Mon petit ange

Chacha22-Luna230622
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Re: Mon petit ange

Message par Chacha22-Luna230622 »

Bonsoir Galibier, je pense bien à toi, j'ai hésité à te demander si l'intervention s'était bien passée mais cette question est tellement pourrie que je me suis abstenue.
J'imagine qu une question plus appropriée peut être : comment as tu survécu ces derniers jours ?
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galibier
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Re: Mon petit ange

Message par galibier »

Merci c'est gentil de prendre des nouvelles.
L'intervention s'est normalement passée (bon, c'est en progrès par rapport au fiasco de la mfiu de ma petite étoile en février dernier). Le personnel médical a été très bien.
J'admire ces gens qui essaient de mettre de la bonne humeur et de la gentillesse dans des situations pas souvent drôles.

Le doc a vu que je n'étais pas trop réceptive pour aborder la recherche des causes. Il m'a dit qu'on en parlerait au moment du rdv de contrôle quand j'aurai l'esprit moins sous le choc. Il a sans doute raison.

J'ai repris le travail lundi. C'est difficile. Je me sens extremement seule. Tout le temps. J'ai l'impression que les gens bougent autour de moi et que je reste figée au ralenti comme dans un film. J'ai passé 2 jours à me planquer des collègues pour éviter les "ça va ?", les "alors t'étais pas là la semaine dernière ? T'as eu le covid ?", et les "t'as prévu quoi pour les fêtes ?"

Et puis je dois gérer les gamins (suis enseignante) qui sont parfois lourds (mais pourquoi vous etiez pas là ? Nous quand on est absent faut donner un motif, c'est quoi le votre ?), pénibles (disons que c'est pas le jour où je vais avoir beaucoup de patience avec Machin qui marmone des insultes et ne veut pas sortir sa trousse parce que ça sert à rien et qu'il dit qu'il s'en fout) ou qui viennent me voir avec leurs problèmes sociaux/ familiaux ou autre (alors que je n'ai qu'une seule envie c'est de les planter là pour aller pleurer tranquille).
Modifié en dernier par galibier le 15 décembre 2022, 15:58, modifié 1 fois.
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melcaran
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Re: Mon petit ange

Message par melcaran »

Bonsoir Galibier,
(Pas sûre que le "bon" soit de circonstance d'ailleurs...).

C'est tellement injuste que tu ais à vivre une fois de plus cette terrible épreuve, que tu ais à encaisser tous ces remarques, que tu ne puisses pas juste leur dire merde ! J'aimerais pouvoir te serrer dans les bras, comment trouver des mots pour exprimer l'inexprimable !?

J'imagine que tu as repris si rapidement pour occuper ton esprit ? Si ça devient insupportable, n'oublies pas que tu as le droit de prendre soin de toi sans donner de raison à quiquonque, et que tu as le droit de désespérer sans avoir à subir une quelquonque remarque. Ce que tu traverses est extrêmement douloureux, je suis rassurée que tu ais bien été accompagnée par l'équipe médicale. Pour les recherches, pour la suite, une chose après l'autre. C'est très personnel et c'est un choix qui peut évoluer en fonction de nos besoins.

Tu as déjà la force et le courage,
Je t'en envoie un peu en renfort...
Je pense bien à toi, 🌸✨🌷
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Sarah23
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Re: Mon petit ange

Message par Sarah23 »

Coucou Galibier,
Nous pensons bien à toi dans ce moment difficile et injuste. Même si aujourd’hui tu ne te rends pas bien compte, on sait que tu sauras le traverser, pas sans embûche évidemment.
Tu as le droit d’être triste et mal et d’avoir envie d’envoyer tout bouler, c’est terrible ce que tu vis.
Je te souhaite des moments plus calmes et que tu retrouves un peu de lumière.
Courage et douce pensée
Chacha22-Luna230622
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Re: Mon petit ange

Message par Chacha22-Luna230622 »

galibier a écrit : 14 décembre 2022, 16:34 Merci c'est gentil de prendre des nouvelles.
L'intervention s'est normalement passée (bon, c'est en progrès par rapport au fiasco de la mfiu de ma petite étoile en février dernier). Le personnel médical a été très bien.
J'admire ces gens qui essaient de mettre de la bonne humeur et de la gentillesse dans des situations pas souvent drôles.

Le doc a vu que je n'étais pas trop réceptive pour aborder la recherche des causes. Il m'a dit qu'on en parlerai au moment du rdv de contrôle quand j'aurai l'esprit moins sous le choc. Il a sans doute raison.

J'ai repris le travail lundi. C'est difficile. Je me sens extremement seule. Tout le temps. J'ai l'impression que les gens bougent autour de moi et que je reste figée au ralenti comme dans un film. J'ai passé 2 jours à me planquer des collègues pour éviter les "ça va ?", les "alors t'étais pas là la semaine dernière ? T'as eu le covid ?", et les "t'as prévu quoi pour les fêtes ?"

Et puis je dois gérer les gamins (suis enseignante) qui sont parfois lourds (mais pourquoi vous etiez pas là ? Nous quand on est absent faut donner un motif, c'est quoi le votre ?), pénibles (disons que c'est pas le jour où je vais avoir beaucoup de patience avec Machin qui marmone des insultes et ne veut pas sortir sa trousse parce que ça sert à rien et qu'il dit qu'il s'en fout) ou qui viennent me voir avec leurs problèmes sociaux/ familiaux ou autre (alors que je n'ai qu'une seule envie c'est de les planter là pour aller pleurer tranquille).
Quel enfer de devoir gérer les collègues ET les gosses quoi ! Je devine dans ton message que ton entourage pro ne savait pas forcément que tu étais enceinte.. les proches sont déjà pas forcément bons pour gérer un premier deuil, alors un qui s'ajoute à tous les autres.... Je ne sais pas quels âges tes élèves ont, actuellement j'ai des stagiaires 3eme au cabinet et j'ai envie d'emplatrer l'un d'eux (qui fait quand meme des vocaux à ses potes alors que je suis en train de lui expliquer 1 truc...) quand on souffre sa race, comment accueillir tout ça... tu tiens le bon bout avec l'arrivée des vacances vendredi, au moins, un peu de répit par rapport aux questions et à ce truc de devoir tenir la face...
Et ton compagnon (je n'arrive pas à revenir à ton message initial pour être sûre qu'il y a bien un compagnon désolée) ? Mais si c'est bien le cas, il est présent ? Vous arrivez à communiquer ?

Un coucou en passant à vous les filles
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galibier
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Re: Mon petit ange

Message par galibier »

J'ai des collégiens de 13-15 ans donc voilà, c'est cet âge marveilleux :P
Mon mari est assez affecté aussi. On a du du mal à se parler dans le sens où on est chacun occupé à gérer son propre chagrin et on ne peut pas en plus prendre en charge celui de l'autre (et puis on a les 2 "grands" dans les pattes).

Fin de semaine atroce. Le pompon c'était le repas de Noël. Je n'ai pas pu. Je me suis planquée dans une salle de classe pour manger un sandwich toute seule en pleurant.

Je passe les anecdotes pourries sur une collègue qui pensait que j'étais absente parce que j'avais le covid ou un truc contagieux et qui m'a dit "tu nous refiles pas le bébé hein !"

La plupart de mes collègues ne sont pas au courant( les rares qui le sont ne savent pas bien quoi me dire) , et ils n'étaient déjà pas au courant pour les précédents (et puis en hiver avec 12 degré max dans les salles. On est tous en moumoute alors ça passe inaperçu jusque assez tard) .
Et je ne sais pas trop comment en parler : vous imaginez le genre de la conversation :
- ben alors t'étais malade, qu'est ce qui t'es arrivé
-j'ai perdu un bébé
- (phrase gênée et maladroite du type. "ah. Tu en auras d'autres" ou "Mais tu as déjà des enfants, tu n'avais pas eu de pbm pour tes 1ers")
Et là je réponds quoi ? “J'en ai perdu 3 depuis l'année dernière. Vous vous souvenez quand j'ai été absente en février dernier ? Bah j'ai accouché d'un bébé mort le jour de l'anniversaire ma fille. Et puis j'en ai perdu un autre au milieu des examens de fin d'année mais ça ne s'est pas vu et puis un autre là donc ça fait 3. Voila voilà. Et sinon toi tes vacances tu vas faire quoi ? ".

J'ai l'impression d'être bloquée dans le temps.
La solitude à la photocopieuse à écouter les gens raconter leur week end.
L'envie de se garer sur le bas côté pendant le trajet pour pleurer.
L'effort qu'il faut faire pour avoir l'air de bonne humeur avec les élèves alors que j'ai envie de hurler.
Les repas du midi où je n'ai aucune envie de discuter et où je regarde mon assiette dans mon coin.

Ces scènes, je les ai déjà toutes vecues. Plusieurs fois. Et chaque fois je me sens plus seule, plus longtemps.

Enfin ouf c'est les vacances !
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ericka
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Re: Mon petit ange

Message par ericka »

Hello !
J'imagine combien c'est traumatisant la période que tu vis, mais ça va passer et la joie regagnera ton cœur. Il faut avoir vécu une fois cette situation pour comprendre tout ce que tu vie. Il y a 5 ans, j'étais dans le même cas que toi. Ce qui est encore traumatisant c'est quand tu as encore des gens qui te pourrissent la vie. En mon temps, je venais même de passer 9 ans de mariage sans jamais tombée enceinte. Mais une fois que le docteur m'a annoncé la bonne nouvelle, ma joie était totale. Mon mari, sans même attendre, s'est permis d'acheter tous les équipements de bébé, des jouets, même un tipi et un lit cabane. Il se ventait d'ailleurs que c'est sous cette tente tipiImage qu'il va s'amuser chaque soir lorsque son petit ange sera né. Mais hélas, ce tipi n'a jamais abrité cet être tant attendu dans la famille. Heureusement que trois ans plus tard j'ai accouché d'un joli garçon....qui m'a finalement essuyé des années de pleurs. Que Dieu te fortifie et te donne le courage qu'il faut en cette période troublante de ta vie.
galibier
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Re: Mon petit ange

Message par galibier »

Bonjour à toutes,

Je viens donner un peu des nouvelles.

J'ai fini par reprendre contact avec la psy de la maternité qui m'avait suivie les fois précédentes. Ça m'a fait du bien.

J'ai eu mon rdv de contrôle à l'hôpital. Le gyneco était vraiment très bien. On a abordé la question de la recherche des causes de ces grossesses arrêtées.
Il m'a proposé un rdv avec un généticien et d'entreprendre une recherche sur cariotype. On en a longuement discuté.
J'ai décliné. Je n'en ai pas l'envie et je n'en vois pas l'intérêt.

J'ai en revanche accepté de faire les analyses sanguines pour tout ce qui concerne les hormones (thyroïde...). Ca ne mange pas de pain.

Moralement ca reste difficile. J'ai toujours cette colère qui ne passe pas, et le sentiment d' être constamment en décalage, isolée, par rapport aux autres.

Merci à ce forum
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sarrael
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Re: Mon petit ange

Message par sarrael »

galibier a écrit : 21 février 2022, 19:46 Je vais donc raconter les naissances. Ça va être un peu long.


Pour ma 2e grossesse, le début est serein . Pas trop de désagréments, écho 1 parfaite. J'appréhendais un peu l'accouchement en lui même suite à l'epiose hémorragie /transfusion de mon premier accouchement
Je n'aurai pas le temps de beaucoup m'angoisser sur ce point.
Ça s'est corsé à l'échographie malformative. Avec mon mari, on y est allé tout sourire et innocents, en se demandant si ce serait une fille ou un garçon. L'écho se passe. On voit le cœur, le cerveau, et c'est une petite fille. On retourne s'installer au bureau du médecin échographie. Elle trifouille des papiers, cherche quelque chose, tripote son ordinateur.
- " Je vais devoir vous adresser à un spécialiste. Il y a un soucis avec votre bébé".
Ah.
Elle ne dit pas exactement quel est le problème, car elle explique qu'elle ne peut être sûre, qu'il faut voir un médecin spécialisé. Elle parle d'organes mal placés. Elle se veut rassurante, mais on voit bien qu'elle est très inquiète. On ressort de son bureau avec un rendez vous au service diagnostic anténatal d'une maternité de niveau 3 à 100 km de chez nous. On a rendez vous dans 5 jours avec le grand ponte Professeur Machin du service. Ça ne sent pas bon.
On a connu ensuite tout le parcours hospitalier anténatal que d'autres ici ont sûrement connu.
D'abord le pire, l'attente .
Puis le jour du rendez-vous. Dans un service glauque où tous les autres parents présents font la queue pour les mauvaises nouvelles.
Le spécialiste confirme à l'écho ce qu'on avait cru comprendre en farfouillant sur internet : petite Choupette a une hernie diaphragmatique. C'est grave. C'est ce que le médecin nous explique. Il va y avoir d'autres examens, il faudra accoucher en maternité niveau 3 et bébé sera hospitalisé en réanimation. Le médecin nous dit qu'ils feront tout ce qu'ils pourront, mais que les statistiques pour cette malformation sont de 50% de taux survie environ. Et qu'ils ne peuvent rien nous garantir.
Comme nous venons d'assez loin, ils regroupent les examens au maximum sur les mêmes journées. On réalise l'amniocentèse, l'écho cardiaque fœtale, les irm, les échographies... Avec à chaque fois l'attente et la possibilité que les résultats compromettent la suite de la grossesse. En tout on a dû y aller en moyenne presque une fois tous les 15 jours.
Parallèlement, il a aussi fallu organiser l'accouchement et l'hospitalisation. Un déclenchement était prévu avant le terme, pour éviter une arrivée inopinée et pouvoir prendre en charge Choupette immédiatement à la naissance. On ne savait pas combien de temps elle resterait en réanimation. Le médecin avait expliqué : "entre 1 mois et... plusieurs mois". Il faudrait vivre à l'hôpital. On a logé, avec mon mari et mon petit garçon de 2 ans, dans une maison parents-enfants qui nous a servi de bouée de sauvetage.
La veille du jour J on est parti la voiture pleine à craquer, sans savoir quand ni à combien on allait revenir.
L'accouchement en lui-même s'est cette fois très bien déroulé. Elle est sorti vite et sans problème. Merveilleuse poulette de 3 kg. Mais à sa naissance, je n'ai pratiquement pas pu la voir car il a fallu tout de suite l'intuber. On est resté avec mon mari, désemparés.
On a vraiment pu l'admirer une fois installée en réanimation. Elle ressemblait à robocop avec tous ses fils, mais tellement magnifique.
Elle a été opérée le lendemain. On a vécu au rythme de l'hôpital, des examens, des tours de garde et au son des appareils. On a dormi sur les fauteuils à côté de la couveuse, on a appris à connaître le prénom des infirmières et des internes. On a vu des parents qui avaient moins de chance que nous perdre leur enfant dans la couveuse d'à côté.
Et puis un jour est apparu le bout du tunnel. Elle s'est battu comme un lion, et on est rentrés tous ensemble, avec juste un suivi de contrôle. Et aujourd'hui elle va toujours parfaitement bien.




Pour la 3e grossesse, on avait un peu perdu l'insouciance des débuts. Elle avait dû s'égarer entre 2 bureaux de diagnostic 2 ans auparavant. On avait hésité avant de refaire des essais bébés. On a toujours voulu 3 enfants, mais il fallait qu'on digère un peu les traumatismes du 2e.
Le début de la grossesse s'est bien passé ,même si je ne vous cache pas qu'on a clairement mal dormi les nuits avant l'écho T1. L'echographiste l'a examiné sous toutes les coutures, mais à ce stade, tout est optimal.
On appréhende beaucoup l'écho T2. Je suis à presque 4 mois, et elle se rapproche. On est le jour de la Saint Valentin : c'est prévu dans 3 semaines.
Je n'aurai pas le loisir de m'angoisser plus longtemps pour cette échographie car nous n'arriverons pas jusque là. Le lendemain de la Saint Valentin, visite de routine chez la sage femme. Je suis à 18 Sa. Mon homme garde les enfants. Renouvellement des ordonnances et examen rapide.

Elle n'arrive pas à entendre le cœur de bébé.

Elle manipule mon ventre, essaie encore, mais non. Le seul battement que l'on entend, c'est le mien, qui s'accélère de plus en plus. Elle dit que ça peut arriver, que leurs appareils ne sont pas très performants, que peut-être le bébé est juste mal positionné. Mais je commence à avoir assez d'expérience des diagnostics et des mauvaises nouvelles pour comprendre ce qu'elle ne veut pas annoncer sans preuve véritable.
Je pars seule aux urgences obstétricales. Je suis rapidement prise en charge. L'écho confirme. Il n'y a pas d'activité cardiaque et les mesures indiquent que bébé a cessé de vivre il y a une quinzaine de jours.
Je n'ai rien senti, rien remarqué : pas de douleurs pas de pertes de sang, mais mon enfant est mort.

La médecin qui me prend en charge est très douce. Elle explique avec beaucoup de tact la procédure pour la suite. Mon mari a réussi à confier les enfants et m'a rejointe. On parle du devenir du corps. Je suis ailleurs.
Je repars après s avoir pris les cachets préparant à l'accouchement. Je dois revenir le lendemain soir pour subir un traitement du col de l'utérus et l'accouchement sera déclenché le surlendemain.

Le "surlendemain" ....
Il a fallu que ça tombe sur cette date.
Celle-là.
Le 17 février.
Le jour où j'ai donné naissance à ma Choupette miraculée de son hernie.
Ce même putain de jour.
Ce sera donc le jour de 2 anniversaires.

Avec mon mari, on rentre. Il faut annoncer la nouvelle aux proches. Et aux enfants. On passe la journée suivante dans un état de zombification avancée, et le soir, comme prévu, je m'installe à l'hôpital. Mon mari reste jusqu'en début de soirée , puis repart pour passer la nuit avec les petits car on n'a pas pu trouver d'autre solution. Une nounou doit arriver très tôt le lendemain matin pour qu'il puisse me rejoindre pour l'accouchement.

Mais ça ne se passera pas ainsi : ce n'est pas assez de souffrances et le destin veut se venger.

En fin de soirée, le gynécologue me pose les dilapans. Ça doit commencer à pré-ouvrir le col en vue de faciliter le déclenchement du lendemain.
La sage femme me propose ensuite un cachet pour dormir. Je l'accepte avec gratitude et je m'écroule dans un sommeil sans rêve.

J'émerge encore dans les choux à 5h et quelque du matin. Dans quelques heures je vais devoir donner naissance à mon bébé mort.
Je me traîne aux toilettes, semi comateuse.
Je baisse mon pantalon. Il est trempé de sang, il y en a de partout. Les dilapans ont trop bien fonctionné. Je sens une violente douleur et plusieurs choses tombent dans les toilettes. Je n'ai pas le courage de regarder. J'ai mal. J'ai juste la présence d'esprit d'appuyer sur le bouton d'appel.

On est le 17 février. Nous devions fêter en famille l'anniversaire de Choupette.
On est le 17 février. Je viens d'expulser mon bébé mort dans les toilettes de la chambre d'hôpital, et je suis affalée dans mon sang.

La sage femme arrive très rapidement et elle comprend tout de suite la situation. Je continue de saigner car il reste une partie du placenta accrochée dans l'utérus . Des renforts viennent pour me transférer en salle d'écho pendant que la sage femme va repêcher mon bébé dans la cuvette (ce que je n'ai heureusement pas vu depuis là où on m'avait mise).
Il faudra faire un curetage sous anesthésie générale. Je pars au bloc.

Quand je remonte de la salle de réveil, mon mari est là.
Je sais qu'il est au courant de la manière dont l'accouchement s'est déroulé car la sage-femme le lui a expliqué, mais on n'en a pas vraiment parlé.
La maternité nous délivre le certificat d'accouchement. Petit ange de sexe indéterminé, 80g.
On ne demandera pas d'autopsie.
Nous allons nous recueillir auprès du corps. Il est beau, notre tout petit.
Le soir même j'ai pu rentrer à la maison.
C'était jeudi dernier.
Il y a quelques années, j'ai vécu une expérience déchirante qui a changé ma vie à jamais. J'ai perdu mon précieux enfant, un petit ange qui est parti trop tôt. La douleur et le chagrin étaient insupportables, et il m'a fallu du temps pour faire face à cette réalité dévastatrice.

Les jours se sont transformés en semaines, les semaines en mois, et chaque moment était empreint d'un sentiment de vide et de tristesse. Pourtant, au fond de mon cœur brisé, j'ai gardé une lueur d'espoir. Je savais que je devais trouver la force de continuer et de guérir.

Avec le soutien inébranlable de ma famille et de mes amis, j'ai entrepris un voyage émotionnel difficile. J'ai cherché des moyens de retrouver un sens à ma vie, de trouver la paix et de guérir mon cœur meurtri. C'est alors que j'ai commencé à explorer différentes formes de thérapie et à me plonger dans des activités qui nourrissaient mon esprit et mon âme.

Au milieu de cette période de guérison, quelque chose d'extraordinaire s'est produit. Je suis tombée enceinte. C'était à la fois un moment de joie et d'appréhension. La peur de revivre la douleur de la perte était toujours présente, mais j'ai choisi de laisser l'espoir prendre le dessus.

Chaque jour de ma grossesse a été un mélange complexe d'émotions. La joie et l'excitation de la nouvelle vie grandissant en moi étaient accompagnées d'une prudence et d'une vulnérabilité constantes. J'ai traversé des moments de doute et d'inquiétude, mais j'ai également trouvé du réconfort et de la sérénité dans le fait de savoir que j'étais en train de créer une nouvelle vie, un nouveau chapitre de mon histoire.

Et puis, enfin, le moment tant attendu est arrivé. J'ai donné naissance à un magnifique bébé, une petite âme qui a illuminé ma vie de façon indescriptible. Tenir mon enfant dans mes bras a été un moment de bonheur pur, un mélange de gratitude infinie et d'amour inconditionnel.

La vie m'a appris que les épreuves peuvent être des tremplins vers le renouveau. Bien que la perte de mon premier enfant ait été dévastatrice, elle a également ouvert la voie à une nouvelle aventure. Mon bébé actuel, ma précieuse petite étoile, n'a pas remplacé celui que j'ai perdu, mais il a apporté une guérison et une joie inattendues à ma vie.

Aujourd'hui, je regarde mon enfant et je suis remplie d'une gratitude profonde. Je sais que la vie est fragile et précieuse, et je chéris chaque instant avec mon petit miracle. Mon cœur porte toujours la cicatrice de la perte, mais mon âme a trouvé une nouvelle force et une nouvelle perspective.
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