Une IMG et puis après ?
Posté : 28 octobre 2019, 18:28
Mon IMG date d’une semaine et j’ai ressenti le besoin de venir sur le forum pour lire des témoignages car je suis totalement perdue, j’ai le sentiment de débloquer, de ne plus être moi… Je suis rassurée d’une certaine manière de me reconnaître dans vos messages.
Mon compagnon et moi vivons cette épreuve très différemment, j’ai besoin d’en parler et lui préfère taire le sujet. Même s’il me dit que je peux lui en parler je sais qu’au fond il espère le contraire. Je culpabilise aussi car je le vois avancer, reprendre le cours de notre ancienne vie et moi je continue à pleurer plusieurs fois par jour, il est mal de me voir comme ça et je vois bien qu’il est totalement désemparé. Je ne sais pas comment l’aider et m’aider à la fois…
Une semaine après, j’ai le sentiment de stagner, voire régresser. Un jour je vais bien, je peux penser à mon bébé sans avoir les larmes aux yeux, vivre le quotidien normalement, puis, le lendemain c’est la chute, je ressens un vide énorme en moi, tout me renvoie à notre fille et je m’effondre. Je ne me reconnais plus, mon chéri a toujours eu l’habitude de m’appeler « son roc » et mes amis de me dire que je suis une personne forte qui peut tout surmonter ; pourtant là, je suis brisée et pleine de doutes.
Ce qui nous a conduit à une IMG c’est un mini doute lors de l’échographie des 5 mois, notre fille qui était parfaitement en forme avait les os du nez peu développés. Mais la sage-femme nous a dit que c’était très certainement dû aux origines de mon conjoint qui est métis, rien d’alarmant. Mais deux semaines après, elle nous a rappelé en nous disant qu’elle avait demandé l’avis d’un confrère et qu’elle nous incitait à faire une échographie supplémentaire pour vérifier ce petit détail. Là encore le docteur fait le même constat, très rassurant mais sans évincer la possibilité d’une anomalie chromosomique. Mes examens précédents étaient très rassurants, un score de 1/6042, une clarté nucale parfaite et un développement normal du fœtus. On nous propose de poursuivre les tests, soit un DPNI, soit une amniocentèse. On a choisi l’amniocentèse pour être sûr une fois pour toute et ne plus perdre de temps. Et puis, c’est le coup de téléphone qui vous plonge dans un cauchemar, le résultat de l’amniocentèse montre une trisomie 21. Notre monde s’est effondré, personne ne s’attendait à ce résultat, ni les professionnels, ni nous. On avait évoqué cette éventualité sans trop y croire, nous avions décidé de faire une IMG si le résultat était positif. Mais c’est une chose d’en parler quand c’est une éventualité, s’en est une autre de choisir la date pour procéder à une interruption de grossesse. Les choses se sont très vite enchaînées, l’amniocentèse le 9/10, l’IMG le 21/10. Depuis je n’ai pas touché terre.
L’IMG a été une réelle épreuve pour moi, phobique des hôpitaux, des aiguilles, du sang etc. J’avais peur de cet accouchement particulier, peur de ce moment de l’injection pour mettre fin à la vie de ma fille, peur du moment où elle allait quitter mon corps et qui mettrait fin à ces 27 semaines passées à deux, peur du moment où on allait me demander si je voulais la voir, peur du moment où on devrait décider si on veut lui donner un nom, s’occuper du devenir du corps, la déclarer ou non à l’état civil… Toutes ces étapes à franchir m’ont terrifié avant mon entrée à la maternité. J’ai eu de la chance de tomber sur une équipe médicale géniale, la sage-femme qui m’a suivi était bienveillante et d’un soutien très important. Avec le recul, je me rends compte que je n’ai pas vraiment réalisé ce qui se passait, j’étais tellement terrifié par le côté médical que le seul moment où j’ai pleuré c’est juste après l’injection, quand l’équipe médicale est partie et qu’on s’est retrouvés seuls avec mon compagnon. Là j’ai réalisé que mon bébé s’était définitivement endormi.
Avant l’IMG je n’arrivais pas à décider si je voulais la voir ou non, mon compagnon ne voulait pas. Nous avions décidé de ne pas lui donner de prénom (même si on en avait choisi un avant tout ça), de laisser l’hôpital s’occuper du corps, mais pour ce qui était de la voir, je n’arrivais pas à me décider. J’avais peur de voir ce corps sans vie, de me graver une image dans la tête que je voudrais peut-être effacer après, j’avais peur aussi de voir des traits de trisomie chez ma fille que j’avais maintes fois imaginé autrement. J’avais aussi très peur de m’attacher plus à mon bébé en le voyant et d’être plus touchée de lui dire adieu ensuite. La sage-femme qui nous a accompagné a été formidable, on a beaucoup discuté et après l’accouchement elle m’a dit que ma fille était jolie et ne présentait pas de signe de trisomie, que j’avais tout le temps de me décider, que je pourrais la voir n’importe quand. Ce n’est que le lendemain que j’ai décidé de la voir, mais je l’ai à peine regardé dans les bras de la sage-femme, j’ai senti les larmes monter mais je n’ai rien pu faire de plus. Ça n’a duré que 5min, pendant lesquelles j’ai parlé à la sage-femme et ignoré ma fille. Je suis revenue dans la chambre, presque fière de montrer à mon compagnon que j’avais géré mes émotions. Puis le soir, au moment de m’endormir, je me suis effondrée, je me suis détestée d’avoir traité ma fille comme ça, de ne pas lui avoir dit au revoir. Le lendemain j’ai demandé à la voir encore avant de quitter la maternité. Là je n’avais plus de blocage émotionnel, je l’ai vu et j’ai fondu en larmes, je suis restée avec elle près d’une demi-heure. Partir a été la chose la plus dur que j’ai jamais faite. J’avais le sentiment de l’abandonner et je réalisais que c’était la dernière fois que je voyais mon bébé.
Une semaine après j’ai encore ce besoin de la voir, je sais qu’elle est toujours là puisqu’on a ce délai de 10 jours pour réclamer le corps et que même après ce délai, la crémation n’est pas toujours faite de suite. Je n’arrête pas de penser qu’elle est seule, dans une morgue, qu’elle va être incinérée à la chaine je ne sais pas quand. Je n’ai pas trouvé sur le forum de discussion à ce sujet mais c’est quelque chose qui m’obsède, j’ai ce vide en moi depuis l’accouchement et en même temps son corps est toujours là, je lui ai dit au revoir mais elle n’est pas partie encore. C’est très perturbant comme situation, je ne sais pas quoi faire.
Je vous remercie d’être arrivé au bout de ce pavé et d’avoir pris le temps de me lire.
Mon compagnon et moi vivons cette épreuve très différemment, j’ai besoin d’en parler et lui préfère taire le sujet. Même s’il me dit que je peux lui en parler je sais qu’au fond il espère le contraire. Je culpabilise aussi car je le vois avancer, reprendre le cours de notre ancienne vie et moi je continue à pleurer plusieurs fois par jour, il est mal de me voir comme ça et je vois bien qu’il est totalement désemparé. Je ne sais pas comment l’aider et m’aider à la fois…
Une semaine après, j’ai le sentiment de stagner, voire régresser. Un jour je vais bien, je peux penser à mon bébé sans avoir les larmes aux yeux, vivre le quotidien normalement, puis, le lendemain c’est la chute, je ressens un vide énorme en moi, tout me renvoie à notre fille et je m’effondre. Je ne me reconnais plus, mon chéri a toujours eu l’habitude de m’appeler « son roc » et mes amis de me dire que je suis une personne forte qui peut tout surmonter ; pourtant là, je suis brisée et pleine de doutes.
Ce qui nous a conduit à une IMG c’est un mini doute lors de l’échographie des 5 mois, notre fille qui était parfaitement en forme avait les os du nez peu développés. Mais la sage-femme nous a dit que c’était très certainement dû aux origines de mon conjoint qui est métis, rien d’alarmant. Mais deux semaines après, elle nous a rappelé en nous disant qu’elle avait demandé l’avis d’un confrère et qu’elle nous incitait à faire une échographie supplémentaire pour vérifier ce petit détail. Là encore le docteur fait le même constat, très rassurant mais sans évincer la possibilité d’une anomalie chromosomique. Mes examens précédents étaient très rassurants, un score de 1/6042, une clarté nucale parfaite et un développement normal du fœtus. On nous propose de poursuivre les tests, soit un DPNI, soit une amniocentèse. On a choisi l’amniocentèse pour être sûr une fois pour toute et ne plus perdre de temps. Et puis, c’est le coup de téléphone qui vous plonge dans un cauchemar, le résultat de l’amniocentèse montre une trisomie 21. Notre monde s’est effondré, personne ne s’attendait à ce résultat, ni les professionnels, ni nous. On avait évoqué cette éventualité sans trop y croire, nous avions décidé de faire une IMG si le résultat était positif. Mais c’est une chose d’en parler quand c’est une éventualité, s’en est une autre de choisir la date pour procéder à une interruption de grossesse. Les choses se sont très vite enchaînées, l’amniocentèse le 9/10, l’IMG le 21/10. Depuis je n’ai pas touché terre.
L’IMG a été une réelle épreuve pour moi, phobique des hôpitaux, des aiguilles, du sang etc. J’avais peur de cet accouchement particulier, peur de ce moment de l’injection pour mettre fin à la vie de ma fille, peur du moment où elle allait quitter mon corps et qui mettrait fin à ces 27 semaines passées à deux, peur du moment où on allait me demander si je voulais la voir, peur du moment où on devrait décider si on veut lui donner un nom, s’occuper du devenir du corps, la déclarer ou non à l’état civil… Toutes ces étapes à franchir m’ont terrifié avant mon entrée à la maternité. J’ai eu de la chance de tomber sur une équipe médicale géniale, la sage-femme qui m’a suivi était bienveillante et d’un soutien très important. Avec le recul, je me rends compte que je n’ai pas vraiment réalisé ce qui se passait, j’étais tellement terrifié par le côté médical que le seul moment où j’ai pleuré c’est juste après l’injection, quand l’équipe médicale est partie et qu’on s’est retrouvés seuls avec mon compagnon. Là j’ai réalisé que mon bébé s’était définitivement endormi.
Avant l’IMG je n’arrivais pas à décider si je voulais la voir ou non, mon compagnon ne voulait pas. Nous avions décidé de ne pas lui donner de prénom (même si on en avait choisi un avant tout ça), de laisser l’hôpital s’occuper du corps, mais pour ce qui était de la voir, je n’arrivais pas à me décider. J’avais peur de voir ce corps sans vie, de me graver une image dans la tête que je voudrais peut-être effacer après, j’avais peur aussi de voir des traits de trisomie chez ma fille que j’avais maintes fois imaginé autrement. J’avais aussi très peur de m’attacher plus à mon bébé en le voyant et d’être plus touchée de lui dire adieu ensuite. La sage-femme qui nous a accompagné a été formidable, on a beaucoup discuté et après l’accouchement elle m’a dit que ma fille était jolie et ne présentait pas de signe de trisomie, que j’avais tout le temps de me décider, que je pourrais la voir n’importe quand. Ce n’est que le lendemain que j’ai décidé de la voir, mais je l’ai à peine regardé dans les bras de la sage-femme, j’ai senti les larmes monter mais je n’ai rien pu faire de plus. Ça n’a duré que 5min, pendant lesquelles j’ai parlé à la sage-femme et ignoré ma fille. Je suis revenue dans la chambre, presque fière de montrer à mon compagnon que j’avais géré mes émotions. Puis le soir, au moment de m’endormir, je me suis effondrée, je me suis détestée d’avoir traité ma fille comme ça, de ne pas lui avoir dit au revoir. Le lendemain j’ai demandé à la voir encore avant de quitter la maternité. Là je n’avais plus de blocage émotionnel, je l’ai vu et j’ai fondu en larmes, je suis restée avec elle près d’une demi-heure. Partir a été la chose la plus dur que j’ai jamais faite. J’avais le sentiment de l’abandonner et je réalisais que c’était la dernière fois que je voyais mon bébé.
Une semaine après j’ai encore ce besoin de la voir, je sais qu’elle est toujours là puisqu’on a ce délai de 10 jours pour réclamer le corps et que même après ce délai, la crémation n’est pas toujours faite de suite. Je n’arrête pas de penser qu’elle est seule, dans une morgue, qu’elle va être incinérée à la chaine je ne sais pas quand. Je n’ai pas trouvé sur le forum de discussion à ce sujet mais c’est quelque chose qui m’obsède, j’ai ce vide en moi depuis l’accouchement et en même temps son corps est toujours là, je lui ai dit au revoir mais elle n’est pas partie encore. C’est très perturbant comme situation, je ne sais pas quoi faire.
Je vous remercie d’être arrivé au bout de ce pavé et d’avoir pris le temps de me lire.