Forum de l'association Petite Émilie

bonjour,

j'ai accouchée prématurément le mercredi 8 avril 2020, j'ai hésité avant d'écrire mais j'ai besoin d'échanger.

je suis maman de 2 garçons de 4 et 6 ans, l'envie d'un 3eme était bien présente et j'avoue aussi ce désir de fille. mes 2 premières grossesses ce sont super bien passées donc je n'avais aucune craintes, pour moi c'était ma dernière grossesse et j'allais pouvoir la vivre pleinement et avec mes enfants.

Tout se passait bien jusqu'au jour où j'ai fissuré la poche des eaux, j'étais à 19 sa. je ne suis pas descendue a l’hôpital tout de suite, j'y suis allée 2 jours plutard et la verdict il n'y a plus de liquide. on me laisse alors rentrée chez moi, avec des prises de sang a faire régulièrement et de nouveau une écho une semaine plutard.
4 jours plutard je commence a faire un peu de fièvre je suis donc hospitalisée 3 jours sous perfusion d'antibiotique et on me fait mon écho, du liquide c'est reformé et bébé grandit comme il faut pas de problème et en plus c'est une fille !!! mon col est très bien !!! elle ne fait que bouger une vraie boxeuse !!! que d'espoir !!! mon gynéco prévient alors un hôpital de niveau 3 pour faire une autre écho la semaine d'après et prévoir une hospitalisation dès que j'aurais atteint 24 sa.
Malheureusement j'ai commencé à avoir des contractions le jeudi 2 avril, puis 2 jours sans rien, et après c'était des épisodes de 5h de contractions toutes les 10h. Rien ne les soulageait *****, ***** ... je ne savais plus quoi faire ni penser, ma sage femme est passée me voir le mardi et mon col était fermé mais raccourcit. Mais ca ne sert a rien de descendre car ce n'est pas le moment, moi qui n'ai jamais senti de contractions juste au moment d'accoucher (j'ai eu 2 accouchements rapide avec contractions au dernier moment) la j'étais un peu perdue mais je savais que ça travaillait avec douleurs adducteurs et pubis.
le soir je reprend des contractions rapprochées et ça passe, ma sage femme me dit qu'elle garde son téléphone et que je peux la contacter à tout moment même la nuit. Et de nouveau le mercredi matin vers 4h30 je reprends des contractions toutes les 5 min, je décide d'attendre, je ne voulais pas réveiller mon homme et les enfants pour rien vu que les autres jours ça passait. mais bon la c'était toutes les 5 min et j'avais vraiment mal. A 8h mon homme emmène les enfants chez des amis et je contacte ma sage femme pour lui dire que je descendais à la maternité mais voila ça c'est accéléré, je ne pouvait pas m'asseoir donc hors de question de descendre en voiture (40 min de route). ma sage femme est venue en catastrophe, et elle m'a finalement accouchée dans l'ambulance de ma petite fille qui est décédée dans ses bras. dans mon malheur j'ai eu la chance qu'elle ai pu m'accoucher et je lui en serai toujours reconnaissante, ainsi qu'a mon médecin traitant et amis (qui était le médecin du samu et donc présent dans l'ambulance) du coup j'ai été très bien entourée. le trajet à été difficile car je n'ai pas délivrée tout de suite et les contractions reprenaient, arrivée à la maternité ils m'ont endormie pour la délivrance. j'ai perdu beaucoup de sang, étant déjà à la base anémiée cela à été un peu compliqué. nous avons pu voir notre petite fille et la prendre le temps qu'on voulait. le personnel à été au top.
dans tout ca je ne sais pas ce que mon homme a ressenti, il est encore difficile de lui en parler.

tout c'est effondré, nous étions tous heureux d'avoir cette petite fille, voir le bonheur sur les visages de mes enfants c'était indescriptible, quand j'ai su que c'était une fille je me suis autorisée à l’espérer et être contente, mais la tout c'est écroulé.
Cette petite fille que je sentais tellement présente, elle bougeait dès que j'étais inquiète, genre pour me dire t'inquiète pas je suis la et encore plus quand j'avais mes contractions. elle était en parfaite santé, refaisait du liquide et poussait bien....
maintenant il faut faire le deuil de notre fille, mais aussi le deuil que peut être je n'aurais jamais de fille et autant avant je pouvais l'envisager mais la je ne l'accepte pas du tout.
tous les jours je me surprend a me dire allez bouge et en fait non je suis vide.
penser qu'elle aurait pu être avec nous dans les prochains moi m'angoisse, ce vide m'angoisse.

Mes garçons étaient triste à l'annonce mais ils ne se rendent pas trop compte (elle n'était encore pas trop réelle pour eux même si tous les soir on en parlait), comme dit mon grand il faut replanter une graine de fille, oui c'est sur on replantera car nous en avons tous besoin mais c'est angoissant d'y penser. et peut être trop tôt ? je culpabilise de penser déjà à un autre enfant.

nous étions 3 copines à être enceinte en même temps avec plus ou moins 1 moi d'écart ce qui rend les choses encore plus difficile, je ne sais pas comment je vais réagir même si je suis super contente pour elle, je n'ai pas envie de les mettre mal a l'aise avec ce qui m'est arrivé. je me sens gênée à l'idée de les revoir.

au final ce n'est pas plus mal d'être confiné au moins je ne suis pas obligée d'être confrontée aux autres.
Ma sage femme est venue me voir quand je suis sortie de la maternité et cela m'a fait un bien fou de pouvoir reparler de tout ce qui c'était passé.

plus les jours passent, plus je m'occupe l'esprit, c'est limite si je me refuse d'y penser mais ça fait mal quand même.
j'ai besoin de penser à l'avenir, un avenir sans elle qui m'angoisse. mais un avenir ou j'ai besoin de ressentir la vie en moi.

Bonjour,

Tout d'abord toutes mes pensées à ta petite fille partie trop tôt. Je suis également nouvelle sur ce forum - malheureusement - suite à l'accouchement de ma petite fille décédée in utero à 19 sa le 2 mars.

Mon parcours est sans doute très différent du tien et pourtant je me reconnais dans beaucoup de choses que tu dis. J'ai également deux beaux garçons d'une première union, ils ont 11 et 12 ans déjà. J'étais en parcours PMA avec mon compagnon depuis quelques mois quand je suis tombée enceinte spontanément. On n'y croyait pas. J'étais heureuse au-delà des mots quand le gyné m'a appelée pour me donner le résultat du test DPNI: "une fille et tout est normal" (ce sont ses mots). Tout s'est arrêté à la fin de nos vacances, quand j'ai eu de légers saignements et que, 2 avions et 12 heures plus tard (tu peux imaginer mon état pendant le trajet je pense), arrivée à l'hôpital, on a constaté le décès in utero.

Mes garçons aussi étaient tristes à l'annonce. Le plus jeune n'arrêtait pas de chercher des prénoms avec ses copines de classe. Il s'est mis à pleurer quand on lui a annoncé que sa petite soeur ne vivrait pas. Le plus grand a des sentiments mitigés. Il a dit au plus jeune que finalement c'était mieux comme ça, que ses copains lui avaient dit qu'un bébé ça pleurait beaucoup. Par contre, on a reçu une boîte à la maternité avec des souvenirs et 4 petits bracelets, et il ne quitte plus le sien. Pour moi, cette grossesse était celle de toute notre famille re-composée.

Mon compagnon vit son deuil autrement que moi. Il a été très présent à la maternité et les premiers jours, à présent il a besoin de vivre ce drame à sa façon, sans partager. Pour lui, ce qui est le plus dur, je pense, est de ne pas savoir s'il aura un enfant vivant un jour (j'ai 41 ans, on était en bout de parcours, sur liste d'attente pour du don d'ovocyte-en Belgique). Il trouve du réconfort dans les mots de sa grand-mère, qui dit que "dans la vie on ne choisit pas". Après 2-3 semaines, il ne supportait plus de me voir pleurer et il m'a demandé de le protéger de mes émotions. Depuis, j'écris l'histoire de notre grossesse quand je sens que je n'y arrive pas.

De mon côté, je ne te cache pas que les 6 dernières semaines je suis passée par toutes les émotions. J'ai l'impression de vivre un deuil très violent, au début je revivais sans cesse l'horreur de l'annonce, l'accouchement silencieux d'un petit foetus décédé alors que dans la salle d'à côté une maman hurlait d'une douleur que je lui enviais.

Quant à l'idée d'un autre enfant, c'est quelque chose de très naturel je pense. Il n'y a aucune culpabilité à ressentir. Il n'y a pas de mode d'emploi dans ce domaine non plus. De notre côté, nous sommes toujours sur liste d'attente pour un don d'ovocyte et même si tous les traitements PMA sont à l'arrêt en ce moment, c'est une porte qu'il est très difficile de refermer. En même temps, c'est dur d'accepter que notre petite fille a dû s'en aller alors qu'elle bougeait si bien et s'accrochait à la vie. Nous avons eu les résultats préliminaires de l'autopsie et il semblerait que le décès aurait été causé par un parovirus b19, pas de chance quoi!

Ma soeur était enceinte pratiquement en même temps que moi (2 semaines d'écart) et je t'avoue que pour l'instant je n'ai pas du tout envie de la voir s'arrondir et resplendir. Après l'accouchement, elle est venue me voir avec une soupe et une plante, et je voyais qu'elle essayait de porter des vêtements qui ne mettaient pas sa grossesse en évidence. Elle n'y peut rien et a droit au bonheur, mais pour l'instant, c'est au-dessus de mes forces.

J'ai vu une psychologue 2x en téléconférence, elle m'a dit que dans le deuil, on oscillait toujours entre le chagrin d'avoir perdu cet être aimé, et la reconstruction (via une nouvelle grossesse, mais pas seulement, il y a de nombreuses façons de se reconstruire je pense). L'un n'exclut pas l'autre.

D'un côté, le confinement me permet de reprendre le contrôle de ma vie en étant protégée du monde extérieur. Mon compagnon, lui, grimpe aux murs. Bref, c'est pas simple mais on essaie de traverser la tempête comme on peut, chacun de notre côté, chacun à notre façon, en restant, autant que possible, là l'un pour l'autre pour les petites choses de la vie.

Je te souhaite beaucoup de courage dans cette épreuve, et tu verras, l'apaisement finit toujours par arriver et il n'y a rien de mal à souhaiter porter la vie à nouveau,

Sophie

bonjour,

je suis tellement désolée et triste pour ta petite fille également, même si notre parcours n'est pas le même nous avons cette souffrance et ce manque.

pour ton conjoint je comprend, entre homme et femme nous n'avons pas le même processus de deuil. je pense que chacun a besoin a sa façon de vivre les choses même si le dialogue est nécessaire.
je ne pensais pas écrire, ni m'inscrire sur des forums mais au final j'en ai ressentis le besoin, besoin d'en parler.

je ne sais pas si un jour on pourra vraiment accepter totalement ce qui c'est passé, la vie est tellement injuste, on ferra avec, on avancera, le temps apaisera surement la douleur...

je n'imagine même pas la difficulté avec ta soeur, ce doit être horrible. je ressens un peu la même chose avec une copine, ca me gêne vis a vis d'elle je n'ai pas envie de lui "pourrir" sa grossesse et d'un autre je ne sais pas si j'arriverai a voir des femmes enceintes. je me dis qu'il faut que je retombe enceinte avant qu'elle accouche.

effectivement le confinement a du bien, je ne me sens pas prête du tout a affronté les autres.

je te souhaite également beaucoup de courage, et j'espère que vous aurez la joie de pouvoir avoir ce que vous souhaitez.
ne pas se décourager et continuer a avancer... reprendre espoir même si c'est facile a dire... on essayera d'en prendre le chemin en tout cas.

encore merci pour ton témoignage

Elodie

Bonjour,

Désolée de t'accueillir ici...

j'ai accouché prématurément de mes garçons à 24sa+3 il y a maintenant un peu plus d'un an 1/2... Comme toi mon premier accouchement a été rapide et contractions uniquement le jour même. Mais pour mes Amours, j'ai été hospitalisée 12 jours avant car le col s'est effacé d'un coup. Et les médecins n'ont pas réussi à arrêter les contractions une fois commencées... J'ai eu la chance que mes enfants aient pu être pris en charge tout de suite et je les ai accompagnés pendant 4 jours. Comme toi je trouve très important d'avoir été bien entourée à ce moment là. La sage-femme qui me suivait m'a été d'une aide précieuse au moment de rentrer à la maison. Je sais que ce n'est pas très facile en ce moment avec le monde qui est comme "suspendu" mais peut être que la sage-femme peut te fixer un rdv au moins téléphonique pour t'accompagner encore ? Ou bien le médecin ?

Comme toi mes Amours ont été dynamiques jusqu'au bout, comme pour me rassurer. Et finalement je me dis que c'était leur façon de montrer qu'ils ressentaient notre Amour, de nous le rendre aussi. Ce sont de précieux souvenirs que je chérirais toujours...

Ce vide que tu ressens, je crois que l'on passe toutes par là. Avec (un peu) de recul, je sais qu'il ne disparaîtra pas complètement. Mais il fera moins peur. Tu vas l'apprivoiser. Et ta fille sera toujours dans ta tête et dans ton coeur pour l'affronter.
Bien sûr ce n'est pas ce qui était prévu mais tu as une fille. Même si elle n'est pas là actuellement. Tu l'as portée, tu l'as accouchée, c'est ton enfant. Donc tu as une fille. Je ne sais pas si ces paroles t'aideront mais c'est ce que je me dis : même absents, nos enfants resteront toujours nos enfants, quoiqu'il arrive. Personne ne peut nier leurs existences. Et ça me fait du bien.

Pour l'envie d'un autre enfant, chacune est différente, ne culpabilise pas de le ressentir. ça ne te fera pas oublier ta fille. ça ne la remplacera pas. Ce peut être une façon de lui rendre hommage aussi, redonner la Vie. Si c'est ce dont tu as envie, alors c'est bien.
J'avais aussi envie de porter la Vie de nouveau mais j'ai attendu la dpa avant de pouvoir réellement essayer. C'était important pour moi. À toi de voir ce qui te convient le mieux.

Pour tes amies enceintes en même temps, fait comme tu le sens. Dis-leur. Elles comprendront, et si ce n'est pas le cas, tant pis pour elles (?). Mes amies ont compris, et pardonné lorsque je ne suis pas allée voir leurs bébés. Elles ont attendus que je sois prête. Et ont accepté mes larmes. Alors n'hésite pas à t'exprimer !

J'espère avoir pu t'aider un peu, si tu as envie de parler n'hésite pas !

Douces pensées à ton Étoile <3

bonjour,

merci pour ton message et désolé pour tes 2 petits anges ...

finalement le confinement a du bien dans le sens ou je n'étais pas prête à affronter le monde extérieur. Ma sage femme reste présente et je la revois le 12 mai. sinon j'ai contact avec une psychologue. j'arrive mieux a en parler sans pleurer ça me fait même du bien. par contre si je me pose et que je pense a elle, comment elle aurait peu être, l'avenir avec elle j'ai encore du mal ça me provoque de l'angoisse.

sur le fait qu'elle bougeait beaucoup ma sage femme me disait qu'elle avait beaucoup de choses a nous dire avant de partir. j'avoue que quand je pense à ça j'ai un peu de colère quand même elle était en pleine santé, et il a fallu que mon corps d'expulse, elle n'a rien demandé. je ne me sens pas coupable mais de l'amertume.

pour un autre enfant j'y pense de plus en plus, la seule culpabilité que j'ai c'est vraiment cet envie d'avoir une fille, non pas pour la remplacée mais parce que j'ai ce désir un peu inachevé. et la j'ai ce besoin de retomber enceinte justement avant la dpa comme si ça apaiserai ma douleur, mais en vérité je ne sais pas. aussi envie d'être enceinte avant que mes copines accouchent.

tu as réussis a retomber enceinte du coup ? pas trop d'angoisse ?

encore merci pour ton témoignages, et j'espère que tout ira pour le mieux pour toi on dit souvent que nos anges veillent sur nous <3