Comment se reconstruire ?
Posté : 04 février 2020, 14:40
Bonjour à toutes,
Je m'appelle Laura, j'ai 34 ans. J'ai lu de nombreux de vos témoignages ici et je me lance enfin à partager mon histoire.
Je suis convaincue de l'entraide que nous pouvons nous apporter sachant que nous avons vécu des épreuves similaires.
Il y a presque un an j'ai subi une IMG à 18 sa, j'ai accouché d'une toute petite fille sans vie. Tout allait bien jusqu'à la première échographie alors nous avions annoncé à nos familles la bonne nouvelle à Noël et à nos amis autour d'une galette des rois. C'était des moments très heureux et plein d'émotion. Malheureusement les tests sanguins puis biopsie du trophoblaste et amiosynthèse ont montré que notre bébé avait la trisomie 13. On nous a expliqué que c'est une maladie sévère et que rarement les bébés arrivent à terme avec cette maladie.
C'était très difficile à accepter car à l'échographie la gynécologue ne voyait rien d'anormal, aucune malformation apparente. Je l'aimais déjà ce bébé. Je voyais son petit coeur battre, je le voyais bouger dans mon ventre. Notre projet de créer une famille était entrain de s'effondrer. Nous imaginions ce bébé d'été et nous nous amusions à déjà lui donner un surnom.
L'accouchement a duré une journée et une nuit et la naissance a eu lieu le matin. Les sages-femmes ont été bienveillantes. On nous l'a présenté dans un petit nid d'ange tricoté à la main, elle avait l'air apaisée. Avec mon conjoint nous étions sous le choc.
On nous avait dit qu'il était possible de donner un prénom, l'inscrire sur le livret de famille mais nous l'avons pas fait, c'était trop dur. Aujourd'hui je sens que cette étape m'aiderait à accepter ce qu'il s'est passé et qu'elle a bien existé dans mon ventre même si elle est née sans vie.
Suite à l'accouchement j'ai eu un abcès qui a mis des semaines à guérir. Puis en août j'ai fait une grossesse extra-utérine suivi d'une opération. On m'a enlevé la trompe droite car elle était trop abîmée. Le gynécologue m'a dit que "la trompe gauche est nickel !" et que cela ne pose pas de problème pour une future grossesse.
Aujourd'hui je ressens énormément de tristesse et de douleur. J'éprouve aussi de l'injustice et de la colère. Autour de nous il y a beaucoup de naissances, c'est difficile d'arriver à se réjouir pour les autres. Au travail je suis entourée de femmes enceintes ou de femmes qui reviennent de congé maternité, les conversations sont très souvent tournées autour de la grossesse et des bébés et cela devient insupportable pour moi.
Je me dis "Pourquoi cela m'arrive à moi ?". J'ai tellement rêvé d'avoir un bébé, fonder une famille, je désire cela profondément depuis si longtemps.
Je me sens parfois incomprise par mon entourage, les gens n'ont pas toujours les bons mots pour réconforter. J'en ai marre de faire semblant que "tout va bien".
C'est aussi difficile dans mon couple car mon conjoint se protège en parlant peu de ce qu'il nous ait arrivé, il préfère se projeter vers l'avenir. Il ne comprend pas trop pourquoi j'ai de fortes baisses de moral, et pourquoi je pleure souvent. J'imagine que nous avons différentes façons de réagir. Ce sujet est devenu tabou depuis un an, dans nos familles aussi. J'en discute avec ma maman et ça m'aide un peu.
J'aimerais savoir comment vous arrivez à continuer à être heureuse et à vous projeter dans une nouvelle grossesse après avoir vécu une telle épreuve.
Je vois une thérapeute qui m'a expliqué qu'il faut que j'arrive à faire le deuil de ce bébé, "à la laisser partir, s'envoler" pour laisser place à un nouveau bébé.
Comment continuer à avancer et voir le positif ?
Je vous remercie d'avance pour vos réponses et j'ai hâte de vous lire.
Laura
Je m'appelle Laura, j'ai 34 ans. J'ai lu de nombreux de vos témoignages ici et je me lance enfin à partager mon histoire.
Je suis convaincue de l'entraide que nous pouvons nous apporter sachant que nous avons vécu des épreuves similaires.
Il y a presque un an j'ai subi une IMG à 18 sa, j'ai accouché d'une toute petite fille sans vie. Tout allait bien jusqu'à la première échographie alors nous avions annoncé à nos familles la bonne nouvelle à Noël et à nos amis autour d'une galette des rois. C'était des moments très heureux et plein d'émotion. Malheureusement les tests sanguins puis biopsie du trophoblaste et amiosynthèse ont montré que notre bébé avait la trisomie 13. On nous a expliqué que c'est une maladie sévère et que rarement les bébés arrivent à terme avec cette maladie.
C'était très difficile à accepter car à l'échographie la gynécologue ne voyait rien d'anormal, aucune malformation apparente. Je l'aimais déjà ce bébé. Je voyais son petit coeur battre, je le voyais bouger dans mon ventre. Notre projet de créer une famille était entrain de s'effondrer. Nous imaginions ce bébé d'été et nous nous amusions à déjà lui donner un surnom.
L'accouchement a duré une journée et une nuit et la naissance a eu lieu le matin. Les sages-femmes ont été bienveillantes. On nous l'a présenté dans un petit nid d'ange tricoté à la main, elle avait l'air apaisée. Avec mon conjoint nous étions sous le choc.
On nous avait dit qu'il était possible de donner un prénom, l'inscrire sur le livret de famille mais nous l'avons pas fait, c'était trop dur. Aujourd'hui je sens que cette étape m'aiderait à accepter ce qu'il s'est passé et qu'elle a bien existé dans mon ventre même si elle est née sans vie.
Suite à l'accouchement j'ai eu un abcès qui a mis des semaines à guérir. Puis en août j'ai fait une grossesse extra-utérine suivi d'une opération. On m'a enlevé la trompe droite car elle était trop abîmée. Le gynécologue m'a dit que "la trompe gauche est nickel !" et que cela ne pose pas de problème pour une future grossesse.
Aujourd'hui je ressens énormément de tristesse et de douleur. J'éprouve aussi de l'injustice et de la colère. Autour de nous il y a beaucoup de naissances, c'est difficile d'arriver à se réjouir pour les autres. Au travail je suis entourée de femmes enceintes ou de femmes qui reviennent de congé maternité, les conversations sont très souvent tournées autour de la grossesse et des bébés et cela devient insupportable pour moi.
Je me dis "Pourquoi cela m'arrive à moi ?". J'ai tellement rêvé d'avoir un bébé, fonder une famille, je désire cela profondément depuis si longtemps.
Je me sens parfois incomprise par mon entourage, les gens n'ont pas toujours les bons mots pour réconforter. J'en ai marre de faire semblant que "tout va bien".
C'est aussi difficile dans mon couple car mon conjoint se protège en parlant peu de ce qu'il nous ait arrivé, il préfère se projeter vers l'avenir. Il ne comprend pas trop pourquoi j'ai de fortes baisses de moral, et pourquoi je pleure souvent. J'imagine que nous avons différentes façons de réagir. Ce sujet est devenu tabou depuis un an, dans nos familles aussi. J'en discute avec ma maman et ça m'aide un peu.
J'aimerais savoir comment vous arrivez à continuer à être heureuse et à vous projeter dans une nouvelle grossesse après avoir vécu une telle épreuve.
Je vois une thérapeute qui m'a expliqué qu'il faut que j'arrive à faire le deuil de ce bébé, "à la laisser partir, s'envoler" pour laisser place à un nouveau bébé.
Comment continuer à avancer et voir le positif ?
Je vous remercie d'avance pour vos réponses et j'ai hâte de vous lire.
Laura