Mathilde

[Meldu16]

Je t'aime ma princesse, je pense à toi.

Bonjour athies
Une pensée à Mathilde

[Athies]

Mon petit poussin, 5mois. T'es plus là. Je ne suis plus là non plus. Je t'aime.

[Athies]

Elle avait tes yeux
Devant marchait la mère.
Ensuite venait le père.
Et elle, derrière elle suivait.
Chacun espacé de deux mètres.
Elle traversait le passage piéton.
Je l'ai vue tout de suite.
Elle avait l'embompoint que tu aurais eu probablement toi aussi.
Elle parlait bien.
Elle était jolie.
Ses parents lui on dit "attends nous là".
Elle attendait.
Elle n'a pas bougé.
Et moi j'ai continué mon chemin.

Comme c'est dur de ne pas oublier les raisons pour lesquelles je n'ai pas fait le même choix qu'eux.
C'est dur de ne pas oublier ce que je ne voulais pas imposer à ta sœur.
De ne pas oublier la d'échéance que tu aurais probablement connu avec l'âge.
De me dire qu'on avait raison.
Mon cœur est nécrosé.
En te détruisant je me suis détruite en morceau.

C'est ma première journée de travail en presentiel aujourd'hui.
Je t'aime mon bébé, mon cœur, mon ange.

[Athies]

5 mois... Je pensais que le temps soignerait les choses. Ma chérie je sombre de plus en plus. Je ne peux plus embrasser ton père, je ne supporte plus qu'il me touche. J'arrive plus à communiquer ni avec lui ni avec personne.
Ça m'a fait tilt ce soir quand on a essayé de faire l'amour. On s'est marié jusqu'à ce que la mort nous sépare. C'est ta mort qui nous sépare. Je pleure comme le soir où j'ai appris ta trisomie 21.

[Athies]

Ma chérie j'ai rêvé de toi.
Je te portais dans mon ventre à nouveau.
Je te portais 9 mois.9 mois de bonheur mais le cauchemar a recommencé j'ai dû te perdre à nouveau. J'ai tout revecu. Les médecins, le moment où tu me quittais où je perds mon bébé. Et toujours la même histoire qui n'a pas changé, je ne t'ai pas gardée.
Mais cette fois ci dans mon reve mes larmes ne s'arrêtaient plus. Et j'ai perdu la tête. Je suis devenue folle et je vomissais. Je crois que je suis partie comme ça. Comme si, dans mon rêve je ne pouvais plus être maman parce que tu n'étais plus là.
Tu sais quel est le paradoxe ? Bien sûr en me réveillant je pleurais et j'étais sous le choc, mais une partie de moi se sentais mieux de t'avoir retrouvée l'espace d'une nuit. Et même aujourd'hui encore je vois mon rêve comme un soulagement de t'avoir porté à nouveau.
Je t'aime mon bébé, mon cœur, mon ange.
Mathilde tu occupes mon cœur.

[Athies]

6 mois ma chérie
Je sais que tu essaies de m'aider, de m'aider à m'en sortir.
J'ai vu un ostéopathe. Tu sais pourquoi, pour ces douleurs à la mâchoire sous la gorge et qui remontent.
Il m'a fait quelque chose de bizarre, comme un état de semi hypnose je crois parce que j'ai l'impression qu'il parlait à moi et mon inconscient.
Mais il m'a dit une chose importante. Je mens. Je me mens. Je ne suis pas morte. Mon cerveau croit que je le suis, mais je ne suis pas morte je suis vivante et mon cerveau est trompé par mes pensées. C'est étrange mais le fait que quelqu'un d'inconnu m'interpelle et me dises "non c'est faux, tu n'es pas morte", et bien je l'ai cru. Et je me suis dit que peut être oui chaque partie de moi devrait vivre mais je ne sais pas comment faire.
Ensuite il m'a dit de te faire venir, de te parler et de te"pousser"de te faire partir de te laisser partir. Alors je t'ai emmenée à la mer, là où on a joué toi et moi. Et j'ai du te laisser flotter dans l'eau et t'éloigner loin vers le soleil qui se couche. C'était dur, et le plus dur maintenant c'est de quitter cet endroit de mon inconscient où je t'ai laissée partir. Alors parfois ta sœur vient me chercher et m'emmène au loin et d'autrefois je regarde la mer et j'attends. C'est bien, au moins je ne pense plus à toi dans cet hôpital, je pense à toi dans cette belle mer, aux vagues que je crains mais aux reflets tellement beaux.
mon bébé ça m'a soulagée quand même de te laisser partir, j'ai compris que ta place n'est plus auprès de moi.
Ça reste encore tellement dur de se reconstruire mais je sais que tu veux m'aider.
Je t'aime, mon bébé, mon cœur, mon ange. Mathilde.

[Athies]

Ma chérie douce, j'ai des flashs.
Demain cela fera un an. Je me suis piquée pour t'avoir. Plusieurs jours. Plusieurs jours à me dire qu'il y avait peu de chances que ça fonctionne. J'ai toujours su que la maternité chez moi était condamnée. Qu'il n'y aurait jamais rien de "naturel". Je ne sais par quel miracle j'ai pu être enceinte de ta sœur. Que mes foutus ovules ont réussi à produire quelque chose.
Et puis tu es arrivée, sans difficulté, je n'y croyais pas. Je revois l'hôpital. Il y a un an. Je me revois assise à attendre mon tour. Les lumières dans la salle d'op. Le plafond que j'observe toujours avec attention. Respirez. 1, 2, 3. L'anesthésie. L'espoir que tu m'as insufflee.
Je repense à ma joie au téléphone quand on m'a dit que tu te développais. Et que probablement une nouvelle sœur aussi. Mon étonnement face à tant de facilité. Je n'étais pas habituée à ce type de parcours.
Je revois les chaises vides dans les salles d'attente que j'ai cotoyees. Et je repense aux premières échos. Du jamais vu, j'allais battre tous les records. Deux transferts qui ont pris sans aucun échec. Que des accrochés. Du jamais vu.
Mon rêve s'est lentement transformé en cauchemar.
La joie que j'avais à t'avoir, je m'étais mise à danser à la Carlton. Tu te souviens de ma joie ? Comment j'ai chanté et dansé pour toi ? Je voulais que le monde entier m'accompagne. Et puis progressivement l'enfer.
Pourquoi je n'arrivais pas à croire à tant de facilité ? Pourquoi savais-je que ça n'était pas mon chemin?
Pourquoi ai-je en partie traîné des pieds pour aller à la pma ? Que fera-t-on du petit qui m'attend la bas ? Pourquoi ai-je l'impression qu'après toi il n'y aura plus d'accroche ? Qu'après toi il n'y aura plus rien ?
Un an jour pour jour où tu as poussé en moi demain.
Pour moi ta naissance c'est demain. Tu as vécu 5 mois auprès de moi. Je t'aime mon bébé mon cœur mon ange. Et je n'ai pas oublié combien tu étais douce et gentille. Et combien déjà tu aimais ta maman. Je t'aime aussi mon lapin.

[Athies]

Ma chérie. J'avais fait mon deuil de la maternité. J'ai toujours su que je ferai parti du lot pour qui ça ne se passerai pas comme pour les autres. 10 ans. 10 ans sans contraception. Rien. Des années avant, des pillules oubliées, et les techniques du retrait qui sont soient disant pas efficaces. Rien. Nada. Ces livres d'anticipation où une partie de la population ne peut plus avoir d'enfant. Moi j'y suis déjà dedans. Infertilité. Stérilité.
Et pourtant tu m'as donné espoir. Espoir d'être à nouveau mère alors que je ne voulais pas y croire. Mais cette maternité qui s'arrête comme ça du jour au lendemain... Je ne comprends pas. Pourquoi ce cadeau qu'on me retire.. Finir ma maternité comme ça... Avec ton petit corps mort dans mes mains. Non j'arrive pas à comprendre.
Je t'aime.

[Athies]

Mon bébé, mon petit cœur, j'essaie d'avancer sans trop penser à toi. Ou plutôt en pensant à toi mais de manière diffuse. Ne plus fixer mes pensées sur toi. Parfois j'ai l'impression d'être injuste.
J'ai rêvé de toi cette nuit. Enfin c'était toi sans être toi. J'ai rêvé de ta grande sœur. Et dans mon rêve elle était trisomique. Et elle vivait. Je me suis réveillée ce matin, et ça m'a fait du bien, ça m'a fait du bien de me dire que tu m'as visitée, de sentir ta présence dans mon rêve.
Nous avons fêté notre anniversaire de mariage avec ton papa. Ça va mieux entre lui et moi. Toute cette belle journée, je me disais que j'aurais aimé la partager avec toi aussi. Agnès, papa, toi et moi. Notre famille. Papa m'a dit que tu étais présente avec nous.
Un couple était à l'hôtel, leur petite fille de moins d'un an s'appelait Mathilde. J'ai entendu crier ton nom. Il a résonné en moi.
Je t'aime mon petit bébé, mon cœur, mon ange.
Maman.

[Meldu16]

Une pensée à Mathilde
Comme je comprend