À mon tour
Posté : 28 février 2020, 11:06
Bonjour à toutes et tous,
Je n'aurais jamais imaginé une telle situation, mais malheureusement cela existe, vous le savez aussi bien que moi.
Je viens ici pour trouver un certain réconfort, des réponses, du partage.
Après une grossesse surprise, puisque pas prévue ni attendue, j'ai accouché le jour de mon terme, à savoir le 12/02/2020. Ma fille est "morte" lors de sa naissance. Après seulement 4h à la maternité, 1h de monitoring impeccable, puis 2h de bain, le monitoring suivant faisait état d'un pouls à 0... L'équipe a malgré tout effectué une césarienne en urgence, une réanimation de 20 minutes.
À mon réveil, j'apprends qu'elle est sédatée et en hypothermie pour éviter d'aggraver les potentielles lésions neurologiques. J'ai pu la voir et la prendre quelques minutes avant son transfert au CHU le plus proche. J'ai été moi-même transférée le lendemain. À mon arrivée, la pédiatre nous a annoncé que tous ses organes étaient défectueux, probablement à cause d'un manque d'oxygénation trop important. Elle est morte officiellement 24h après sa naissance.
Pour moi, elle est morte dès sa naissance, car elle était de toute façon branchée de partout et le moindre tuyau débranché aurait eu le même effet, à savoir la tuer.
Suite à l'annonce, nous avons demandé qu'elle soit justement débranchée, nous refusions catégoriquement un acharnement quelconque, qu'elle subissait déjà, pour de toute façon être condamnée. On nous l'a refusé, mais heureusement notre enfant a décidé de s'en aller, d'elle-même, et malgré les machines, son cœur a cessé se battre de lui-même.
Nous avons fait pratiquer une autopsie, dont les résultats devraient arriver dans 2 à 3 mois. Je ne crois pas qu'il y ait d'explication purement médicale, la grossesse s'est hyper bien déroulée, aucune malformation visible. On nous parle d'un travail beaucoup trop violent, qu'elle n'a pas supporté.
Aujourd'hui, j'oscille entre le soulagement car elle ne souffre pas, elle n'a pas à vivre avec un handicap lourd (je travaille dans ce domaine et je sais à quel point c'est difficile), nous n'avons pas non plus à affronter son handicap si elle avait dû vivre avec (ceci est notre avis, je comprends aussi le point de vue selon lequel malgré un handicap, au moins elle serait tjs en vie...) ; et une douleur intense, un manque indescriptible d'un enfant que je n'ai connu qu'à travers moi...
J'ai l'impression d'être dans une intellectualisation de la situation pour me protéger, pour ne pas sombrer. Je sais ce qu'il se passe, mais parfois j'ai la sensation que ce n'est pas à moi que cela arrive. Et à d'autres moments, tout revient et je ne peux m'empêcher de pleurer le manque de son corps contre le mien, même si cela n'a duré que quelques instants. Je me "console" en me disant que c'est probablement pire pour les parents qui perdent un enfant après plusieurs jours/semaines/mois/années de vie... bien que dans ces circonstances, il n'y a pas de meilleures ou de plus mauvaises situations... et pourtant sur le coup, j'ai été en colère et j'ai même pensé que j'aurais préféré que cela arrive en cours de grossesse plutôt que d'aller jusqu'au bout. Je sais que cela va en choquer plus d'une d'entre vous, et je vous présente mes excuses pour ces mauvaises pensées parce qu'au fond, ce n'est souhaitable pour absolument personne et à n'importe quel stade de la grossesse. J'étais juste... anéantie.
Mon mari est un roc, il ne dit rien et ne montre rien. Je sais qu'au fond il est triste aussi, mais pour lui il faut se montrer fort pour m'aider, il estime que j'ai la double peine entre le choc moral mais également les douleurs physiques. J'ai aussi un probable trauma suite à la césarienne en urgence, où l'équipe a fait certes son travail mais ne nous a absolument rien dit, nous avons été séparés, arrachés l'un à l'autre, j'ai été triturée, endormie sans que l'on ne m'explique rien... et au réveil je n'avais ni ventre ni bébé...
Je compte prendre contact avec un psy prochainement car je ne crois pas pouvoir traverser cela sans aide. Je veux prendre le taureau par les cornes, ne pas laisser s'installer mon désespoir, et aller mieux est un signe fort pour notre entourage pour que toutes les personnes qui gravitent autour de nous puissent aussi s'en remettre... je le fais aussi évidemment pour mon couple, car je sais que mon mari est fort mais il n'a pas à s'oublier simplement pour moi. Même si je sais qu'il vit les choses différemment, pour lui c'est évidemment dramatique mais le pire aurait été de me perdre moi et il vit la situation (pour le moment) un peu comme un soulagement que ce ne soit pas ce cas de figure... si je vais mieux avec le temps, j'espère qu'il se laissera aller aussi à une certaine tristesse car je sais bien que quoiqu'il arrive, un jour, cette tristesse reviendra encore plus forte et qu'il sera encore plus difficile d'y faire face.
Nous avons aussi espoir que 2020 puisse nous refaire sourire car nous ne souhaitons pas attendre trop longtemps avant d'essayer d'avoir un nouvel enfant. Ce 2e enfant n'aura évidemment pas pour objectif d'effacer notre 1er, mais nous avons le caractère où nous n'aimons pas rester sur des échecs, nous avons à cœur de prouver à la vie que nous sommes plus forts que les épreuves qui se trouvent sur notre chemin.
Mes seules craintes sont bien entendu que cela ne fonctionne pas, même après plusieurs mois (alors que cette première grossesse a vraiment été une cadeau, un tour de magie pour que cela prenne d'un coup), et nous aimerions une 2e fille car même si j'ai tjs imaginé avoir un garçon nous étions si heureux d'avoir une fille... même si avec les circonstances j'imagine que j'aurais simplement la joie d'avoir un enfant en vie. Probablement qu'il est trop tôt et qu'avec le temps nous nous dirons qu'il faut attendre, ou pas, je ne sais pas...
Nous attendons de toute façon les résultats de l'autopsie, par principe, et surtout que les désagréments liés à l'accouchement/césarienne se dissipent. La contraception qui m'a été prescrite par le CHU, je ne sais pas encore si je souhaite la prendre... je préfère que mon corps prenne ses aises. Qu'en pensez-vous ?
Navrée pour le pavé, qui, en plus d'être extrêmement long est aussi clairement désorganisé. Il manque sûrement encore plein de choses que j'aimerais dire, des réponses que j'attends désespérément...
Merci à celles qui auront eu le courage d'aller jusqu'au bout, je réitère mes excuses si je choque certaines personnes également...
A.
Je n'aurais jamais imaginé une telle situation, mais malheureusement cela existe, vous le savez aussi bien que moi.
Je viens ici pour trouver un certain réconfort, des réponses, du partage.
Après une grossesse surprise, puisque pas prévue ni attendue, j'ai accouché le jour de mon terme, à savoir le 12/02/2020. Ma fille est "morte" lors de sa naissance. Après seulement 4h à la maternité, 1h de monitoring impeccable, puis 2h de bain, le monitoring suivant faisait état d'un pouls à 0... L'équipe a malgré tout effectué une césarienne en urgence, une réanimation de 20 minutes.
À mon réveil, j'apprends qu'elle est sédatée et en hypothermie pour éviter d'aggraver les potentielles lésions neurologiques. J'ai pu la voir et la prendre quelques minutes avant son transfert au CHU le plus proche. J'ai été moi-même transférée le lendemain. À mon arrivée, la pédiatre nous a annoncé que tous ses organes étaient défectueux, probablement à cause d'un manque d'oxygénation trop important. Elle est morte officiellement 24h après sa naissance.
Pour moi, elle est morte dès sa naissance, car elle était de toute façon branchée de partout et le moindre tuyau débranché aurait eu le même effet, à savoir la tuer.
Suite à l'annonce, nous avons demandé qu'elle soit justement débranchée, nous refusions catégoriquement un acharnement quelconque, qu'elle subissait déjà, pour de toute façon être condamnée. On nous l'a refusé, mais heureusement notre enfant a décidé de s'en aller, d'elle-même, et malgré les machines, son cœur a cessé se battre de lui-même.
Nous avons fait pratiquer une autopsie, dont les résultats devraient arriver dans 2 à 3 mois. Je ne crois pas qu'il y ait d'explication purement médicale, la grossesse s'est hyper bien déroulée, aucune malformation visible. On nous parle d'un travail beaucoup trop violent, qu'elle n'a pas supporté.
Aujourd'hui, j'oscille entre le soulagement car elle ne souffre pas, elle n'a pas à vivre avec un handicap lourd (je travaille dans ce domaine et je sais à quel point c'est difficile), nous n'avons pas non plus à affronter son handicap si elle avait dû vivre avec (ceci est notre avis, je comprends aussi le point de vue selon lequel malgré un handicap, au moins elle serait tjs en vie...) ; et une douleur intense, un manque indescriptible d'un enfant que je n'ai connu qu'à travers moi...
J'ai l'impression d'être dans une intellectualisation de la situation pour me protéger, pour ne pas sombrer. Je sais ce qu'il se passe, mais parfois j'ai la sensation que ce n'est pas à moi que cela arrive. Et à d'autres moments, tout revient et je ne peux m'empêcher de pleurer le manque de son corps contre le mien, même si cela n'a duré que quelques instants. Je me "console" en me disant que c'est probablement pire pour les parents qui perdent un enfant après plusieurs jours/semaines/mois/années de vie... bien que dans ces circonstances, il n'y a pas de meilleures ou de plus mauvaises situations... et pourtant sur le coup, j'ai été en colère et j'ai même pensé que j'aurais préféré que cela arrive en cours de grossesse plutôt que d'aller jusqu'au bout. Je sais que cela va en choquer plus d'une d'entre vous, et je vous présente mes excuses pour ces mauvaises pensées parce qu'au fond, ce n'est souhaitable pour absolument personne et à n'importe quel stade de la grossesse. J'étais juste... anéantie.
Mon mari est un roc, il ne dit rien et ne montre rien. Je sais qu'au fond il est triste aussi, mais pour lui il faut se montrer fort pour m'aider, il estime que j'ai la double peine entre le choc moral mais également les douleurs physiques. J'ai aussi un probable trauma suite à la césarienne en urgence, où l'équipe a fait certes son travail mais ne nous a absolument rien dit, nous avons été séparés, arrachés l'un à l'autre, j'ai été triturée, endormie sans que l'on ne m'explique rien... et au réveil je n'avais ni ventre ni bébé...
Je compte prendre contact avec un psy prochainement car je ne crois pas pouvoir traverser cela sans aide. Je veux prendre le taureau par les cornes, ne pas laisser s'installer mon désespoir, et aller mieux est un signe fort pour notre entourage pour que toutes les personnes qui gravitent autour de nous puissent aussi s'en remettre... je le fais aussi évidemment pour mon couple, car je sais que mon mari est fort mais il n'a pas à s'oublier simplement pour moi. Même si je sais qu'il vit les choses différemment, pour lui c'est évidemment dramatique mais le pire aurait été de me perdre moi et il vit la situation (pour le moment) un peu comme un soulagement que ce ne soit pas ce cas de figure... si je vais mieux avec le temps, j'espère qu'il se laissera aller aussi à une certaine tristesse car je sais bien que quoiqu'il arrive, un jour, cette tristesse reviendra encore plus forte et qu'il sera encore plus difficile d'y faire face.
Nous avons aussi espoir que 2020 puisse nous refaire sourire car nous ne souhaitons pas attendre trop longtemps avant d'essayer d'avoir un nouvel enfant. Ce 2e enfant n'aura évidemment pas pour objectif d'effacer notre 1er, mais nous avons le caractère où nous n'aimons pas rester sur des échecs, nous avons à cœur de prouver à la vie que nous sommes plus forts que les épreuves qui se trouvent sur notre chemin.
Mes seules craintes sont bien entendu que cela ne fonctionne pas, même après plusieurs mois (alors que cette première grossesse a vraiment été une cadeau, un tour de magie pour que cela prenne d'un coup), et nous aimerions une 2e fille car même si j'ai tjs imaginé avoir un garçon nous étions si heureux d'avoir une fille... même si avec les circonstances j'imagine que j'aurais simplement la joie d'avoir un enfant en vie. Probablement qu'il est trop tôt et qu'avec le temps nous nous dirons qu'il faut attendre, ou pas, je ne sais pas...
Nous attendons de toute façon les résultats de l'autopsie, par principe, et surtout que les désagréments liés à l'accouchement/césarienne se dissipent. La contraception qui m'a été prescrite par le CHU, je ne sais pas encore si je souhaite la prendre... je préfère que mon corps prenne ses aises. Qu'en pensez-vous ?
Navrée pour le pavé, qui, en plus d'être extrêmement long est aussi clairement désorganisé. Il manque sûrement encore plein de choses que j'aimerais dire, des réponses que j'attends désespérément...
Merci à celles qui auront eu le courage d'aller jusqu'au bout, je réitère mes excuses si je choque certaines personnes également...
A.