Quand le sort s'acharne après FC et IMG...

[Eves]

Bonjour à toutes et à tous,

Je viens souvent lire les post de ce forum mais je n’ai jamais osé poster personnellement.
Jusqu’à aujourd’hui tout du moins...

J’ai 42 ans et cela fait 5 ans que mon compagnon et moi essayons de fonder une famille.
Après plusieurs contrôles médicaux et tests de fertilité, aucun problème n’a été détecté, hormis mon âge déjà bien avancé. Nous avons donc choisi de tenter notre chance de façon "naturelle".

Après 2 ans d’essai, je suis tombée enceinte en mars 2017. Hyper heureuse, j’avais prévu une manière originale et drôle pour l’annoncer à mon homme et à nos parents respectifs. J’avais également acheté des tas de livres pour être la mieux informée possible sur la merveilleuse expérience que j’allais vivre.
Malheureusement, en mai 2017, j’ai fait une fausse couche à 8 SA.
Notre merveilleux projet, longtemps attendu, s’est écroulé en un instant.
Pourtant, après avoir surmonter notre profonde tristesse, nous avons décidé de ne pas baisser les bras et de réessayer.

En août 2018, soit 18 mois plus tard, à plus de 40 ans, je suis de nouveau tombée enceinte.
Une grossesse qui n’a pas commencé dans la joie car dès la 1ère visite chez mon gynécologue un épanchement (décollement trophoblastique) a été détecté. Le pronostique vitale du fœtus était engagé.
Je vous laisse imaginer notre état d’esprit face à une grossesse compromise ; après une fausse couche et des difficultés à tomber enceinte rapidement.
Par bonheur, mon petit-bout s’est accroché, l’épanchement a disparu au bout de 2 semaines.
La mauvaise nouvelle est arrivée lors des résultats du tri-test et la choriocentèse qui a suivi.
Mon bébé était atteint de trisomie 18 « Syndrome d’Edwards ».
J’ai donc subi une IMG à 14 SA en novembre 2018.
Les médecins ont beau vous expliquer que la grossesse n’est pas viable et que le bébé naîtrait avec de graves malformations congénitales mortelles, devoir décider de donner la mort à mon bébé, un bébé qui avait déjoué les pronostiques et s’était battu pour vivre jusque-là. ; a été l’épreuve la plus horrible de ma vie.
Prendre ce comprimé de ******, le « comprimé de la mort » comme je le qualifie, reste un traumatisme.
Mais une fois encore, notre envie de famille a pris le dessus et nous avons décidé de réessayer.
Certainement notre dernier essai vu mon âge, mais après tout quel était le pourcentage de revivre une troisième fois un tel cauchemar ?

Pour ne pas changer, je suis tombée enceinte 18 mois plus tard, en mars 2020.
Mon gynécologue était très optimiste dès la 1ère visite. Rien à signaler.
De notre côté, pas d’effusion de joie mais beaucoup d’angoisse.
Nous n’avons prévenu personne. Ni famille, ni amis, ni employeurs.
Nous avons mis une certaine distance entre cette grossesse et notre vie afin de nous préserver psychologiquement.
Nous avons créé des étapes pour lâcher un peu la pression :
Etape 1 : passer sans encombre le 1er trimestre, moins de risque de faire une fausse couche ensuite
Etape 2 : passer le Tri-test avec succès, afin de nous rassurer sur une éventuelle anomalie.

Il y a 2 semaines, je suis allée passer l’échographie du 1er trimestre et effectuer le Tri-test.
A la fin de l’échographie, un médecin référent a fait irruption dans le cabinet pour nous apprendre qu’il y avait du liquide autour de la tête et dans la cavité abdominale de notre bébé et que je n’avais plus besoin d’effectuer le Tri-test mais directement effectuer une choriocentèse.
En effet, le liquide indiquait une anomalie grave et les 2 médecins se montraient très pessimiste sur l’issue de la grossesse.

Le temps de pleurer toutes les larmes de notre corps, de passer par les moments d’incompréhension et d’indignation, de digérer l’information, j’ai dû passer une choriocentèse 2 jours plus tard. Diagnostic : Trisomie 21.

Aujourd’hui, nous sommes dévastés. Les médecins nous ont donné 3 possibilités :
- Soit le bébé meurt tout seul d’un arrêt cardiaque, par compression du liquide.
Cela peut prendre un certain temps et en attendant la grossesse continue.
- Soit le liquide disparaît, le bébé peut vivre mais nous décidons de subir à nouveau une IMG
- Soit le liquide disparaît, le bébé peut vivre et nous décidons de le garder et d’avoir assez de force et de courage pour élever un enfant différent qui aura besoin d’énormément de soins médicaux, d’attention et de patience. Le tout sans connaître la gravité de sa trisomie 21.

Mon compagnon a semble-t-il déjà pris la décision de l’IMG.
Pour ma part ayant vécu dans ma chair une IMG et voyant ce bébé grandir malgré tout dans mon ventre, je n’arrive pas à me décider. Les articles et avis trouvés sur internet n'aident pas vraiment. J’ai donc demandé d’avoir l’éclairage avisé de spécialistes.
Mais au fond de moi, je sais que je ne pourrais pas élever ce bébé toute seule, sans mon compagnon et ma famille qui est loin de moi.

En attendant, nous devons faire un autre deuil. Le deuil de la famille que nous désirions.
Car une chose est sûre : nous n’essaierons plus d’avoir d’autres enfants.
Nous avons suffisamment essayé de combattre les desseins de Dieu ou du destin.

[Laure77]

Bonjour,


Je viens de te lire, j'en ai ressenti des frissons.
Qu'elle tristesse de t'accueillir ici, je suis sincèrement désolée pour vous. Tu as bien fait d'écrire, en parler est déjà une première étape.

Comme toi, j'ai vécu plusieurs fois l'ascenseur émotionnel (2 fc et 1 mfiu il y 1 mois). C'est terrible.

En ce qui concerne le choix, il n'y a que toi qui peut le décider. Je peux juste te témoigner toute mon empathie et mon soutien.
Par contre, en te lisant, j'ai eu une bouffée d'optimisme. Et pourtant, depuis le décès de mon fils, je n'en ai pas vraiment ressenti. Sans te donner de faux espoirs car ce serai inhumain mais pourquoi serait ce ta dernière chance ? Tu fais référence à ton âge, oui il y a l'aspect biologique c'est évident, mais si tu es en forme physiquement et moralement, une autre grossesse peut être envisagée. Sans pour autant nier ou remplacer ton bébé.

Je voulais juste te dire de ne pas te fermer en raison d'un chiffre. Même si, évidemment d'autres facteurs sont à prendre en compte, il n'y a pas d'âge pour être heureux et dans la limite du raisonnable, pour être parent !

J'espère t'avoir aidé. Si tu as besoin, viens échanger sur le forum, cela fait du bien.

Je te souhaite bon courage et beaucoup de force dans cette épreuve.
Laure

[Claiwe]

Bonjour,
Malheureusement, c'est à toi de voir si tu es prete à garder cet enfant vu le contexte. Prend un peu de tps pr reflechir. Quoi qu'il arrive, ta décision sera la bonne, car ce sera ta décision.
Apres 2 ans d'essais, je suis passée par la stimulation (cachets) pr tomber enceinte. J'ai fait 2 FC. Pr mon 3e, j'ai perdu les eaux à 4 mois ms le coeur battait. On m'a expliqué qu'à ce stade, si du liquide ne se reforme pas, bébé aura des malformations moteurs, pulmonaires... malgré les battements du coeur, au bout des 10 jrs, tjs pas de liquide. On a pris la dure décision de procéder à l'IMG... alors certes je suis plus jeune (32 ans).
Une question, on ne t'a pas proposé d'etre stimulé pr augmenter les chances d'une grossesse ? Notamment vu ton age (sans vouloir te vexer). Car effectivement, peu importe la décision que tu prends pe ton enfant, tu peux encore retenter, mais en étant aider pr acceler les choses. Pr mon cas il s'agit de cachets à prendre en début de cycle. Pr mes 3 grossesses, ca m'a permis de tomber enceinte en 1 ou 2 cycles. Ca ne marche s pr tt le monde ms ca peut se tenter !

[Eves]

Bonjour Laure77,
Bonjour Claiwe,

Je vous remercie infiniment pour vos messages de soutien. Cela m' a énormément touchée et émue.

Malgré tout ce que vous avez vous-même vécu, de l'espoir et de la bienveillance se dégage de ces messages et me mettent un peu de baume au coeur: malgré la douleur et la peine, on peut s'en sortir et continuer à vivre.

Je suis allée passée un nouveau contrôle ce matin. Le cœur de mon bébé bat toujours mais le liquide est toujours présent. Mon gynécologue m' a expliqué que malheureusement cela n'allait pas s'arranger et que son cœur allait s'arrêter.
Nous pouvons certes attendre que mon bébé parte seul mais je devrais supporter de vivre et ressentir ma grossesse (voir mon ventre s'arrondir, sentir les mouvements, supporter les félicitations de l'entourage, devoir s'acheter des vêtements de grossesse etc) jusqu' à ce que son cœur s'arrête compressé par ce liquide.

Mon compagnon, nous avons décidé de subir ce nouvel IMG. Nous sommes en attente de la date...

Nous avons décidé de ne plus essayer d'avoir d'enfants pour ne plus avoir à revivre toutes ces horribles étapes auxquelles nous sommes passés.
Surtout que les risques de trisomie après 43 ans sont encore plus importants.

Je vous souhaite une belle soirée et vous remercie une nouvelle fois.

[Natividad]

Bonsoir,

Tes messages me touchent énormément, je ressens à nouveau toute cette tristesse qu’on a eu à l’annonce du diagnostic et cette prise de décision, si culpabilisante.

Je lis que vous avez fait votre choix, je t’envoie donc énormément de soutien pour l’IMG. Je pense que pour le moment c’est extrêmement difficile de se projeter vers une autre grossesse mais peut être changerez vous d’avis plus tard.

Bien du courage je pense à vous.

[Laure77]

Bonsoir,

J'admire votre courage ! Vous prenez des décisions par Amour. Je me doute qu'il faut avoir beaucoup de force et de courage pour faire ces choix.

Je vous souhaite de trouver une autre forme de bonheur. Je pense que renoncer doit être douloureux mais dans l'avenir peut-être aussi libérateur et apaisant, en tous les cas je l'espère.

N'hésite pas à venir échanger cela fait du bien.
Bon courage à vous

Laure

[Eves]

Bonsoir,
Hier après-midi vers 13h30, nous sommes devenus les paranges d'un petit ange de 16 semaines prénommé Yanis.
Suite aux dernières analyses, négatives, en raison de l'anasarque, nous nous sommes résignés à pratiquer une IMG.
Tout a été très vite: moins de 10 jours.
Durant ces journées et ces nuits, j'ai eu la sensation de vivre en apnée.
Mais hier en mettant mon fils au monde, j'ai enfin eu la sensation de pouvoir respirer.
J'ai pu me centrer sur ce qui était vraiment primordial et surtout exprimer une partie de toute la douleur que je gardais enfouie au fond de moi.
Dans ce moment de profonde tristesse, j'ai eu une révélation qui m'a permis de trouver un peu de réconfort:
quoiqu'il arrive à présent et peu importe ce qu'il se passera dans le futur, j'ai été une maman!
Et je resterai à jamais la mamange de "bébé-ange" (FC, 02.05.2017), Mandalie (IMG, 30.11.2018): et Yanis (IMG, 08.07.2020)