider. Ils ne sortent que des caillots de sang. J'ai mal, je demande à être endormie.
On m'envoie au bloc opératoire et ils m'endorment. J'ai du mal a me réveiller, je ne me sens pas bien physiquement mais n'arrive pas a définir pourquoi.
On m'amène dans une salle... on m'apporte mon fils. Il est beau. Il ressemble a son père.
On me dit qu'on l'a pris en photos et qu'on allait réaliser ses empruntes.
Je retourne en chambre. C'est extrêmement difficile psychologiquement. Je suis aussi pleine d'adrénaline, sidérée. Je suis epuisee mais je n'arrive pas a dormir.
La nuit, je me lève pour aller aux toilettes et fais un malaise. Je n'en pense rien. Je me recouche avant de perdre connaissance et m'endors.
Le lendemain pareil. J'en informe l'équipe, on me dit que c'est psychologique.
La prise de sang montre une anémie : j'ai perdu 5 points d'hémoglobine. Le médecin dit que je suis trop jeune pour une transfusion, on me fait une cure de fer et me laisse sortir avec un rdv de contrôle.
La sage-femme me dit que nous n'avons pas de papier a remplir, ils s'occupent de tout (c'est faux).
C'est difficile psychologiquement et physiquement, je suis faible, j'ai du mal a marcher longtemps. Je me repose beaucoup.
Nous réalisons les obsèques de Noah, c'est la chose la plus dure que j'ai eu a faire. Mon conjoint s'est occupé de tout et s'occupe de moi.
J'ai mon rdv de contrôle, je dis que physiquement c'est dur, on me dit que c'est normal.
Problème : il reste un morceau de placenta. On me donne des médicaments (les mêmes que pour une IVG) pour l'évaluer. Mon hémoglobine n'est pas remontée et j'ai des risques de saignements mais le médecin dit que ça va aller.
Retour a la maison : je saigne, beaucoup. La sensation des caillots de sang sont les mêmes qu'a l'accouchement, je suis au plus bas.
J'ai le sentiment que je vais mourir. Mon conjoint tente de me rassurer. J'envoie un message à ma famille pour leur dire que je les aime (au cas où).
Mon conjoint a nettoyé mon sang a la serpillière, je m'endors.
Je me reveille (ouf). Mais je ne tiens plus debout. Diffixile d'être assise aussi. J'ai l'impression que mon corps ne supporte plus. J'ai d'énormes maux de têtes quand je me lève. Je ne me douche plus. Je reste allongée. Je ne m'occupe plus de ma fille.
Ah oui, je fais un syndrome post-traumatique normal : cauchemars, crise d'angoisse, flash...
Mon conjoint rapproche le rdv a ma demande. On m'hospitalise, j'avais encore perdu 2 points d'hémoglobine, je tachycardais et j'avais une petite tension.
On me transfuse. Je pleure de joie en me levant sans tachycarder. Je rêve d'une balade depuis 2 semaines maintenant. Ça attendra mais je suis pleine d'espoirs.
Ah oui : les médicaments n'ont pas expulsé le morceau de placenta, je dois repasser au bloc opératoire. J'ai peur de ne jamais me réveiller, de saigner encore.
On me traite avec beaucoup de douceur et ils évitent d'utiliser des outils qui pourraient me faire saigner. Je me réveille bien mieux que la première fois.
On fait des analyses sur le morceau de placenta car le caryotipe n'a pas été fait sur le cordon a cause de l'accouchement a la maison.
Le verdict tombe : il y avait une anomalie chromosomique. Impossible de savoir avec précision sur un morceau de placenta.
Je me dis que tout ça n'est pas arrivé par hasard, c'est plus facile d'accepter que de me dire que mon bébé était en parfaite santé et que le seul problème était du liquide amniotique.
Voilà la fin de mon histoire... les empruntes de mon bébé n'ont pas été faites pour une raison obscures. Je reçoit toujours des messages de la secu pour ma grossesse car les papiers n'ont pas été fait non plus. Apparemment nous devions envoyé un papier. Personne ne nous l'a dis.
J'ai ouvert les photos de mon bébé pour la première fois il y a quelques jours... mon souvenir n'était pas la réalité. Ça m'a fait du bien de le voir.
Il me manque. Il manque a ma famille. J'ai peur d'une nouvelle grossesse. Je suis suivis par une infirmière spécialisée dans le deuil prénatal.
Je n'ai plus de symptome post-traumatique. La douleur est là, mais elle vient de moins en moins souvent.
C'est mon deuxième enfant, mon fils.
J'aurais souhaité que tout se passe autrement mais je dois accepter notre histoire.
Nous partons à l'étranger dans deux semaines pour s'installer. Nous avons revendu la maison. L'impression de l'abandonner une deuxième fois.. il m'a fallut 4 mois pour retourner dans la salle de bain où j'ai accouchée.
Nous avons besoin d'un projet pour avancer.
Je suis venue sur ce forum souvent lorsque nous avons decides de l'IMG. Ça m'a fais du bien de savoir que je n'étais pas seule.
Les mots des autres sont durs parfois. Le retour au travail n'a pas été facile.
Je ne sais pas si quelqu'un lira un jour ce post, mais merci de m'avoir lu si c'est le cas.
C'était notre histoire,
Laura et Noah