Forum de l'association Petite Émilie

Bonjour.
Je vous écris pleine de sentiments embivalants.
Ma meilleure amie ma annoncée sa grossesse, elle était enceinte quasiment de 5 mois. Elle apprehendait de me le dire et le covid a facilité les choses pour retarder l annonce.
Je suis bien sûre contente pour elle, mais l envie la jalousie prenne le pas... Je sais que ç est normal mais ç est très culpabilisant pour moi. Je ne l appelle plus, ne la voit plus. Les qq fois où elle m'a appelé on a parlé quasiment que du travail (on bosse dans la même entreprise) je n arriverais pas à aller la voir chez elle.
Et je sais qu après l accouchement non plus.
La aussi le covid servira d excuse....
Je me déçois de ne pas arriver à prendre sur moi.
J essaye de retomber enceinte depuis 4 mois et je sais que si je l étais la" pillule "passerait mieux...
Ça rajoute à ma jalousie du coup.
Sa grossesse n est pas tte rose, elle a du diabète de haut grade. Je sais qu'elle aimerait en parler mais je ne peux pas. Ce n est même pas que j'ai peur pour elle, ç est que je me protège... La aussi culpabilité....
Elle n à pas que moi comme amie, elle est bien entourée. Mais elle a fait partie des personnes qui m'ont le plus aider après Louna... Et je m en veux...
Ses amies lui organisent une baby shower... Je n ai pas été invitée heureusement mais j ai été surprise et une claque malgré tout... Que la normalité ç est elle qui l à.
La mienne s'il y en a une, sera au jour le jour... Et ça je la jalouse aussi....

Bonjour Baab,

Je suis triste de lire tes mots... je pense que beaucoup d’entre nous peuvent comprendre ce que tu ressens.

Comme tu le dis, c’est normal. Il ne faut pas culpabiliser de ressentir telle ou telle émotion, quelle qu’elle soit.
Face à un choc aussi violent que le deuil périnatal, la palette d’émotions que nous pouvons rencontrer est infinie. Et c’est normal.
Tu n’es pas une mauvaise personne parce que tu ressens de la jalousie, ou même un autre sentiment... tu es juste humaine, une maman qui a perdu son bébé et qui a un trou immense dans le cœur. Et cela entraine inévitablement des émotions difficiles.

Je pense que ton amie peut comprendre ta prise de distance, le fait de prendre peu de nouvelles et même de ne pas aller voir son bébé au début.
Peut être peux-tu lui écrire une lettre ou lui envoyer un sms pour lui expliquer que tu prends tes distances pour te protéger, que pour le moment c’est trop douloureux pour toi, mais que ça n’entame en rien votre amitié.
Parle lui avec ton cœur, elle comprendra (tu n’es pas obligée non plus de tout lui dire, comme ce sentiment de jalousie qui te mine, c’est comme tu le sens).

Je te parle un peu de mon expérience. L’année dernière je suis tombée enceinte 2 semaines avant l’une de mes plus proches collègues. Confidence pour confidence, nous avons connu la grossesse l’une de l’autre alors que nous étions dans notre 1er et début du 2ème mois. On a donc partagé nos 1ers mois ensemble, les nausees, nos doutes, l’excitation... Malheureusement, mon bébé avait une malformation grave du cerveau, découverte à la T1... nous avons donc choisi l’IMG. Je te passe les détails, la douleur, le chagrin qui me fait encore éclater en sanglots 1an après... malheureusement, tu dois connaître tout ça..

Ma collègue a continué sa grossesse et a donné naissance à son bébé quelques jours après ma DPA. Alors que nous échangions beaucoup au début de nos grossesses, je ne pouvais plus prendre de ses nouvelles par la suite. C’était trop douloureux pour moi. Le jour où elle a voulu venir au bureau pour régler quelques trucs avec son congé mat, je lui ai dit que je prenais une journée de télétravail. Elle a compris. Je lui ai dit que c’était très compliqué pour moi. Elle le savait déjà, mais le fait de lui verbaliser m’a en quelque sorte libérée. J’ai eu du mal à prendre des nouvelles de sa fille les 1ers temps. J’ai essayé récemment mais c’est trop douloureux pour moi, même un an après. Ça me plonge dans un chagrin immense, nos bébés auraient eu le même âge...
bref, je t’ai raconté tout ça parce que je pense sincèrement que juste dire ou expliquer que suivre cette grossesse est douloureux pour toi peut te permettre de te libérer un peu et peut être d’enlever cette culpabilité que tu ressens vis à vis de ton amie.

Je te souhaite beaucoup de courage et j’espère pour toi une nouvelle grossesse bientôt

Bonjour Baab et JàJamais,

Que je comprends ces sentiments et qu'il me font peur également, cela ne me ressemble tellement pas mais ils sont si puissants que c'est peine perdue de lutter. Alors comment vivre avec, comment travailler ça pour avancer, c'est une sacrée question et je ne sais pas si c'est vraiment possible.

Baab, je comprends que ça a dû être dur de voir que tu n'étais pas invitée à la baby shower, c'est maladroit comme situation. Cela a été fait pour te protéger, ça part d'une bonne intention de ne pas te mettre dans une situation difficile à vivre pour toi, mais en même temps c'est une sensation d'exclusion, ça renvoie à la réalité qui est la tienne, la notre. Je pense qu'elles auraient dû te laisser la possibilité de dire si tu souhaitais participer ou non à cet événement, mais peut-être que je me trompe, je ne sais pas ce qui est "le moins pire".
La communication est un bon outil pour éviter que les non-dits s'installent, je rejoins JàJamais sur sa proposition de lui en parler (sans forcément tout dire).

JàJamais, j'imagine comme cela doit être difficile avec la présence de ta collègue. Elle a l'air bienveillante et compréhensive, j'espère que tu n'aura pas à vivre de situation difficile.

Je vis une situation similaire qui me questionne énormément en ce moment. Le meilleur ami de mon conjoint attend également un bébé, nos termes étaient à 2 mois d'intervalle. C'est un couple d'ami avec qui nous partagions énormément de moment : soirée, vacances... Ils ont souvent été les 1er informés de la grossesse, de nos inquiétudes qui sont arrivées quelques semaines après l'écho du 2ème trimestre. Autant dire que nous avons eu le temps de nous projeter : "c'est super nos enfants auront le même âge, ils joueront ensemble..."

Aujourd'hui, il est impossible pour moi de les voir, je ne veux même pas savoir s'ils ont tout préparé, comment ça se passe, ça me fait tellement mal. Et pourtant j'y pense beaucoup car il va bien falloir un jour que je les revois cela me semble impossible. Dès que je vais les voir, voir leur enfant, je vais me projetée, notre bébé aurait dû avoir cet âge là, nous devrions nous aussi être dans les biberons, les nuits de sommeil écourtées...
Comment faire, je ne vois pas de solution, je me dis même que je pourrais de nouveau les voir, sans que cela me blesse, lorsque nous auront un 2ème enfant, ce qui, si ça arrive, va demander plusieurs années.

Elle a eu des paroles maladroites lorsque nous avons partagé nos inquiétudes, cela me reste en mémoire, je souhaite trouver les mots pour lui dire que j'ai mal vécu ces moments. Je sais que ça partait d'une bonne intention mais je me dis que si moi je blessais quelqu'un avec mes réactions, j'aimerais bien qu'on me le dise. Et à la fois je me dis, elle est enceinte de 9 mois, c'est pas bien de perturber une femme enceinte... déjà qu'ils sont gênés par rapport à moi et qu'ils ne savent pas quoi faire ou quoi dire.

Là, je ne sais pas comment me sortir de cette situation et si tout simplement c'est possible.

Douces pensées à vos anges et à mon fils Aurwan.

Aurélie