Quand le conjoint ne partage pas la peine
Posté : 23 février 2020, 18:27
Bonjour à tous,
Je me présente : je suis Mia, j'ai 43 ans et je suis doctorante en ethnologie (5e année de thèse). J'ai subi une IMG à l'hôpital il y a trois jours (bébé atteint de spina bifida ayant entraîné une malformation de type Chiari II). J'ai été placée en maternité, section grossesses à risques, mais heureusement pour toutes mes voisines, j'ai été la seule cette semaine-là à subir cette horreur. La veille de l'IMG j'ai été hospitalisée à 16h30 et j'ai apporté de quoi lire des articles scientifiques. J'en ai terminé et analysé un dans la soirée. Voilà. Disons que je maîtrise mes émotions en public car autrement, je serais incapable de prendre une seule décision raisonnée, ce que la psy n'a pas compris (elle attendait visiblement de moi des plaintes dans des termes qu'elles pourrait facilement mettre dans ses petits casiers "certifiés conforme"). Or, je sépare cœur et raison et c'est ce qui m'a toujours permis de ne pas sombrer. J'aimais et j'aime toujours à la folie cet enfant que j'ai porté pendant 16 semaines, et jamais je me pardonnerai le fait que j'ai décidé de sa mort (même si ma raison reprendrait la même décision à ce jour). Toutefois, mon conjoint ne comprend pas du tout ma peine, il me serine sans arrêt que c'était la meilleure solution, sans faire un effort pour comprendre ma douleur morale. C'est une personne très froide qui s'est déconnectée de ses propres émotions dans sa jeunesse ; et visiblement, il n'a pas envie de retrouver le chemin qui le ramènerait à elles. Bref, je vis cette après-IMG absolument SEULE. Là je recherche dès aujourd'hui à nouveau un travail car ma thèse n'est pas financée. La vie me ramène à sa dureté absolue. Pas le choix. Je n'ai pas de famille hormis mon compagnon (mes parents sont décédés et je suis fille unique), et les deux personnes que je croyais être mes "amies" n'étaient en réalité que des connaissances exploitant mes services. J'ai rompu avec ces personnes au bout d'un an, alors que je ne les relançai plus par des mails de prises de nouvelles. Visiblement, mon silence ne les a pas dérangées. Du coup, je n'ai que ce forum pour dire ma peine, car il n'y a PERSONNE, absolument personne sur Terre pour m'écouter.
Voilà, Aimé(e) était mon premier enfant viable (deux fausses-couches avant), mais je n'ai pas forcément envie de refaire cette expérience, laquelle m'a d'ailleurs ramenée à tous mes deuils et traumas précédents restés bien sûr non guéris (car également non partagés). Je n'ai jamais eu beaucoup de chance dans la vie, hélas, mais là, je suis totalement détruite.
Merci de votre accueil ici.
Mia la solitaire
Je me présente : je suis Mia, j'ai 43 ans et je suis doctorante en ethnologie (5e année de thèse). J'ai subi une IMG à l'hôpital il y a trois jours (bébé atteint de spina bifida ayant entraîné une malformation de type Chiari II). J'ai été placée en maternité, section grossesses à risques, mais heureusement pour toutes mes voisines, j'ai été la seule cette semaine-là à subir cette horreur. La veille de l'IMG j'ai été hospitalisée à 16h30 et j'ai apporté de quoi lire des articles scientifiques. J'en ai terminé et analysé un dans la soirée. Voilà. Disons que je maîtrise mes émotions en public car autrement, je serais incapable de prendre une seule décision raisonnée, ce que la psy n'a pas compris (elle attendait visiblement de moi des plaintes dans des termes qu'elles pourrait facilement mettre dans ses petits casiers "certifiés conforme"). Or, je sépare cœur et raison et c'est ce qui m'a toujours permis de ne pas sombrer. J'aimais et j'aime toujours à la folie cet enfant que j'ai porté pendant 16 semaines, et jamais je me pardonnerai le fait que j'ai décidé de sa mort (même si ma raison reprendrait la même décision à ce jour). Toutefois, mon conjoint ne comprend pas du tout ma peine, il me serine sans arrêt que c'était la meilleure solution, sans faire un effort pour comprendre ma douleur morale. C'est une personne très froide qui s'est déconnectée de ses propres émotions dans sa jeunesse ; et visiblement, il n'a pas envie de retrouver le chemin qui le ramènerait à elles. Bref, je vis cette après-IMG absolument SEULE. Là je recherche dès aujourd'hui à nouveau un travail car ma thèse n'est pas financée. La vie me ramène à sa dureté absolue. Pas le choix. Je n'ai pas de famille hormis mon compagnon (mes parents sont décédés et je suis fille unique), et les deux personnes que je croyais être mes "amies" n'étaient en réalité que des connaissances exploitant mes services. J'ai rompu avec ces personnes au bout d'un an, alors que je ne les relançai plus par des mails de prises de nouvelles. Visiblement, mon silence ne les a pas dérangées. Du coup, je n'ai que ce forum pour dire ma peine, car il n'y a PERSONNE, absolument personne sur Terre pour m'écouter.
Voilà, Aimé(e) était mon premier enfant viable (deux fausses-couches avant), mais je n'ai pas forcément envie de refaire cette expérience, laquelle m'a d'ailleurs ramenée à tous mes deuils et traumas précédents restés bien sûr non guéris (car également non partagés). Je n'ai jamais eu beaucoup de chance dans la vie, hélas, mais là, je suis totalement détruite.
Merci de votre accueil ici.
Mia la solitaire