Ce que la vie nous impose àvivre
Posté : 15 novembre 2020, 22:18
La pire des tortures, physique et mentale :
l’attente insoutenable d’une future maman à qui l’on annonce comme dans l’écume des jours de Boris Vian, qu’un nénuphar pousse à la place des poumons du bébé et qu’il faut chercher toutes les causes possibles pour évaluer les conséquences. Le temps s’étire et l’univers se rétrécit. Et les causes anodines s’éliminent peu à peu au gré de l’arrivée des bilans médicaux. Et chaque minute porte son lot d’espoir et de souffrance. Et le temps se fige pour l’éternité lorsque le verdict tombe.
Depuis ce jour, je ne peux plus entendre cette formule toute faite « tout ce qui ne tue pas rend plus fort » car c’est faux. Un jour, la dose peut devenir létale. Ce qui ne tue pas rend seulement plus triste. Et quand finalement le verdict tombe et qu’il faut expliquer aux enfants, qui se faisaient une joie que la famille s’agrandisse, que je ne suis pas une maman poisson et qu’en dehors de l’eau le bébé ne peut pas vivre.
- alors il sera nageur-sauveteur?
Non c’est comme un puzzle et il lui manque une pièce indispensable
- alors on va lui acheter ?
Le bébé ira au paradis des bébés où il y aura d’autres enfants
- Et il est où le paradis des bébés ?
- Et pourquoi ce n’est pas avec nous qu’il a choisi de jouer ?
Enfin, ce soir, la date du terme sera derrière moi, le dernier obstacle connu d’avance qui m’empêche d’avancer. Au moins les suivants auront le goût de l’imprévu.
Demain dès l'aube
Demain, dès l'aube, à l'heure où blanchit la campagne,
Je partirai. Vois-tu, je sais que tu m'attends.
J'irai par la forêt, j'irai par la montagne.
Je ne puis demeurer loin de toi plus longtemps.
Je marcherai les yeux fixés sur mes pensées,
Sans rien voir au dehors, sans entendre aucun bruit,
Seul, inconnu, le dos courbé, les mains croisées,
Triste, et le jour pour moi sera comme la nuit.
Je ne regarderai ni l'or du soir qui tombe,
Ni les voiles au loin descendant vers Harfleur,
Et quand j'arriverai, je mettrai sur ta tombe
Un bouquet de houx vert et de bruyère en fleur.
Victor Hugo
l’attente insoutenable d’une future maman à qui l’on annonce comme dans l’écume des jours de Boris Vian, qu’un nénuphar pousse à la place des poumons du bébé et qu’il faut chercher toutes les causes possibles pour évaluer les conséquences. Le temps s’étire et l’univers se rétrécit. Et les causes anodines s’éliminent peu à peu au gré de l’arrivée des bilans médicaux. Et chaque minute porte son lot d’espoir et de souffrance. Et le temps se fige pour l’éternité lorsque le verdict tombe.
Depuis ce jour, je ne peux plus entendre cette formule toute faite « tout ce qui ne tue pas rend plus fort » car c’est faux. Un jour, la dose peut devenir létale. Ce qui ne tue pas rend seulement plus triste. Et quand finalement le verdict tombe et qu’il faut expliquer aux enfants, qui se faisaient une joie que la famille s’agrandisse, que je ne suis pas une maman poisson et qu’en dehors de l’eau le bébé ne peut pas vivre.
- alors il sera nageur-sauveteur?
Non c’est comme un puzzle et il lui manque une pièce indispensable
- alors on va lui acheter ?
Le bébé ira au paradis des bébés où il y aura d’autres enfants
- Et il est où le paradis des bébés ?
- Et pourquoi ce n’est pas avec nous qu’il a choisi de jouer ?
Enfin, ce soir, la date du terme sera derrière moi, le dernier obstacle connu d’avance qui m’empêche d’avancer. Au moins les suivants auront le goût de l’imprévu.
Demain dès l'aube
Demain, dès l'aube, à l'heure où blanchit la campagne,
Je partirai. Vois-tu, je sais que tu m'attends.
J'irai par la forêt, j'irai par la montagne.
Je ne puis demeurer loin de toi plus longtemps.
Je marcherai les yeux fixés sur mes pensées,
Sans rien voir au dehors, sans entendre aucun bruit,
Seul, inconnu, le dos courbé, les mains croisées,
Triste, et le jour pour moi sera comme la nuit.
Je ne regarderai ni l'or du soir qui tombe,
Ni les voiles au loin descendant vers Harfleur,
Et quand j'arriverai, je mettrai sur ta tombe
Un bouquet de houx vert et de bruyère en fleur.
Victor Hugo