Nouveau Papa
Posté : 17 octobre 2020, 01:35
Bonjour,
Je m'appelle Renaud, j'ai 35ans... je ne sais pas par où commencer. Aujourd'hui j'ai failli finir aux urgences car je garde tout pour moi alors je crois que je vais laisser ma fierté de coté l'espace d'un instant et faire ce que ma compagne souhaite me voir faire... m'exprimer, en parler et si possible ressentir quelque chose.
Nous sommes rentré de l'hôpital il y a maintenant 14 jours
Avant toute chose, ma petite fille s'appelle Sam. Elle est née le 2 octobre à 32 semaines. 2Kg et 44cm. Elle était absolument magnifique. J'ai vu tout de suite qu'elle me ressemblait énormément, elle avait mon visage. Je me suis vu, en petit bébé fille... sans vie. J'ai eu beau essayé de me préparer au maximum durant les 2 mois entre la découverte du problème (malformation cérébrale, absence de septum, etc...) et la date de l'entrée à l’hôpital... force est de constater que rien ne prépare à ça. Ce jour là une partie de moi est définitivement morte. Il me plait de croire qu'une part de moi est partie avec elle.
Durant ces 2 mois je me suis consacré entièrement à ma compagne que j'aime plus que tout au monde. J'ai aussi énormément pleurer, surtout en cachette. J'aurai voulu lancer ma tête contre un mur, avoir mal physiquement et faire sortir toute cette douleur peu importe la manière.
Nous avons passé 4 jours à l’hôpital. Les personnes croisées ont été formidables. D'une douceur qui réconcilie avec la vie. Sur place, nous n'avons pas dormi... et comme vous qui êtes sur ce forum nous avons vécu ce pourquoi nous sommes inscrit ici. J'ai été un véritable roc pour ma compagne, elle a à chaque instant pu trouver ma présence, mon réconfort, mes paroles pleines d'espoir pour l'avenir, je l'ai portée, soutenue, j'ai été l'homme qu'il fallait...
Mais au fond de moi j'ai été choqué, traumatisé, horrifié. Mon cerveau a sans doute du se mettre dans un mode proche de la survie mentale. Je me souviens de cette dernière poussée, au terme de 20h de travail, lorsque Sam était presque "sortie", je me suis dis qu'une étape de plus était franchie et que dans 1 seconde on allait nous la poser sur ma compagne. Prendre ma respiration, accueillir ma fille, morte, toujours avec un sourire réconfortant, une attitude de douceur et de force, un réconfort sans faille envers ma compagne... je ne sais pas d'où tout cela m'est venu...
Ma compagne m'a tant remercié pour toute cette bienveillance, moi aussi je suis fier de moi, d'avoir été à la hauteur... mais aujourd'hui je le paie. C'est pour cela que je suis là.
La semaine qui a suivi notre retour à la maison, les démarches administratives et la crémation ont "occupés" nos esprits. Je ne me sentais pas mal. Je me sentais peut-être comme dans du coton, un peu dans le cirage mais rien de désagréable. J'ai regardé plusieurs fois les photos de Sam. Une association est venue (Au delà des nuages) et a fait des photos incroyables. On dirait qu'elle dort, qu'elle est bien vivante... et plusieurs fois, tard le soir et en cachette j'ai pleuré... juste de simples larmes, pas d'explosion.
Après ces 2 semaines à la maison, je me rend compte, avec inquiétude maintenant, que je ne ressens rien, ou pas grand chose. Au début je voyait ça comme un confort qui me permettait d'avancer. Mais aujourd'hui après une journée anodine de travail dans le jardin, après un petit café sur notre terrasse avec ma compagne... alors que "tout allait bien" je me suis posé dans le fauteuil, j'ai senti que quelque chose n'allait pas, que j'avais du mal à respirer et je me suis mis à convulser assez violemment. Des décharges de stress, tous les nerfs du corps qui craquent. J'étais dans une panique et une angoisse intense. Physiquement mon corps ma demandé de m'occuper de ma tête.
Après une visite en urgence chez le médecin et une petite prescription, j'ai décidé de consulter. D'aller voir quelqu'un. Qu'il me donne des pistes, qu'il me fasse parler, peu importe pourvu qu'il m'aide à me reconnecter à mes émotions, de ressentir à nouveau quelque chose et par dessus tout pour arriver à penser à ma fille sans remiser ces pensées à plus tard dans un coin de ma tête.
Y a t'il parmi vous, des Mamans ou des Papas qui ont vécu ce genre de choses ? Cette absence d'émotion ? Cette manifestation d'un corps qui craque ?
Dans les dernières secondes où j'avais Sam dans les bras, je lui ai promis de toujours prendre soin de sa Maman et de toujours prendre soin de moi POUR sa Maman. A l'instant précis où j'écris cette phrase des larmes coulent sur mes joues et j'en suis presque content.
C'est pour honorer cette promesse que je vous ai confié ce qui précède.
Merci de m'avoir lu
Courage à toutes les personnes qui sont ici.
Vous / Nous ne sommes pas seul
Renaud
Je m'appelle Renaud, j'ai 35ans... je ne sais pas par où commencer. Aujourd'hui j'ai failli finir aux urgences car je garde tout pour moi alors je crois que je vais laisser ma fierté de coté l'espace d'un instant et faire ce que ma compagne souhaite me voir faire... m'exprimer, en parler et si possible ressentir quelque chose.
Nous sommes rentré de l'hôpital il y a maintenant 14 jours
Avant toute chose, ma petite fille s'appelle Sam. Elle est née le 2 octobre à 32 semaines. 2Kg et 44cm. Elle était absolument magnifique. J'ai vu tout de suite qu'elle me ressemblait énormément, elle avait mon visage. Je me suis vu, en petit bébé fille... sans vie. J'ai eu beau essayé de me préparer au maximum durant les 2 mois entre la découverte du problème (malformation cérébrale, absence de septum, etc...) et la date de l'entrée à l’hôpital... force est de constater que rien ne prépare à ça. Ce jour là une partie de moi est définitivement morte. Il me plait de croire qu'une part de moi est partie avec elle.
Durant ces 2 mois je me suis consacré entièrement à ma compagne que j'aime plus que tout au monde. J'ai aussi énormément pleurer, surtout en cachette. J'aurai voulu lancer ma tête contre un mur, avoir mal physiquement et faire sortir toute cette douleur peu importe la manière.
Nous avons passé 4 jours à l’hôpital. Les personnes croisées ont été formidables. D'une douceur qui réconcilie avec la vie. Sur place, nous n'avons pas dormi... et comme vous qui êtes sur ce forum nous avons vécu ce pourquoi nous sommes inscrit ici. J'ai été un véritable roc pour ma compagne, elle a à chaque instant pu trouver ma présence, mon réconfort, mes paroles pleines d'espoir pour l'avenir, je l'ai portée, soutenue, j'ai été l'homme qu'il fallait...
Mais au fond de moi j'ai été choqué, traumatisé, horrifié. Mon cerveau a sans doute du se mettre dans un mode proche de la survie mentale. Je me souviens de cette dernière poussée, au terme de 20h de travail, lorsque Sam était presque "sortie", je me suis dis qu'une étape de plus était franchie et que dans 1 seconde on allait nous la poser sur ma compagne. Prendre ma respiration, accueillir ma fille, morte, toujours avec un sourire réconfortant, une attitude de douceur et de force, un réconfort sans faille envers ma compagne... je ne sais pas d'où tout cela m'est venu...
Ma compagne m'a tant remercié pour toute cette bienveillance, moi aussi je suis fier de moi, d'avoir été à la hauteur... mais aujourd'hui je le paie. C'est pour cela que je suis là.
La semaine qui a suivi notre retour à la maison, les démarches administratives et la crémation ont "occupés" nos esprits. Je ne me sentais pas mal. Je me sentais peut-être comme dans du coton, un peu dans le cirage mais rien de désagréable. J'ai regardé plusieurs fois les photos de Sam. Une association est venue (Au delà des nuages) et a fait des photos incroyables. On dirait qu'elle dort, qu'elle est bien vivante... et plusieurs fois, tard le soir et en cachette j'ai pleuré... juste de simples larmes, pas d'explosion.
Après ces 2 semaines à la maison, je me rend compte, avec inquiétude maintenant, que je ne ressens rien, ou pas grand chose. Au début je voyait ça comme un confort qui me permettait d'avancer. Mais aujourd'hui après une journée anodine de travail dans le jardin, après un petit café sur notre terrasse avec ma compagne... alors que "tout allait bien" je me suis posé dans le fauteuil, j'ai senti que quelque chose n'allait pas, que j'avais du mal à respirer et je me suis mis à convulser assez violemment. Des décharges de stress, tous les nerfs du corps qui craquent. J'étais dans une panique et une angoisse intense. Physiquement mon corps ma demandé de m'occuper de ma tête.
Après une visite en urgence chez le médecin et une petite prescription, j'ai décidé de consulter. D'aller voir quelqu'un. Qu'il me donne des pistes, qu'il me fasse parler, peu importe pourvu qu'il m'aide à me reconnecter à mes émotions, de ressentir à nouveau quelque chose et par dessus tout pour arriver à penser à ma fille sans remiser ces pensées à plus tard dans un coin de ma tête.
Y a t'il parmi vous, des Mamans ou des Papas qui ont vécu ce genre de choses ? Cette absence d'émotion ? Cette manifestation d'un corps qui craque ?
Dans les dernières secondes où j'avais Sam dans les bras, je lui ai promis de toujours prendre soin de sa Maman et de toujours prendre soin de moi POUR sa Maman. A l'instant précis où j'écris cette phrase des larmes coulent sur mes joues et j'en suis presque content.
C'est pour honorer cette promesse que je vous ai confié ce qui précède.
Merci de m'avoir lu
Courage à toutes les personnes qui sont ici.
Vous / Nous ne sommes pas seul
Renaud