Mort foetale à 4 mois de grossesse
Posté : 07 décembre 2020, 12:50
Bonjour,
Je suis nouvelle sur ce forum. Vos histoires m'accompagnent depuis maintenant une semaine et me font beaucoup de bien.
J'ai longtemps hésité à poster un message car je ne suis pas certaine de me sentir légitime dans ma peine. Nombre d'entre vous supportent tellement de douleur.
Le besoin d'extérioriser me pousse à franchir le cap. Et la bienveillance qui émane de vos échanges me rassure.
Maman d'un petit garçon de 2 ans et demi qui fait notre plus grand bonheur, nous décidons au printemps qu'il est temps d'agrandir notre famille. 4 mois après le retrait de mon stérilet, nous apprenons l'existence d'une nouvelle grossesse. Tout est parfait. Nous sommes en vacances et nous confirmons cette nouvelle le lendemain au somment d'une randonnée dans la montagne, dans un décor exceptionnel. Le futur est excitant. Nous nous projetons rapidement. Dans les dates, tout colle. Notre ainé aura bien eu le temps de rentrer à l'école avant la naissance du deuxième. Il naitra au printemps et je n'aurai pas à m'occuper des deux en même temps. Nous pourrons organiser nos premières vacances d'été juste avant ma reprise au boulot.
Le comportement de mon fils change assez instantanément et lui qui a toujours été collé à son papa ne me lâche plus d'une semelle. Nous lui annonçons donc la grossesse assez rapidement. Il est ravi et fait régulièrement des câlins au bébé.
Les débuts se passent bien. Je suis beaucoup plus épanouie et tellement moins stressée que pour ma première grossesse. La fatigue et les nausées sont supportables.
J'attrape malheureusement le covid vers ma 8SG. J'ai peur de perdre le bébé, c'est le seul risque dont me parle internet. Une fois guérie, ma gynécologue contrôle. Le bébé est toujours là, le coeur bat bien. Soulagement. Tout ça est derrière nous.
Je passe la 12SG. On connait toutes les statistiques et, bêtement, dans ma tête, en arriver là, c'était avoir gagné. On peut être d'une telle naïveté, parfois.
Peu de temps après, l'échographe nous dit trouver le coeur du bébé trop gros. Sans aucune autre info. Il ne peut pas s'engager. C'est le symptôme de tellement de choses. Il nous reprend un rdv dans deux semaines pour voir comment ça a évolué. C'est le coup de massue. On ne s'y attendait tellement pas. On engage deux semaines de stress intense. Pour mon compagnon, tout est fini. Pour moi, il y a tellement de pathologies peu grave qui se traitent qu'on ne peut pas, déjà, condamner ce bébé.
La date fatidique arrive. Il ne faut pas une seconde pour qu'on sache. Le bébé est décédé.
Je ne suis enceinte que de 4 mois. Au début, je relativise. Ce sont des choses qui arrivent, on recommencera vite, on s'en remettra vite.
Puis vient la question de l'expulsion. Je prends alors conscience qu'à ce stade, c'est un accouchement qui nous attend.
Et là, c'est la dégringolade.
Le jour de sa naissance est triste mais douce et tout se passe bien. On est ensemble, soudés et super bien entourés. On pleure beaucoup mais c'est libérateur. Je pousse longtemps pour expulser le placenta mais j'ai le sentiment d'une action thérapeutique, je prends ma place dans cette naissance, j'accompagne mon corps vers l'après.
Nous rencontrons notre bébé. Je m'attendais à voir un foetus, j'y vois mon fils. Je suis scotchée de voir à quel point ses traits sont déjà précis. C'est un bébé format miniature. Je conscientise que je l'aimais et que c'est lui que je voulais.
A l'annonce de l'arrêt de ma grossesse, je suis entrée en processus de deuil d'un projet, d'un timing. L'intensité de cette semaine m'a placée ailleurs. Je fais le deuil de cet enfant en particulier. De ce qu'il aurait été. De son physique et de son caractère à lui. Du fait que, plus que probablement, sans cette saloperie de virus, il serait encore à vivre en moi. Du fait qu'il n'avait rien, aucune anomalie chromosomique, aucun signe de quoi que ce soit qui laisse penser qu'il n'aurait pu être avec nous. Je fais le deuil d'un enfant parfaitement viable qui est parti car j'ai fait de la fièvre la mauvaise semaine, celle pendant laquelle se forme des organes essentiels.
Et je ne sais pas bien quoi faire de tout ça...
Je suis nouvelle sur ce forum. Vos histoires m'accompagnent depuis maintenant une semaine et me font beaucoup de bien.
J'ai longtemps hésité à poster un message car je ne suis pas certaine de me sentir légitime dans ma peine. Nombre d'entre vous supportent tellement de douleur.
Le besoin d'extérioriser me pousse à franchir le cap. Et la bienveillance qui émane de vos échanges me rassure.
Maman d'un petit garçon de 2 ans et demi qui fait notre plus grand bonheur, nous décidons au printemps qu'il est temps d'agrandir notre famille. 4 mois après le retrait de mon stérilet, nous apprenons l'existence d'une nouvelle grossesse. Tout est parfait. Nous sommes en vacances et nous confirmons cette nouvelle le lendemain au somment d'une randonnée dans la montagne, dans un décor exceptionnel. Le futur est excitant. Nous nous projetons rapidement. Dans les dates, tout colle. Notre ainé aura bien eu le temps de rentrer à l'école avant la naissance du deuxième. Il naitra au printemps et je n'aurai pas à m'occuper des deux en même temps. Nous pourrons organiser nos premières vacances d'été juste avant ma reprise au boulot.
Le comportement de mon fils change assez instantanément et lui qui a toujours été collé à son papa ne me lâche plus d'une semelle. Nous lui annonçons donc la grossesse assez rapidement. Il est ravi et fait régulièrement des câlins au bébé.
Les débuts se passent bien. Je suis beaucoup plus épanouie et tellement moins stressée que pour ma première grossesse. La fatigue et les nausées sont supportables.
J'attrape malheureusement le covid vers ma 8SG. J'ai peur de perdre le bébé, c'est le seul risque dont me parle internet. Une fois guérie, ma gynécologue contrôle. Le bébé est toujours là, le coeur bat bien. Soulagement. Tout ça est derrière nous.
Je passe la 12SG. On connait toutes les statistiques et, bêtement, dans ma tête, en arriver là, c'était avoir gagné. On peut être d'une telle naïveté, parfois.
Peu de temps après, l'échographe nous dit trouver le coeur du bébé trop gros. Sans aucune autre info. Il ne peut pas s'engager. C'est le symptôme de tellement de choses. Il nous reprend un rdv dans deux semaines pour voir comment ça a évolué. C'est le coup de massue. On ne s'y attendait tellement pas. On engage deux semaines de stress intense. Pour mon compagnon, tout est fini. Pour moi, il y a tellement de pathologies peu grave qui se traitent qu'on ne peut pas, déjà, condamner ce bébé.
La date fatidique arrive. Il ne faut pas une seconde pour qu'on sache. Le bébé est décédé.
Je ne suis enceinte que de 4 mois. Au début, je relativise. Ce sont des choses qui arrivent, on recommencera vite, on s'en remettra vite.
Puis vient la question de l'expulsion. Je prends alors conscience qu'à ce stade, c'est un accouchement qui nous attend.
Et là, c'est la dégringolade.
Le jour de sa naissance est triste mais douce et tout se passe bien. On est ensemble, soudés et super bien entourés. On pleure beaucoup mais c'est libérateur. Je pousse longtemps pour expulser le placenta mais j'ai le sentiment d'une action thérapeutique, je prends ma place dans cette naissance, j'accompagne mon corps vers l'après.
Nous rencontrons notre bébé. Je m'attendais à voir un foetus, j'y vois mon fils. Je suis scotchée de voir à quel point ses traits sont déjà précis. C'est un bébé format miniature. Je conscientise que je l'aimais et que c'est lui que je voulais.
A l'annonce de l'arrêt de ma grossesse, je suis entrée en processus de deuil d'un projet, d'un timing. L'intensité de cette semaine m'a placée ailleurs. Je fais le deuil de cet enfant en particulier. De ce qu'il aurait été. De son physique et de son caractère à lui. Du fait que, plus que probablement, sans cette saloperie de virus, il serait encore à vivre en moi. Du fait qu'il n'avait rien, aucune anomalie chromosomique, aucun signe de quoi que ce soit qui laisse penser qu'il n'aurait pu être avec nous. Je fais le deuil d'un enfant parfaitement viable qui est parti car j'ai fait de la fièvre la mauvaise semaine, celle pendant laquelle se forme des organes essentiels.
Et je ne sais pas bien quoi faire de tout ça...