Papa insensible : comment est-ce possible ?
Posté : 23 février 2020, 19:10
Bonjour,
Je suis Mia et j'ai 43 ans. J'ai subi une IMG à l'hôpital il y a trois jours (bébé atteint de spina bifida ayant entraîné une malformation de type Chiari II). J'ai été placée en maternité, section grossesses à risques, mais heureusement pour toutes mes voisines, j'ai été la seule cette semaine-là à subir cette horreur. La veille de l'IMG j'ai été hospitalisée à 16h30. J'ai toujours été obligée de maîtriser mes émotions en public car autrement, je serais incapable de prendre une seule décision raisonnée, ce que la psy n'a pas compris (elle attendait visiblement de moi des plaintes, des débordements "classiques" qu'elle pourrait facilement ranger dans ses petits casiers psy). Je sépare cœur et raison et c'est ce qui m'a toujours permis de ne pas sombrer lors de catastrophes précédentes (à 23 ans j'ai entièrement assumé la mort et les obsèques de ma mère car mon père était trop effondré).
J'aimais et j'aime toujours à la folie cet enfant que j'ai porté pendant 16 semaines, et jamais je me pardonnerai le fait que j'ai décidé de sa mort (même si ma raison reprendrait la même décision à ce jour). Toutefois, mon conjoint ne comprend pas du tout ma peine, il me regarde avec des yeux ronds et plaisante, il me serine que c'"était la meilleure solution", sans faire un effort pour comprendre ma douleur morale et ce feu de mort dans mes tripes (un vrai caveau d'ailleurs, mes tripes). Mon compagnon et moi nous aimons, mais c'est aussi une personne très froide qui s'est déconnectée de ses propres émotions dans sa jeunesse ; et visiblement, il n'a pas envie de retrouver le chemin qui le ramènerait à elles. Il dit qu'il ne s'est pas du tout investi dans la relation à cet enfant, qu'il a totalement "virtualisé" du fait de mes deux fausses-couches précédentes. Il n'avait pas envie d'y croire encore, quoi. Il m'a dit qu'il ne comprenait pas pourquoi je culpabilisais tant et que tout est bien comme ça.
Sa propre mère m'a téléphoné le lendemain de l'IMG et m'a annoncé sans ambages qu'"il fallait éliminer ce, ce...". Tel mère, tel fils. Aussi superficiels et rigides l'un que l'autre. Sa mère ne m'a même pas demandé quel prénom je lui avais choisi !! Elle s'est même indignée sur le fait que mon conjoint avait assisté (bien malgré lui) à mon monstrueux "accouchement" ("Oooh ! Mais quelle idéeeeee, c'est nouveau ça, de mon temps, sûrement pas !!!"). Mon désespoir ne rencontre aucun écho, aucun soutien, aucune écoute bienveillante de la part de ces deux robots mécaniques. Sa mère ne pense qu'à rattraper l'anniversaire de son cher fils à qui j'ai visiblement gâché un resto à cause de l'IMG.
Bref, je vis cette après-IMG absolument SEULE, mais même pas en colère tellement je suis dévastée. Pourtant, dès aujourd'hui je recherche à nouveau un travail car la thèse de doctorat que je fais depuis 5 ans n'est pas du tout financée, et les maigres revenus de mon compagnon ne suffisent pas à nous faire vivre à deux. La vie me ramène à sa dureté nue. Jamais de choix pour moi. Jamais, jamais. Je n'ai pas de famille hormis mon compagnon (mes parents sont décédés et je suis fille unique). Pas d'amis non plus (les deux seules que je croyais avoir se sont volatilisées le jour où j'ai arrêté de prendre de leurs nouvelles afin de les tester). Je ne suis même plus sûre d'exister vraiment moi-même à ce jour. Quelle bénédiction ce serait en vérité!
Voilà, Aimé(e) était mon premier enfant viable (deux fausses-couches avant), et je n'ai pas envie de retenter ces expériences douloureuses. Je suis si triste, les papas, si vous saviez... Mais oui : vous le savez, vous.
Je suis Mia et j'ai 43 ans. J'ai subi une IMG à l'hôpital il y a trois jours (bébé atteint de spina bifida ayant entraîné une malformation de type Chiari II). J'ai été placée en maternité, section grossesses à risques, mais heureusement pour toutes mes voisines, j'ai été la seule cette semaine-là à subir cette horreur. La veille de l'IMG j'ai été hospitalisée à 16h30. J'ai toujours été obligée de maîtriser mes émotions en public car autrement, je serais incapable de prendre une seule décision raisonnée, ce que la psy n'a pas compris (elle attendait visiblement de moi des plaintes, des débordements "classiques" qu'elle pourrait facilement ranger dans ses petits casiers psy). Je sépare cœur et raison et c'est ce qui m'a toujours permis de ne pas sombrer lors de catastrophes précédentes (à 23 ans j'ai entièrement assumé la mort et les obsèques de ma mère car mon père était trop effondré).
J'aimais et j'aime toujours à la folie cet enfant que j'ai porté pendant 16 semaines, et jamais je me pardonnerai le fait que j'ai décidé de sa mort (même si ma raison reprendrait la même décision à ce jour). Toutefois, mon conjoint ne comprend pas du tout ma peine, il me regarde avec des yeux ronds et plaisante, il me serine que c'"était la meilleure solution", sans faire un effort pour comprendre ma douleur morale et ce feu de mort dans mes tripes (un vrai caveau d'ailleurs, mes tripes). Mon compagnon et moi nous aimons, mais c'est aussi une personne très froide qui s'est déconnectée de ses propres émotions dans sa jeunesse ; et visiblement, il n'a pas envie de retrouver le chemin qui le ramènerait à elles. Il dit qu'il ne s'est pas du tout investi dans la relation à cet enfant, qu'il a totalement "virtualisé" du fait de mes deux fausses-couches précédentes. Il n'avait pas envie d'y croire encore, quoi. Il m'a dit qu'il ne comprenait pas pourquoi je culpabilisais tant et que tout est bien comme ça.
Sa propre mère m'a téléphoné le lendemain de l'IMG et m'a annoncé sans ambages qu'"il fallait éliminer ce, ce...". Tel mère, tel fils. Aussi superficiels et rigides l'un que l'autre. Sa mère ne m'a même pas demandé quel prénom je lui avais choisi !! Elle s'est même indignée sur le fait que mon conjoint avait assisté (bien malgré lui) à mon monstrueux "accouchement" ("Oooh ! Mais quelle idéeeeee, c'est nouveau ça, de mon temps, sûrement pas !!!"). Mon désespoir ne rencontre aucun écho, aucun soutien, aucune écoute bienveillante de la part de ces deux robots mécaniques. Sa mère ne pense qu'à rattraper l'anniversaire de son cher fils à qui j'ai visiblement gâché un resto à cause de l'IMG.
Bref, je vis cette après-IMG absolument SEULE, mais même pas en colère tellement je suis dévastée. Pourtant, dès aujourd'hui je recherche à nouveau un travail car la thèse de doctorat que je fais depuis 5 ans n'est pas du tout financée, et les maigres revenus de mon compagnon ne suffisent pas à nous faire vivre à deux. La vie me ramène à sa dureté nue. Jamais de choix pour moi. Jamais, jamais. Je n'ai pas de famille hormis mon compagnon (mes parents sont décédés et je suis fille unique). Pas d'amis non plus (les deux seules que je croyais avoir se sont volatilisées le jour où j'ai arrêté de prendre de leurs nouvelles afin de les tester). Je ne suis même plus sûre d'exister vraiment moi-même à ce jour. Quelle bénédiction ce serait en vérité!
Voilà, Aimé(e) était mon premier enfant viable (deux fausses-couches avant), et je n'ai pas envie de retenter ces expériences douloureuses. Je suis si triste, les papas, si vous saviez... Mais oui : vous le savez, vous.