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IMG... des hauts des bas...

Posté : 04 mars 2020, 15:25
par stefouille
Bonjour à vous, je suis nouvelle inscrite sur ce forum, mais j'ai lu pas mal de messages bien avant mon inscription. Lire les témoignages est quelques fois salvateurs... on se rassure, on essaie de comparer. Et un beau jour, on s'inscrit et on raconte son histoire.

J'ai 38 ans, et je suis avec mon mari, mon amoureux, depuis un peu plus de 10 ans. Je l'aime toujours comme au premier jour, j'ai toujours des papillons dans le ventre en sa présence. Vous savez, cette impression que nous deux, c'était hier, et qu'en même temps, je n'ai jamais vécu sans lui... Bref, c'est mon amoureux.
Au début, il n'était pas dans nos projets d'avoir un bébé, trop jeunes, trop insouciants... Nous on voulait s'aimer qu'à deux, voyager, se découvrir, découvrir le monde... Puis un beau jour, ça m'est tombé dessus... Je voulais être maman, ce besoin de transmettre, de donner, d'aimer encore plus... ça m'a pris aux tripes pour ne plus me lâcher...
Lui, il a mis un peu de temps, mais c'est comme ça que ça fonctionne chez nous. Moi je suis impulsive, lui c'est un réfléchi, on se complète bien.
Il a fini par dire qu'il voulait lui aussi être papa, et on s'est lancé dans l'aventure.

Nous avons attendu 5 mois, et nous avons découvert les deux lignes sur un test de grossesse (en réalité, sur 4 tests au moins). On ne s'y attendait pas, on revenait d'un long voyage, et je pensais que mon retard de règle était dû au décalage horaire. Je suis allée en pharmacie en expliquant mon problème, et la pharmacienne m'a tendu un test. Il était positif. J'en ai racheté trois, je n'arrivais pas à y croire, ça y était, j'allais devenir maman!
J'étais stressée, mais je suis toujours stressée, il me fallait sortir de ma zone de confort, et je n'aime pas trop ça. Tout allait bien, tous les examens étaient normaux, la première écho au top. Lors de ma visite du 4ème mois, je m'installe, et là, l'annonce, le coeur ne battait plus.
J'étais seule, j'avais rendez vous en toute fin de journée, et je me suis retrouvée sur le parking de la clinique, complètement sous le choc. J'ai accouché 3 jours après d'une petite fille, MFIU non expliquée.
Enfin non expliquée, la science n'aimant pas les absences de réponse, on m'a expliqué que le placenta s'était logé sur un fibrome, qui avait grossi avec la grossesse, et que cela avait pu générer la MFIU.
J'étais désemparée, je me sentais victime d'une injustice énorme, je ne supportais plus de voir une femme enceinte, c'est comme si je leur en voulais.
J'ai entamé un suivi psy, qui m'a fait beaucoup de bien, même si tout n'a pas été réglé, c'est dur de s'en remettre. Puis le temps a fait progressivement son oeuvre.

Quelques mois après, j'ai dû être opérée pour enlever le fibrome, et attendre un an avant de pouvoir recommencer les essais. Nous avions le projet de nous marier, avant d'apprendre la grossesse mon amoureux avait demandé ma main, nous nous sommes donc mariés. C'était le plus beau jour de ma vie, de notre vie.

Nous avons repris les essais un peu plus d'un an après, mais sans succès dans les premiers temps. Puis deux ans plus tard, après 5 tests positifs, j'ai réalisé que j'étais de nouveau enceinte. Joie, stress, joie, stress, joie... J'étais littéralement écartelée entre ces deux émotions. La peur que ça recommence, mais cette profonde conviction que la foudre ne tombe jamais deux fois au même endroit, non elle peut pas, impossible. Et pourtant...
Début de grossesse idyllique, appréhension arrivée à la date de l'écho du 4ème mois, mais tout va bien. Le coeur bat, et c'est un garçon...

Mais tout s'écroule à l'écho du T2. Malformation au cerveau, et après plusieurs écho et un IRM, le couperet tombe. On nous explique les risques de handicaps, mais sans certitude. Que le pronostic peut être favorable, mais que c'est pas sûr, et qu'il est aussi possible que le bébé ne puisse pas se tenir debout, parler, ou communiquer. Mais que c'est à nous qu'il revient de prendre la décision. Nous avons décidé d'une IMG, à 6 mois et demi de grossesse.
Entre la découverte de la malformation et la mise en place de l'IMG, il s'est passé un mois. Un mois à le sentir bouger, un mois pendant lequel je voulais qu'il reste là, mais je voulais être à après l'accouchement. J'ai accouché en novembre 2019. ça a été dur avant, pendant, et après. Nous avons décidé de ne pas le voir, de ne pas le prénommer, de ne pas faire d'obsèques.
D'effacer. J'ai pleuré avant, beaucoup, pendant, et après, par vagues. Je me dis que c'est tellement injuste, deux fois, c'est inhumain. Mais c'est la vie, on n'y peut rien.
Mais je savais aussi que j'allais pas mourir de chagrin, que j'allais m'en remettre, qu'une autre partie des couleurs du monde allaient s'effacer, mais que ça reviendrait, peut être en un peu plus pâle, un peu moins chatoyant, mais que ça reviendrait.
C'est plus dur certains jours que d'autres.
Les réflexions, parfois inconscientes des conséquences sur nous, de l'entourage.
Les annonces de grossesses autour. Entre l'envie, et la honte de ne pas avoir pu mener à terme cette mission qui m'était confiée de donner la vie.
Cette envie d'insouciance, que j'envie chez certaines femmes enceintes, non conscientes que tout peut s'arrêter sans qu'on sache pourquoi.
Et toutes ces questions qui resteront sans réponse, pourquoi moi, pourquoi nous?
Il aurait été tellement heureux ce bébé, j'avais tellement à lui donner.
Et puis un jour, cette envie de recommencer, de reparler au présent. Les tests sont tous revenus normaux, malformation inexpliquée, ça arrive, c'est comme ça. C'est que ça devait se passer comme ça. Maigre consolation mais bon, on fait ce qu'on peut.
Nous réessayons actuellement, nous avons toujours ce projet, même si j'ai peur. Peur de ne pas retomber enceinte, et peur de retomber enceinte.
Alors décider de prendre la vie comme elle vient, de continuer à sourire car c'est ce que je sais faire de mieux, et faire confiance en l'avenir.

Je vous souhaite à toute le courage de surmonter ces épreuves, le courage d'être résilientes, et de devenir plus fortes.
Le monde retrouvera ses couleurs ♥

Stefouille

Re: IMG... des hauts des bas...

Posté : 05 mars 2020, 18:48
par Messina
Je te trouve très courageuse et magnifique dans cette sagesse et résilience. Je te souhaite beaucoup de douceur à présent et que la vie te gâte dorénavant. Une tendre pensée pour tes anges qui je n'en doute pas ont eu beaucoup de chance de t'avoir comme maman.

Re: IMG... des hauts des bas...

Posté : 24 mars 2020, 09:38
par Gigi18
Bonjour Stefouille,

Je viens de lire ton texte et il m'a émue et je me retrouve assez bien, notamment quand tu parles de la peur de ne pas retomber enceinte mais aussi de tomber enceinte....

J'espère un jour arriver à ressentir les choses comme tu as l'air de les ressentir, c'est-à-dire avec du recul et une certaine sagesse. Je suis pour l'instant très effrayée et en colère encore à l'heure actuelle (IMG le 19:12/19). J'arrive à prendre du recul quand j'écris mais j'ai encore tellement de craintes trop envahissantes, des angoisses et des moments de désespoirs profonds.

Je te trouve très courageuse car tu as l'air d'adopter un point de vue constructif. Merci de cet écrit car il me donne un peu plus de force.

Gigi

Re: IMG... des hauts des bas...

Posté : 29 mars 2020, 16:41
par Claiwe
Bonjour,
Je te comprends tout à fait.
Apres 2 ans sans succès, je suis tombée (rapidement) enceinte sous stimulation. Puis 1ere fausse couche (gros coup de pression qui a déclanché des pertes de sang : arret de son coeur) l'an dernier à 8 sa.
On retente. Puis 2e fausse couche (gros stress donc perte de sang : décollement trophoblastique ; son coeur s'est arreté 15 jours plus tard) à 10 sa.
On retente. Je vis cette grossesse détachée, comme ds un film, pr me proteger, tour en regardant tous les jours mon ventre s'arrondir. Je passe l'écho des 12 sa. Super j'ai passé un cap ! Puis résultats du tri test mauvais mais finalement aucune trisomie détectée lors du tri test. Mais à 16 sa : perte des eaux pendant que je mangeais tranquillement. On me dit qu'il faut prevoir une IMG. On décide d'attendre 10 jours pour laisser une chance au liquide amniotique se reformer (mois de 1%). Finalement l'IMG a été décidée cette semaine.
Dur de ne pas se sentir coupable. Dur de nebs avoir de reponse (ptetre une infection vaginale, ptetre mon uterus cloisonné, ptetre la poche du faux jumeau qui a declenché des pertes de sang 1 mois plus tot, ptetre les 3, ptetre aucun des 3).
Je me sens impuissante, moi qui ait besoin de controler. Ne pas savoir comment faire pr espérer ds le futur. Peur d'etre parano lors d'une prochaine grossesse et d'en arriver à analyser tout signe : l'uterus tiraille car c'est normal ? Est ce le debut d'une fausse couche ? Je sens des pertes. Est ce lié aux glaires ? Sont elles normales ou doivent elles m'alerter que j'ai une infection ? Serait je capable de vivre malgré tout en étant enceinte ? Est ce que j'arriverai à ne pas trop me rejouir (pr ne pas trop souffrir si cela se termine), mais à quand meme célébrer chaque petite victoire ? Vais je faire un décompte de chaque jour passé et chaque jour restant ?
Comment peut on vivre "normalement" ...

Re: IMG... des hauts des bas...

Posté : 19 avril 2020, 20:30
par stefouille
Messina a écrit : 05 mars 2020, 18:48 Je te trouve très courageuse et magnifique dans cette sagesse et résilience. Je te souhaite beaucoup de douceur à présent et que la vie te gâte dorénavant. Une tendre pensée pour tes anges qui je n'en doute pas ont eu beaucoup de chance de t'avoir comme maman.
Merci beaucoup Messina pour ces gentils mots...

Re: IMG... des hauts des bas...

Posté : 19 avril 2020, 20:45
par stefouille
Gigi18 a écrit : 24 mars 2020, 09:38 Bonjour Stefouille,

Je viens de lire ton texte et il m'a émue et je me retrouve assez bien, notamment quand tu parles de la peur de ne pas retomber enceinte mais aussi de tomber enceinte....

J'espère un jour arriver à ressentir les choses comme tu as l'air de les ressentir, c'est-à-dire avec du recul et une certaine sagesse. Je suis pour l'instant très effrayée et en colère encore à l'heure actuelle (IMG le 19:12/19). J'arrive à prendre du recul quand j'écris mais j'ai encore tellement de craintes trop envahissantes, des angoisses et des moments de désespoirs profonds.

Je te trouve très courageuse car tu as l'air d'adopter un point de vue constructif. Merci de cet écrit car il me donne un peu plus de force.

Gigi
Bonjour Gigi,

Je te souhaite tout le courage nécessaire pour aller de l'avant!
Moi aussi j'essaie de prendre du recul, le plus possible, et le plus souvent possible. Bien sûr, il y a des moments de désespoir, mais ce qui me "sauve", c'est que je sais qu'un jour, ça ira mieux. On ne sera sans doute jamais plus inconsciente, car nous faisons désormais partie des "autres", on sait que ça peut nous arriver.
Cette douleur, elle est tellement intime et tellement violente, qu'il faut du temps pour qu'elle passe, et cela se fera progressivement.
Aujourd'hui j'ai eu ce qu'on appelle avec mon mari "une bouffée de tristesse"; une crise de larmes, et des questions sans réponse, toujours...
Je sais qu'il faut l'accepter, et j'y travaille. La plupart du temps, ça va. Mais il faut accepter les vagues de tristesse; elles seront de moins ne moins présentes, mais il ne faut surtout pas les ignorer. Ma psy me disait que si on ne laisse pas rentrer la tristesse, elle reste devant la porte... Et je n'aime tellement pas être triste, c'est tellement pas moi!
J'ai toujours cette même sensation, la peur d'une grossesse, et la peur d'une absence de grossesse... Mais je l'espère de plus en plus. Même si je sais que cela ne sera pas facile, et que je vais angoisser...
ça aussi, il faut l'accepter. On n'a pas le choix, nous sommes faites pour aller de l'avant.
En tout cas, tu as tout mon soutien, et je te souhaite le meilleur.
A très bientôt,
Stefouille

Re: IMG... des hauts des bas...

Posté : 19 avril 2020, 21:14
par stefouille
Claiwe a écrit : 29 mars 2020, 16:41 Bonjour,
Je te comprends tout à fait.
Apres 2 ans sans succès, je suis tombée (rapidement) enceinte sous stimulation. Puis 1ere fausse couche (gros coup de pression qui a déclanché des pertes de sang : arret de son coeur) l'an dernier à 8 sa.
On retente. Puis 2e fausse couche (gros stress donc perte de sang : décollement trophoblastique ; son coeur s'est arreté 15 jours plus tard) à 10 sa.
On retente. Je vis cette grossesse détachée, comme ds un film, pr me proteger, tour en regardant tous les jours mon ventre s'arrondir. Je passe l'écho des 12 sa. Super j'ai passé un cap ! Puis résultats du tri test mauvais mais finalement aucune trisomie détectée lors du tri test. Mais à 16 sa : perte des eaux pendant que je mangeais tranquillement. On me dit qu'il faut prevoir une IMG. On décide d'attendre 10 jours pour laisser une chance au liquide amniotique se reformer (mois de 1%). Finalement l'IMG a été décidée cette semaine.
Dur de ne pas se sentir coupable. Dur de nebs avoir de reponse (ptetre une infection vaginale, ptetre mon uterus cloisonné, ptetre la poche du faux jumeau qui a declenché des pertes de sang 1 mois plus tot, ptetre les 3, ptetre aucun des 3).
Je me sens impuissante, moi qui ait besoin de controler. Ne pas savoir comment faire pr espérer ds le futur. Peur d'etre parano lors d'une prochaine grossesse et d'en arriver à analyser tout signe : l'uterus tiraille car c'est normal ? Est ce le debut d'une fausse couche ? Je sens des pertes. Est ce lié aux glaires ? Sont elles normales ou doivent elles m'alerter que j'ai une infection ? Serait je capable de vivre malgré tout en étant enceinte ? Est ce que j'arriverai à ne pas trop me rejouir (pr ne pas trop souffrir si cela se termine), mais à quand meme célébrer chaque petite victoire ? Vais je faire un décompte de chaque jour passé et chaque jour restant ?
Comment peut on vivre "normalement" ...
Bonjour Claiwe,
Comme je te comprends...
Ou comment le bonheur peut se transformer en cauchemar. Et ce sentiment d'injustice. Je te comprends tout à fait, je suis aussi une adepte du contrôle, quand ça m'échappe, et que je suis en roue libre, j'ai l'impression de me noyer. A l'hôpital, c'est limite si je ne suis pas désagréable lorsque j'ai l'impression de n'être qu'un nom sur un dossier. Heureusement, j'ai une gyneco en or, qui comprend mon besoin de comprendre, et en même temps, d'être rassurée.
J'ai vu une psy, et j'ai entamé un (long) travail, pour notamment travailler le lâcher prise. ça m'a permis de ne pas sombrer la première fois, car j'ai vraiment pris cette vague en pleine face. J'ai cru que je n'allais pas arriver à surmonter cette épreuve, et puis si. ça a pris du temps, mais c'est revenu. Lors de la seconde grossesse, j'étais stressée et sereine à la fois. Le choc a été violent, mais je savais que j'allais m'en remettre. Encore aujourd'hui, quand j'ai des moments bad, à me dire que c'est quand même hallucinant cette situation, ce manque de chance, quand je suis en crise de larme, je sais quand même que je vais aller mieux. Et ça, ça me fait un bien fou. De savoir qu'il y a la lumière au bout.
En ce qui concerne ton comportement lors d'une prochaine grossesse, rien ne pourra éviter le stress, l'inverse serait même étonnant. Mais il faut se dire qu'on ne peut rien y faire, qu'on ne maîtrise pas l'avenir, alors il faudra accepter de se laisser porter (je sais, plus facile à dire qu'à faire, mais en même temps, c'est la stricte vérité).
Je suis sûre que tu as le droit au bonheur, comme nous toutes, et que le meilleur reste à venir.
Prends soin de toi.
Stefouille