Forum de l'association Petite Émilie

4 semaines sans Elle.

Je me sentais plus forte ces derniers jours, nous sommes chez un couple d’amis et j’arrive à me contenir, à sourire, à jouer aux jeux de sociétés et à me détendre par moments. Et d’autres moments je suis inconsolable.

Mon mari a quelques jours de repos qu’il a pris pour qu’on soit ensemble, et pour qu’il se repose lui aussi après tout ce qu’on a vécu. Et je ne sais pas mais depuis quelques jours je sens que je lui fais des reproches de ne pas assez être proche de moi, d’avoir besoin qu’il m’aide...toujours plus. On se balade il me montre la belle nature sous la neige, et je boude je suis triste. Forcément tout me rappelle ma petite fille. Lui qui me porte et m’épaule tant.
Mais je m’isole et je m’isole même de mon mari, pour qui ces jours de repos ne le sont pas à cause de moi. Je suis frustrée d’avoir besoin de lui à chaque minute et qui lui ait besoin de souffler, sans forcément avoir besoin de mes câlins et de moi pour tenir. Il a besoin de ses moments à lui et je n’arrive pas à les lui donner par moments. Je m’en veux tellement car je sens qu’on finit tous les deux un peu frustrés et j’ai qu’une peur c’est que cette force qu’on a, cette complicité et le fait qu’on soit si soudés... finisse par s’altérer. Je l’aime tant et il est mon pilier.

Il y a 4 semaines tout pile je te serrais dans mes bras ma puce. Comment est ce possible ? Je regarde les échographies, les photos de mon ventre au fil des mois, les photos de toi ce soir là, de tes empreintes, je dors à côté de ton body parfumé. Tu me manques. C’est épuisant ce manque physique et psychique, cette tristesse. Le fait de savoir que je ne pourrais plus te serrer dans mes bras, sentir le contact de ta peau si douce, de te dévorer des yeux encore et toujours. Pourquoi as tu dû nous échapper ?

Pas une minute ne passe sans que je pense à toi mon bébé, je t’aime plus que tout et à tout jamais. La vie ne sera plus pareille sans toi avec nous tu sais. C’est encore trop dur de savoir comment on va faire sans toi.

Je t’aime
Je vous aime tant toi et ton papa. Je rêve de moments où nous sommes tous les trois. Ça brûle de savoir qu’on ne les aura plus ces moments ensemble

Bonjour Sarah Victoria,

4 semaines c'est très peu... C'est normal tout ce que tu ressens. Comme je te l'ai dis dans un autre poste. Laisse toi du temps... Sois indulgente envers toi même, tu fais ce que tu peux, comme tu peux. Il n'y a pas de recette face à l'horreur. Chacun la traverse comme il peut.

Essaie doucement d'accepter que ton mari fait lui aussi comme il peut. Donnez vous du temps.
Écoute toi, essaye de faire ce que tu as envie, ce qu'il te fait du bien. Puise ta force dans votre amour. Préservez le !

Face aux annonces de grossesse ou femmes enceintes j'ai envie d'être méchante avec elles... Je me suis fait du mal parce que ça ne me correspond pas.
Pas contre, lorsque j'arrive à me dire qu'elle représente l'espoir. Et bien là, ça me fait du bien. Et puis on ignore leur parcours, c'est peut-être un bébé arc en ciel... Ni ce que la vie leur réserve...sans leur souhaiter aucun mal, juste pour déplacer ce sentiment d'injustice !

Alors concentrons nous, sur nous, nos essentiels, et tentons de faire confiance à la vie ! Elle a sans doute épargné nos bébés de souffrance, elle n'est peut-être pas si injuste... Tout est une question de point de vue...
Mais cela prends du temps...
Tu verras les choses autrement plus tard, sans doute à la fin de ta vie, mais d'ici là prends soin de toi !!!

Parfois, sans aucunes croyances, je me dis que mon fils serai fière de moi, qu'en son honneur je me bats pour me reconstruire ! Je ne veux pas céder à la défiance de la vie. Je veux vivre encore plus intensément. Même si évidemment ce n'est pas toujours simple. Parfois, je m'effondre encore !

Tu n'es pas seule, nous sommes beaucoup à vivre cette horreur. Trouve une douce place à ta fille. Vous le méritez tous les trois. Apprendre à vivre avec la douleur, le manque, et l'absence est l'histoire d' une vie.

Pour cela, tu peux te tourner vers l'écriture puisque tu es sensible aux poèmes. Je l'ai beaucoup fait. Ça me fait du bien. Et cela m'a aidé lorsque j'ai eu l'impression que tout le monde avait oublié. J'ai écrit un faire part, pour dire à nos proches la place de notre fils. Qu'ils n'avaient pas à avoir peur de nous faire mal en parlant de lui. La douleur on l'apprivoise chaque jour... Cela a aussi aidé certains proches. Pas tous évidemment mais au moins j'ai parlé de lui et cela fait beaucoup de bien.

Je te souhaite bon courage. La tempête de cette date si difficile va passer. Cette date sera difficile quelques mois. Et puis doucement la vie reprendra... Courage et prends soin de toi !

Salut Laure,

Merci pour tes quelques messages dans plusieurs conversations. Ils m’ont fait beaucoup de bien et me parlent.
Ça m’aide de voir qu’on peut se sentir mieux après quelques mois et la maturité de tes propos, me rappelle que oui le temps est nécessaire pour avancer, prendre du recul, accepter ce qui nous est arrivé et en grandir.

Oui les grossesses qui nous entourent nous font mal, mais car nous renvoie à ce qui nous est arrivé. Je suis d’accord qu’on peut choisir de les voir comme un espoir pour nous. C’est dur encore aujourd’hui car les sentiments qui nous envahissent nous rendent plus sombres et désemparés et on voit que ce qu’on n’a plus. Mais, il faut saisir les espoirs, les joies de la vie des autres et aussi de la notre pour essayer de s’en sortir

J’ai des moments où je me dis que ça y est je sais je me dois de profiter pour ma petite fille, transformer notre épreuve en force, ne pas se s’avouer vaincue et je me sens un peu plus puissante. L seconde d’après, je me souviens que cette petite fille est pourtant partie a jamais... donc j’avance en dents de scie et je sais que c’est normal. Un mois sans ma petite puce après 7 mois de vie commune et plusieurs mois à l’attendre impatiemment c’est normal que la douleur soit si vive. Faut la prendre comme elle vient tout en saisissant les moments où la douleur est moins forte et nous permet d’exister un peu plus sereinement. C’est un bel hommage que de se dire qu’on se reconstruit pour nos petits

La vie leur a peut être épargnée beaucoup de souffrance, c’est sûrement vrai.
Il y’a des moments où le manque est si fort que j’oublie presque que quelque chose n’allait pas. Elle était si belle à la naissance, du haut de ses 41 cm, elle bougeait tant dans mon ventre tous ces mois, malgré les nombreuses aiguilles etc je ne suis toujours dit qu’elle était une battante et qu’on gagnerait. C’est quand tout s’est vraiment effondré à noël que j’ai compris qu’on pouvait encore se battre, mais à quel prix ?
...Mais c’est dur à accepter. En tout cas, je te rejoins : C’est une belle façon de voir les choses et qui permettra sûrement de sourire à la vie plus facilement plus tard.

Oui je vais peut être écrire un peu. J’ai deux amies qui m’ont écrit deux jolis poèmes sur ma petite fille, j’étais très touchée. Je reprendrais les lettres que je lui avais écrite et je continuerais de raconter son histoire et sa naissance pour ne jamais oublier un instant de notre rencontre

Merci en tout cas pour tes sages paroles, elles me font beaucoup de bien !!


Sarah