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Dalia mon amour

Posté : 03 novembre 2019, 22:53
par LéonoreL
Dalia mon Amour,

Voilà 25 jours que tu nous as quitté. C’est la première fois que je prends la parole sur ce forum, je l’ai pourtant découvert début octobre et ai déjà passé un nombre d’heures impressionnant à lire les témoignages de toutes ces mamans qui ont perdu un tout-petit.

Pourquoi je n’ai rien écrit jusqu’à présent ? je ne sais pas… c’est comme si prendre la parole sur ce forum me mettait définitivement face à ma nouvelle réalité – je suis bel et bien une maman qui a perdu son bébé.

Comme beaucoup d’entre vous, je ressens aujourd’hui le besoin de mettre cette partie de mon histoire, notre histoire, par écrit ici, avant que les détails ne deviennent flous.

Le 10 septembre nous allons papa, Lila et moi chez notre gynécologue adorée pour l’échographie de la fin du 4ème mois, je suis à la fin de la 17ème semaine. Je revois les photos et les vidéos que ton papa a fait ce jour-là, elles me donnent l’impression de faire partie d’une autre vie, d’une existence bien lointaine à celle dans laquelle je me trouve aujourd’hui. On y voit une famille heureuse, une maman épanouie, un papa fier comme artaban, une petite Lila qui se réjouit de rencontrer sa petite sœur et qui est très fière de faire partie de ce moment.

Le vendredi 13 septembre (moi qui n’étais pas superstitieuse, je m’en souviendrais de cette date !), je reçois ce coup de téléphone qui marque le début de l’insouciance. Il y a des traces d’une alpha-foeto protéine qui ne devrait pas être présente dans mon sang. Je m’écroule, la gynéco me dit de venir pendant sa pause de midi « Il me semble avoir vu les jambes bouger » me dit-elle. J’appelle mon mari, on convient de se retrouver à la maison et de se rendre chez la gynéco ensemble, je quitte donc mon travail en état de choc et rentre à la maison. À 12h30 la gynéco nous prend aussitôt, on regarde notre bébé – les jambes bougent c’est certain. Pour la première fois, je prête attention à ce mot qui va changer notre vie : « spina bifida ». Les analyses disent que nous avons un risque de 1 sur 4…. Je ne suis pas très douée en maths, je ne cherche pas plus à déchiffrer ce 1 sur 4 et me concentre sur les paroles rassurantes de la gynéco « J’ai déjà vu des résultats qui donne un risque de 2 sur 4 et le bébé allait très bien » Nous avons un risque de 1 sur 4, notre bébé bouge les jambes à n’en plus finir, la colonne semble OK sur l’appareil de notre gynéco et puis surtout, ça ne peut pas nous arriver, pas à nous, non, tout va bien, il suffit d’attendre l’échographie de contrôle du 24 septembre au centre d’imagerie et tout sera oublié, tout sera comme avant. La gynéco nous a demandé de ne pas aller sur internet regarder ce qu’est la spina bifida avant le 24 septembre, elle veut nous protéger, nous acceptons et effectivement, avant l’annonce du diagnostic, ni mon mari ni moi n’irons voir ce qu’il en est.

Il faut dire que pour mon mari, la question est réglée : c’est sûr, notre bébé va bien, ces tests de la médecine moderne trouvent toujours des petits détails, mais tout va bien, notre bébé va bien, elle bouge ses jambes et sa colonne est OK.

Pour moi, l’attente entre le 13 et le 24 septembre est longue. Je parle à mon bébé, je le sens bouger, je me raisonne, mais qqch en moi n’est pas tranquille. Il m’arrive de pleurer le soir, je suis nerveuse, moi qui suis d’ordinaire calme malgré les simagrées de ma fille de 2 ans, je m’énerve, je « pète les plombs » à deux ou trois reprises pendant ces 11 jours d’attente. Je m’énerve avec mon mari qui est à tel point persuader que tout va bien, qu’il ne veut pas m’accompagner au centre d’imagerie. Je lui dis : « Si tout est OK, tu peux te ficher de ma tête pendant 3 mois, mais je veux que tu sois à mes côtés au cas où notre vie bascule », bon gré mal gré, il accepte et nous voilà dans cette salle d’attente le 24 septembre.

Parlons de cette salle d’attente. On m’a appelé deux fois pour me préciser qu’il faut que je sois à l’heure car nous sommes le dernier rdv de la Dresse ce mardi. Nous arrivons donc, à 16h00, comme cela nous a été fortement (fortement fortement) recommandé. Et nous attendons….. 50 minutes. 50 minutes où chaque minute qui passe fait monter la pression dans mes veines, fait augmenter le battement de mon cœur qui devient tellement oppressant que je n’entends presque plus ce que me dit mon mari.

Enfin, c’est notre tour. Nous arrivons dans cette salle noire, sans lumière, avec une Dresse froide à la limite du désagréable. Elle nous demande si nous savons pourquoi nous sommes là. Nous savons très vaguement, puisque nous ne sommes pas allés à la chasse aux informations sur le net. Je lui dis que nous savons que nous sommes là pour réaliser des examens complémentaires pour exclure un cas de spina bifida, mais que nous avons vu les jambes bouger, donc il n’y a pas de problème. Elle m’arrête d’un regard et me dit que le fait que les jambes bougent ne signifie absolument rien, mais que nous allons examiner tout ça. L’échographie en elle-même me parait interminable. La Dresse ne dit pas un mot, mais je sens bien qu’elle n’a pas l’expression de quelqu’un qui va nous annoncer une bonne nouvelle. Elle prend une sonde, puis l’autre, m’appuie de plus en plus fort sur le ventre… mon cœur s’emballe, je commence à avoir de la peine à respirer, je me souviens précisément de mes mains, qui sont glacées. Enfin l’échographie s’arrête, je ne sais plus comment, mais je comprends que ça n’est pas bon, même plutôt très mauvais. Je me mets à hyper ventiler, je veux un verre d’eau, et surtout je ne veux pas entendre ce qu’elle a à me dire. Elle me reprend de manière rude, m’intime de me calmer et de l’écouter, je suis déjà en état de choc, je ne sais pas si j’ai entendu son diagnostic ou si elle ne l’a pas encore énoncé clairement, je suis déjà absente. J’entends comme à travers un brouillard « paralysie des membres inférieurs, incontinence vésicale et fécale, hydrocéphalie, lésions cérébrales plus ou moins sévères ». Mon mari tombe d’encore plus haut, il me dira par la suite qu’il avait eu la sensation d’être heurté de plein fouet par un camion, ou quelque chose du genre. Il demande finalement combien il y a de cas par année dans notre ville, il y en a 4. Et que font les couples confrontés à ce diagnostic en général. Ils interrompent la grossesse.

Une douche glacée s’abat sur moi. Pendant ces 11 jours d’attente, j’ai imaginé des scénarios avec des handicaps, avec des difficultés, mais jamais je n’ai ne serait-ce qu’envisager de perdre mon bébé, d’interrompre cette grossesse ? de jeter une vie à la poubelle à la première difficulté ? à ce stade, c’est inenvisageable pour moi, je refuse même d’écouter sa réponse jusqu’au bout, je me contente de demander à mon mari d’appeler ma mère pour qu’elle vienne nous chercher en voiture, je ne peux pas rentrer en train. En fait je peux à peine marcher. Heureusement ma mère se tenait à disposition soit pour fêter une bonne nouvelle, soit pour être présente si les résultats étaient mauvais. Mon mari doit me soutenir pour sortir du centre d’imagerie.

Je ne sais pas s’il existe de bonne manière pour apprendre à un couple que leur bébé souffre d’une malformation physique incurable et très grave, mais je sais une chose : la manière dont cette échographiste l’a fait était sans cœur, sans compassion, sans gentillesse. Ces médecins sont ceux qui annoncent toutes les malformations des fœtus, mais aussi les cancers, comment se fait-il qu’ils n’aient pas une formation minimale en termes de pédagogie ? Je ne peux pas comprendre.

Nous allons chercher notre fille de 2 ans et 4 mois et partons aussitôt chez ma mère, nous y resterons jusqu’au 15 octobre.

Ce soir-là mon mari commence à lire sur la spina bifida, il oscille entre l’état de zombie qui regarde dans le vide et celui de maniaque qui cherche, qui lit, qui se renseigne, qui essaie de comprendre ce que cette Dresse nous a si mal expliqué. Pour ma part c’est trop tôt, je ne me sens pas encore la force de googler ce qu’est la spina bifida. J’écoute d’une oreille distraite les comptes rendus que me fait mon mari. Plus tard dans la soirée, il vient vers moi et dit « Léonore, il y a trois stades, si on a un des deux premiers stades on la garde, on se débrouillera, on déménagera et ça ira. Si on a le troisième stade, pour elle, il faudra interrompre la grossesse. » J précise que c’était son discours du premier soir, il a enseuite fait beaucoup d’aller-retour avant de se résigner au fait que c’était malheureusement notre « seule » option. Il s’avérera en effet que nous avions le stade 4 (celui encore pire que le pire connu de tous) et de nombreuses vertèbres décisives manquantes. Paradoxalement, le fait que nous ayons le pire stade de malformation possible m’a, pour ma part, aidé à faire mon choix et à l’assumer.

Le lendemain matin, ma gynéco m’appelle, elle est désolée, elle me demande de venir chez elle à 10h. Nous voilà de retour dans ce cabinet où nous avons tellement de beaux souvenirs, cette fois la mort dans l’âme. Elle qui ne pratique pas d’IVG (quand elle a commencé à me suivre quand j’avais 16 ans, elle m’a dit que si je tombais enceinte et que je ne voulais pas garder un bébé, il fallait que je sache qu’elle ne pratiquait pas ce genre d’intervention), s’agenouille auprès de moi et me demande si « nous avons pris notre décision », je comprends bien à quelle décision elle fait référence et pour la première fois je réalise que les malformations doivent être vraiment sérieuses. Notre gynéco ne m’encouragerait jamais à interrompre la grossesse à moins que cela ne soit extrêmement grave. J’ai tellement pleuré la veille, la nuit, que je n’ai plus de larmes à ce moment-là. Je lui dis que je sens ma petite fille bouger, qu’elle s’est agitée toute la nuit, sans interruption, qu’elle est forte, que ses jambes fonctionnent je les sens, et que ses mouvements sont comme un message qu’elle veut vivre. Je ne peux pas prendre cette décision. Mon mari demande quel stade nous avons, elle répond les mots que nous redoutions tant d’entendre, ceux qui signifient que, par amour pour notre bébé, il faut interrompre la grossesse. Elle m’explique avec beaucoup de douceur que notre fille aurait une vie de souffrances et que la libérer est le plus geste d’amour que je peux lui offrir. J’ai beaucoup de peine, mais j’accepte ce raisonnement et le rdv du lendemain au CHU.

Ces jours me semblent avoir duré une éternité, ce million d’émotions doublé d’une apathie générale. Ces larmes qui coulent sans interruption, l’attente entre chaque rdv, l’espoir fou qui renaît « et si elle s’était trompée, et si elle avait mal vu »…

Nous devrons finalement attendre le 1er octobre pour avoir un rdv pour faire une seconde échographie et rencontrer un neuropédiatre qui nous donnera un tableau clair, concret et personnalisé de ce que nous pouvons attendre comme qualité de vie pour notre bébé. Ces 5 jours sont longs, au début c’était insupportable de sentir les mouvements de ma fille alors que je devais me faire à l’idée qu’elle était condamnée. Mais 48h après l’annonce, je réalise que peu importe le temps qu’il nous reste, je veux profiter de chaque minute avec elle.

Moi qui étais toujours « gênée » de trop communiquer avec mon bébé dans le ventre, je laisse mes barrières céder et je tente de sentir sa présence, pas seulement ses mouvements, mais ses intentions, sa personnalité, ce qu’elle essaie de me dire. Et la seule chose que je ressens dans ces moments d’abandon, c’est de l’amour, un amour infini. Comme si elle m’enveloppait, me consolait. Quand le désespoir se saisit de moi, qu’une abîme de tristesse se fait ressentir, je sens sa présence, elle me donne des coups du genre « maman calme-toi, tout va bien, je suis là, je comprends tout ce qui se passe et tout est pour le mieux, crois-moi » je sais que ça parait vraiment fou d’écrire ça ici, ça me parait fou d’avoir même ressenti ça dans ces moments de désespoir. Mais c’est la vérité. Je me sentais soutenue par sa présence. D’elle émanait une grande douceur. C’est rigolo car mon mari disait depuis le tout début de cette grossesse : « elle sera plus comme toi, Lila est ma copie, ce bébé tiendra plus de toi ». C’est vrai que Lila notre grande a toujours été très proche de son papa, quand elle est née, si je ne l’avais pas vue sortir de moi, je me serais posé la question si j’étais bien sa mère  et dans la personnalité c’est pareil, elle est très extravertie comme son père, très énergique. Alors que moi je suis plus timide, plus douce aussi, même si j’ai mon caractère. Cette petite âme m’a beaucoup aidée, elle m’a portée, soutenue, donné la force d’aller de l’avant et de ne pas devenir folle. Je sentais son amour, je sentais sa joie quand on était tous les 4 dans le lit… En tout nous avons eu deux semaines et 1 jours entre l’annonce et l’IMG, ces deux semaines ont été douloureuses certes, mais aussi pleines de douceur et d’amour. Un drôle de mélange, elles m’ont aussi montré la profondeur de l’amour, la capacité de l’être humain à s’ouvrir à des horizons qu’il n’avait jusque-là jamais soupçonnés. J’ai décidé que j’accompagnerai cette âme qui nous avait choisi jusqu’au bout, que je serai sa maman quoi qu’il arrive et que je comporterai comme telle. Mon mari était d’accord avec cette démarche et c’est ainsi que la veille de rentrer à l’hôpital il m’a demandé « tu ne crois pas qu’on pourrait les appeler et décaler d’une semaine pour profiter encore un peu d’elle ? » Je nous ai tellement aimé à ce moment-là, nous 4, mes amours.

Le lundi 7 octobre, au lieu d’aller joyeusement faire l’échographie morphologique à midi chez la gynécologue, nous nous rendons à l’hôpital pour que je prenne ce premier comprimé qui va envoyer le signal à mon corps que la grossesse va arriver à son terme plus tôt que prévu. Je ne vais pas revenir sur l’IMG en elle-même si ce n’est que sur le plan médical, mon IMG s’est déroulée parfaitement et rapidement. Les détails me paraissent superflus, vous toutes ne savez que trop bien comment tout cela se déroule. Je voudrais quand même tirer mon chapeau à tout le personnel médical qui nous a entouré et qui a rendu cette expérience le plus vivable possible. Merci à eux !

Notre fille Dalia est née vivante (nous vivons en Suisse, la législation est un peu différente) à 22SA, elle faisait 27 cm pour 340 gr. Nous avons pu passer 40 minutes avec elle avant que son petit cœur ne s’arrête très doucement. Elle est partie dans nos bras, entourée de notre amour, de mille baisers, mots d’amour et larmes. Je garde de ce jour un souvenir doux et beau. J’ai rencontré mon tout petit amour et mon dieu qu’elle était belle. Très paisible, des traits qui ressemblaient plus aux miens pour le coup, un petit menton bien dessiné, de jolies lèvres en cœur. Alors qu’il avait plu toute la journée, peu après sa mort, il y a eu une éclaircie comme si les portes du ciel s’ouvraient pour l’accueillir. C’était très émouvant. Elle est restée dans mes bras pendant 2h, je ne l’ai rendue qu’au moment où il fallait me monter en chambre.

La sage-femme nous a apporté Dalia en chambre en début de soirée, puis il a fallu donner notre accord pour qu’elle soit emmenée à la chapelle funéraire le lendemain matin. Ce moment restera gravé comme un moment où j’ai cru que j’allais mourir de douleur.

Je suis restée deux nuits à l’hôpital après mon accouchement, ces deux jours ont été comme un sas entre l’IMG et la vie qui continue à l’extérieur, je suis très reconnaissante de les avoir eus à disposition. La sortie de l’hôpital est de toute façon douloureuse, mais ces 48h m’avaient laissé un petit temps d’adaptation et le choc a été moins violent que ce qu’il aurait pu être. Encore une fois, merci au CHU pour cela. Pendant ces deux jours, nous avons notamment eu l’occasion d’organiser une petite cérémonie pour Dalia pour le lundi 14. Nous avons invité la famille proche et mes deux meilleures amies. Cette cérémonie lors de laquelle nous avons présenté Dalia aux personnes les plus proches a été une étape très importante pour moi, je voulais présenter ma fille, ne pas laisser le choix à mes proches de faire comme si elle n’avait « pas existé », ils ont vu son corps, ont rendu leurs hommages. Elle a reçu plein de petites attentions à emporter avec elle dans l’au-delà, plein de fleurs et de mots d’amour.

Le weekend avant la cérémonie nous avions décoré son petit cercueil tous ensemble en famille, mon mari, ma mère, ma fille et moi. La croque-mort m’a dit qu’elle n’avait jamais vu un cercueil qui respirait autant l’amour, cette remarque m’a profondément touchée et je la garde comme un trésor dans mon cœur pour les jours où je culpabilise au sujet de notre choix, où quand le manque se fait trop fort…

Le mardi 15 nous sommes rentrés à la maison. C’était très difficile pour moi. Mon mari et ma fille étaient heureux d’être de retour à la maison, mais pour moi, c’était très douloureux. J’avais envie de hurler à chaque seconde CE N’EST PLUS MA MAISON SI DALIA N’EST PAS LA !

Le mercredi 16 la chapelle funéraire m’a appelé pour me dire que nous pouvions venir fermer le cercueil. J’avais dit que je voulais faire cela moi-même, même si c’est terrible pour un parent de fermer le cercueil de son enfant, c’est encore plus terrible de savoir qu’un inconnu leur ferait à ma place. Nous sommes encore allés imprimer des photos de toute la famille et de Dalia aussi, les avons « dédicacées » et mises dans son cercueil avec tous les cadeaux qu’elle avait reçu lors de la cérémonie. L’intérieur et l’extérieur du cercueil étaient si beaux, elle était si paisible dans les petits langes corail et rose que je lui avais choisis, dans un petit pull tricoté et des chaussons (tricotés également) beaucoup trop grands… tellement d’amour dans ce cercueil.

L’après Dalia sera pour un autre poste… Je ne sais pas si une de vous va même lire ce poste jusqu’au bout  j’ai écrit un vrai roman. Mais j’écris aussi pour moi, pour me souvenir, pour un jour revenir sur le chemin parcouru…

Dalia, si tu es là quelque part, je t’aime mon petit, mon tout-petit amour, tu me manques beaucoup, tu me manques plus que tous les mots ne peuvent l’exprimer, je pense à toi tous les jours, toutes les heures, je m’imagine un univers où tu es encore dans mon ventre et dans lequel j’aurai la chance de te voir grandir, sourire, aimer, vivre quoi…

Re: Dalia mon amour

Posté : 04 novembre 2019, 10:34
par Mjjm
Leonore j'ai lu votre histoire en entier l'amour que vous portez tous les deux à votre fille ainsi que votre famille se ressent à travers vos mots.

Malheureusement nous vous accueillons ici mais sachez qu'il y aura tjrs une personne bienveillante pour vous lire et vous répondre.
Vous êtes au début du chemin seul le tps pourra vous apaiser il est possible qu'à un moment votre mari ne vive pas le dueil de la même façon c'est normal.

Ce que j'ai appris en plus de 3 ans c'est que la discussion est la meilleure chose dans le couple surtout pour un dueil comme le nôtre.

Courage à votre petite famille une pensée pour Dalia qui a du être accueillis par tous nos anges.

Re: Dalia mon amour

Posté : 04 novembre 2019, 12:26
par LéonoreL
Chère Mjjm,

Merci pour ton gentil message, merci d'avoir lu la courte histoire de Dalia. J'espère que nos tout-petits sont ensemble là-haut et qu'ils sont en paix et heureux et qu'ils veillent sur nous...

J'ai lu tout ton parcours ces derniers jours, c'est beau comme tu t'es apaisée (et rassurant pour des mamans récemment endeuillées comme moi). D'ailleurs, c'est rigolo que tu sois la première à commenter mon histoire, car pour être honnête c'est après avoir lu ton post que j'ai décidé de créer le mien: pour garder une trace du chemin parcouru, pour dans quelques mois, quelques années pouvoir revenir sur ces jours et voir que la vie a repris le dessus et que l'on peut être heureux à nouveau malgré ce qu'on a traversé.

Effectivement notre couple ne va pas bien du tout. Nous étions super-soudés jusqu'à la cérémonie pour Dalia, mais depuis là, j'ai le sentiment que mon mari est remonté dans le train de la Vie, alors que moi, je suis sur le quai depuis le 24 septembre, incapable de remonter à bord. Danil (mon mari) a vraiment beaucoup beaucoup de travail, il avait exprès pris beaucoup d'engagement jusqu'en février pour pouvoir être plus disponible pour notre famille lorsque le bébé arriverait.. Mais du coup, l'ironie du sort fait qu'il n'a pas une minute à consacrer au deuil de Dalia. Je pense que c'est aussi une fuite, certes il a beaucoup de travail, mais cela l'arrange bien, il s'échappe de ses propres pensées tristes, il échappe à l'atmosphère pesante de notre foyer, à mon visage qui lui renvoie notre deuil commun, il échappe aux crises d'angoisse que notre aînée fait depuis le retour à la maison... Je me sens très seule. Le pire c'est qu'une part de moi recherche cet isolement, l'autre en souffre. Je ne sais pas trop quoi faire. J'entends bien que la discussion est le meilleur moyen, mais que faire lorsque l'autre se replie complètement sur lui-même et refuse un quelconque dialogue autour de ce qui nous est arrivé?

J'arrive à me forcer à des moments de "normalité", mais le coeur n'y est pas vraiment. Mon esprit est constamment tourné vers Dalia, vers le deuil, il m'arrive d'oublier un millième de seconde qu'elle est partie, qu'en février il n'y aura pas de naissance, que Lila (pour le moment) reste enfant unique; à chaque fois que je réalise à nouveau que tout ça n'était pas simplement un mauvais rêve, le réveil est dur comme au premier jour de l'annonce... 26ème jour sans elle, les matins sont toujours difficiles pour moi.

J'ai vu que tu l'as eu ton bébé espoir et même si pour moi c'est beaucoup (beaucoup beaucoup) trop tôt, ton parcours me donne de l'espoir. Pour cet espoir, pour ces gentils mots, pour le soutien, je te remercie!

des becs à nos tout-petits :-*

Re: Dalia mon amour

Posté : 04 novembre 2019, 14:06
par Julie-Anne
Magnifique témoignage
Courage et tendres pensées pour Dalia, Lila votre mari et vous

Re: Dalia mon amour

Posté : 04 novembre 2019, 14:20
par Max mon ange
Magnifique témoignage

Je vous adresse beaucoup de courage et une énorme pensée pour votre petite Dalia

Re: Dalia mon amour

Posté : 04 novembre 2019, 14:50
par Mjjm
Je suis touchée et ravis que notre histoire ai pu te profiter un petit peux ça m'a mis les larmes aux yeux.

J'ai mis bcp de tps à me remettre de la perte de ma fille et mon mari lui moins, j'avoue parfois lui en avoir voulu mais je me suis rappelé que c'est moi qui portais notre fille c'est moi qui l'ai senti bouger elle était dans mon ventre donc forcément le lien est plus fort.
Et puis les hormones aussi ne font pas de cadeau.

Pendant une semaine entière je ne lui ai pas parlé de notre fille et quand il a été la le weekend j'ai fondu en larme je lui ai ts dit et lui aussi c'est ouvert ça nous a fait du bien.
Donc malheureusement seul le tps nous aide mais au début on le voit comme un ennemi.

Courage à vous, vous allez réussir à vous parler avec tu tps et de la compréhension.

Re: Dalia mon amour

Posté : 04 novembre 2019, 16:19
par LéonoreL
Merci à toutes pour vos gentils messages et vos pensées <3

@Mjjm: oui c'est sûr que les hormones ne font pas de cadeaux, pour le moment je suis encore en plein dedans, donc comme tu dis, le temps est mon meilleur allié, à tous les niveaux.

Pour mon mari, j'avoue que je suis en souci, car même si tous les professionnels me disent qu'il ne faut pas lui en vouloir, que les hommes et les femmes vivent souvent cette épreuve de manière très différente, que je ne dois pas le forcer, que je dois le respecter dans son deuil aussi, j'admets que j'ai quand même de la colère en moi, colère qu'il refuse que nous pleurions notre fille ensemble (ce que nous avons fait, mais trop peu à mon avis), colère qu'il ressente le besoin de "fuir" dans un moment comme celui-là, même si je comprends pourquoi il le fait. Enfin voilà. Laissons le temps au temps et espérons qu'il fera bien les choses :-)

Re: Dalia mon amour

Posté : 04 novembre 2019, 22:22
par Plume Leo
Bonjour leonore,
J ai lu l histoire de Dalia jusqu au bout, et je le retrouves beaucoup dans le chemin que tu as parcouru pour ta puce, nous voulions également que notre petit Leo parte dans l amour et la bienveillance et ce fu le cas et rien que pour ça je suis fière de nous. La décision que nous prenons, c est une preuve d'amour la plus belle de notre vie mais aussi la plus dure.
J ai la chance que cette épreuve nous ai encore plus rajouté avec mon compagnon, il est très attentif à les émotions et nous pouvons en parler facilement, il m aide bcp car je ne suis pas suivie par une psy je ne l y retrouve pas.
Quand nous étions dans 'attente des résultats avant l img, nous avons beaucoup discuté avec mon compagnon pour savoir ce que nous voulions ou pas.

Pour ma part, j ai été hospitalisé à 1h30 de chez moi car dans l hôpital de ma ville, il ne pratiquait pas la piqûre pour endormir notre petit cœur. A ce moment là, mon compagnon était rester avec notre aîné et je suis partie avec ma sœur, il est venu le jour de l accouchement, pendant ces 2 jours d absences je trouvais mon compagnon froid distant, il ne souhaitait voir notre fils et si on était pas obligé de le déclarer ça l arranger. J étais en en colère contre lui, comment pouvait il penser ça de notre fils.
Mais le jour j, tout a changé, il est arrivé à l hôpital avec un autre état d esprit, il hésitait pour voir notre fils mais il voulait le reconnaître et qd il est né, il a su qu il voulait le voir.
Quand il a repris le travail, je me suis dis pareil, il oubli vite, mais non qd on en a parlé, il me l a bien dit je ne l oublierait jamais mais il faut que l on avance.

Et il a raison, alors j ai des jours avec et des jours sans, ma dpa approche donc en ce moment c est plus des jours sans.

Mais on se l était promis il nous fallait un projet positif, et on va se marier le 12 mars prochain juste tout les 2.

Alors je pense que même dans le couplé on cheminé différemment et chacun à notre rythme.

Pleins de courage et de bisous volant pour nos anges.

Re: Dalia mon amour

Posté : 04 novembre 2019, 23:11
par Jen
Bonsoir, j’ai lu moi aussi votre histoire jusqu’au bout. Je retrouve tellement de points communs à votre ressenti. La salle d’attente, les diagnostics qui nous balayent.
Courage. Le temps aide je crois.

Re: Dalia mon amour

Posté : 04 novembre 2019, 23:20
par Poussière d etoile
Bonsoir,

J avais lu jusqu a la fin ,dès ton message posté Léonore, mais je n avais pas trouvé les mots, d ailleurs ils me manquent encore maintenait, mais ton/votre histoire m a réellement touché. Elle est écrite avec tellement d amour, qu il en devient palpable.


Tendres et douces pensées pour toi et nos bébés lumières 💫💫