Me revoilà sur mon post initial... Après mon IMG, en quête de réponses, j’ai lu et relu tous les témoignages possible. Je crois que rien ne m’a le plus aidée, et je veux rendre un peu de ce que j’ai reçu. Voici donc l’historique de ma dernière grossesse, et puis des précédentes, tant qu'à faire, j'aime bien radoter.
Ça n’a pas été simple. Ça finit bien…
Première grossesse : IVG en fin de délai légal, par aspiration, sans complications.
Deuxième grossesse : accouchement à 41 SA par voie basse, sans complications (à part un super long travail).
Troisième grossesse : après une écho T1 parfaite, je perds les eaux, toutes mes eaux, à 13 SA et quelques jours… RPM (Rupture Prématurée des Membranes)... Consultation en urgence. Mon petit fœtus vit toujours, mais je suis en anamnios avec une CRP à 41, et les risques infectieux et malformatifs sont vraiment très élevés. À ce stade très précoce, une MFIU est également très probable. Antibiothérapie. IMG par aspiration. Je suis traumatisée.
Je questionne le gynéco de la mat’ sur les causes possibles. Il me dit que l’étiologie infectieuse est très majoritaire en cas de RPM : le strepto b (j'ai eu un PV positif le mois précédent) a peut-être remonté le col pour infecter mon utérus. Je sais que le portage vaginal de strepto b est super courant et qu’il ne pose normalement aucun souci avant l’accouchement. Je commence donc à me demander ce que vaut mon col… Le gynéco me répond qu’une infection par voie sanguine est également possible. Une infection à quoi ? Mystère et boule de gomme.
On me dit qu’on va analyser toussa, rechercher des traces d’infection sur le fœtus et le placenta, et faire une autopsie. Entre-temps, j’apprends ma RPM à ma gynéco en ville. Elle est très étonnée : pourtant en fin de carrière, elle n’a vu ça que deux fois avant moi (elle n’est pas obstétricienne, faut dire). Elle suggère une anomalie chromosomique (mon tritest pour la T21 révèle une PAPP-A basse, presque hors norme) et me rédige un courrier de demande de cariotype pour compléter les recherches.
Retour des analyses : pas de trace d’infection (mais le gynéco me dit qu’une attaque très rapide peut ne pas en laisser, et puis j’ai eu des antibios…). Autopsie quasi impossible (sur un fœtus aspiré, tu m’étonnes…). Cariotype impossible aussi, pour cause de demande trop tardive et/ou de matériel génétique insuffisant. De toute façon, l’hôpital estime la cause chromosomique peu probable. D’ailleurs moi aussi : fatiguée d’attendre sans réponses, j’ai appris les facteurs de risque de la RPM (Rupture Prématurée des Membranes) dans
une synthèse du CNGOF, et je suis de moins en moins rassurée : ces facteurs sont pratiquement toujours d’origine maternelle. En tête, après les antécédents de prématurité, on trouve effectivement les infections, mais aussi les problèmes de col utérin (en particulier les béances) et les métrorragies.
Heureusement, il n’y a aucune notion de prématurité ni d'anomalie du col dans mon cas : j’ai accouché à terme après ma grossesse précédente, et je n'ai pas subi d'intervention traumatisante pour les tissus (instruments, etc.). La seule chose qui me parle vraiment, ce sont les métrorragies : j’ai perdu du sang régulièrement avant que ma poche ne craque (à cause d'un petit hématome, assez banal, dans l’utérus).
J’ai quand même super peur de revivre une grossesse, parce qu’en faisant mes recherches, j’ai appris que les RPM étaient à la fois relativement rares et volontiers récidivantes (jusqu’à 17 % selon le CNGOF, plus de 30 % d’après une autre source...). Toujours plus angoissant : la RPM, avec rétention du fœtus, est parfois remplacée par une fausse couche tardive, ce qui n’est pas franchement mieux (et augmente encore les chiffres du risque !)…
Je parle de tout ceci à ma gynéco : je désire retomber enceinte et il est hors de question que je revive le même enfer. Je souhaite au moins un suivi adapté. Malheureusement, il s’avère rapidement que ma gynéco ne possède aucune connaissance spécialisée sur la RPM. Elle mise, sans plus de recherches, sur un accident inexplicable, et me suggère un suivi classique pour une prochaine grossesse, avec quelques PV pour écarter les infections vaginales. Devant mon angoisse, elle me propose quand même de jeter un œil à mon col. Je me sens ridicule, je refuse…
On relance les essais bébés. En attendant la ligne bleue sur le test, je passe des heures à parcourir la littérature médicale en ligne et à faire vérifier des facteurs de risque. L’état de mon utérus (je fais faire une hystéroscopie, qui s’avère parfaite), mon statut en vitamine C (pas remboursé, ça coûte cher en plus)… Je tombe sur
les travaux d’un spécialiste québécois et sur les témoignages de certaines patientes qui font le lien entre RPM et infections bucco-dentaires. Mes dents sont mon point faible, je réclame une radio panoramique. Banco, j’ai un beau foyer infectieux, totalement indolore, au bout d’une racine… J’envoie un mail de remerciement au spécialiste. Il me confirme que la cause dentaire est possible. Il m’enjoint tout de même à demander un contrôle échographique du col pour ma prochaine grossesse.
Je suis à nouveau enceinte. Je suis presque convaincue que c’était le sang, ou la dent. Puis les problèmes de col, c’est un truc des deuxième et troisième trimestres, non ? Mais je ne veux prendre aucun risque : je laisse tomber ma médecin, trop généraliste, pour Doc sexy gynéco, spécialiste des grossesses pourries, et notamment des fausses couches tardives. Incredible : il comprend tout ce que je lui raconte. Lui aussi, il mise sur le facteur sang, et me dit que vu mon histoire obstétricale super rassurante, ça ne devrait pas récidiver. Il me propose quand même la totale : prélèvements vaginaux, prise de l’hormone en P, et puis le fameux suivi échographique du col à partir de 15 SA, qui permettra de cercler si le col faiblit. Évidemment, tout ça, ça ne me servira pas si je récidive très tôt, mais au moins, j’aurai des chances d’éviter un drame plus tardif, le pire !
Ma grossesse avance. Grosse tristesse à 9 SA, plein de sang rouge dans les toilettes. Les métrorragies, c’est bien le seul truc qu’on ne peut pas prévenir… Mais pour le moment, ça tient. Je fais quand même très attention : pas de longue promenade, beaucoup de repos allongée… Je me sens fragile. Je passe les dates fatidiques courageusement, et plus vaillamment que prévu (Doc sexy gynéco me rassure vraiment). Les premiers contrôles du col sont bons. À l’approche des 4 mois, je souffle à fond : mon bébé est tellement plus lourd que ne l’était mon petit fœtus de 13 SA ! Si mon col tient toujours, c’est certainement qu’il n’était pas en cause la dernière fois.
Grave erreur. À 20 SA, un roc me tombe sur la tête : cette fois, l’écho est vraiment inquiétante. Je n’ai plus que 22 mm de col fermé (moyenne normale : 40, seuil de la menace de FC tardive : 25) et, côté bébé, ce qu’on appelle un entonnoir, une ouverture interne. LE signe de la
béance cervicale ! Envoi direct à l’hôpital. Echo de contrôle (guère meilleure), PV, ECBU, prise de sang… On m’hospitalise. Je mérite un cerclage en urgence. Les recherches infectieuses reviennent négatives (ouf) et je passe au bloc. Le col entre les mains, la gynéco pousse une exclamation : il est complètement béant à l’intérieur. Et en plus, il porte la trace d’une cicatrice, révélatrice d’une ancienne déchirure latérale. Je l’ignorais totalement, mais oui, on ne sait trop comment, mon col a subi un traumatisme, qui a sans doute créé une incompétence définitive.
Je ressors de l’hôpital après 8 jours (dont les deux tiers pour calmer mon stress). S’ensuivent 4 mois de repos total, 4 mois d’angoisse et d’espoir, à cauchemarder sur la fausse couche tardive, puis sur l’extrême prématurité (les cerclages, surtout tardifs, ne suppriment pas tous les risques). Avec plusieurs gros flips : à 24 SA, mon col descend à 16 mm malgré le fil, avec un entonnoir encore aggravé, puis arrivent les portages de bactéries à risque (E coli, strepto b).
Et un beau jour, ça y est, j’arrive à 37 SA. Je crois que je rêve… On m’enlève le fil de cerclage. Je me sens comme toutes les autres.
J’ai accouché à 41 SA, par déclenchement, pour oligoamnios. Le gag ultime, quoi.
Mon bébé espoir est dans mes bras, il est en parfaite santé, il a deux mois.
À toi qui a vécu le même cauchemar et qui espère tellement ton arc-en-ciel, je te souhaite la même joie. Prends soin de toi, et fais-toi suivre par quelqu’un qui s’y connaît : ça peut sauver ton bébé.
À toi qui a raconté ton histoire et qui m’a aidée à faire les bons choix pour ne pas revivre le pire, encore merci. Je ne t’oublierai jamais
Pensées à tou.te.s et à vos anges.