Forum de l'association Petite Émilie

Bonsoir à toutes,

Chacune nous devons absorber le choc de phrases plus ou moins maladroites, déplacées, indélicates.
De mon côté, puisque je ne reprendrai le travail que lundi et que je n’avais pas annoncé ma grossesse, j’espère que je serai relativement à l’abri. Et pourtant, aujourd’hui mon garagiste, qui devait me voir un peu triste et entendait mes soupirs, m’a dit : pourquoi tu soupires? Tu es jeune, tu as la santé!
Évidemment c’est amer... comment être contente de ne pas être malade (et ne parlons pas de l’age, qui est le seul facteur identifié dans les t21), lorsqu’on a choisi de ne pas faire vivre à notre enfant une vie de maladie? Et puis je me sens malade, même s’il ne s’agit pas d’une maladie qui aurait un nom, un siège, une thérapie.

J’imagine que ce n’est que la première des tant de phrases douloureuses qui m’attendent. J’en ai lu quelques unes sur le forum. Je ne vois rien d’autre à faire qu’encaisser la plupart du temps, et quelquefois se rebeller.
Je vous souhaite à toutes de ne pas devoir trop en subir...

Courage et patience, et baisers à nos bébés d’amour

Bonsoir Audrey,

Oui, ces "petites phrases" sont comme des fleches que l'on reçoit en plein coeur.
J'ai eu la chance de ne pas trop m'en prendre, ou pas trop fort.. est-ce que mes interlocuteurs sentaient que ma réaction est de faire ricocher sur un bouclier ?

Pour ton garagiste, je n'aurais pas hésité à lui répondre simplement que même avec la santé physique, traverser un deuil est douloureux, alors soupirer est un moindre mal.
Il y a le droit de répondre, ils n'ont pas hésité leur petite phrase anodine, ils n'ont pas eu peur de blesser.. alors ne les ménageons pas à notre tour (attention, mon propos n'est pas de les malmener ou d'etre violent verbalement, etre factuel suffit a remettre les choses à leurs places.)
et ainsi ils apprendront que les mots ont un poids.

Je te rejoins sur ces phrases maladroites souvent elles sont prononcées sans l'intention de blesser mais de positiver, de nous faire avancer... mais elles font du mal.

Le plus difficile avec le temps qui passe, c'est que les personnes font moins attention, elles ont repris leur vie, le quotidien et moi j'ai l'impression d'être à la traîne, de les regarder au loin et je n'ai pas envie d'être un "boulet" alors je ne dis rien.
Mais récemment, j'ai décidé que je ne laisserai plus passer certaines choses. Dernièrement lors d'une banale discussion une personne (au courant de notre situation) m'a demandé mon âge : 32ans. Et poursuit en disant la vie est belle à la trentaine, la vie est devant nous et balablabla. Je n'ai rien dit, je m'en veux, comment peut-elle me dire ça, intérieurement je me disais : tu trouves vraiment que ma vie est belle, moi qui vient de perdre mon 1er enfant, qui ait passer mes 32 ans à l'hôpital pour faire une amniocentèse et préparer l'img.

N'avoir rien dit c'est comme avoir essayé de gommer notre histoire, notre enfant... Donc c'est décidé maintenant je répondrai car pourquoi laisser les autres nous blesser pour ne pas les blesser ?

Comme ce garagiste, qu'est-ce qu'il sait de ce que vivent les gens, s'ils sont en bonne santé ou pas. Encore une manière de refouler ses sentiments car on ne doit pas montrer qu'on est triste mais être fort, encore et toujours.

Je crois que ce sujet me fait réagir .

En tout cas j'espère que ta reprise va bien se passer et que les personnes, même si elles ne sont pas au courant de ta situation, vont faire preuve de bienveillance.

Aurélie