Adieu Flora
Posté : 07 septembre 2020, 16:34
Bonjour,
Je parcours ce forum depuis juin environ, je ressens le besoin d'écrire, voici mon histoire :
J'aurai 35 ans bientôt. Je suis déjà maman d'une petite fille qui a 3 ans aujourd'hui. Je suis également belle-mère de deux garçons dont un avec un handicap (aucune immunité).
Je termine une seconde année de reprise d'étude fin mars (en mode e-learning). Le 1 er avril, j'apprends ma seconde grossesse. Non ce n'était pas un poisson d'avril, je réalisai mon rêve d'avoir un deuxième enfant.
Etant fille unique, il était inconcevable pour moi que biologiquement, elle soit seule.... Oui elle a deux demi-frères, et si on a une stabilité aujourd'hui, ce ne fut pas forcément facile à une époque. L'ex est assez toxique, bref je passe ses détails. Ma fille fut le socle de notre famille recomposée.
Je ne fume pas, je ne bois pas mais je prends des médicaments pour mon anxiété généralisée. Pas de jugement, sur ce point là svp, ma première fille m'a fait grandir et me donne de la force pour avancer.
1 er trimestre : catastrophique, fatigue, je ne réalise pas ma grossesse et on me demande d'arrêter totalement les anti-dépresseurs. Vu que je sentais que mon moral prenait un coup, je me suis écoutée et j'ai arrêté que de moitié.
Rdv chez la gynéco et début du cauchemar : elle ne parle pas trop et refait les mesures. Elle me demande de ne pas m'alarmer, clarté nucale de 2,9. J'ai fait une prise de sang, rdv à nouveau chez le gynéco, le verdict tombe : 1 chance sur 10 que mon enfant soit trisomique. Un nouveau rdv, cette fois ci à l’hôpital dans le service génétique. Dans la foulée, on me propose une biopsie du trophoblaste. Une semaine interminable passe. Mon compagnon est présent pour les résultats. La sage-femme prend son temps, mais une part de moi avait déjà compris.
On nous annonce une trisomie 21. Nous étions sous le choc. Mon compagnon a déjà un enfant malade côté génétique. J'étais dans le déni puis un choix à effectuer. Ma fille me voit pleurer tout le temps, j'étais et je suis encore très mal. Après beaucoup de dialogue avec mon homme, nous optons pour l'IMG.
L'annonce de la trisomie, puis du sexe, une fille, j'étais anéantie. Je désirai en plus une fille. Je n'acceptais pas le handicap, la déficience intellectuelle. Je suis athée. J'ai une consciente et une éthique, cet enfant était viable, la décision fut déchirante. La culpabilité me rongeait...
8 juillet : naissance et décès de Flora. J'ai demandé à la voir et qu'elle protège sa sœur et mon homme. Je garde l'image d'un bébé idéalisé, la trisomie ne se percevait pas encore... Je ne ressentais pas d'amour, je m'en voulais, je lui en voulais à elle aussi. Je vous épargne le pourquoi moi, etc.... A ma sortie de l'hôpital, on me précise que c'est un accident au moment de la fécondation. Pas de récidive donc. Pour avoir parcouru le forum, je sais qu'il existe des cas bien pire que le mien, donc j'ai longtemps hésité avant d'écrire à mon tour.
Ça fera deux mois demain, je ne vis plus, je survis... La propreté de ma fille en août m'a un peu remonté le moral. Je sais apprécier les petites choses de la vie. Je ne suis plus la même. Je souhaite me relever et m'en sortir et arrêter de souffrir. Je me sens seule malgré la présence de mon compagnon. Ma fille a fait sa rentrée, et laisse la maison vide durant quelques heures. La vie continue malgré le drame et la douleur. Devoir supporter les poussettes devant les écoles, bref, vous connaissez ce sentiment.
Je suis suivie par une psychologue. J'ai eu très peu de soutien de ma famille ou de mon entourage en général. Comment pourrait il comprendre quelque chose qu'ils n'ont pas vécu ?
Mon seul souhait : retomber enceinte à nouveau, ma petite lumière dans une lanterne pour sortir de ce tunnel.
Cette épreuve a fait remonter pas mal de vieux dossiers que je pensais enfouis et cicatrisés.
Cette épreuve a aussi été l'épreuve de trop, j'avais fait tant de travail sur moi pour affronter mes angoisses, évoluer et tout s'est effondré comme un château de cartes. Une partie de moi est morte aussi le 8 juillet.
Je ne me vois aucun avenir, j'ai des difficultés à entrevoir le positif me concernant. Je souhaite aller mieux sans savoir que faire.
Je parcours ce forum depuis juin environ, je ressens le besoin d'écrire, voici mon histoire :
J'aurai 35 ans bientôt. Je suis déjà maman d'une petite fille qui a 3 ans aujourd'hui. Je suis également belle-mère de deux garçons dont un avec un handicap (aucune immunité).
Je termine une seconde année de reprise d'étude fin mars (en mode e-learning). Le 1 er avril, j'apprends ma seconde grossesse. Non ce n'était pas un poisson d'avril, je réalisai mon rêve d'avoir un deuxième enfant.
Etant fille unique, il était inconcevable pour moi que biologiquement, elle soit seule.... Oui elle a deux demi-frères, et si on a une stabilité aujourd'hui, ce ne fut pas forcément facile à une époque. L'ex est assez toxique, bref je passe ses détails. Ma fille fut le socle de notre famille recomposée.
Je ne fume pas, je ne bois pas mais je prends des médicaments pour mon anxiété généralisée. Pas de jugement, sur ce point là svp, ma première fille m'a fait grandir et me donne de la force pour avancer.
1 er trimestre : catastrophique, fatigue, je ne réalise pas ma grossesse et on me demande d'arrêter totalement les anti-dépresseurs. Vu que je sentais que mon moral prenait un coup, je me suis écoutée et j'ai arrêté que de moitié.
Rdv chez la gynéco et début du cauchemar : elle ne parle pas trop et refait les mesures. Elle me demande de ne pas m'alarmer, clarté nucale de 2,9. J'ai fait une prise de sang, rdv à nouveau chez le gynéco, le verdict tombe : 1 chance sur 10 que mon enfant soit trisomique. Un nouveau rdv, cette fois ci à l’hôpital dans le service génétique. Dans la foulée, on me propose une biopsie du trophoblaste. Une semaine interminable passe. Mon compagnon est présent pour les résultats. La sage-femme prend son temps, mais une part de moi avait déjà compris.
On nous annonce une trisomie 21. Nous étions sous le choc. Mon compagnon a déjà un enfant malade côté génétique. J'étais dans le déni puis un choix à effectuer. Ma fille me voit pleurer tout le temps, j'étais et je suis encore très mal. Après beaucoup de dialogue avec mon homme, nous optons pour l'IMG.
L'annonce de la trisomie, puis du sexe, une fille, j'étais anéantie. Je désirai en plus une fille. Je n'acceptais pas le handicap, la déficience intellectuelle. Je suis athée. J'ai une consciente et une éthique, cet enfant était viable, la décision fut déchirante. La culpabilité me rongeait...
8 juillet : naissance et décès de Flora. J'ai demandé à la voir et qu'elle protège sa sœur et mon homme. Je garde l'image d'un bébé idéalisé, la trisomie ne se percevait pas encore... Je ne ressentais pas d'amour, je m'en voulais, je lui en voulais à elle aussi. Je vous épargne le pourquoi moi, etc.... A ma sortie de l'hôpital, on me précise que c'est un accident au moment de la fécondation. Pas de récidive donc. Pour avoir parcouru le forum, je sais qu'il existe des cas bien pire que le mien, donc j'ai longtemps hésité avant d'écrire à mon tour.
Ça fera deux mois demain, je ne vis plus, je survis... La propreté de ma fille en août m'a un peu remonté le moral. Je sais apprécier les petites choses de la vie. Je ne suis plus la même. Je souhaite me relever et m'en sortir et arrêter de souffrir. Je me sens seule malgré la présence de mon compagnon. Ma fille a fait sa rentrée, et laisse la maison vide durant quelques heures. La vie continue malgré le drame et la douleur. Devoir supporter les poussettes devant les écoles, bref, vous connaissez ce sentiment.
Je suis suivie par une psychologue. J'ai eu très peu de soutien de ma famille ou de mon entourage en général. Comment pourrait il comprendre quelque chose qu'ils n'ont pas vécu ?
Mon seul souhait : retomber enceinte à nouveau, ma petite lumière dans une lanterne pour sortir de ce tunnel.
Cette épreuve a fait remonter pas mal de vieux dossiers que je pensais enfouis et cicatrisés.
Cette épreuve a aussi été l'épreuve de trop, j'avais fait tant de travail sur moi pour affronter mes angoisses, évoluer et tout s'est effondré comme un château de cartes. Une partie de moi est morte aussi le 8 juillet.
Je ne me vois aucun avenir, j'ai des difficultés à entrevoir le positif me concernant. Je souhaite aller mieux sans savoir que faire.