Témoignages IMG et projet de naissance peu médicalisé

[Thaugr]

Bonjour,

Devant malheureusement affronter une IMG prochainement, je cherche des témoignages de couples ayant souhaité aborder cette épreuve le moins médicalement possible, ayant par exemple écrit un projet de naissance, n'ayant pas accepté d'office qu'on place un cathéter de péridurale tout en cherchant à gérer la douleur par d'autres approches (autohypnose, yoga, acupression...), ayant voulu être le plus autonomes possible.

Malgré l'accompagnement globalement très bienveillant de l'équipe médicale concernant la décision et le deuil, le dialogue reste très difficile concernant l'IMG, qu'ils ne semblent pas aborder réellement comme un accouchement, que chacune serait en droit d'aborder selon son ressenti très personnel. Même si je comprends qu'ils veulent prendre en charge la dimension physique pour nous épargner tant que possible dans ce contexte émotionnellement fort et d'un accouchement déclenché plus douloureux, je crois que nous avons le droit de vouloir vivre les choses différemment, de trouver des compromis, d'être entendus dans nos spécificités, afin que chacune puisse aborder ce moment très difficile le plus en accord possible avec ses ressentis et son vécu, tout en ayant le droit aussi de changer d'avis en cours de route, comme pour tout accouchement.

Je suis déjà très surprise que l'hôpital ne nous ait absolument rien proposé comme préparation à l'accouchement alors que nous n'avons aucune expérience antécédente. Le délai entre l'annonce de malformations aux conséquences très sévères et la possibilité d'officialiser la procédure a été très long, et devant les refus de l'hôpital de nous ouvrir quelque porte que ce soit pour nous préparer tant que tout ne serait pas fixé, nous avons donc cherché par nous mêmes, en continuité avec la dynamique dans laquelle nous étions déjà depuis qq mois en vu d'un accouchement le plus physiologique possible, d'autres ressources pour nous préparer et mettre toutes les chances de notre côté de vivre les choses telles que nous le souhaiterions.

Ma sage femme m'a indiqué que des accouchement d'IMG sans péridurale (volontairement) étaient chose rare mais existaient, et pouvaient dans la mesure ou cela était un choix bien préparé, être mieux vécu qu'une médicalisation forcée, préparant aussi dès lors mieux au deuil, cela m'aiderait donc beaucoup de trouver des témoignages, savoir comment le dialogue a pu être possible avec l'équipe, etc.

Merci par avance pour votre solidarité...

[Nena]

Bonsoir,

Je me permets de te répondre car c était ma demande pour ma petite Paloma.

C était mon projet pour mon premier, mais apres plus de 15h de travail et enfin dilaté à 7, j ai demandé à avoir la Péri. Je ne regrette pas, j étais épuisée et comme je voulais allaiter je voulais être un peu reposé.
Pour ma deuxième, j ai suivi des cours de sophrologie et j ai accouche de ma fille rapidement sans Péri. Un vrai bonheur.

C était donc tout naturellement que je voulais accoucher de la même manière pour ma petite etoile Paloma.
J ai beaucoup discuté avec l équipe soignante, elle n était pas contre mon projet mais n était pas forcément convaincu du bénéfice que je pouvais en tirer. J ai pese le pour et le contre jusqu au dernier moment.
J ai demandé la Péri, et je l ai accompagne comme j avais fais avec ma fille. Et au bout de 2h,après avoir mis les premiers cachets, elle était née. L équipe médicale à été surprise de la rapidité. Je ne sais pas si il a un lien avec la sophrologie mais je suis sereine car j ai l impression d avoir accompagné ma fille. Je n ai aucun regret.

Peu importe le choix que tu prendras, le tout est que se soit en accord avec tes envies. J espère que l équipe soignante saura t accompagner au plus près de ta demande.


Bon courage pour les prochains jours.

Valerie

[delpheen]

Bonjour
Je me permet de te répondre car dès notre premier enfant notre projet était l'accouchement à domicile.
Malheureusement nous avons appris qu'elle souffrait d'une grave malformation et nous devions être très suivi et l'accouchement déclenché pour qu'elle puisse être prise en charge très vite médicalement.
Nous avons très mal vécu les choses en raison de la malformation bien sûr mais surtout parce que nous n'étions pas en phase avec certaines décisions prises par le corps médicale sans notre concertation....
J'ai dû subir une img pour notre deuxième enfant et j'avoue que la douleur morale et psychologique m'a fait oublié notre projet et je ne suis pas opposée au suivi médicale , je ne voulais pas souffrir en plus physiquement ou le moins possible
C'est enfin pour notre troisième enfant que nous avons pu mettre en place notre projet d'accouchement à domicile avec une sage femme.
Tout c'est merveilleusement bien déroulé et je le conseille à toute, vivre son accouchement pleinement en sentant chaque étapes de son bébé est tellement formidable.
Alors pourquoi ne pourrais tu pas le faire si tel est ton choix?
malheureusement les équipe médicale sont souvent très frileuses dès que l'on sort de leurs "protocoles", et la prise en, compte du patient n'est alors plus au premier plan...
Je te souhaite de réaliser ton projet

[aurora]

Bonjour,
L'important est de pouvoir échanger avec l'équipe médicale. Je n'avais pas le souhait d'un accouchement physiologique, par contre, je fais régulièrement des formations auprès des équipes médicales pour PE en binôme avec une sage femme. Ce que j'y ai appris, c'est que les contractions étant provoquées, elles sont beaucoup plus violentes que pour un accouchement "naturel". Si tu as conscience de cet élément, et que ton choix reste le même, parle en avec l'équipe médicale, pour leur dire ce que tu en connais, qu'ils puissent comprendre que ta réflexion a intégrer toutes les dimensions liées au contexte particulier de l'img.

[Thaugr]

Bonjour et merci beaucoup de vos réponses et témoignages.
J'ai enfin pu obtenir un rdv auprès de la sage-femme cadre pour en discuter en amont. Nous n'avons jusque là rencontré que des personnes très à l'écoute et bienveillantes, donc j'y vais plutôt confiante. C'est juste important pour moi que mes souhaits soient entendus, d'être sûre qu'ils ont compris où nous en étions, quand bien même il faudrait faire des ajustements du fait de ce contexte si spécifique.

Merci encore d'avoir pris le temps de me répondre...

[Naby]

Bonjour, j'avais moi aussi envisagé un accouchement sans péridurale... J'avais donc fait une préparation grâce à l'hypnose et la méditation.
IMG ayant eu lieu à 35s, il a été nécessaires de faire un geste médical. J'ai donc eu une péridurale et heureusement. Car je devais rester immobile durant 45 min ( au final 2h!) et l'anesthésie ayant mal prise j'ai eu bien mal malgré tout. L'hypnose m'a alors bien aidé.
La suite a été très longue. 33h avant que ma fille naisse. C'était mon premier bébé et les médicaments pas très efficaces sur moi.

Tout ça pour dire que selon ce qui est prévu et selon l'avancée de la grossesse, la médication peut être tout de même d'une grande aide.
IMG est un moment très éprouvant. Ajouter des douleurs physiques alors que le mental est déjà en grande souffrance peut être très difficile à gérer.

De toutes façons, tu peux toujours demander des médocs si d'un coup tu as besoin.

Je te souhaite beaucoup de courage pour ces prochains jours.

[Aurélie 45]

Bonjour
Pour ma part, malgré la péridurale j'ai pu vivre et ressentir mon accouchement comme pour ma 1ère fille.Les sensations ont été les mêmes, après chaque personne réagit différemment. Le déclenchement a duré longtemps car les médicaments n'ont pas fait effet, surement parce que je voulais la garder un peu plus longtemps avec moi. La sage femme a aussi beaucoup apporté par sa présence rassurante. La médication ne remplace pas l'humanité du personnel médical.
ta décision t'appartient et personne ne doit la mettre en doute, tu verras le jour de l'ImG, seule toi pourra juger.
Bon courage.
Aurélie

[Thaugr]

Bonjour,

C'est avec beaucoup d'émotion que je me permets un petit retour d'expérience au cas où d'autres personnes devant malheureusement affronter une IMG se posent les mêmes questions que nous. Il ne s'agit évidemment que de mon vécu, nous avons toutes des ressentis et besoins très personnels, mais je voudrais juste exprimer le fait que notre souhait d'être le plus autonomes et acteurs possible a été réalisable et qu'avec le recul, nous sommes convaincus qu'il était, pour nous, le meilleur pour traverser cette épreuve. Mais bien sûr, quels que soient nos choix et les contraintes médicales que nous devons affronter, nous accompagnons toutes nos bébés avec tout l'amour qui nous lie à eux, et c'est là l'essentiel.

Mon compagnon et moi avons pu vivre les choses au plus proche de ce que nous ressentions comme étant nos besoins grâce à une équipe médicale des plus bienveillantes. L'équipe du diagnostic anténatal, qui était initialement nos seuls interlocuteurs, était relativement sceptique sur notre demande de ne pas poser automatiquement la péridurale, mais le dialogue est devenu beaucoup plus facile avec les personnes du service où l'accouchement aurait lieu. Suite à un entretien à notre initiative avec la sage-femme cadre, nous avons décidé ensemble de ne pas me poser de cathéter de péridurale avant le déclenchement (même sans injecter de produit), mais d'attendre soit que j'en éprouve le besoin, soit que cela devienne nécessaire pour une raison médicale. Cela n'a été possible que parce qu'en amont, nous avons pu avoir accès de façon anticipée à de la préparation à l'accouchement (hypnose, sophrologie,...), en plus de la préparation globale que nous avions déjà commencée depuis le début de la grossesse, en vue d'un accouchement le plus physiologique possible.

L'accouchement a duré au total environ une quarantaine d'heures, mais cela ne m'a pas du tout paru long, et je n'ai pas l'impression d'avoir souffert, à part à la toute fin, je garde un souvenir très "cotonneux" de tous ces moments. Nous avons pu gérer les cycles de contractions (liés à la pose de comprimés environ toutes les trois heures) comme nous le souhaitions, par de la visualisation et de la respiration issues du yoga, de la sophrologie et de l'hypnose, mais aussi par des mouvements, des massages et de longues douches bien chaudes (qui auraient été impossibles ou très compliqués avec le cathéter). J'ai pu manger et boire pendant tout ce temps, même sortir un peu prendre l'air et le soleil quand les contractions étaient moins fortes, je n'ai juste pas pu dormir (mais de toute façon je n'avais déjà pas pu dormir les nuits précédentes à cause de la tristesse et de l'angoisse...). Le principal a été de pouvoir rester dans ma bulle, et la bienveillance discrète mais rassurante et encourageante des sages-femmes se succédant au fil des gardes et venant en gros toutes les trois heures contrôler l'évolution des choses a été essentielle pour préserver ce cocon que nous avions mis en place (notamment par une lumière tamisée, des huiles essentielles apaisantes et un enregistrement de son de vagues que je me passais en boucle). Nous nous sommes sentis pleinement soutenus et respectés dans notre projet d'accouchement.

Le moment le plus difficile a finalement été quand, à un changement de garde, un sage-femme n'a fait preuve d'aucune douceur, ni dans sa posture globale, ni dans ses gestes médicaux pour contrôler le col (qui furent vraiment douloureux), ni dans ses propos, voulant m'imposer d'autorité la péridurale, en total décalage avec le discours du reste de l'équipe. Je me suis complètement effondrée, je me sentais tellement vulnérable, il a vraiment détruit toute la sérénité que nous avions réussi à mettre en place... J'ai pu heureusement ne plus avoir affaire à lui. Comme le col tardait à s'ouvrir, on m'a proposé de la ******, de l'acupuncture et une séance d'hypnose. Puis à la fin, les choses se sont précipitées, et je crois que l'angoisse de l'arrivée de notre petite et l'épuisement ont fait que je n'étais plus capable de gérer les contractions, et j'ai demandé la péridurale, en espérant qu'elle aurait le temps de faire effet. La pose du cathéter a alors été pénible, mais l'anesthésie a rapidement et bien fonctionné. Et c'est dans une certaine sérénité retrouvée que nous avons pu accueillir notre petite fille... Tout le reste ne fut alors que douceur, tristesse et amour...

Voilà, en conclusion, je dirai comme d'autres personnes l'ont dit avant moi, que l'essentiel est d'être à l'écoute de nos ressentis, de nous préparer au mieux à mobiliser les ressources qui nous semblent nécessaires et de pouvoir échanger avec une équipe médicale prête à dialoguer. Je suis infiniment reconnaissante aux personnes qui nous ont accompagnés en amont et pendant l'accouchement pour nous avoir permis de vivre les choses de cette façon, et d'avoir mis à ma disposition des méthodes alternatives pour faciliter l'accouchement, tout en assurant ma sécurité et en me soulageant si nécessaire, plutôt que de vouloir avec toutes les bonnes intentions du monde nous préserver malgré nous en imposant une anesthésie a priori.

Aujourd'hui, le chemin nous paraît souvent insurmontable, mais le fait de pouvoir nous souvenir de l'accouchement et de la naissance de notre petite fille comme de moments très doux et intimes avec mon compagnon et accompagnés par autant de bienveillance et de respect nous permet de nous sentir plus apaisés.

Merci encore pour tout le soutien qui émane de ce forum...