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Qui suis je ?

Posté : 19 mars 2021, 20:09
par Lna
Bonjour,
Comme bcp je viens sur ce forum depuis la perte de mon petit garçon. Je passe des heures à lire tous les messages. Comme je passe tous mes moments libres à écouter des podcast comme au revoir ou lire des articles. La dernière psy que j’ai pu voir m’a dit que c’était bien mais qu’il fallait que j’écrive à mon tour pour ne pas seulement accueillir la douleur des autres et me noyer dans mon chagrin. Alors voilà je me lance à mon tour...

J’ 41 ans, je suis venue vivre seule à Barcelone avec mon grand de 14 ans il y a maintenant 4 ans. Sur ma route, j’ai rencontré mon grand amour, catalan de 42 ans, père de 2 petits garçons de 6 et 10 ans. Je suis devenue belle mère dans une famille recomposée franco-espagnole. Pas facile tous les jours avouons le 😉.

Après 2 ans, nous avons eu envie de faire cet enfant de notre amour. Notre petit a nous, le petit dernier, lien incontestable pour toute notre famille. Ici, comme la fiv est un vrai marché, les gynécologies m’ont rabâché que j’étais un peu « vieille » et qu’il fallait pas trop y croire... du coup j’étais vraiment angoissée et tomber enceinte était un cauchemar pour moi mais aussi pour ma fille vu mon état d’angoisse. Mais finalement après 8 mois et une fausse couche à 2 Sa, j’ai pu annoncer la bonne nouvelle à mon mari. J’étais la plus heureuse du monde. Mon mari ne voulait rien dire tant qu’on était pas sûrs que tt allait bien. 1 ère écho tt va bien. Deuxième écho tt va bien mais il fallait faire ce satané tri test... et la tt est allé si vite... le vendredi appel du labo, ça va pas il faut voir un médecin. On va en urgence chez la gynécologue, qui nous dit pas de panique on va faire une biopsie par voie vaginal ( j’étais à 13 SA) biopsie le mardi matin, qu’elle angoisse... mais je me disais que tt irai bien. J’étais complètement connecté à mon bébé. Je vivais une grossesse super heureuse et mon ventre commençait à se voir. J’avais même l’impression de le sentir bouger. Bref le lundi suivant le doc m’appelle, les résultats sont mauvais, trisomie 18, il faut aller à l’hôpital car le bébé vous pouvez pas le garder, il va mourir...

A partir de là c’est ce cauchemar qui t’étouffe, le sol ne te tient plus, une boule au fond du cœur qui n’est toujours pas partie plus d’un mois après. Et pour mon mari c’était clair pour les enfants on peut pas le garder... j’avais envie de lui hurler dessus « c’est pas pour les enfants que je fais ça c’est pour lui, c’est pour qu’il ne souffre pas! »

Bref, on part à l’hôpital, on est lundi soir. Ils nous donnent rdv le lendemain avec généticienne et gynécologue spécialisée. Ils sont 4 à nous accueillir. Nous explique tout et surtout disent que parfois la trisomie 18 est présente dans le placenta mais pas pour le bébé. Il faut faire une écho morphologique. Quel espoir j’ai eu à ce moment là. Elle avait l’air si optimiste. C’est vrai que jusque là le bébé allait bien, taille normal , pas de clarté nuqual et puis son petit cœur super. On fait donc cette dernière écho espoir et je le vois, je vois qu’il ne bouge presque pas, je ressent comme sa fatigue, je vis sa douleur et je comprends que c’est grave. Ce que la gyneco nous confirme. C’est fini, on doit le laisser partir pour pas qu’il ai mal. Mon petit garçon le 4e de notre famille, ne pourra pas être avec nous. 2 jours plus tard, le jeudi 11 février, à 14sA +4 jours, j’ai accouché par voix basse de mon petit Soan.
Ce jour là j’étais tellement droguée pour éviter la douleur que j’ai été insensibilisée. Mais ils nous ont conseillé de le voir et on a accepté. Il était plus grand que je l’imaginais. Il avait ses toutes petites mains, ses tous petits pieds et une peau casi transparente. Son visage n’était pas encore fini mais il n’était pas horrible. Pas encore un bébé tout rond mais super grand 😊 mon grand de 14 ans est aussi super grand, mes bébés sont des bûcherons 😌.

Je suis super longue, désolée. Ici je suis loin de ma famille et on n’en avait parlé à personne, je n’ai du coup pas beaucoup de gens proches autour de moi et mon mari est mal à l’aise quand j’en parle. le forum devient mon exutoire...

Il y a une chose que je n’ai trouvé dans aucun témoignage, le jour de l’accouchement, je suis sortie rouge comme une tomate, puis le lendemain mon corps a commencé à me piquer de partout puis à enfler. Ils m’ont prescrit des anti-staminiques par téléphone car ici par de rendez vous chez le généraliste si pas Covid. Mais je les prends depuis tous les jours car sinon l’allergie reprends. Et j’ai des intolérances comme la poire, les gâteaux que je n’avais pas avant. C’est arrivé à quelqu’un ? S’il reste encore quelqu’un qui me lit encore haha.

Je vais tacher de finir. Le week-end suivant, du coup le vendredi, le lendemain de l’IMG, nous avions mes beaux enfants. Autant j’avais tout dit à mon fils qui est très proche de moi et avait le droit de comprendre pourquoi j’étais si triste, autant nous avions rien dit aux deux petits. Mon mari ne voulait pas les choquer. Je lui ai demandé de ne pas les prendre ce week-end là, je n’avais pas la force de jouer mon rôle de super belle maman et je voulais rester allongée dans mon lit à pleurer. Mais il a refusé et m’a demandé de prendre sur moi. On ne se comprenait pas. Mais je l’ai fait ce week-end. Sauf que le lundi, a bout de nerf, j’ai explosé et j’ai cassé des assiettes et ses enfants ont eu la peur de leur vie. Je n’avais jamais été si violente de ma vie. Tout partait en vrille. Toutes ma vie n’avait plus de sens... et puis on a continué.

J’ai vu une première psy, puis rendez vous suivant une nouvelle, je n’ai jamais revue deux fois la même personne. Mon mari est tendre et ne sait pas comment si prendre mais je sais qu ‘il m’aime. Le Covid complique un éventuel voyage en France pour aller voir ma mère... bref je me sent très seule et j’ai parfois l’impression que la douleur est plus forte à chaque fois. Je vais bien 1/2 jours puis je m’écroule, incapable de retenir mes larmes. Des amis proches viennent d’avoir des bébés et je me sent incapable d’aller les voir. Mon seul moment de répit c’est quand je suis avec mes élevés ( je suis professeure de français pour des petits de 3/10 ans) . J’ai repris le lundi suivant.

Et au milieu de tout ça j’ai une peur bleue de retenter un petit bébé mais il y a toujours un moment dans la journée où je me dis que si pourquoi pas. Même si chaque jour passant cette envie diminue car je suis certaine que pour moi ça recommencera... et puis mon mari ne veut pas.

Voilà je suis perdue, je ne sais plus trop qui je suis. Je ne sais pas trop quoi faire quand je ne travaille pas. J’ai mis 15 jours à ressortir pour me promener mais je n’ai pas la force d’aller voir des gens... je me demande parfois si je ne suis pas en dépression. Mon monde à perdu de sa saveur. Et mon petit Soan me manque terriblement

Re: Qui suis je ?

Posté : 20 mars 2021, 10:05
par Laure77
Bonjour,

Malheureusement, je te souhaite la bienvenue sur ce forum. Il y aura toujours quelqu'un pour te lire, t'écrire et essayer de t'aider.

Sache que ce que tu ressens est parfaitement normal. La colère, la tristesse sont des sentiments ordinaires en de pareil situation. Tu vas, petit à petit, apprendre à vivre avec. Tout doucement ta douleur va s'apaiser. Même si en ce moment tu ne peux sans doute pas y croire. Tout comme moi lorsque j'ai perdu mon fils.

Quelques petits conseils pour essayer de t'aider :
Écoute toi, fais ce que tu peux comme tu peux.
Essaie d'accepter que ton mari et toi ce sont deux vécus différents pour la même situation. Essayez de communiquer !
Essaie de poursuivre le suivi psy, cela m'a beaucoup aidé. L'essentiel est de pouvoir parler et prendre soin de soi. Ça peut être aussi la sophrologie, l'acupuncture....
Un petit objectif par jour, faire une petite chose que tu apprécie et qui te fait du bien : lire, marcher, écouter de la musique...

Il y a du positif dans ce que tu décris. Tes sentiments, ton état moral varie. Il est fluctuant, en mouvement donc tu avances petit à petit.

J'insiste écoute toi, pour reprendre les mots d'un médecin "s'il y a une période où il faut être égoïste c'est celle ci"

Je te souhaite bon courage ! Et douces pensées à ton petit Soan. Quel beau prénom !

Re: Qui suis je ?

Posté : 20 mars 2021, 11:11
par Lna
Merci Laure pour ta réponse. C’est vrai que le moral varie. Les montagnes russes qui changent quand tu ne t’y attend pas...
Et merci pour le prénom de mon petit ange 😇

Re: Qui suis je ?

Posté : 20 mars 2021, 14:08
par Laure77
De rien. Oui je me souviens c'est très pénible et parfois même décourageant mais le psy m'avait dit que c'était positif cette variation. Ce finalement plus rassurant qu'un état figé. Courage !

Re: Qui suis je ?

Posté : 20 mars 2021, 15:24
par Lna
Oui c’est aussi mon sentiment. Alors qu’hier j’étais au fond du trou, aujourd’hui je vais bien. Je me suis promené avec mon grand et tt allait bien.

Maintenant c’est aussi le physique qui doit suivre. Je ne sais pas ce qu’ils m’ont donné mais ces allergies sont aussi fatigantes...
Demain je vais déjeuner avec des amis qui ont un petit garçon de 2 mois. On fera comment je le gère...
Merci de ta réponse, ça fait du bien d’avoir le retour de quelqu’un qui te comprend malheureusement.

Re: Qui suis je ?

Posté : 20 mars 2021, 17:38
par Poupili
Bonjour Lna

Après avoir lu ton témoignage , et à la question que tu te poses : '' Qui suis-je '' ? j'aurai tendance à te dire que tu es une maman qui a vecu l'impensable, un drame auquel on ne s'attend pas , on n'est pas préparés à une telle tragédie . On ne peut que prendre sur sois une telle décision , souffrir nous à la place de nos petits amours partis trop tôt.

Si tu n'es pas déjà tombée dessus, mon histoire se trouve dans le lien ci-dessous, et je trouve que nos parcours sont similaires.

http://www.petiteemilie.org/forum/viewt ... =10&t=2982

Je me retrouves également dans ton ressenti et ce besoin de casser quelque chose.
Cela m'est arrivé il y a +/- 2 semaines, j'ai littéralement peté un câble et j'ai fait une grosse crise de nerfs.
Cela est sorti de je ne sais ou, comme un gros malêtre qui devait sortir, une chaleur et une douleur que je ne pouvais plus contenir.
Je suis sortie de la pièce ou je me trouvais comme une furie , et j'avais ce besoin viscéral d'hurler ma douleur et de casser qch.
Ne trouvant rien sous à me mettre sous la main, je me suis arrachée les cheveux. C'est mon mari qui a réussi à me calmer en me prenant contre lui et faisant de ses bras un étau autours de mon corps qui tremblait.

Après cet épisode je me suis sentie épuisée pendant plusieurs jours, comme si un camion m'était passé dessus et que mon corps c'était vidé de toutes forces.

Donc voilà, avec le temps qui passe, il y à des jours avec et des jours sans . L'amour de mon mari c'est ma force dans cette terrible épreuve.
Je me fais également aider par le biais d'un suivi psy et sophrologique. Ca me fait du bien d'évacuer en parlant et en faisant des exercices de respiration.

Le forum petite emilie est également ma bouée de sauvetage .

Le temps guérit les blessures même si on n'oublie pas.

Prends soin de toi et une douce pensée à ton petit amour

Re: Qui suis je ?

Posté : 20 mars 2021, 18:01
par michele81
Bonjour Lna

Ton témoignage est bouleversant, et tes ressentis font également échos aux miens. J’ai envie d’ajouter malheureusement car je nous trouve bien trop nombreuse pour une expérience aussi rude. Injuste.
Je t’envoie toutes mes pensées de soutien et de solidarité.

Poupili : ton histoire m’émeut aussi beaucoup. j’ai aussi rencontré mon amoureux sur le tard. Ayant 9 ans de plus que moi et avec 2 ados, il ne se voyait pas dans un premier devenir père à nouveau. Se fut donc un cheminement avec les années, l’échange sur le sujet, et la solidité de notre lien.
Quand je suis tombée enceinte la veille de nos 40 ans il était d’une sérénité naturelle. Notre petit bout qui grandissait en moi était une évidence.
Puis tout s’est effondré. Pile pour mes 40 ans.
C’est la vie et ses rencontres.

Maintenant comme Plusieurs d’entre nous, il y a des hauts et des bas. Aujourd’hui par exemple c’est plutôt une journée positive. Je crois aussi que les variations hormonales n’aident pas. Je vois bien que tout n’est pas entré dans l'ordre parler. Il y a aussi les quelques kilos en trop qui me rappellent que j’ai été enceinte.

J’ai lu dans cette même discussion il me semble que c’est bon signe de connaître ces montagnes russes et qu’un état figé serait plus inquiétant (dixit le psy). Je n’y avais jamais pensé. On va dire que c’est encourageant !!

Bon week-end à toutes

Re: Qui suis je ?

Posté : 20 mars 2021, 18:05
par Perrinek
Bonjour Lna,

Je suis désolée que tu aies eu à vivre l’épreuve de l’IMG.

Je pense qu’il ne faut vraiment pas t’en vouloir que le week-end avec tes beaux enfants ne se soit pas parfaitement bien passé : c’est très dur ce que t’a demandé ton mari, surtout si peu de temps après ton accouchement. Moi aussi j’ai cassé des assiettes après mon IMG et pour bien moins que cela, même si le fond du problème était un peu similaire car pour résumer grossièrement mon mari me reprochait de ne pas reprendre une vie sociale normale assez vite.
C’est vrai que les hommes ne vivent pas ce drame de la même manière que nous mais je trouve quand même que ton mari a été très dur d’exiger autant de toi.

Le suivi psy m’a beaucoup aidée pour ma part, mais j’avais déjà été suivie par la même personne auparavant et il m’avait beaucoup aidée. Il faudrait peut-être que tu persévères pour trouver un/une psy qui te convient et qui puisse te suivre à long terme.

Comme l’a dit Laure il y a des éléments positifs dans ce que tu décris : tu as repris ton travail très rapidement et visiblement tu le fais toujours avec un certain plaisir et tu as envie de retenter une grossesse. Tout cela c’est l’appel de la vie. Pour ma part j’ai repris le travail une semaine après mon IMG, je n’ai pas souhaité avoir un congé maladie plus long. Je sentais qu’il me fallait cela pour m’entraîner. Les premiers temps j’avais l’impression de vivre « à côté » de ma vie et puis au bout d’un peu plus d’un mois je suis rentrée dans ma vie et je me suis autorisée de nouveau à profiter.

C’est long pour se remettre d’une telle épreuve, mais tu devrais y arriver. Un jour après l’autre tu devrais voir du mieux. Patience, le monde retrouvera sa saveur.

Perrine K.

Re: Qui suis je ?

Posté : 20 mars 2021, 18:52
par Lna
Merci de tous vos messages. Comme il est agréable de se sentir moins seule.
Mon mari ne vit pas du tout les choses de la même manière. Je sais que chacun est différent mais parfois ça ajoute un poids à la tristesse.

Je sais que les grosses colères c’est pas joli à voir mais parfois on ne peut juste pas la contrôler. Avant de faire littéralement voler les assiettes, je sentais en moi cette furie monter. Je ne supportais plus le bruit des fourchettes sur les assiettes. Plus tard mon mari a reconnu qu’il avait voulu aller trop vite. Il pensait qu’en passant vite à autre chose ça irait. Et puis il aime tellement ses fils que perdre un jour sans eux c’est dur pour lui. Je pense avoir compris que ce week-end là ils les voulaient avec lui aussi pour consoler sa peine. Il gardait ses distances avec le bébé mais commençait à y croire.

@Poupili c’est exactement ça, nous sommes des mamans dont les enfants sont partis trop tôt. J’ai parfois peur d’oublier Soan, ce qui est complètement stupide vu que j’y pense du soir au matin.

@Micheline , vous en avez parlé aux ados de ton mari ? Comment ont ils réagis? Je vais paraître horrible mais parfois quand je vois la mère de mes beaux enfants j’ai une montée de jalousie , je me dis que elle a eu la chance d’avoir ses deux enfants en parfaite santé.

Partager nos histoires et lire vos mots sont un vrai réconfort. Merci à vous toutes.
Je sais qu’il est normal d’être traversée par des sentiments contradictoires et irrationnels. Savoir que je ne suis pas là seule à les avoir me rassure.
@perrinek, une petite part de moi pense à retenter mais une grosse part se dit que je ne survivrai pas si ça devait recommencer. On les aime trop fort dès la première minute. Hier je pleurais en regardant le test de grossesse que j’ai gardé 🤦🏻‍♀️ . Je voudrais le mettre dans la boîte de Soan quand j’aurais la force de tout ranger - tout ce qui le concerne et les petites choses que j’avais acheté pour le bébé sont restés à la même place.

A oui une dernière chose, j’ai lu à plusieurs reprise que l’amiosynthese avait été programmée 2 semaines après découverte d’une suspicion. Moi en 2 jours j’étais programmée. C’est toujours si long en France ? Quelle attente interminable...

Merci encore à vous toutes et de belles pensées pour vos bébés et nos cœurs tristes

Re: Qui suis je ?

Posté : 21 mars 2021, 09:38
par michele81
Bonjour Lna

Je rejoins Perrine, rien n’est tout rose et encore moins après une telle épreuve. Le jugement n’a aucune place dans ce qu’on traverse.
Oui on peut avoir des réactions excessives aux yeux des autres, chacune à sa manière. Rien de ce que j’ai lu me surprend en tous cas. Tout est relatif, la violence vécue de l’intérieur est tellement importante qu’elle s’évacue d’une manière ou d’une autre. Il y a pas de bonne façon de l’évacuer mais il vaut mieux qu’elle sorte.
Moi j’ai encore des jours où je me mets en boule dans notre chambre et je n’en sors pas. Je ne veux voir personne. Je pourrais mordre sinon...
L’expression d’être à côté de sa vie est très juste. Je crois que c’est Perrine l’écrivait. Je regarde les autres vivre, ma famille je veux dire que je n’ai revu personne d’autre, mais je ne suis pas pleinement là. Pleinement en vie.

Pour répondre à ta question sur les ados. Je ne sais pas de quelle annonce tu parlais, si c’est la grossesse ou l IMG.
Pour la grossesse j appréhendais beaucoup, surtout pour ma belle fille avec qui les relations n’ont jamais été simples. En tout début de grossesse, on a voulu discuter avec elle avec son père et là elle avait mis tous ses malheurs sur mon dos, sans retenu. C’était dur. Ça reste un enfant même à 17 ans donc je me contiens mais moins qu’avant, la majorité n’étant plus très loin, j’ai pu aussi m’exprimer « un peu ». La réalité c’est que je resterai son mauvais objet tant qu’elle n’aura pas fait le deuil de sa maman décédée quand elle avait 11 an.
Voilà, notre famille recomposée n’est pas comme les autres. On a des moments super chouettes et d’autres plus tendus.. mais avec le temps, je n’en suis pas peu fière. Les familles meme ordinaires dirons-nous, ne sont pas parfaites non plus. La famille par définition n’est pas faite pour être parfaite, mais il y a tellement de bonheur. C’est ça qui est précieux.
Pour revenir à l’annonce de grossesse, à ma grande surprise les deux grands y compris ma belle fille ont sauté de joie bien que très surpris. Bien sûr il y a eu une seconde réaction, le lendemain avec quelques constats du type « euh ça va être brutant! », mais rien de contrariant. Leur première réaction spontanée était magique. Mon fils de 10 ans n’avait pas compris l’expression. « la famille s’agrandît », donc on a dit traduire et c’était d’autant plus drôle.
Mais entre ce moment magique et le rest de trisomie il a du se passer 2 semaines alors c’est tellement court pour ce bonheur immense.
Pour la fin de grossesse mon mari voulait le dire aux grands sans tarder alors on a fait des annonces séparées, chacun à ses enfants. Aujourd’hui les enfants vivent comme si ça n’avait jamais existé. Pas un mot sur le sujet. En même temps que dire..
La chambre qui devait être celle de notre petit à été investi en bureau par mon mari. Seul mon fils m’a interrogé sur la fatigue et je lui ai expliqué que c’était long. Il ne comprenait pas « maman ça fait longtemps que tu es sorti de l’hôpital ».. ça faisait 5 jours... à son échelle une maman pas en forme c’est long.
Mon grand garçon verbalise pas mal, c’est facile de parler, et c’est bien ça vient m’obliger à répondre simplement, et à sourire surtout.

Je me sens comme la gardienne de la mémoire de mon petit. Ça ce n’est pas évident.
En même temps je ne veux pas oublier notre bébé , je ne pourrai pas. Mais je sais aussi que je ne peux pas continuer à vivre une vie parallèle à celle des autres indéfiniment. Il me faudra bien continuer à faire un pas après l’autre pour rejoindre le monde des vivants. Je suis sur ce chemin de deuil.

On avait bien discuté avec mon mari une semaine après l IMG. C’était nécessaire car j’aurai pu cultiver de la colère contre lui. Lui qui a repris le travail dès le lendemain de ma sortie de l’hôpital, lundi, comme habituellement. Je respecte ses sentiments et je sais qu’il est triste aussi. Différemment et c’est normal. Le tout est de respecter le vécu de l’autre, ce que nous arrivons à faire naturellement. Il ne me reproche pas les variations dans mon humeur et mon taux de présence, et c’est très aidant de ne pas avoir de pression supplémentaire.
Discuter après tout ça et ne pas laisser s’installer un malentendu c’est important. S’exprimer pour que l’autre comprenne un peu mieux et se ravise si besoin.
Ne prends pas tout sur toi.

Bon désolée Lna c’était long tout ça.
En tous cas n’idéalise pas la belle mère, vu de l’extérieur ça peut paraître plus fluide mais rien n’est fluide en permanence.
N hésite pas, on peut on discuter je connais le sujet !!!😩

Tu es très courageuse et ce drame va malheureusement te rendre encore plus forte avec le temps. Une magnifique étoile veille sur toi.

Bon dimanche et plein de courage