Témoignage IMG pour T21, douleur et culpabilité

AlisonP
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Enregistré le : 10 février 2022, 10:08

Re: Témoignage IMG pour T21, douleur et culpabilité

Message par AlisonP »

MarionDamiens a écrit : 28 février 2022, 14:26 Bonjour à tous et à toutes,

Cela fait plusieurs semaines que je trouve refuge sur ce forum en lisant tous vos témoignages respectifs, et je ressens maintenant l'envie et le besoin de raconter mon histoire à mon tour.
J'ai appris ma grossesse le 25 octobre 2021 et les mois qui ont suivi cette nouvelle ont été fabuleux, entre le bonheur que nous ressentions mon conjoint et moi et l'annonce à nos proches au moment de Noël. J'ai vécu un premier trimestre de grossesse "assez classique", quelques nausées, pas mal de fatigue, mais des maux qui ne gâchaient en rien ce grand bonheur attendu. J'ai été toutefois assez vite stressée car des amis ayant eu un bébé récemment avaient dû passer par l'amniocentèse suite à une hyper clarté nucale détectée au moment de la T1. Après de longues semaines d'attente, le caryotype complet du bébé n'avait montré aucune anomalie et leur petit bonhomme qui a maintenant 3 mois est en parfaite santé. C'est la 1ère fois que j'étais confrontée d'aussi près à ce genre d'évènement lors d'une grossesse, et cela s'est passé quelques mois avant que je tombe moi-même enceinte.
La 1ère fois que cela m'a traversé l'esprit pour ma propre grossesse, c'est lors d'une échographie de contrôle faite aux urgences à 9sa à la suite de saignements : j'ai eu l'impression de voir sur cette échographie une clarté nucale prononcée, alors même que je ne savais pas comment mesurer ou voir une CN sur une écho, que je n'ai aucune connaissance à ce sujet. J'ai été prise de crises d'angoisse par la suite, mon conjoint et ma sage-femme ont réussi à me raisonner et j'ai réussi à trouver un semblant de sérénité jusqu'à la T1.
A la T1, RAS, aucun commentaire inquiétant de l'échographe, elle nous parle juste du tri test à la fin de l'examen, que je m'empresse de faire juste après. Nous prenons ensuite le train pour le réveillon de Noël dans ma famille, je commence à décortiquer le compte-rendu, toutes les mesures sont effectivement bonnes, la CN à 2,3 mm est dans la fourchette haute (89ème percentile) mais reste dans la "norme". Les fêtes de Noël se passent, j'arrive à mettre mes angoisses de côté, nous sommes entourés et annonçons cet heureux évènement au reste de nos famille, je garde un très bon souvenir de ces fêtes.
Le 29 décembre, coup de fil de la sage-femme, le tri test est revenu à 1/160, elle essaye de me rassurer en me disant que ce chiffre ne veut pas dire grand chose, qu'il faut faire le DPNI pour avoir un résultat beaucoup plus fiable. Mon conjoint reste très confiant, il fait un calcul rapide dans sa tête : il y a 99,4% de chance que tout aille bien ! Il a raison mais je ne parviens pas à garder cet optimisme.
Le 5 janvier, 7 jours plus tard, nouveau coup de fil de la sage-femme, je sais avant même de décrocher ce qu'elle va nous dire et cela se confirme au son de sa voix "le DPNI est positif à la trisomie 21", à partir de ce moment là tout bascule, je m'effondre en larmes, mon conjoint pas tout de suite, car la sage-femme essaye encore une fois de nous rassurer "il faut garder espoir, il y a parfois de faux positifs, c'est arrivé récemment à une de mes patientes". On fait quelques recherches sur Internet et on comprend vite que c'est un dépistage sûr à 99%. Je n'ai plus d'espoir pour ma part.
Dans ce tourbillon, il faut quand même trouver la force d'organiser les étapes qui vont suivre, notamment l'amniocentèse. Il faudra qu'on patiente presque 3 semaines de plus pour pouvoir la réaliser, à 17sa. Pendant cette attente, on commence donc à réfléchir à notre choix si la trisomie 21 est confirmée, au début tout est clair "on ne continuera pas la grossesse", je m'immerge dans les témoignages de femmes / couples ayant vécu une IMG, j'ai besoin de comprendre comment cela se passe.
Le 24 janvier, l'maniocentèse a lieu, c'est plus impressionnant que douloureux, je tombe sur une équipe très douce et bienveillante. Je ressens une forme de soulagement, c'est une étape supplémentaire qui est passée. On apprend aussi que nous attendons un petit garçon, on est déchiré entre le bonheur de cette nouvelle et la tristesse de la décision que l'on va devoir prendre pour lui. Les résultats FISH arrivent 3 jours après, le 27 janvier. On nous fait revenir dans le CPDPN où à eu lieu l'amniocentèse, à 1h30 de chez nous pour un RDV qui durera en tout et pour tout 5 minutes : "Les résultats FISH confirment bien la T21. Vous avez déjà réfléchi à ce que vous voulez faire ?" A peine prononce-t-on du bout des lèvres que l'on pense arrêter la grossesse qu'on nous encourage à prendre RDV pour programmer l'IMG le plus rapidement possible. C'est trop pour moi.
La semaine qui suit ces résultats, je fais énormément de recherche au sujet de la T21, je passe presque 1h au téléphone avec la présidente de l'association https://www.valentin-apac.org/ ; on fait une échographie morphologique à 18sa pour voir si des malformations sont déjà détectées à ce moment là. On cherche des éléments qui pourraient nous aider à prendre notre décision. L'échographie ne montre aucune malformation et au final cela complique encore plus notre décision. Les différents professionnels à qui on parle durant cette semaine là sont unanimes, il est très compliqué de prédire la "lourdeur" du handicap dans le cas du T21, il peut ne pas y avoir de malformations physiques, cela peut se développer plus tard dans la grossesse, ou après, ou pas du tout. Pour le handicap mental, on ne peut l'évaluer, mais je comprends que cela dépend beaucoup de l'investissement des parents, de l'entourage. Tous nous rassurent sur le fait qu'on peut encore prendre le temps pour réfléchir à notre décision mais en cas d'IMG on nous encourage à le faire avant 22sa pour ne pas rajouter la douleur de la procédure de foeticide à notre peine.
Je me sens perdue, par moment j'ai l'impression d'en être capable, et je pense ensuite à la vie d'adulte et toute la souffrance que notre petit garçon pourrait ressentir plus tard, et la notre. Au fil de notre réflexion, je me sens "prête" à le laisser partir, même si cela me déchire profondément.
On formule la demande d'IMG le 7 février, qui sera programmée le 16 février. On passe 10 jours dans notre bulle, entre des moments de profondes tristesse mais également de jolis moments à sentir bouger notre petit prince.
Le 16 février à 07h30, nous rentrons à l'hôpital, commence alors une longue attente pour l'évènement le plus triste de notre vie. Je rejoindrai la salle de naissance le 17 février à 2h et notre ange est né à 12h35, à 20+6sa. L'accouchement n'a pas été douloureux physiquement, la sage-femme qui était présente à ce moment là a été d'une douceur et d'une bienveillance sans nom.
La rencontre avec notre Pio a été un moment hors du temps, il présentait des signes de vitalité après la naissance alors que depuis le début on nous répétait que les contractions arrêteraient son petit coeur naturellement. J'ai été hantée par cela les jours suivant l'accouchement, de peur qu'il ait pu souffrir, mais je me dis maintenant qu'on a eu une chance incroyable de pouvoir l'accompagner dans ses quelques minutes de vie et qu'il ait pu partir dans nos bras... Nous sommes repartis avec une boite pleine de souvenirs dont 2 photos de Pio. Je pensais que je ne pourrai jamais regarder ces photos. Au final, je les regarde tous les jours car j'ai peur d'oublier son petit visage.
Nous avons fait le choix d'organiser les obsèques nous-même, l'hôpital pouvait s'en charger mais nous n'aurions pas pu être présent au moment de la crémation et de la répartition des cendres, ni avoir connaissance des dates. Nous n'avons pas pu nous résoudre à le laisser partir seul...
Ce fut une étape de plus, 1 semaine après l'accouchement, mon conjoint avait convié quelques proches. J'ai d'abord eu peur de devoir "affronter" nos proches pendant les obsèques, peur que les gens ne comprennent pas notre souffrance face à une décision que nous avions choisi, peur de ne pas être légitimes dans notre souffrance... Finalement, je remercie mon conjoint car notre Pio est parti entouré de nos proches, présent pour nous soutenir dans notre tristesse.
Aujourd'hui, je vous écris à J+11 après l'accouchement, il y a des jours avec et des jours sans. Nous faisons en sorte de nous en sortir, nous voyons une psy spécialisée dans le deuil périnatal, je vais également tester l'EMDR. Certains jours, en plus de la tristesse je suis rongée par la culpabilité et ces jours sont les plus compliqués. J'ai milles questions qui me viennent "et si on avait poursuivi la grossesse, y-aurait-il eu des malformations découvertes ?" "et si on avait attendu un peu plus longtemps, aurait-on changé d'avis ?" "et si on avait eu le courage d'assumer le handicap de notre petit garçon ?". Dans ces moments là, j'ai tendance à m'auto-flageller en me disant que je ne mérite plus le bonheur après avoir pris cette décision. Je ne me sens pas non plus légitime à dire que je traverse un deuil périnatal face à des parents qui ont vécu une MFIU ou une IMG pour cause de maladie / malformation létale. Je trouve du réconfort et un certain espoir à écouter des parents endeuillés raconter comment ils ont sorti la tête de l'eau ; mais parmi tous ces témoignages, il n'y en a aucun qui évoquent la T21. J'ai l'impression que le tabou autour du deuil périnatal se lève, mais que celui autour de l'IMG pour T21 est bien réel. Cela renforce encore un peu plus ce sentiment de culpabilité.  

Désolée pour ce pavé, si certains ont pris le temps de le lire je vous en remercie :)
Bonsoir Marion.

Comment ne pas réagir à ton post ? Mon bébé s'est envolé pour les mêmes raisons quelques heures seulement avant le tien : le 16 février à 22h57. Nous en étions pratiquement au même terme puisque mon bébé est parti à 21 semaines.

Il y a quelques différences dans l'annonce de la trisomie 21 : clarté nucale à 3,8 mm ; tritest à 1/10 ; DPNI positif ; amniocentèse positive ; cardiopathie déjà détectée.

Nous avons fait la cérémonie le 25 février. J'ai eu une semaine pour tout préparer et lui exprimer tout mon amour et toute ma douleur. Nous avons fait un peu comme toi : textes, musiques, pétales de fleurs mais aussi doudou, bijoux, photos, vêtements, langes, etc. Cela a été une chance d'avoir le temps de préparer et de lui parler avant.

Cela fait 3 semaines jour pour jour que mon bébé est parti. Mon accouchement a été douloureux car mon esprit ne voulait pas la laisser partir alors qu'elle l'était déjà depuis le milieu d'après-midi.. Depuis, je viens sur sa tombe (on a fait un cavurne) tous les jours. J'ai acheté aujourd'hui un nouveau bouquet pour elle. On lui a érigé un autel provisoire (il est actuellement dans notre chambre à coucher et on compte l'installer par la suite au sein du foyer) pour lui rendre hommage avec sa boîte de naissance, ses photos, des petits anges qui m'ont été offerts pour elle, etc.
Je n'arrive plutôt à pleurer et cela m'angoisse. J'ai contacté aujourd'hui l'association AGAPA et une psychologue spécialisée dans le deuil périnatal. Je suis suivie aussi de façon médicamenteuse par une psychiatre de l'hôpital.

N'hésite pas à venir. Cela me fera plaisir de parler de mon bébé avec quelqu'un qui connaît exactement la même chose (culpabilité, douleur, etc.).
Profite bien de tes derniers moments avec ton bébé.

Bisous.
Alison.
Cleo29
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Enregistré le : 20 juin 2021, 08:17

Re: Témoignage IMG pour T21, douleur et culpabilité

Message par Cleo29 »

Bonjour à toutes,

Ça fait un petit moment que je n’étais pas venue sur le forum… j’ai moi aussi dû faire une img en juillet dernier pour T21. J’avais juste envie de vous dire que le bonheur reviendra 😊. Ça prend un peu de temps, on passe par toutes les couleurs de l’arc en ciel mais on finit par trouver l’apaisement. On oublie même un peu les sales moments! Des petites choses qui m’ont aidé :
- au début : lire et regarder des témoignages sur le sujet, le forum, des livres sur la perte d’un enfant (la part des anges, changer l’eau des fleurs, pater dolorosa). En parler beaucoup avec les gens qui pouvaient m’écouter efficacement. Raconter milles fois mon accouchement, les obsèques etc…
- un peu plus tard prendre conscience du vide laissé par la mort de Noé puis chercher à la remplir en prenant conscience des petites choses de la journée qui y contribuaient (la chaleur du soleil, un bon moment, une bonne action), écrire 3 choses positives de ma journée le soir dans un petit carnet.
- 3 mois après : l’EMDR. J’ai une heure de route pour aller bosser et chaque jour je pleurais à gros sanglots sur l’intégralité du trajet, mon sommeil était perturbé et j’avais cette impression continue de ne pas toucher terre. De n’être jamais vraiment là et concentrée. J’ai fait une séance et ça a été magique. Je peux toujours avoir des
Moments de tristesse en pensant à Noé mais ça ne m’envahît plus.

Voilà mes petits conseils. Il faut du temps et de la bienveillance envers soi même. Beaucoup s’informer pour comprendre que ce que l’on traverse est normal. Ne pas oublier que nous ne sommes pas seules et qu’à travers le monde la majorité des femmes vivent la perte d’un enfant au cours de leur vie. C’est la douleur des femmes. Quasi universelle finalement (sauf dans nos sociétés où surtout il faut ne parler de rien, surtout pas des fausses couches et autres pertes durant la grossesse).

Pensées à nos bébés
Maman de Mila 2014 et de Thomas 2017
Mamange de Noé, né le 01/07/21, IMG T21 a 19 SA.
Petit arc en ciel août 2022 😊
oophelie
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Re: Témoignage IMG pour T21, douleur et culpabilité

Message par oophelie »

Bonjour à toutes,

Alison je suis triste de lire ton témoignage... Car je m'y reconnais. Pour ma part, ce sentiment de tristesse est en train de passer. Cela fera 2 mois la semaine prochaine que nous avons perdu notre fille. Par contre je ressens un grand vide à l'intérieur de moi, un peu comme ci quelque chose me manquait !

Cleo ton témoignage fait chaud au cœur ! Cela nous montre qu'après la pluie vient le beau temps et surtout... Qu'on est capable de vivre avec cette perte.
Marjolaine née sans vie le 17 Janvier 2022 à 19SA (T21)
Cleo29
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Enregistré le : 20 juin 2021, 08:17

Re: Témoignage IMG pour T21, douleur et culpabilité

Message par Cleo29 »

Oui vraiment le beau temps revient c’est promis! Je trouve ça important d’en témoigner parce que c’est ce qui me faisait le plus peur, cette impression que le vide, la tristesse, l’anéantissement seraient définitifs. En fait je pense que quand on en sort, quand la vie reprend ses droits on a un peu envie de s’éloigner du forum, de s’éloigner de cette période de vie tellement sombre. Et du coup il n y a pas autant de témoignages positifs que réellement. Alors que je suis persuadée que la majeure partie d’entre nous retrouve le bonheur et l’apaisement.
Maman de Mila 2014 et de Thomas 2017
Mamange de Noé, né le 01/07/21, IMG T21 a 19 SA.
Petit arc en ciel août 2022 😊
AlisonP
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Enregistré le : 10 février 2022, 10:08

Re: Témoignage IMG pour T21, douleur et culpabilité

Message par AlisonP »

Bonjour,

j'aimerais pouvoir raconter mon accouchement mille fois mais il n'y a personne qui veut bien m'écouter. J'aimerais raconter la cérémonie d'adieu mille fois mais il n'y a personne qui veut bien m'écouter. Cela fait peur. Du coup, je me retrouve face à un mur de silence. Cela m'isole et je me sens nulle, idiote avec ma grande peine de mamange. Je n'ose pas en parler, de peur de souler ou d'avoir ce mur en face.
La tristesse reste mais les larmes ne coulent plus beaucoup.

Cela fera un mois mercredi prochain. Un mois ! Déjà ! Un mois que mon bébé est parti sans moi. Comme il me manque ! Comme nos moments à nous deux me manquent !
VioletteD.
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Re: Témoignage IMG pour T21, douleur et culpabilité

Message par VioletteD. »

AlisonP, je suis franchement désolée de lire que personne autour de toi ne t'écoute. Je trouve cela terrible, pouvoir raconter fait partie des choses qui m'ont le plus aidée... Si tu souhaites parler encore et encore de ton bébé, tu peux le faire sur le forum sans limite <3. Douces pensées à toi.

Cleo, je voulais te remercier chaleureusement pour ton beau témoignage, plein d'espoir pour chacun.e. Comme toi, je trouve que c'est important de pouvoir écrire/lire cela.

Pensées à tou.te.s et à vos anges <3
Maman d'un super petit garçon de 7 ans 💗
Petit grelot perdu à 13 SA par IMG 👼 (RPM et anamnios / col blessé, béance non diagnostiquée)
Bébé espoir né en janvier 2023 🌈 (cerclage thérapeutique à 20 SA, accouchement à 41 SA !)
Mon histoire ici fin p.2
melcaran
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Enregistré le : 13 février 2022, 17:21

Re: Témoignage IMG pour T21, douleur et culpabilité

Message par melcaran »

Bonsoir AlisonP,

Je suis désolée que tu te sentes si seule face à toute cette douleur. N'hésites pas à nous raconter ici ou par mp votre histoire, l'accouchement, la cérémonie...

Pour ma part, parler de l'accouchement m'a aidé à affirmer ma maternité auprès de notre entourage qui ne savait / sait pas toujours comment réagir. Parler de notre choix d'interrompre la grossesse pour une T21 est plus compliquée car cela leur semble à tous "le meilleur choix" dont il n'est pas nécessaire de parler, alors que pour moi c'est encore très dur à accepter au fond de mon coeur. Mais lors des obsèques de Gabriel j'ai compris que malgré leur silence, ils avaient aussi perdu un petit fils, un arriere petit fils, un neveu... Simplement ils n'avaient pas les mots.

Ici, tu peux parler librement, j'espère que tu trouveras via ce forum le soutien que tu recherches.

@Cleo, merci pour ton témoignage positif, un jour le soleil reviendra ☀️.

Bon courage à toutes,
Et plein de pensées à nos étoiles ✨🌸💛🌸✨
Maman d'une princesse née le 05/03/2019
Et d'un petit trésor parti trop tôt (IMG pour T21 le 02/03/2022)
Marion10
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Re: Témoignage IMG pour T21, douleur et culpabilité

Message par Marion10 »

oophelie a écrit : 09 mars 2022, 18:34 Bonjour les filles,

Oui reprendre le travail est une étape à franchir. Bon je ne vous cache pas que je suis épuisée psychiquement par cette reprise... Qui marque le retour à "la réalité" et qui donne l'impression de reprendre le cours des choses comme avant. Un peu comme ci nous n'avions pas eu de bébé entre temps et ça c'est perturbant !

Marion, reprend surtout quand tu en as envie car mine de rien, ce retour à la réalité est épuisant mais en même temps ça aide à penser à autre chose...

Oh pourquoi on vous a proposé des rdvs avec les généticiens ? J'espère que les nouvelles seront positives !

Et oui, après un long arrêt maladie, on doit avoir une visite à la médecine du travail. J'attends donc que mon employeur me dise la date de ce rendez-vous...

Melcaran, je penserai fort à toi vendredi. Vu tout l'amour que tu y mets, la cérémonie sera magnifique 😍
Hello Ophélie,

au final mon arrêt a été prolongé de 2 semaines, je devrais reprendre fin mars :) J'en profite pour prendre du temps pour moi et m'occuper de ma santé physique et mental (osthéo, EMDR, séance psy, etc.)
Le RDV avec le généticien nous a été proposé par l'hôpital où nous avons réalisé l'anmiocentèse, je ne sais pas vraiment à quoi m'attendre, je te dirai 🤷‍♀️
Mam'ange de Pio, né le 17/02/22 à 20+6 sa
Marion10
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Re: Témoignage IMG pour T21, douleur et culpabilité

Message par Marion10 »

AlisonP a écrit : 09 mars 2022, 20:53
MarionDamiens a écrit : 28 février 2022, 14:26 Bonjour à tous et à toutes,

Cela fait plusieurs semaines que je trouve refuge sur ce forum en lisant tous vos témoignages respectifs, et je ressens maintenant l'envie et le besoin de raconter mon histoire à mon tour.
J'ai appris ma grossesse le 25 octobre 2021 et les mois qui ont suivi cette nouvelle ont été fabuleux, entre le bonheur que nous ressentions mon conjoint et moi et l'annonce à nos proches au moment de Noël. J'ai vécu un premier trimestre de grossesse "assez classique", quelques nausées, pas mal de fatigue, mais des maux qui ne gâchaient en rien ce grand bonheur attendu. J'ai été toutefois assez vite stressée car des amis ayant eu un bébé récemment avaient dû passer par l'amniocentèse suite à une hyper clarté nucale détectée au moment de la T1. Après de longues semaines d'attente, le caryotype complet du bébé n'avait montré aucune anomalie et leur petit bonhomme qui a maintenant 3 mois est en parfaite santé. C'est la 1ère fois que j'étais confrontée d'aussi près à ce genre d'évènement lors d'une grossesse, et cela s'est passé quelques mois avant que je tombe moi-même enceinte.
La 1ère fois que cela m'a traversé l'esprit pour ma propre grossesse, c'est lors d'une échographie de contrôle faite aux urgences à 9sa à la suite de saignements : j'ai eu l'impression de voir sur cette échographie une clarté nucale prononcée, alors même que je ne savais pas comment mesurer ou voir une CN sur une écho, que je n'ai aucune connaissance à ce sujet. J'ai été prise de crises d'angoisse par la suite, mon conjoint et ma sage-femme ont réussi à me raisonner et j'ai réussi à trouver un semblant de sérénité jusqu'à la T1.
A la T1, RAS, aucun commentaire inquiétant de l'échographe, elle nous parle juste du tri test à la fin de l'examen, que je m'empresse de faire juste après. Nous prenons ensuite le train pour le réveillon de Noël dans ma famille, je commence à décortiquer le compte-rendu, toutes les mesures sont effectivement bonnes, la CN à 2,3 mm est dans la fourchette haute (89ème percentile) mais reste dans la "norme". Les fêtes de Noël se passent, j'arrive à mettre mes angoisses de côté, nous sommes entourés et annonçons cet heureux évènement au reste de nos famille, je garde un très bon souvenir de ces fêtes.
Le 29 décembre, coup de fil de la sage-femme, le tri test est revenu à 1/160, elle essaye de me rassurer en me disant que ce chiffre ne veut pas dire grand chose, qu'il faut faire le DPNI pour avoir un résultat beaucoup plus fiable. Mon conjoint reste très confiant, il fait un calcul rapide dans sa tête : il y a 99,4% de chance que tout aille bien ! Il a raison mais je ne parviens pas à garder cet optimisme.
Le 5 janvier, 7 jours plus tard, nouveau coup de fil de la sage-femme, je sais avant même de décrocher ce qu'elle va nous dire et cela se confirme au son de sa voix "le DPNI est positif à la trisomie 21", à partir de ce moment là tout bascule, je m'effondre en larmes, mon conjoint pas tout de suite, car la sage-femme essaye encore une fois de nous rassurer "il faut garder espoir, il y a parfois de faux positifs, c'est arrivé récemment à une de mes patientes". On fait quelques recherches sur Internet et on comprend vite que c'est un dépistage sûr à 99%. Je n'ai plus d'espoir pour ma part.
Dans ce tourbillon, il faut quand même trouver la force d'organiser les étapes qui vont suivre, notamment l'amniocentèse. Il faudra qu'on patiente presque 3 semaines de plus pour pouvoir la réaliser, à 17sa. Pendant cette attente, on commence donc à réfléchir à notre choix si la trisomie 21 est confirmée, au début tout est clair "on ne continuera pas la grossesse", je m'immerge dans les témoignages de femmes / couples ayant vécu une IMG, j'ai besoin de comprendre comment cela se passe.
Le 24 janvier, l'maniocentèse a lieu, c'est plus impressionnant que douloureux, je tombe sur une équipe très douce et bienveillante. Je ressens une forme de soulagement, c'est une étape supplémentaire qui est passée. On apprend aussi que nous attendons un petit garçon, on est déchiré entre le bonheur de cette nouvelle et la tristesse de la décision que l'on va devoir prendre pour lui. Les résultats FISH arrivent 3 jours après, le 27 janvier. On nous fait revenir dans le CPDPN où à eu lieu l'amniocentèse, à 1h30 de chez nous pour un RDV qui durera en tout et pour tout 5 minutes : "Les résultats FISH confirment bien la T21. Vous avez déjà réfléchi à ce que vous voulez faire ?" A peine prononce-t-on du bout des lèvres que l'on pense arrêter la grossesse qu'on nous encourage à prendre RDV pour programmer l'IMG le plus rapidement possible. C'est trop pour moi.
La semaine qui suit ces résultats, je fais énormément de recherche au sujet de la T21, je passe presque 1h au téléphone avec la présidente de l'association https://www.valentin-apac.org/ ; on fait une échographie morphologique à 18sa pour voir si des malformations sont déjà détectées à ce moment là. On cherche des éléments qui pourraient nous aider à prendre notre décision. L'échographie ne montre aucune malformation et au final cela complique encore plus notre décision. Les différents professionnels à qui on parle durant cette semaine là sont unanimes, il est très compliqué de prédire la "lourdeur" du handicap dans le cas du T21, il peut ne pas y avoir de malformations physiques, cela peut se développer plus tard dans la grossesse, ou après, ou pas du tout. Pour le handicap mental, on ne peut l'évaluer, mais je comprends que cela dépend beaucoup de l'investissement des parents, de l'entourage. Tous nous rassurent sur le fait qu'on peut encore prendre le temps pour réfléchir à notre décision mais en cas d'IMG on nous encourage à le faire avant 22sa pour ne pas rajouter la douleur de la procédure de foeticide à notre peine.
Je me sens perdue, par moment j'ai l'impression d'en être capable, et je pense ensuite à la vie d'adulte et toute la souffrance que notre petit garçon pourrait ressentir plus tard, et la notre. Au fil de notre réflexion, je me sens "prête" à le laisser partir, même si cela me déchire profondément.
On formule la demande d'IMG le 7 février, qui sera programmée le 16 février. On passe 10 jours dans notre bulle, entre des moments de profondes tristesse mais également de jolis moments à sentir bouger notre petit prince.
Le 16 février à 07h30, nous rentrons à l'hôpital, commence alors une longue attente pour l'évènement le plus triste de notre vie. Je rejoindrai la salle de naissance le 17 février à 2h et notre ange est né à 12h35, à 20+6sa. L'accouchement n'a pas été douloureux physiquement, la sage-femme qui était présente à ce moment là a été d'une douceur et d'une bienveillance sans nom.
La rencontre avec notre Pio a été un moment hors du temps, il présentait des signes de vitalité après la naissance alors que depuis le début on nous répétait que les contractions arrêteraient son petit coeur naturellement. J'ai été hantée par cela les jours suivant l'accouchement, de peur qu'il ait pu souffrir, mais je me dis maintenant qu'on a eu une chance incroyable de pouvoir l'accompagner dans ses quelques minutes de vie et qu'il ait pu partir dans nos bras... Nous sommes repartis avec une boite pleine de souvenirs dont 2 photos de Pio. Je pensais que je ne pourrai jamais regarder ces photos. Au final, je les regarde tous les jours car j'ai peur d'oublier son petit visage.
Nous avons fait le choix d'organiser les obsèques nous-même, l'hôpital pouvait s'en charger mais nous n'aurions pas pu être présent au moment de la crémation et de la répartition des cendres, ni avoir connaissance des dates. Nous n'avons pas pu nous résoudre à le laisser partir seul...
Ce fut une étape de plus, 1 semaine après l'accouchement, mon conjoint avait convié quelques proches. J'ai d'abord eu peur de devoir "affronter" nos proches pendant les obsèques, peur que les gens ne comprennent pas notre souffrance face à une décision que nous avions choisi, peur de ne pas être légitimes dans notre souffrance... Finalement, je remercie mon conjoint car notre Pio est parti entouré de nos proches, présent pour nous soutenir dans notre tristesse.
Aujourd'hui, je vous écris à J+11 après l'accouchement, il y a des jours avec et des jours sans. Nous faisons en sorte de nous en sortir, nous voyons une psy spécialisée dans le deuil périnatal, je vais également tester l'EMDR. Certains jours, en plus de la tristesse je suis rongée par la culpabilité et ces jours sont les plus compliqués. J'ai milles questions qui me viennent "et si on avait poursuivi la grossesse, y-aurait-il eu des malformations découvertes ?" "et si on avait attendu un peu plus longtemps, aurait-on changé d'avis ?" "et si on avait eu le courage d'assumer le handicap de notre petit garçon ?". Dans ces moments là, j'ai tendance à m'auto-flageller en me disant que je ne mérite plus le bonheur après avoir pris cette décision. Je ne me sens pas non plus légitime à dire que je traverse un deuil périnatal face à des parents qui ont vécu une MFIU ou une IMG pour cause de maladie / malformation létale. Je trouve du réconfort et un certain espoir à écouter des parents endeuillés raconter comment ils ont sorti la tête de l'eau ; mais parmi tous ces témoignages, il n'y en a aucun qui évoquent la T21. J'ai l'impression que le tabou autour du deuil périnatal se lève, mais que celui autour de l'IMG pour T21 est bien réel. Cela renforce encore un peu plus ce sentiment de culpabilité.  

Désolée pour ce pavé, si certains ont pris le temps de le lire je vous en remercie :)
Bonsoir Marion.

Comment ne pas réagir à ton post ? Mon bébé s'est envolé pour les mêmes raisons quelques heures seulement avant le tien : le 16 février à 22h57. Nous en étions pratiquement au même terme puisque mon bébé est parti à 21 semaines.

Il y a quelques différences dans l'annonce de la trisomie 21 : clarté nucale à 3,8 mm ; tritest à 1/10 ; DPNI positif ; amniocentèse positive ; cardiopathie déjà détectée.

Nous avons fait la cérémonie le 25 février. J'ai eu une semaine pour tout préparer et lui exprimer tout mon amour et toute ma douleur. Nous avons fait un peu comme toi : textes, musiques, pétales de fleurs mais aussi doudou, bijoux, photos, vêtements, langes, etc. Cela a été une chance d'avoir le temps de préparer et de lui parler avant.

Cela fait 3 semaines jour pour jour que mon bébé est parti. Mon accouchement a été douloureux car mon esprit ne voulait pas la laisser partir alors qu'elle l'était déjà depuis le milieu d'après-midi.. Depuis, je viens sur sa tombe (on a fait un cavurne) tous les jours. J'ai acheté aujourd'hui un nouveau bouquet pour elle. On lui a érigé un autel provisoire (il est actuellement dans notre chambre à coucher et on compte l'installer par la suite au sein du foyer) pour lui rendre hommage avec sa boîte de naissance, ses photos, des petits anges qui m'ont été offerts pour elle, etc.
Je n'arrive plutôt à pleurer et cela m'angoisse. J'ai contacté aujourd'hui l'association AGAPA et une psychologue spécialisée dans le deuil périnatal. Je suis suivie aussi de façon médicamenteuse par une psychiatre de l'hôpital.

N'hésite pas à venir. Cela me fera plaisir de parler de mon bébé avec quelqu'un qui connaît exactement la même chose (culpabilité, douleur, etc.).
Profite bien de tes derniers moments avec ton bébé.

Bisous.
Alison.
Hello Alison,

Merci d'avoir pris le temps d'écrire ce message très touchant, je pense à toi et à ton bébé envolé 💕
Je me reconnais lorsque tu dis que tu n'arrives plus à pleurer, j'ai ressenti la même chose à des moments précis comme au moment des funérailles... Cela m'a beaucoup perturbé ! Je crois qu'il ne faut pas être trop dur avec soi même, on fait comme on peut pour gérer notre tristesse et notre deuil, et cela ne passe pas forcément par le fait de pleurer...
J'ai participé jeudi dernier à un groupe de parole organisé par l'AGAPA, autour de l'IMG, mon conjoint était présent aussi. Cela nous a fait énormément de bien de raconter notre histoire et d'écouter des parents partager la leur, on s'est senti moins seuls, compris. C'est très intense (notre groupe a duré 3h !) mais ça nous apporté beaucoup, je ne peux que recommander d'essayer ! J'ai également contacté AGAPA pour obtenir un suivi individualisé en plus du suivi psy, et je commence des séances d'EMDR cette semaine également. Ca fait beaucoup, je tente plusieurs choses et je verrai ce qui me fait vraiment du bien :)

Belle soirée
Mam'ange de Pio, né le 17/02/22 à 20+6 sa
Marion10
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Re: Témoignage IMG pour T21, douleur et culpabilité

Message par Marion10 »

Cleo29 a écrit : 11 mars 2022, 11:26 Bonjour à toutes,

Ça fait un petit moment que je n’étais pas venue sur le forum… j’ai moi aussi dû faire une img en juillet dernier pour T21. J’avais juste envie de vous dire que le bonheur reviendra 😊. Ça prend un peu de temps, on passe par toutes les couleurs de l’arc en ciel mais on finit par trouver l’apaisement. On oublie même un peu les sales moments! Des petites choses qui m’ont aidé :
- au début : lire et regarder des témoignages sur le sujet, le forum, des livres sur la perte d’un enfant (la part des anges, changer l’eau des fleurs, pater dolorosa). En parler beaucoup avec les gens qui pouvaient m’écouter efficacement. Raconter milles fois mon accouchement, les obsèques etc…
- un peu plus tard prendre conscience du vide laissé par la mort de Noé puis chercher à la remplir en prenant conscience des petites choses de la journée qui y contribuaient (la chaleur du soleil, un bon moment, une bonne action), écrire 3 choses positives de ma journée le soir dans un petit carnet.
- 3 mois après : l’EMDR. J’ai une heure de route pour aller bosser et chaque jour je pleurais à gros sanglots sur l’intégralité du trajet, mon sommeil était perturbé et j’avais cette impression continue de ne pas toucher terre. De n’être jamais vraiment là et concentrée. J’ai fait une séance et ça a été magique. Je peux toujours avoir des
Moments de tristesse en pensant à Noé mais ça ne m’envahît plus.

Voilà mes petits conseils. Il faut du temps et de la bienveillance envers soi même. Beaucoup s’informer pour comprendre que ce que l’on traverse est normal. Ne pas oublier que nous ne sommes pas seules et qu’à travers le monde la majorité des femmes vivent la perte d’un enfant au cours de leur vie. C’est la douleur des femmes. Quasi universelle finalement (sauf dans nos sociétés où surtout il faut ne parler de rien, surtout pas des fausses couches et autres pertes durant la grossesse).

Pensées à nos bébés
Bonsoir Cléo,

merci pour ton partage, cela redonne toujours de l'espoir de voir que le soleil revient un jour ☀️
Tes conseils sont précieux :) je suis très curieuse d'avoir ton retour sur l'EMDR ? J'ai fait une séance explicative la semaine dernière et je vais débuter la 1ère vraie séance jeudi prochain. Est-ce que cela t'a été réellement bénéfique ? Le psy m'a dit qu'on définirait ensemble le nombre de séance nécessaire, donc j'ai l'impression que ce ne sera pas limité qu'à une seule séance...
Mam'ange de Pio, né le 17/02/22 à 20+6 sa
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