"" le plus important est que vous avez fait un choix""...
Posté : 16 juin 2020, 22:28
Bonjour à tous,
Ça y est je me lance à écrire mon histoire.
En 2016 est née ma fille, ma première grossesse que du bonheur !
En août 2018 première fausse couche avec saignements.
Un an après jour pour jour je retombe enceinte ! En ayant jamais cessé d'essayer... Mais 2ème fausse couche, sans saignements, donc nous l'avons su lors de la 1ère écho. Je sentais bien que quelque chose n'allait pas mais j'essayais de me rassurer en me disant que c'était la peur de la fausse couche. Et surtout que tant que je ne saignais pas tout allait bien... J'ai donc eu un curretage en octobre 2019.
En février 2020, j'apprends que je suis enceinte de 11 semaines ! Alors que j'ai consulté car j'avais des saignements depuis 15 jours. Je n'ai pas eu de nausées et j'ai eu mes règles alors je ne pensais pas être enceinte.
Après la 2ème fc je pensais mettre beaucoup de temps à retomber enceinte. Je prenais le temps de prendre soin de moi après cette difficile épreuve du curretage. Mais lors cette douloureuse épreuve, j' ai ressenti comme une pulsion de vie, convaincue que c'était la vie qui gagnerai.
Cette grossesse à donc commencé discrètement. Avec le recul, je pense que je préférais me protéger plutôt que d'être déçu. Car biensur je me suis posée la question de savoir si je n'étais pas enceinte mais je me suis dit que je le saurai bien au bon moment. Peut être que je me suis trompée....!!!...
J'ai su en même temps que j'étais enceinte que j'avais un decollement de 5cm.
J'ai donc du être au repos et prendre beaucoup de précautions. Mais j'étais tellement contente d'être enceinte que j'étais prête à tout. Enfin contente mais pas du tout sereine. Je n'ai pas vraiment exprimée ma joie car j'avais peur de perdre mon bébé. Et pourtant c'était très important pour moi d'avoir un 2ème enfant. J'étais aussi très préoccupée par l'écart d'âge de mes enfants.
Progressivement le decollement s'est résorbé. Seulement la sage femme a oublié de me prescrire le tri test. Je l'ai donc fait au 2ème trimestre. Et là le taux d'AFP était très élevé. J'ai donc dû faire une écho morphologique avec un gynéco référent pour vérifier que le bébé n'avait pas de malformation.
Et ce n'était pas le cas, ouf me voilà soulagée après ce rdv.
2 jours plus tard, rdv avec la gynéco de l'hôpital pour faire le bilan de cette écho. Je comprends qu'elle reste inquiète à cause de ce taux et que ce n'est pas fini, il va falloir un suivi particulier.
Entre temps, vers la 2ème semaine je commence à faire de la tension. Je n'en avais jamais fait avant. Sauf lors de l'accouchement de ma fille et un peu à la maternité.
Je vais même aux urgences pour ça, mais comme elle redescend je rentre chez moi sans traitement. Peut-être en aurait il fallu.
Lors de la 2ème écho, avec ma SF, le drame commence. Elle m'annonce que beaucoup de choses l'inquiéte. Le placenta est epais, le foie du bébé est gros, et il est trop petit. Je dois donc refaire une écho avec le gynéco référent dans 2 semaines.
J'essaie de rester positive, en me rappelant que c'est la vie qui gagne, mais je ne le ressens plus, j'essaie de m'en convaincre...
Arrive cette écho, le verdict tombe : retard sévère de croissance, les échanges sanguins avec le bébé se font difficilement. C'était horrible !!!! J'étais seule à l'écho en raison du confinement !!! Le médecin me dit que d'ici 3 semaines max. La grossesse va s'arrêter !!!! Mais non ce n'est pas possible il a tenu jusqu'à maintenant !!!!
Dans la même journée, je revois ma SF qui me dit d'y croire tant qu'il est là !
Je suis hospitalisée le soir même.
Le lendemain soir, je fais une montée de tension, je perds du sang et j'ai des contractions. J'ai percée. Enfin non la poche des eaux s'est percée.
J'appelle mon mari en urgence. Nous nous retrouvons en salle de naissance... L'horreur, nous n'avons pas choisi le prénom de notre enfant !!! Ce n'est pas possible !!!
Nous prenons conscience de la gravité de la situation.
Finalement, je n'accouche pas ce soir là. Il se passe une semaine à l'hôpital, durant laquelle j'oscille entre optimisme et grande tristesse. Ma fille me manque énormément. Je vis très mal cette séparation brutale surtout après 2 mois de confinement. Mais je me dit que tant que le bébé est là j'y crois, je dois l'accompagner jusqu'au bout. Je lui parle beaucoup. Je lui dis même que s'il veut ou doit partir, il peut le faire sereinement, on l'aimera toujours. Et que s'il vit on fera tout pour lui. Les médecins nous disent qu'ils réaniment les bébés à partir de 500g. Le mien faisait 410g. Nous insistons sur le fait qu'on ne veut pas d'acharnement. Pour nous ce serait bien trop égoïste. J'ai très peur des conséquences pour lui. J'ai peur d'avoir un bébé polyhandicapé. Pour lui et pour nous ce serait trop difficile.
Finalement son cœur s'est arrêté, j'ai accouché le lendemain, a une vitesse impressionnante. La SF m'avait dit qu'il fallait l'autoriser à partir. Car j'avais peur que l'accouchement soit long. Mon mari n'a pas eu le temps d'arriver, ni l'anesthésiste.
Nous lui avons donné un prénom, nous lui avons dit au revoir. Je n'ai pas eu la force de le porter dans mes bras ni de l'embrasser. Tout va tellement trop vite...
Depuis je suis très triste. J'essaie de me concentrer sur ma fille pour ne pas lui faire porter mon deuil. Il y a des moments très durs et d'autres mieux.
J'ai revu ma psy qui me dit de trouver, une place juste à Angelo, mon fils. Elle me dit qu'il ne pouvait pas vivre. Et c'est vrai, dans ces conditions il ne pouvait pas vivre. Je voulais le meilleur pour lui, comme tous les parents.
J'ai aussi consulté un ostheo acupuncteur à qui j'ai raconté mon histoire. Et à la fin de la séance, il m'a dit "" le plus important est que vous avez fait un choix""". Au début je ne comprenais pas cette phrase, j'ai cru que lui n'avait pas compris ma situation.
Depuis, ses mots ont fait du chemin, c'est vrai nous ne voulions pas qu'il vive à tout prix, au détriment de sa santé.
Cette phrase me sort de mon statut de victime, et me replace en tant que parent qui choisi le meilleur pour son enfant. En même temps elle est aussi porteuse d'une certaine culpabilité. Je n'ai pas fini d'y penser... Comme à mon fils d'ailleurs ! Lui sera à jamais dans mon cœur et ma tête.
J'ai espoir que cette épreuve si terrible, trouve un sens dans notre vie. Comme je l'ai lu dans de nombreux témoignages, nous apporte de la force, de la sérénité et lâcher prise.
Merci de m'avoir lu.
J'ai beaucoup hésité avant d'écrire. Mais ça fait du bien.
Je veux parler de mon fils, de mon Angelo, et j'ai confiance en vous qui lisez mon histoire.
Bon courage à toutes et tous.
Gardons nos bougies allumées.
Laure.
Ça y est je me lance à écrire mon histoire.
En 2016 est née ma fille, ma première grossesse que du bonheur !
En août 2018 première fausse couche avec saignements.
Un an après jour pour jour je retombe enceinte ! En ayant jamais cessé d'essayer... Mais 2ème fausse couche, sans saignements, donc nous l'avons su lors de la 1ère écho. Je sentais bien que quelque chose n'allait pas mais j'essayais de me rassurer en me disant que c'était la peur de la fausse couche. Et surtout que tant que je ne saignais pas tout allait bien... J'ai donc eu un curretage en octobre 2019.
En février 2020, j'apprends que je suis enceinte de 11 semaines ! Alors que j'ai consulté car j'avais des saignements depuis 15 jours. Je n'ai pas eu de nausées et j'ai eu mes règles alors je ne pensais pas être enceinte.
Après la 2ème fc je pensais mettre beaucoup de temps à retomber enceinte. Je prenais le temps de prendre soin de moi après cette difficile épreuve du curretage. Mais lors cette douloureuse épreuve, j' ai ressenti comme une pulsion de vie, convaincue que c'était la vie qui gagnerai.
Cette grossesse à donc commencé discrètement. Avec le recul, je pense que je préférais me protéger plutôt que d'être déçu. Car biensur je me suis posée la question de savoir si je n'étais pas enceinte mais je me suis dit que je le saurai bien au bon moment. Peut être que je me suis trompée....!!!...
J'ai su en même temps que j'étais enceinte que j'avais un decollement de 5cm.
J'ai donc du être au repos et prendre beaucoup de précautions. Mais j'étais tellement contente d'être enceinte que j'étais prête à tout. Enfin contente mais pas du tout sereine. Je n'ai pas vraiment exprimée ma joie car j'avais peur de perdre mon bébé. Et pourtant c'était très important pour moi d'avoir un 2ème enfant. J'étais aussi très préoccupée par l'écart d'âge de mes enfants.
Progressivement le decollement s'est résorbé. Seulement la sage femme a oublié de me prescrire le tri test. Je l'ai donc fait au 2ème trimestre. Et là le taux d'AFP était très élevé. J'ai donc dû faire une écho morphologique avec un gynéco référent pour vérifier que le bébé n'avait pas de malformation.
Et ce n'était pas le cas, ouf me voilà soulagée après ce rdv.
2 jours plus tard, rdv avec la gynéco de l'hôpital pour faire le bilan de cette écho. Je comprends qu'elle reste inquiète à cause de ce taux et que ce n'est pas fini, il va falloir un suivi particulier.
Entre temps, vers la 2ème semaine je commence à faire de la tension. Je n'en avais jamais fait avant. Sauf lors de l'accouchement de ma fille et un peu à la maternité.
Je vais même aux urgences pour ça, mais comme elle redescend je rentre chez moi sans traitement. Peut-être en aurait il fallu.
Lors de la 2ème écho, avec ma SF, le drame commence. Elle m'annonce que beaucoup de choses l'inquiéte. Le placenta est epais, le foie du bébé est gros, et il est trop petit. Je dois donc refaire une écho avec le gynéco référent dans 2 semaines.
J'essaie de rester positive, en me rappelant que c'est la vie qui gagne, mais je ne le ressens plus, j'essaie de m'en convaincre...
Arrive cette écho, le verdict tombe : retard sévère de croissance, les échanges sanguins avec le bébé se font difficilement. C'était horrible !!!! J'étais seule à l'écho en raison du confinement !!! Le médecin me dit que d'ici 3 semaines max. La grossesse va s'arrêter !!!! Mais non ce n'est pas possible il a tenu jusqu'à maintenant !!!!
Dans la même journée, je revois ma SF qui me dit d'y croire tant qu'il est là !
Je suis hospitalisée le soir même.
Le lendemain soir, je fais une montée de tension, je perds du sang et j'ai des contractions. J'ai percée. Enfin non la poche des eaux s'est percée.
J'appelle mon mari en urgence. Nous nous retrouvons en salle de naissance... L'horreur, nous n'avons pas choisi le prénom de notre enfant !!! Ce n'est pas possible !!!
Nous prenons conscience de la gravité de la situation.
Finalement, je n'accouche pas ce soir là. Il se passe une semaine à l'hôpital, durant laquelle j'oscille entre optimisme et grande tristesse. Ma fille me manque énormément. Je vis très mal cette séparation brutale surtout après 2 mois de confinement. Mais je me dit que tant que le bébé est là j'y crois, je dois l'accompagner jusqu'au bout. Je lui parle beaucoup. Je lui dis même que s'il veut ou doit partir, il peut le faire sereinement, on l'aimera toujours. Et que s'il vit on fera tout pour lui. Les médecins nous disent qu'ils réaniment les bébés à partir de 500g. Le mien faisait 410g. Nous insistons sur le fait qu'on ne veut pas d'acharnement. Pour nous ce serait bien trop égoïste. J'ai très peur des conséquences pour lui. J'ai peur d'avoir un bébé polyhandicapé. Pour lui et pour nous ce serait trop difficile.
Finalement son cœur s'est arrêté, j'ai accouché le lendemain, a une vitesse impressionnante. La SF m'avait dit qu'il fallait l'autoriser à partir. Car j'avais peur que l'accouchement soit long. Mon mari n'a pas eu le temps d'arriver, ni l'anesthésiste.
Nous lui avons donné un prénom, nous lui avons dit au revoir. Je n'ai pas eu la force de le porter dans mes bras ni de l'embrasser. Tout va tellement trop vite...
Depuis je suis très triste. J'essaie de me concentrer sur ma fille pour ne pas lui faire porter mon deuil. Il y a des moments très durs et d'autres mieux.
J'ai revu ma psy qui me dit de trouver, une place juste à Angelo, mon fils. Elle me dit qu'il ne pouvait pas vivre. Et c'est vrai, dans ces conditions il ne pouvait pas vivre. Je voulais le meilleur pour lui, comme tous les parents.
J'ai aussi consulté un ostheo acupuncteur à qui j'ai raconté mon histoire. Et à la fin de la séance, il m'a dit "" le plus important est que vous avez fait un choix""". Au début je ne comprenais pas cette phrase, j'ai cru que lui n'avait pas compris ma situation.
Depuis, ses mots ont fait du chemin, c'est vrai nous ne voulions pas qu'il vive à tout prix, au détriment de sa santé.
Cette phrase me sort de mon statut de victime, et me replace en tant que parent qui choisi le meilleur pour son enfant. En même temps elle est aussi porteuse d'une certaine culpabilité. Je n'ai pas fini d'y penser... Comme à mon fils d'ailleurs ! Lui sera à jamais dans mon cœur et ma tête.
J'ai espoir que cette épreuve si terrible, trouve un sens dans notre vie. Comme je l'ai lu dans de nombreux témoignages, nous apporte de la force, de la sérénité et lâcher prise.
Merci de m'avoir lu.
J'ai beaucoup hésité avant d'écrire. Mais ça fait du bien.
Je veux parler de mon fils, de mon Angelo, et j'ai confiance en vous qui lisez mon histoire.
Bon courage à toutes et tous.
Gardons nos bougies allumées.
Laure.