Reprendre le travail après

[Christelle2304]

Bonsoir,

Magalie, Je comprend que tu aies du mal à t'imaginer reprendre le travail. On ne veut pas "s'éloigner" car aller tous les jours ou plusieurs jours dans la semaine se recueillir sur la tombe de notre bébé nous permet "d'être" avec lui, une sorte d'apaisement.
J'ai repris très vite le travail... 2 mois après. Je ne sais pas si j'étais prête, mais je me suis dit que ça me ferait du bien. Le 1er jour et les premiers temps ont été très difficile. Surtout l'environnement 2 collègues attendaient des enfants. J'ai dû me blinder, je craquais parfois dans mon bureau. Et puis, les mois ont passé. Tu as ceux qui font comme "si de rien n'etait" dans le sens où on ne veut pas nous blesser et puis il y a ceux qui communiquent sur ce qu'il nous est arrivé. Et ça fait du bien d'en parler. En parler c'est le faire vivre.

Je pense qu'il faut tout de même te sentir prête. Ne pas forcer les choses. Ce qui est sur, c'est que peu importe quand tu reprendras, ce sera difficile mais tu y arriveras.

Bon courage.

Christelle

[Celie]

Bonjour magalie,

Voila plusieurs jours que je souhaite répondre à ton message, pour partager mon expérience.

J'ai été en arrêt pendant 1 mois et demi, à partir du moment où nous avons su que notre bébé allait mourir a sa naissance. L'intervention fatale a eu lieu 15 jours après. Je suis retournée au travail seulement un mois après la perte de mon bébé Arthur.

Ça paraît court, mais c'était le mois et demi le plus long de ma vie... le temps etait complètement déformé, les minutes paraissaient des années. Je suis certaine que vous voyez de quoi je parle.

J'ai passé cette période hors du temps avec mon conjoint, nous étions tous les deux en arrêt. Pour moi il était impensable qu'il reprenne le travail et pas moi. Je ne pouvais pas envisager de l'attendre toute la journée, d'être seule, de ressasser ce drame jusqu'a ce qu'il me consume. En plus, je ne voulais pas etre en decalage avec mon conjoint.

Ça a ete difficile, j'ai fait de très petites journées au debut, j'ai pris de longues pauses et j'ai plusieurs fois craqué. Mais je suis contente de ma décision. Je suis certaine que j'aurai très mal vécu d'être seule chez moi. Je l'ai déjà été et ça ne m'avait pas du tout réussi, donc avec la perte de mon bébé en plus cela aurait été insupportable.
J'ai la chance detre dans un bon environnement de travail aussi, et davoir la confiance de mes supérieurs. La preuve, je viens d'obtenir CDI, responsabilités et augmentation !
Reprendre le chemin de la vie a réellement été bénéfique pour moi, pour autant je pense a Arthur dès que je peux.

Je comprends ton envie quand tu parles de te sentir utile.
pour l'instant je me sens bien en etant au travail. Disons que c'est suffisant pour l'instant.

Je t'envoie des tonnes de courage, de tendres pensées a nos anges et mille baisers a mon Arthur.

[valite]

Bonjour Magalie,


"J'ai bien conscience que dans le monde du travail les "états d'âme" d'une maman "ratée" qui a déjà enquiquiné tout le monde avec sa grossesse compliquée sont forcément un problème."

Es-tu vraiment sure que tes collègues pensent cela? Moi ce n'est pas ce sentiment que j'ai eu plutôt des collègues qui prennent en pleine face une situation inimaginable, qui les renvoie à quelque chose impensable. D'où parfois des remarques à côté de la plaque. Je crois que tout le monde est plus ou moins conscient qu'un enfant peut mourir pendant la grossesse ou à la naissance ou quelques jours après (sans forcément connaitre les détails qui amènent à la mort) mais personne ne veut l'imaginer sauf que quand ça arrive à une personne qu'on côtoie... on ne sait pas quoi dire... on est pris entre envie de soutenir et autoprotection (même inconsciente). Je n'ose même pas imaginé la situation si dans l’équipe il y a une deuxième femme enceinte....

Bien à toi

Valérie

[math06]

Bonjour Magalie , je me permet de t écrire car ton histoire me rapell la mienne j ai moi aussi perdu mon bebe a 29jour de vie .... Sa etai un combat pendant ses jours la .. Tout les jours j aver de l espoir... Aujourd'hui ma vie n'est plus la même ..c'est un supplice tout les jours .. Si tu veux discuter avec moi ..je suis la bon courage

[Anne2017]

Bonjour Magalie,

Je crois que tu vis une situation que toute nous avons vécu. En effet le retour au travail comme à la vie sociale est une épreuve, plus ou moins grande en fonction de l'empathie et de la discrétion ou non de nos interlocuteurs.

Mais il faut se dire que, quoi qu'il arrive, et même dans le meilleur monde, il y aura des phrases qui vont te blesser. Parce que 99% des gens, même avec toute leur bienveillance, n'imaginent tout simplement pas le deuil que l'on vit.

J'ai été hier à la médecine du travail, médecin que j'avais rencontré au début de ma grossesse dans le cadre de la visite annuelle. Là elle me revoit après mes deux mois d'arrêts, je lui dis que ma grossesse est terminée à 4 mois (je n'avais surtout pas envie de m'étendre sur l'IMG), elle me demande si j'ai eu un curetage, je remue négativement la tête (les larmes n'étaient pas loin, Difficile déjà de dire que c'est fini) et là elle me dis "vous l'avez expulsé toute seule?"
C'est une personne qui est médecin, elle devrait donc savoir qu'à presque 4 mois on accouche d'un bébé certe petit mais parfaitement formé, on "expulse" pas un petit paquet de cellule... Cela ne paraît rien mais cette phrase résume l'incompréhension des gens.

Je pense que pour toi, comme pour nous toutes,même si ton enfant a vécu un mois, ils doivent penser quelque chose d'équivalent. Ils ne réagiraient pas ainsi si tu avais perdu un enfant de 10, 5 ou même un an. Car les gens ont l'impression que le bébé est rationnellement un individu dans leur amour à partir du jour ou il l'ont connu avec ses caractèristiques individuelles. Mais les femmes sont généralement moins dures car elles ont parfois le souvenir, dans leur chair, du lien qu'elle avaient déjà tissé avec les bébés qu'elles portaient et du lien très fort qu'on peut avoir avec un nourrisson.

Alors si tu as besoin de temps, de ne pas reprendre tout de suite le travail, prend le. Car il faut être prête à accepter les limites de la capacité de compréhension d'autrui, pour ne pas en vouloir à la terre entière des le début.

J'ai repris le boulot un peu moins de deux mois après mon IMG. Et c'est compliqué certains jours, mon chef m'a dis des trucs du genre "tu verras, c'est le premier pas qui compte et tu vas vite te remettre dans le bain" quand je lui disais que pour certains aspects conflictuels de mon travail je n'étais pas assez forte. Il est impossible pour lui de voir autre chose que la personne que j'étais il y a encore quelques mois, la plus ancienne et fiable de l'équipe. Mais je ne suis plus cette personne, je suis affaiblie psychiquement. Ça reviendra peut être un jour. J'ai la chance d'avoir obtenu un changement de poste pour septembre. Nouveau site, nouvelle équipe et autre mission très différente. Ça sera un nouveau départ.

Et en effet, tu n'oublieras jamais, même si la vie va reprendre un jour.