Début du deuil et terreur pour la suite
Posté : 18 septembre 2020, 11:40
Bonjour à tous,
Il y a 16 jours j’ai mis au monde mon troisième enfant, mon petit Solal, suite à une IMG à 30 SA pour trisomie 21 libre et homogène.
J’ai déjà deux enfants de 6 et 8 ans d’une précédente union et mon conjoint a une fille de 7 ans.
Nous n’avions pas pour projet d’avoir un enfant ensemble à la base, en grande partie parce que mon petit deuxième a un autisme sévère et que notre quotidien n’est pas tout simple les semaines où les enfants sont avec nous.
Cependant en avril 2019, je tombe enceinte (franchement on n’a jamais compris comment puisqu’on utilise des préservatifs et qu’on n’a pas détecté de défaillance de matériel). Après un léger temps de flottement, nous décidons de garder cet enfant et nous en sommes très heureux.
J’ai fait une fausse couche à 6SA, le bonheur aura été de courte durée. Nous nous étions déjà beaucoup projetés avec ce bébé.
Pour autant nous ne retentons pas l’expérience, je suis bien trop ambivalente et nous souhaitons nous laisser du temps pour voir si nous en avons vraiment envie.
Les mois passent et le comportement de mon fils est de plus en plus difficile à gérer, le désir de maternité s’éloigne. Mon conjoint respecte mon point de vue.
En janvier 2020, complètement épuisés, nos familles acceptent de prendre en charge nos enfants et nous permettent de partir presque un mois en Thaïlande pour pouvoir souffler un peu.
Le décalage horaire met le bazar dans mon cycle, j’aurai deux ovulations en février et quelques jours avant de rentrer, une nouvelle petite graine s’installe.
Je découvre sa présence 3 semaines plus tard et j’ai une réaction très violente. Je jette de rage le test de grossesse à la poubelle (je m’en veux encore tellement pour ce geste).
J’ai trop peur de ne pas assurer avec un enfant de plus et en même temps je ne peux pas le résoudre à faire une IVG.
Je mets 10 semaines à accepter sa présence, j’ai commencé à réaliser lors de l’écho de datation à 8SA.
Première écho officielle à 12SA, tout va bien, clarté nucale à 0,9 mm, bébé tonique, parfaitement dans les normes par rapport au terme.
Je passe le tri test à 14SA+2 jours à la demande du gyneco (je comprendrai plus tard qu’il n’a pas l’agrément écho graphique pour prescrire la PDS au premier trimestre).
Résultats par courrier quelques semaines plus tard : RAS, je suis à 1/433 à 37 ans et sans prise en compte de la clarté nucale donc rien d’inquiétant. Mes hormones sont nickel aussi.
Il me propose tout de même le DPNI.
J’ai du mal à faire la PDS car mon labo ne prélève pour ça que sur certains horaires, uniquement du lundi au jeudi.
Je fais cette PDS clairement en touriste puisque le gyneco est persuadé que notre enfant se porte à merveille.
Le jour où nous devions faire l’écho T2, mon gyneco me laisse un message sur mon répondeur à 8h me disant de le rappeler au plus vite. J’ai déjà compris...
Il nous demande d’aller à son cabinet immédiatement, le DPNI est positif pour la T21, il nous a pris rdv en clinique pour programmer une amniocentèse.
Le monde s’écroule. Nous versons des hectolitres de larmes, j’arrête de manger, je ne dors plus, je me remets à fumer...
Deux jours après nous sommes face au gyneco/tiroir caisse (Monsieur dépassement d’honoraires) qui nous planifie l’amniocentese trois jours après.
Je passerai sur l’attitude de ce monsieur qui fait les amnio comme on joue aux fléchettes et se fait grassement rémunérer pour la récréation.
Il nous fera attendre pendant 22 jours sans aucune nouvelles, il avait le fish test positif après 3 jours mais n’a pas jugé bon de nous en informer.
Le jour où il nous restitue les résultats il ne nous regarde même pas. Il envoie balader mon homme qui lui demande comment c’est possible d’avoir une T21 sans aucun signe.
Il nous demande juste si on organise « quelque chose ».
Je lui réponds qu’on n’organise rien du tout.
Je suis à 26 SA, je n’ai toujours pas eu mon écho T2 et j’exige de la faire avec un référent.
Il accepte donc d’appeler un confrère du CDPN de Bordeaux qui peut nous recevoir 8 jours après pour l’écho.
C’est uniquement lors de cet examen que nous avons enfin eu à faire à un vrai être humain. Il a été d’une gentillesse absolue, très empathique, nous a tout expliqué. Notre enfant n’a aucune malformation, le seul marqueur de trisomie sont les os long courts.
Il nous explique toute la démarche de la commission qui a lieu le lendemain et nous donne son numéro de portable pour qu’on le prévienne dans la soirée si on souhaite qu’il présente notre dossier.
On l’appelle à 20h pour qu’il nous envoie le papier à renvoyer pour l’IMG et nous déconseille vivement de la faire chez nous.
Je renvoie le papier à 23h, en larmes... la pire signature de ma vie.
Nous serons donc pris en charge par l’hôpital ****** à Bordeaux, ils font un travail autour des IMG depuis très longtemps et ont l’habitude de ces naissances particulières.
Nous sommes reçus une semaine après par l’obstétricienne qui s’occupera de nous, une femme en or comme on en rencontre peu. Elle prend une heure pour tout nous expliquer, je craque complètement quand elle m’explique le foeticide (je hais ce mot). La culpabilité est immense.
Je rentre à l’hôpital le 1er septembre pour prendre le cachet pour dilater le col et je suis déclenchée le 3 septembre.
L’accouchement s’est extrêmement bien passé, nous avons eu une sage-femme formidable, un super anesthésiste et notre obstétricienne aux petits soins. Ils ont tout fait pour rendre ce moment le plus paisible possible et ça a été le cas.
Petit Solal a pris sa fusée vers les étoiles à 11h01 et il est né sans un bruit à 16h56.
Nous avons passé beaucoup de temps avec lui le jour même et le lendemain.
Nous lui avons parlé, l’avons admiré pendant des heures... il était si beau... et sa trisomie ne se voyait pas du tout.
Nous avons organisé ses obsèques et il repose près de nous depuis lundi après-midi. Nous avons planté un olivier chez nous après la cérémonie et fait voler une lanterne avec nos enfants.
Maintenant commence réellement le long chemin du deuil de cet enfant finalement très désiré par ses parents et très attendu par ses frères et sœurs. Je me pose enfin un peu et je me laisse aller à cette tristesse qui me rapproche de lui. Je n’ai pas envie de sortir, ni d’être légère, ni de « passer à autre chose » comme nous le conseillent les gens bien intentionnés qui n’y connaissent rien.
Je veux me vautrer dans cette mélancolie encore quelques temps. Le sentir présent tout le temps et partout.
Avec mon conjoint nous avons vraiment pris conscience que nous souhaitons un enfant ensemble.
Nous n’avons pas le luxe du temps devant nous à nos âges, nous ne reprendrons donc pas de contraception.
Je suis absolument terrorisée pour la suite. Moi qui ai eu des maternités très insouciantes pour mes deux premiers enfants, je me surprends à avoir peur de tout.
J’ai peur de la récidive, peur de la MFIU, peur des autres malformations...
J’en viens même à penser que ça n’est pas sur notre chemin de vie d’avoir un enfant ensemble.
Je ne sais pas si le temps permet d’être plus serein, malheureusement j’en doute.
J’ai l’impression de ne lire que des témoignages de gens qui enchaînent les catastrophes...
Je vous remercie de m’avoir lue jusqu’au bout, j’ai été très longue mais je crois que j’avais besoin de déposer notre parcours auprès de gens qui comprennent et ne jugent pas.
Belle journée à toutes et tous
Il y a 16 jours j’ai mis au monde mon troisième enfant, mon petit Solal, suite à une IMG à 30 SA pour trisomie 21 libre et homogène.
J’ai déjà deux enfants de 6 et 8 ans d’une précédente union et mon conjoint a une fille de 7 ans.
Nous n’avions pas pour projet d’avoir un enfant ensemble à la base, en grande partie parce que mon petit deuxième a un autisme sévère et que notre quotidien n’est pas tout simple les semaines où les enfants sont avec nous.
Cependant en avril 2019, je tombe enceinte (franchement on n’a jamais compris comment puisqu’on utilise des préservatifs et qu’on n’a pas détecté de défaillance de matériel). Après un léger temps de flottement, nous décidons de garder cet enfant et nous en sommes très heureux.
J’ai fait une fausse couche à 6SA, le bonheur aura été de courte durée. Nous nous étions déjà beaucoup projetés avec ce bébé.
Pour autant nous ne retentons pas l’expérience, je suis bien trop ambivalente et nous souhaitons nous laisser du temps pour voir si nous en avons vraiment envie.
Les mois passent et le comportement de mon fils est de plus en plus difficile à gérer, le désir de maternité s’éloigne. Mon conjoint respecte mon point de vue.
En janvier 2020, complètement épuisés, nos familles acceptent de prendre en charge nos enfants et nous permettent de partir presque un mois en Thaïlande pour pouvoir souffler un peu.
Le décalage horaire met le bazar dans mon cycle, j’aurai deux ovulations en février et quelques jours avant de rentrer, une nouvelle petite graine s’installe.
Je découvre sa présence 3 semaines plus tard et j’ai une réaction très violente. Je jette de rage le test de grossesse à la poubelle (je m’en veux encore tellement pour ce geste).
J’ai trop peur de ne pas assurer avec un enfant de plus et en même temps je ne peux pas le résoudre à faire une IVG.
Je mets 10 semaines à accepter sa présence, j’ai commencé à réaliser lors de l’écho de datation à 8SA.
Première écho officielle à 12SA, tout va bien, clarté nucale à 0,9 mm, bébé tonique, parfaitement dans les normes par rapport au terme.
Je passe le tri test à 14SA+2 jours à la demande du gyneco (je comprendrai plus tard qu’il n’a pas l’agrément écho graphique pour prescrire la PDS au premier trimestre).
Résultats par courrier quelques semaines plus tard : RAS, je suis à 1/433 à 37 ans et sans prise en compte de la clarté nucale donc rien d’inquiétant. Mes hormones sont nickel aussi.
Il me propose tout de même le DPNI.
J’ai du mal à faire la PDS car mon labo ne prélève pour ça que sur certains horaires, uniquement du lundi au jeudi.
Je fais cette PDS clairement en touriste puisque le gyneco est persuadé que notre enfant se porte à merveille.
Le jour où nous devions faire l’écho T2, mon gyneco me laisse un message sur mon répondeur à 8h me disant de le rappeler au plus vite. J’ai déjà compris...
Il nous demande d’aller à son cabinet immédiatement, le DPNI est positif pour la T21, il nous a pris rdv en clinique pour programmer une amniocentèse.
Le monde s’écroule. Nous versons des hectolitres de larmes, j’arrête de manger, je ne dors plus, je me remets à fumer...
Deux jours après nous sommes face au gyneco/tiroir caisse (Monsieur dépassement d’honoraires) qui nous planifie l’amniocentese trois jours après.
Je passerai sur l’attitude de ce monsieur qui fait les amnio comme on joue aux fléchettes et se fait grassement rémunérer pour la récréation.
Il nous fera attendre pendant 22 jours sans aucune nouvelles, il avait le fish test positif après 3 jours mais n’a pas jugé bon de nous en informer.
Le jour où il nous restitue les résultats il ne nous regarde même pas. Il envoie balader mon homme qui lui demande comment c’est possible d’avoir une T21 sans aucun signe.
Il nous demande juste si on organise « quelque chose ».
Je lui réponds qu’on n’organise rien du tout.
Je suis à 26 SA, je n’ai toujours pas eu mon écho T2 et j’exige de la faire avec un référent.
Il accepte donc d’appeler un confrère du CDPN de Bordeaux qui peut nous recevoir 8 jours après pour l’écho.
C’est uniquement lors de cet examen que nous avons enfin eu à faire à un vrai être humain. Il a été d’une gentillesse absolue, très empathique, nous a tout expliqué. Notre enfant n’a aucune malformation, le seul marqueur de trisomie sont les os long courts.
Il nous explique toute la démarche de la commission qui a lieu le lendemain et nous donne son numéro de portable pour qu’on le prévienne dans la soirée si on souhaite qu’il présente notre dossier.
On l’appelle à 20h pour qu’il nous envoie le papier à renvoyer pour l’IMG et nous déconseille vivement de la faire chez nous.
Je renvoie le papier à 23h, en larmes... la pire signature de ma vie.
Nous serons donc pris en charge par l’hôpital ****** à Bordeaux, ils font un travail autour des IMG depuis très longtemps et ont l’habitude de ces naissances particulières.
Nous sommes reçus une semaine après par l’obstétricienne qui s’occupera de nous, une femme en or comme on en rencontre peu. Elle prend une heure pour tout nous expliquer, je craque complètement quand elle m’explique le foeticide (je hais ce mot). La culpabilité est immense.
Je rentre à l’hôpital le 1er septembre pour prendre le cachet pour dilater le col et je suis déclenchée le 3 septembre.
L’accouchement s’est extrêmement bien passé, nous avons eu une sage-femme formidable, un super anesthésiste et notre obstétricienne aux petits soins. Ils ont tout fait pour rendre ce moment le plus paisible possible et ça a été le cas.
Petit Solal a pris sa fusée vers les étoiles à 11h01 et il est né sans un bruit à 16h56.
Nous avons passé beaucoup de temps avec lui le jour même et le lendemain.
Nous lui avons parlé, l’avons admiré pendant des heures... il était si beau... et sa trisomie ne se voyait pas du tout.
Nous avons organisé ses obsèques et il repose près de nous depuis lundi après-midi. Nous avons planté un olivier chez nous après la cérémonie et fait voler une lanterne avec nos enfants.
Maintenant commence réellement le long chemin du deuil de cet enfant finalement très désiré par ses parents et très attendu par ses frères et sœurs. Je me pose enfin un peu et je me laisse aller à cette tristesse qui me rapproche de lui. Je n’ai pas envie de sortir, ni d’être légère, ni de « passer à autre chose » comme nous le conseillent les gens bien intentionnés qui n’y connaissent rien.
Je veux me vautrer dans cette mélancolie encore quelques temps. Le sentir présent tout le temps et partout.
Avec mon conjoint nous avons vraiment pris conscience que nous souhaitons un enfant ensemble.
Nous n’avons pas le luxe du temps devant nous à nos âges, nous ne reprendrons donc pas de contraception.
Je suis absolument terrorisée pour la suite. Moi qui ai eu des maternités très insouciantes pour mes deux premiers enfants, je me surprends à avoir peur de tout.
J’ai peur de la récidive, peur de la MFIU, peur des autres malformations...
J’en viens même à penser que ça n’est pas sur notre chemin de vie d’avoir un enfant ensemble.
Je ne sais pas si le temps permet d’être plus serein, malheureusement j’en doute.
J’ai l’impression de ne lire que des témoignages de gens qui enchaînent les catastrophes...
Je vous remercie de m’avoir lue jusqu’au bout, j’ai été très longue mais je crois que j’avais besoin de déposer notre parcours auprès de gens qui comprennent et ne jugent pas.
Belle journée à toutes et tous