Mon histoire
Posté : 21 mars 2022, 11:40
Bonjour à toutes et à tous,
Chaque histoire est unique mais je sens une écoute particulière de toutes ces mamans qui ont vécu la perte d'un bébé.
Je sens que j'ai besoin de mettre des mots sur ce qui m'arrive...
Voici la mienne :
J'ai la chance d'être maman de 4 fabuleux enfants : Matthieu (15 ans), Faustine (14 ans), Florentin (11 ans) et Julie (8ans). Nous avons une vie d'enseignants bien remplie et rythmée. Nous avons une passion commune : la gymnastique, nous entraînons au club avec nos enfants tous les 2.
Depuis toujours, je rêvais d'une famille nombreuse. Mais après Julie, mon mari pensait que notre famille était comblée et que l'on avait besoin de temps et d'énergie pour s'occuper de tout ce petit monde. Quelques années plus tard, on a vécu le confinement tous ensemble à la maison, le temps passé ne fut que du bonheur, il a finalement voulu repartir pour l'aventure ! C'était au printemps 2020. A chaque grossesse désirée, je suis tombée enceinte très facilement mais là au bout de 8 mois toujours rien... on se dit qu'il est trop tard (nous avions 38 ans)... puis en décembre, je tombe enceinte. Malheureusement au bout de 2 mois 1/2 l'embryon ne s'était pas développé, j'explique comme je peux (il m'était difficile de trouver les mots) à mes enfants mon hospitalisation car il n'était pas au courant du projet ni de la nouvelle. Ils sont tristes mais aucun projet n'était en cours dans leur tête. Les médecins me rassurent, 1 grossesse sur 4 finie en fausse-couche, pour moi, ce n'était que de la malchance... Je vis cette fausse-couche en février sans violence ni désespoir...
Nous retentons, sûrs de notre choix et notre envie de bébé grandissante... je retombe enceinte en juillet. Et là je suis sûre que tout va bien (test beaucoup plus net !). Tout se passe super bien, on l'annonce aux enfants en octobre puis à la famille et aux amis. Fin octobre, le gynéco me trouve une tension super inquiétante (20/10) et m'envoie aux urgences. Le service après de longues heures d'attente est réduit en contact, le médecin que je vois et comprends à peine me donne un traitement et : rentrez chez vous madame ! Sous traitement, 2 fois par jour, je passe 2 jours affreux, malade. Je retourne à l'hôpital, on me dit que c'est normal, ça va passer et le nouveau médecin que je vois me rajoute une bi-thérapie. Je rentre à la maison et effectivement tout rentre dans l'ordre. Novembre passe, je me sens super bien. Avec ma fille aînée, on se met au tricot, plein de petits chaussons, elle termine un superbe tapis d'éveil au crochet. Décembre arrive, 2è écho que je fais avec une sage-femme. Elle me dit que tout va bien mais me pose des questions sur les poids de mes 1ers enfants, elle trouve le fémur un peu court, et la vessie un peu trop dilatée. Mon mari est un peu inquiet, je le rassure pour les autres j'avais le souvenir de cette petite taille. Elle me demande pour être rassurée si je veux bien aller voir une spécialiste de l'écho, je lui dis pas de souci, rdv pris dans une semaine.
Je me rends au rdv toute seule et là c'est le début de l'enfer !!! Le médecin passe plus de temps que d'habitude à l'écho, ne dit pas grand chose. Elle me demande me rhabiller et me dit : "je vais tout vous expliquer"...J'ai compris, je suis à 24SA.
Pour elle, il n'y a pas d'issue favorable, le bébé est trop petit (430g), mes artères utérines ne se sont pas développées à cause de la tension. Elle évoque 3 possibilités : la mort in-utero dans les prochains jours, un sauvetage maternel (pré-éclampsie) ou une img.
J'appelle mon mari effondrée, il s'organise pour me rejoindre. Je lui explique et demande au médecin de revenir pour lui expliquer. Dans cette 2è version, je n'entends plus qu'un seul choix l'img, elle n'évoque pas les autres possibilités. Lui est sûr du médecin, ne prendre aucun risque pour moi est primordial. Je le suis, je ne suis plus vraiment là de toute façon...
On m'hospitalise et prévois la date dans 4 j : le 20 décembre 2021. Mon bébé est plein de vitalité, tous ses organes fonctionnent, il est tout ce qu'il y a de plus normal, je le sens bouger de plus en plus, il veut me dire quelque chose mais je n'ai pas la force d'aller contre la volonté de tous. J'accouche d'un petit garçon qui faisait un peu plus de 500g, il est beau. On n'a pas eu le temps de préparer son prénom, il n'y avait qu'un début de liste, c'est notre bébé ange.
Je regrette de ne pas avoir eu la force d'essayer de le garder, mon mari essaye de me rassurer, que c'était la meilleure solution, qu'il ne peut imaginer me perdre... mais moi, suis-je égoïste ?
Aujourd'hui, j'ai fait 3 séances de psy, ai eu l'impression d'aller beaucoup mieux mais depuis quelques jours je m'effondre. Je vais avoir 40 dans 2 semaines, ma soeur est enceinte, ma belle-soeur aussi... je devais accoucher le 17 avril. Maintenant c'est fini pour nous ! Nous restons sur cet échec, le cardiologue est formel. Ma tension malgré le traitement a du mal à se stabiliser. Mes enfants se reconstruisent une idée de l'avenir car ils s'étaient beaucoup projetés. Je ne sais pas trop quoi espérer dans l'année qui s'écoule.
Ma famille me dit de retrouver des projets, facile à dire ! Je suis en congé maternité jusqu'à mi-juin sans mon bébé. Ma vie s'est transformée en un cauchemar, j'aimerais me réveiller, me dire que j'ai rêvé.
Merci de m'avoir lue... j'ai trouvé beaucoup de témoignages de maman porteuses d'enfants qui ne pourraient pas vivre mais peu sur les img pour "sauver" la maman.
Chaque histoire est unique mais je sens une écoute particulière de toutes ces mamans qui ont vécu la perte d'un bébé.
Je sens que j'ai besoin de mettre des mots sur ce qui m'arrive...
Voici la mienne :
J'ai la chance d'être maman de 4 fabuleux enfants : Matthieu (15 ans), Faustine (14 ans), Florentin (11 ans) et Julie (8ans). Nous avons une vie d'enseignants bien remplie et rythmée. Nous avons une passion commune : la gymnastique, nous entraînons au club avec nos enfants tous les 2.
Depuis toujours, je rêvais d'une famille nombreuse. Mais après Julie, mon mari pensait que notre famille était comblée et que l'on avait besoin de temps et d'énergie pour s'occuper de tout ce petit monde. Quelques années plus tard, on a vécu le confinement tous ensemble à la maison, le temps passé ne fut que du bonheur, il a finalement voulu repartir pour l'aventure ! C'était au printemps 2020. A chaque grossesse désirée, je suis tombée enceinte très facilement mais là au bout de 8 mois toujours rien... on se dit qu'il est trop tard (nous avions 38 ans)... puis en décembre, je tombe enceinte. Malheureusement au bout de 2 mois 1/2 l'embryon ne s'était pas développé, j'explique comme je peux (il m'était difficile de trouver les mots) à mes enfants mon hospitalisation car il n'était pas au courant du projet ni de la nouvelle. Ils sont tristes mais aucun projet n'était en cours dans leur tête. Les médecins me rassurent, 1 grossesse sur 4 finie en fausse-couche, pour moi, ce n'était que de la malchance... Je vis cette fausse-couche en février sans violence ni désespoir...
Nous retentons, sûrs de notre choix et notre envie de bébé grandissante... je retombe enceinte en juillet. Et là je suis sûre que tout va bien (test beaucoup plus net !). Tout se passe super bien, on l'annonce aux enfants en octobre puis à la famille et aux amis. Fin octobre, le gynéco me trouve une tension super inquiétante (20/10) et m'envoie aux urgences. Le service après de longues heures d'attente est réduit en contact, le médecin que je vois et comprends à peine me donne un traitement et : rentrez chez vous madame ! Sous traitement, 2 fois par jour, je passe 2 jours affreux, malade. Je retourne à l'hôpital, on me dit que c'est normal, ça va passer et le nouveau médecin que je vois me rajoute une bi-thérapie. Je rentre à la maison et effectivement tout rentre dans l'ordre. Novembre passe, je me sens super bien. Avec ma fille aînée, on se met au tricot, plein de petits chaussons, elle termine un superbe tapis d'éveil au crochet. Décembre arrive, 2è écho que je fais avec une sage-femme. Elle me dit que tout va bien mais me pose des questions sur les poids de mes 1ers enfants, elle trouve le fémur un peu court, et la vessie un peu trop dilatée. Mon mari est un peu inquiet, je le rassure pour les autres j'avais le souvenir de cette petite taille. Elle me demande pour être rassurée si je veux bien aller voir une spécialiste de l'écho, je lui dis pas de souci, rdv pris dans une semaine.
Je me rends au rdv toute seule et là c'est le début de l'enfer !!! Le médecin passe plus de temps que d'habitude à l'écho, ne dit pas grand chose. Elle me demande me rhabiller et me dit : "je vais tout vous expliquer"...J'ai compris, je suis à 24SA.
Pour elle, il n'y a pas d'issue favorable, le bébé est trop petit (430g), mes artères utérines ne se sont pas développées à cause de la tension. Elle évoque 3 possibilités : la mort in-utero dans les prochains jours, un sauvetage maternel (pré-éclampsie) ou une img.
J'appelle mon mari effondrée, il s'organise pour me rejoindre. Je lui explique et demande au médecin de revenir pour lui expliquer. Dans cette 2è version, je n'entends plus qu'un seul choix l'img, elle n'évoque pas les autres possibilités. Lui est sûr du médecin, ne prendre aucun risque pour moi est primordial. Je le suis, je ne suis plus vraiment là de toute façon...
On m'hospitalise et prévois la date dans 4 j : le 20 décembre 2021. Mon bébé est plein de vitalité, tous ses organes fonctionnent, il est tout ce qu'il y a de plus normal, je le sens bouger de plus en plus, il veut me dire quelque chose mais je n'ai pas la force d'aller contre la volonté de tous. J'accouche d'un petit garçon qui faisait un peu plus de 500g, il est beau. On n'a pas eu le temps de préparer son prénom, il n'y avait qu'un début de liste, c'est notre bébé ange.
Je regrette de ne pas avoir eu la force d'essayer de le garder, mon mari essaye de me rassurer, que c'était la meilleure solution, qu'il ne peut imaginer me perdre... mais moi, suis-je égoïste ?
Aujourd'hui, j'ai fait 3 séances de psy, ai eu l'impression d'aller beaucoup mieux mais depuis quelques jours je m'effondre. Je vais avoir 40 dans 2 semaines, ma soeur est enceinte, ma belle-soeur aussi... je devais accoucher le 17 avril. Maintenant c'est fini pour nous ! Nous restons sur cet échec, le cardiologue est formel. Ma tension malgré le traitement a du mal à se stabiliser. Mes enfants se reconstruisent une idée de l'avenir car ils s'étaient beaucoup projetés. Je ne sais pas trop quoi espérer dans l'année qui s'écoule.
Ma famille me dit de retrouver des projets, facile à dire ! Je suis en congé maternité jusqu'à mi-juin sans mon bébé. Ma vie s'est transformée en un cauchemar, j'aimerais me réveiller, me dire que j'ai rêvé.
Merci de m'avoir lue... j'ai trouvé beaucoup de témoignages de maman porteuses d'enfants qui ne pourraient pas vivre mais peu sur les img pour "sauver" la maman.