Reprise du travail et sentiment d’échec..

[Audrey&R]

Bonsoir à vous,

Reprise du travail lundi, comme prévu. J’ai failli ne pas sortir de chez moi le matin, évidemment je me suis forcée parce qu’on comptait sur moi. Journée assez intense, pas trop le temps de penser, beaucoup de dossiers sur lesquels faire des points pour être au courant des derniers éléments. Le soir, épuisée, je suis rentrée chez moi bien plus tôt qu’à l’habitude (19h, ah oui je n’ai bossé que 10h d’affilée) sans même avoir fait de pause déjeuner, même pas faim.
Évidemment je n’attendais que ça pour pouvoir pleurer un peu.

Mardi, télétravail, une partie de la journée avec mon chéri (on s’organise pour teletravailler en même temps). J'arrête de bosser à 20.30, bon coup de déprime mais je suis tellement fatiguée que ça passe.

Aujourd’hui nouvelle journée au bureau, nouvelles réunions, nouveau rythme soutenu. Avec en plus des échanges de mail avec certains clients réellement odieux ! À la réception du dernier de ces mails j’ai failli me mettre à pleurer. En réalité j’ai pleuré mais j’ai réussis à le cacher à mon assistante, qui est dans mon bureau.

Je me rends compte à quel point je suis fragile, vulnérable. Si j’avais eu ce client en face, comment aurais-je fait ? En temps normal je réagis plutôt en clouant leur bec à ce genre de personnages. Là, je peux passer de la colère (mauvais aussi mais on risque moins de se faire trop enfoncer), aux pleurs.
Chaque matin j’hésite à aller au bureau, à ouvrir l’ordi, à allumer le téléphone. Chaque soir j’ai hâte de pouvoir me lâcher et pleurer un peu. Je sais que ça va mieux mais je me demande bien pourquoi je m’inglige ça. Et si d’ici quelques jours ou quelques semaines je m’écroule ?
Du coup, j’ai posé 2 semaines de congés pour juin, qui est la période la plus chargée dans mon métier. Allez hop !

Et vous, comment avance votre reprise ? Vous vous sentez un peu moins au ralenti ? Un peu plus susceptibles ? Vous retrouvez des repères ou bien avez l’impression de ne plus être à votre place ? Moi je ne sais pas, je surnage...

Bonne nuit de repos à vous, demain un pas de plus.

Audrey

[michele81]

Bonsoir Audrey,

Je te lis et je comprends par quoi tu passes.
Tu vas aller de mieux en mieux, mais ne t’infliges pas un supplice même si les autres ont besoin de toi. Si ça ne va pas mieux avec le temps, c’est que c’était un peu trop tôt pour toi et ta priorité après ce que tu as vécu c’est toi.

Moi j’ai repris durant 2 semaines et me revoilà en congé.
J’attendais mes congés avec impatience après seulement 2 semaines de travail...
pourtant le télétravail sur la 2ème semaine m’a bien aidé. J’en ai fait par demi journée et là seule journée complète que j’ai faite a été catastrophique moralement et physiquement.
Le télétravail me permet de trouver ce temps dont tu parles, pour soi, pour lâcher, reprendre son souffle, ne pas faire attention au regard des autres... tout ce que je faisais naturellement avant me demande désormais beaucoup d’énergie.
Mais j’ai le sentiment que le plus dur est derrière moi, que mon cerveau reprend son rythme.. ça me rassure quelque part !!

Est ce que tu peux t’arranger pour faire plus de télétravail ?
Déjeuner à ton rythme, bien manger, pleurer quand ça vient.. bref, ça serait top que tu t’arranges pour ça.

Tu as bien fait pour juin en tous cas, ca te donne une belle perspective. Et on devrait être déconfinés en plus
En mai tu as le week-end de l’ascension et celui de la Pentecôte. J’ai toujours été une grande bosseuse épanouie mais là je suis réduite à repérer les jours fériés dans un calendrier !!! écoute on fait comme on peut.

Plein de courage Audrey, tiens bon.. et n’oublie pas de t’écouter et d’avancer à ton rythme.

Bonne soirée

[Anne75]

Bonsoir Audrey,

Ce que tu décris est assez proche de ce que j'ai vécu/vis.
On était dans notre bulle à la maison, et on reprend le rythme quotidien avec une sensation d'être complètement en décalage par rapport au réel.
Et puis probablement aussi que ce qu'on gère nous paraît bien futile à côté de ce qu'on a vécu.
Comme toi je pleure souvent le soir.
Cela fait 15 jours que j'ai repris le travail, je me sens encore ralentie, mais ça a tendance à s'estomper un peu avec les jours qui passent.
Je pense qu'il faut être patiente, essayer de se préserver comme on peut (si le télétravail t'aide alors saute sur l'occasion!); par exemple le fait de partager un bureau me serait très difficile car j'ai besoin de cet espace pour pouvoir verser quelques larmes sans qu'on me voie.
Sois indulgente avec toi-même, protège-toi et laisse-toi le temps d'atterrir.
Bon courage

[Calie56]

Bonjour,

Au moment de ces échanges, je me suis dis, lorsqu'il sera temps pour moi de reprendre je reviendrais lire vos expériences. Et voilà, il est l'heure pour moi et c'est vrai que cette phrase "reprise du travail et sentiment d'échec" fait sens mais pas pour les mêmes raisons.

Je suis éducatrice de jeunes enfants et je travaille dans un relais parents assistantes maternelles, mes missions sont donc l'accueil et l'accompagnement des familles à la recherche d'un mode d'accueil (assistante maternelle ou structure collective), du soutien à la parentalité pour les 0-3 voir 6 ans, accompagnement des assistantes maternelles, professionnalisation... J'organise donc des animations pour les enfants et les am ou les parents et des soirées d'info et d'échange ainsi qu'au quotidien des permanences téléphoniques et des rdv pour les parents et les am.

Alors voilà, je suis passionnée par mon métier, mais là accueillir des femmes enceintes, accompagner des parents, des ass.mat., répondre à leurs questions sur le contrat de travail, écouter leur mécontentement, leur problème ou même mener des projets pour la petite enfance ... franchement il va falloir que je mette mon histoire personnelle tout au fond d'un tiroir car sinon je vois juste le reflet de ce que j'aurais dû vivre, avoir, ce rêve que je touchais du doigt, c'était mon tour, mon tour de vivre tout ça avec mon enfant, mais non j'ai échoué. Il est là mon sentiment d'échec, tout autour de moi, ces parents là y sont arrivés et quoi de plus normal et heureusement pour eux, pour pourquoi moi c'est pas normal ?

J'ai pris le temps avant cette reprise, le temps de mon congé maternité + 4 semaines de suite de couche patho car pendant les vacances scolaires il n'y a pas d'animation, je vais donc être seulement au bureau, ça devrait être plus calme. Je sais que je peux le faire, que je vais réussir à mettre ma casquette de professionnelle et à faire la part des choses avec ce que j'ai vécu et ce que les autres vivent. Mais quelque part, il y a le sentiment de trahir mon fils, de le mettre de côté. J'espère que mon histoire va me permettre d'évoluer professionnellement dans le bon sens, peut-être que je pourrais aider des parents qui traversent l'épreuve du deuil périnatal...

Lundi j'ai rdv avec ma responsable avant ma reprise le 13 juillet. Je veux lui dire que je ne suis plus la même qu'à mon départ, mais en fait je ne sais pas comment cela a modifié la professionnelle que je suis... bon on verra. Ce qui m'inquiète le plus, c'est le regard des autres. Je me suis reconstruite dans ma bulle personnel avec mes proches qui savent qui ont vu ce que j'ai traversé et où j'en suis. Mais là je retourne pour la 1ère fois, j'ai peur dans leur regard de me reprendre en pleine face la perte de mon bébé et il y a cette question de l'image que je renvoie. Si je reviens avec le sourire, est-ce qu'ils vont se dire que je vais bien et qu'en fait je ne suis pas triste d'avoir perdu mon bébé ???

C'est très troublant de ne pas savoir, de ne pas se maitriser sois-même. Je crois que je dois me lancer et advienne que pourra.

J'aimerais également que sur mon bureau, il y ait quelque chose pour marquer la présence de mon fils, j'accueille du public donc cela doit être discret. Est-ce que vous avez pu choisir un objet ou quelque chose pour symboliser votre bébé près de vous dans votre univers professionnel ?

J'envoie de douce pensée à nos petits anges ainsi qu'à vous les guerrières

Aurélie

[Juli1]

[...]
J'aimerais également que sur mon bureau, il y ait quelque chose pour marquer la présence de mon fils, j'accueille du public donc cela doit être discret. Est-ce que vous avez pu choisir un objet ou quelque chose pour symboliser votre bébé près de vous dans votre univers professionnel ?
[...]

Bonjour Aurélie,

Je n'ai pas de poste de travail personnel, mais j'ai un pendentif qui m'accompagne partout. Au début je le cachais sous mes vêtements, et ne le laissais apparent qu'en famille. Maintenant je le laisse visible tout le temps.
Si j'avais un bureau, sans doute qu'un pliage en origami, symbole de mon fils, serait visible quelque part.

Je te souhaite une reprise en douceur.

[Hélène69]

Bonjour,

Au moment de ces échanges, je me suis dis, lorsqu'il sera temps pour moi de reprendre je reviendrais lire vos expériences. Et voilà, il est l'heure pour moi et c'est vrai que cette phrase "reprise du travail et sentiment d'échec" fait sens mais pas pour les mêmes raisons.

Je suis éducatrice de jeunes enfants et je travaille dans un relais parents assistantes maternelles, mes missions sont donc l'accueil et l'accompagnement des familles à la recherche d'un mode d'accueil (assistante maternelle ou structure collective), du soutien à la parentalité pour les 0-3 voir 6 ans, accompagnement des assistantes maternelles, professionnalisation... J'organise donc des animations pour les enfants et les am ou les parents et des soirées d'info et d'échange ainsi qu'au quotidien des permanences téléphoniques et des rdv pour les parents et les am.

Alors voilà, je suis passionnée par mon métier, mais là accueillir des femmes enceintes, accompagner des parents, des ass.mat., répondre à leurs questions sur le contrat de travail, écouter leur mécontentement, leur problème ou même mener des projets pour la petite enfance ... franchement il va falloir que je mette mon histoire personnelle tout au fond d'un tiroir car sinon je vois juste le reflet de ce que j'aurais dû vivre, avoir, ce rêve que je touchais du doigt, c'était mon tour, mon tour de vivre tout ça avec mon enfant, mais non j'ai échoué. Il est là mon sentiment d'échec, tout autour de moi, ces parents là y sont arrivés et quoi de plus normal et heureusement pour eux, pour pourquoi moi c'est pas normal ?

J'ai pris le temps avant cette reprise, le temps de mon congé maternité + 4 semaines de suite de couche patho car pendant les vacances scolaires il n'y a pas d'animation, je vais donc être seulement au bureau, ça devrait être plus calme. Je sais que je peux le faire, que je vais réussir à mettre ma casquette de professionnelle et à faire la part des choses avec ce que j'ai vécu et ce que les autres vivent. Mais quelque part, il y a le sentiment de trahir mon fils, de le mettre de côté. J'espère que mon histoire va me permettre d'évoluer professionnellement dans le bon sens, peut-être que je pourrais aider des parents qui traversent l'épreuve du deuil périnatal...

Lundi j'ai rdv avec ma responsable avant ma reprise le 13 juillet. Je veux lui dire que je ne suis plus la même qu'à mon départ, mais en fait je ne sais pas comment cela a modifié la professionnelle que je suis... bon on verra. Ce qui m'inquiète le plus, c'est le regard des autres. Je me suis reconstruite dans ma bulle personnel avec mes proches qui savent qui ont vu ce que j'ai traversé et où j'en suis. Mais là je retourne pour la 1ère fois, j'ai peur dans leur regard de me reprendre en pleine face la perte de mon bébé et il y a cette question de l'image que je renvoie. Si je reviens avec le sourire, est-ce qu'ils vont se dire que je vais bien et qu'en fait je ne suis pas triste d'avoir perdu mon bébé ???

C'est très troublant de ne pas savoir, de ne pas se maitriser sois-même. Je crois que je dois me lancer et advienne que pourra.

J'aimerais également que sur mon bureau, il y ait quelque chose pour marquer la présence de mon fils, j'accueille du public donc cela doit être discret. Est-ce que vous avez pu choisir un objet ou quelque chose pour symboliser votre bébé près de vous dans votre univers professionnel ?

J'envoie de douce pensée à nos petits anges ainsi qu'à vous les guerrières

Aurélie

Bonjour Aurélie,

Je reviens sur ton post à la veille de ta reprise.
Je n'ai pas répondu car je ne sais pas moi-même comment se passera ma reprise à la mi-septembre, mais je voulais t'envoyer tout mon soutien pour demain et te dire que je penserai à toi.
C'est une étape importante, difficile j'imagine. Le retour au travail ne devrait pas se faire dans ces conditions.
As tu trouvé ton petit objet pour ton Aurwan?
Comme je tricote une couverture pour lui, je pense que j'en prendrai un petit carré que je mettrai sur mon bureau.
Et toi, comment te sens tu avant la reprise?

Belles pensées pour Aurwan et de la sérénité pour toi.

Hélène

[Calie56]

Bonjour,

Merci pour vos retours.

Demain la reprise, l'angoisse est présente et commence à monter.
Je me rends compte que je lutte encore contre cette histoire qui est la nôtre et qu'avec cette reprise du travail je me projette avec l'imaginaire que j'avais construit pendant les 7 premiers mois de grossesse. Un retour au travail avec une organisation familiale modifiée, avec une expérience de la maternité, avec des émotions difficiles à gérer, je devais revenir avec une expérience de vie différente, une transformation.

Mais pourtant je suis bien différente aujourd'hui et j'ai vécu une expérience de la maternité certes bien différente de celle que je souhaite au plus profond de moi-même mais je suis belle et bien transformée.

J'ai peint des galets pour mettre sur mon bureau, un avec un nuage et la 1ère lettre du prénom de mon fils et un autre avec le ruban du deuil périnatal. Peut-être que des parents qui ont vécu cela vont ainsi savoir que j'y suis sensible et vont souhaiter partager leur expérience...

Merci julien pour l'idée de l'origami, c'est un très beau clien d'oeil je trouve, je vais me renseigner.

J'envoie de tendre câlin à vos petits anges et beaucoup d'amour à mon fils Aurwan.

Aurélie

[Juli1]

[...]
J'ai peint des galets pour mettre sur mon bureau, un avec un nuage et la 1ère lettre du prénom de mon fils et un autre avec le ruban du deuil périnatal. Peut-être que des parents qui ont vécu cela vont ainsi savoir que j'y suis sensible et vont souhaiter partager leur expérience...

Merci julien pour l'idée de l'origami, c'est un très beau clien d'oeil je trouve, je vais me renseigner.

J'envoie de tendre câlin à vos petits anges et beaucoup d'amour à mon fils Aurwan.

Aurélie

Bonsoir,

En fait on avait fait un pliage que l'on avait placé dans son cercueil. Et maintenant on le dessine un peu partout : sur les galets pour ses anniverciels ou Noël, sur un gâteau...
D'ailleurs si j'avais un bureau, finalement j'aurais peut-être un galet, vu qu'on en décore souvent...

Je penserai à toi demain, et toute ma tendresse à Aurwan.

[Audrey&R]

Bonsoir Aurélie,

Comment s’est déroulée cette première journée ? J’espère que tu as réussis à trouver quelques espaces de sérénité et de douceur.
Plein de pensées à toi et à tous nos petits bébés,

Audrey

[melanieetLou84210]

Bonsoir à vous,

Reprise du travail lundi, comme prévu. J’ai failli ne pas sortir de chez moi le matin, évidemment je me suis forcée parce qu’on comptait sur moi. Journée assez intense, pas trop le temps de penser, beaucoup de dossiers sur lesquels faire des points pour être au courant des derniers éléments. Le soir, épuisée, je suis rentrée chez moi bien plus tôt qu’à l’habitude (19h, ah oui je n’ai bossé que 10h d’affilée) sans même avoir fait de pause déjeuner, même pas faim.
Évidemment je n’attendais que ça pour pouvoir pleurer un peu.

Mardi, télétravail, une partie de la journée avec mon chéri (on s’organise pour teletravailler en même temps). J'arrête de bosser à 20.30, bon coup de déprime mais je suis tellement fatiguée que ça passe.

Aujourd’hui nouvelle journée au bureau, nouvelles réunions, nouveau rythme soutenu. Avec en plus des échanges de mail avec certains clients réellement odieux ! À la réception du dernier de ces mails j’ai failli me mettre à pleurer. En réalité j’ai pleuré mais j’ai réussis à le cacher à mon assistante, qui est dans mon bureau.

Je me rends compte à quel point je suis fragile, vulnérable. Si j’avais eu ce client en face, comment aurais-je fait ? En temps normal je réagis plutôt en clouant leur bec à ce genre de personnages. Là, je peux passer de la colère (mauvais aussi mais on risque moins de se faire trop enfoncer), aux pleurs.
Chaque matin j’hésite à aller au bureau, à ouvrir l’ordi, à allumer le téléphone. Chaque soir j’ai hâte de pouvoir me lâcher et pleurer un peu. Je sais que ça va mieux mais je me demande bien pourquoi je m’inglige ça. Et si d’ici quelques jours ou quelques semaines je m’écroule ?
Du coup, j’ai posé 2 semaines de congés pour juin, qui est la période la plus chargée dans mon métier. Allez hop !

Et vous, comment avance votre reprise ? Vous vous sentez un peu moins au ralenti ? Un peu plus susceptibles ? Vous retrouvez des repères ou bien avez l’impression de ne plus être à votre place ? Moi je ne sais pas, je surnage...

Bonne nuit de repos à vous, demain un pas de plus.

Audrey

Bonjour Audrey et à toutes,

Je me permets de reprendre ton message car je me retrouve exactement dans ce que tu écris.

J'ai eu que trois semaines d’arrêt alors que je n'étais pas loin d'avoir droit au congé mat, et j'ai repris un peu par la force car on avait besoin de moi.
Mais je suis incapable de gérer les gens je commence à développer une peur du téléphone et des badauds qui voudraient entrer dans le magasin.
Je suis dégoutée par les clients qui sont odieux et mauvais pour rien, des détails sans intérêt
Je me trouve comme dans une pièce absurde. Ou rien n'a de sens... Demain je vois la médecine du travail et je suis en congés trois semaines vendredi prochain mais quelle épreuve !

Je voulais savoir ou tu en étais aujourd'hui ? Et aussi à toutes celles qui ont repris comment ça se passe actuellement ?

Merci de vos réponses je me sens complétement perdue.

Mélanie