IMG à 23SA+5 pour hypoplasie du ventricule gauche
Posté : 07 août 2019, 12:42
Bonjour à toutes.
Je vous lis depuis maintenant 1 mois et demi, je me suis inscrite il y a une semaine et j'écris enfin aujourd'hui.
Il y a un mois et demi, il y avait 799 publications.. aujourd'hui 806...807 avec le mien. 6500 IMG ont lieu chaque année. Et jamais je n'aurai cru faire partie de cette statistique.
Avant de vous parler de moi, de mon parcours , de notre histoire, je voulais remercier l'association et toutes les filles qui ont eu le courage de publier. Je vous lis chaque jour depuis ce vendredi 21 juin. Certains témoignages m'ont beaucoup aidée, dans le déroulement , la prise de certaines décisions et aujourd'hui encore dans la gestion du deuil et de la perte de notre fils.
Je m'appelle Ambre, j'ai 28 ans. Avec mon conjoint nous avons mis en route les essais bébé à la signature de mon CDI en septembre 2018. un beau + en novembre 2018, bébé attendu pour juillet 2019. Le vendredi 21 décembre j'apprends que le cœur de ce petit être s'est arrêté, il faut donc procédé à une IMG médicamenteuse. J'évacue l'embryon le 24 décembre... Triste NoeL. Mais voilà, nous reprenons les essais, et je retombe enceinte le 30 janvier 2019.
Début de grossesse compliqué avec beaucoup de métrorragies, je suis mise en arrêt par mon gynéco dès début avril.
La T1 est parfaite, nous passons une écho plaisir en 3D début mai, c'est un garçon. <3 . Je suis toujours en arrêt, le gynéco préfère attendre la T2 pour être sur que tout va bien par rapport aux hémorragies. Je commence à bien sentir bébé bouger et percevoir ses coups. j'entends son petit coeur battre à chaque consultation grâce au doppler du gynéco, plus de saignement à 3 mois pile, mon petit garçon est un battant! Arrive la T2, un vendredi 21 juin... "jusque là tout va bien , nous allons maintenant regarder le coeur". Là, le gynéco se tourne vers nous et nous dit " je pense que votre bébé à un problème au coeur, une malformation, très grave". Je suis aide soignante, je connais la morphologie du coeur alors je demande instinctivement " quelle malformation?", je m'effondre... il me répond que le ventricule gauche et l'aorte ne se sont pas développés. Il arrête l'écho et nous explique qu'il va nous adresser à un cardiopédiatre pour confirmer le diagnostic et une écho de référence par un autre gynéco afin d'envisager la suite... Nous sommes reçu 1h après par la cardiopédiatre, qui a été exceptionnelle avec nous, et qui confirme la malformation. Elle nous expose les solutions: l'IMG, les soins palliatifs à la naissance de bébé ou les 3 interventions extrêmement lourdes et incertaines sur Paris... Le lundi 24 juin, jour de mon anniversaire nous voyons la gynéco pour l'écho de référence, l'hypoplasie du VG est isolée, pas d'autres malformations. Elle nous explique de nouveau les 3 options , et le déroulement de la prise en charge de la grossesse à partir de maintenant, la décision du CPDPN en fonction de notre choix, etc.. Nous avons noté plein de question le week end afin d'avoir tous les éléments. Nous avons revu la cardio pédiatre juste après l'écho. Le CPDPN a lieu le lendemain, le mardi, la gynéco nous informe que l'IMG serait accordée, que la prise en charge palliative aussi, et que les interventions chirurgicales serait à organiser dès à présent...
Nous sommes au téléphone avec la gynéco, nous avons discuté avec mon conjoint tout le week end et tout le lundi après midi. Pour nous, laisser souffrir notre petit garçon était difficile, les interventions sont trop incertaines à ce jour, la cardio pédiatre nous a bien exposé les complications , le quotidien de bébé... quelle vie nous allions lui offrir? Une vie bien différente de celle que nous lui avions promis à sa conception...
Nous revoyons la gynéco le mercredi pour le déroulement de l'IMG. L'accouchement aura lieu le lundi 1er juillet, avec la prise de 1er médicaments le samedi matin. on parle amniocentèse, autopsie...
Il a été difficile de sentir bébé bouger depuis l'annonce du diagnostic, d'envisager la suite de l'accouchement, la reconnaissance, le prénom, le devenir du corps ? Au début, je ne voulais le voir qu'une fois à la naissance et le laisser s'en aller avec tous les autres petits anges au jardin du souvenir, à 45 min de chez moi.
J'ai dans un premier temps " rejeté" mon fils, mais qu'avait il demandé lui? Rien, alors j'ai de nouveau toucher mon ventre, je lui ai dit que tout allait bien se passer. Que je l'aimais. Et peu à peu, j'ai l'impression qu'il se manifestait de moins en moins...
Nous avons décidé de le reconnaître, peut être pas le jour même mais on le ferait.
Je pleure chaque jour, chaque nuit, pourquoi nous, pourquoi lui, on m'a déjà pris un bébé. c'est injuste. Je suis en colère, je suis triste. Dans mon entourage, beaucoup de bébés sont attendus à la même période...
Je rentre à la maternité dans le service de grossesse pathologique le samedi pour la prise des cachets mais on ne reste que 10min. Là je pleure de nouveau, c'est le début de la fin si je puis dire... c'est horrible. Ma belle soeur sage femme et future maman est là pour nous soutenir. Tout notre entourage est là pour nous. Et c'est une chance dans ces moments là.
Le lundi , 7h30, on me conduit à ma chambre en grossesse patho, m'explique que je vais rapidement monter en salle de naissance pour poser la péridurale, faire l'amniocentèse et me déclencher. La gyncéo nous avait tout expliqué. Le coeur de mon bébé ne sera pas arrêté, au stade de ma grossesse, le travail arrêtera son petit coeur et au vue de la pathologie, il ne pourra pas naître vivant... je suis soulagée quelque part.
10h pose de la péri, tensiomètre, voie pour perfusion etc... 10h30-45 amniocentèse par la gynéco et son interne qui nous suit depuis 1 semaine. Elle nous réexplique l'importance de l'amnio, de faire les caryotypes et l'autopsie afin de savoir si la malformation est vraiment isolée ou associée à un syndrome. Nous revenons sur notre décision d'autopsie. Nous ne voulons pas que notre fils soit mutilé...
11h30 , on me met les comprimés en intravaginal. La sage femme , qui a été exceptionnelle, nous explique tout, répond à toutes nos questions. Je lui dit que je veux faire tout ce que je peux pour aider au travail. J'ai à l'avance décidé d'accompagner mon bébé dans la sérénité le jour de l'accouchement, sans cris et sans pleurs, accompagnée de mon conjoint.
J'ai froid, j'ai soif j'ai faim... je tremble. Peut être mon inconscient qui prend le dessus, une manière dont s'exprime mon angoisse.
La sage femme passe régulièrement, me fait uriner grâce à des allers retours ( sondage),contrôle mon col et me donne à boire. Le travail n'avance pas trop, je ne ressens rien, la péri ne fait presque plus effet. A 15h, elle me remet des comprimés vaginaux, me passe du ***** et contrôle ma température car je bouillonne... en effet je chauffe. Elle me fait des bilans, analyse d'urines et me passe des antibio dans la perf. Je suis vaseuse, me sent faible fatiguée, tension à 8.5... Vers 16h , ouverte à 1 , la sage femme rompt la poche des eaux ( je ressens un petit POC quand elle perce), elle m'avait tout expliqué et j'ai donc géré la péridurale afin de ne pas avoir mal. Elle m’explique que le travail va s'accélérer. 16h45 17h , ouverte à 3. Là je panique, je sais que tout va aller très vite à partir de maintenant.Je ressens les contractions sans grosse douleur,je me mets sur le côté gauche. 17h25 je sens une poussée dans les fesses, rien de sur, puis une deuxième puis quand je tente de me remettre sur le dos une plus grosse. Je sais que ca y est ! Je sonne, j'envoie mon conjoint chercher quelqu'un. Une auxiliaire puer, la sage femme et une gynéco arrive. " Votre bébé est là", on s'installe, j'ai peur, je pleure, mais je dois l'accompagner, je l'ai promis.
J'ai demandé à ce qu'on mette un drap car on ne voulait pas voir notre fils tout de suite. il est 17h45-50, je suis installée, la gynéco pose sa main sur mon ventre et appuie pour aider mon bébé à sortir, on me fait pousser 3 ou 4 petite fois. 17h59, notre ange est né. Le placenta suit, je pousse 1 ou 2 fois.
La sage femme me nettoie etc... nous demande comment nous voulons faire pour rencontrer bébé. J'ai fait retouché un bonnet et un body blanc taille préma (de chez zeeman) afin qu'il soit habillé et mis dans la couverture que ma tante lui avait offert pendant la grossesse. Nous avons voulu le rencontrer seul chacun notre tour. La sage femme me l'a décrit. J ai demandé à ce qu'il soit dans un couffin. Je n'ai pas souhaité le prendre dans mes bras car je voulais le laisser tranquille, en paix. Mon conjoint l'a vu avant dans la nurserie.
La sage femme amène mon fils, dans son petit couffin en osier, elle me le pose sur le lit et me le présente. Il est magnifique. Mon bébé, un vrai bébé tout formé de 700g ( estimé à 500g). Il a tout, son petit nez, ses petits sourcils, sur son visage , ses petits ongles et les petits trous qu'on peut voir sur les mains de bébé... Il est beau, il est chaud. Il dort, pour toujours. Je passe une bonne demi heure avec lui. Je suis prise d'un sentiment, ou d'une émotion que je ne connais pas... mais je comprends... je suis maman.
Je suis restée jusque 21h30 en salle de naissance sous surveillance. On m'a amené dans ma chambre, j'ai du manger un peu avant de me lever. Je souhaitais prendre une douche, je suis épuisée, et toujours avec cette température. Mon conjoint est rentré à la maison, il avait la possibilité de rester mais je n 'ai pas voulu. La journée avait été compliqué pour lui aussi.
Je suis tombée d'épuisement en pleurant, la main sur mon ventre, vide. Je me suis réveillée plusieurs fois.
Nous avons revu notre fils le lendemain, à ce moment là je ne voulais pas être séparée de mon fils pour toujours, l'incinération n'était plus envisageable. J'ai demandé à mon conjoint s'il accepterais que je fasse inhumer notre bébé auprès de ma mamie, ma mère et de mon petit frère.Il a accepté en me disant qu'il ne pourrait pas s'occuper des démarches. Je lui ai dit que je m'occupais de tout. Et ça m'a fait du bien de savoir qu'il serait près de nous et que j'allais le "confier" à ma mère.
La dame de l'état civil est passée nous voir en chambre, c 'était plus facile pour nous. Nous avons reconnu notre fils, et avons donné le prénom que nous avions en tête depuis le début: Nahil .
Nous avons finalement accepté l'autopsie. Peut être que notre fils sauvera ses frères et soeurs à l'avenir. Je suis sortie l'après midi.
Le retour à la maison a été compliqué. Et c'est encore compliqué.
J'ai revu mon fils à la chambre mortuaire chaque jour que j'ai pu. Je l'ai embrassé, je l'ai touché, je lui ai parlé, et je lui ai demandé pardon...
Nous avons fait inhumé Nahil le mardi 9 en toute intimité. Depuis, je me rends au cimetière quasi tous les jours... Depuis l'enterrement, je suis plus sereine, soulagée qu'il soit pas loin de nous.
Beaucoup de choses me ramène sans cesse à lui , à la perte de mon bébé et me font souffrir dans mon quotidien: la montée de lait qui suit, les dates, la vue de bébés etc... j'ai eu mon RDC pile 1 mois après mon accouchement.
Nous allons partir avec mon conjoint en vacances , lui a repris le travail après le congés pater accordé et gère à sa façon son deuil, ce que je respecte. On en parle parfois, j'essaye de ne pas craquer devant lui pour ne pas agrandir sa peine non plus. Moi j'ai pris mon congés maternité pour la durée minimum obligatoire c'est à dire 8 semaines afin de me reposer car je suis épuisée depuis et aussi parce que reprendre trop tôt aurait été compliqué pour moi. Je n'ai pas vu de psy, j'ai peur que cela ressasse la perte et ma douleur... J'ai vécu beaucoup d'épreuves et je pense que seul le temps pourra apaiser cette douleur, et me fera vivre avec. Nous ne sommes pas fermer et souhaitons donner un petit frère ou une petite soeur à notre ange. Mais d'abord, nous avons tous les rendez vous à passer avec la gynéco fin septembre et la généticienne ( sous environ 4 mois).
J'espère que mon témoignage ( très long je l'avoue mais qu'est ce que ça fait du bien) aidera à son tour des femmes dans le besoin, dans l’incertitude et dans la peur comme je l'ai été.
Un petit conseil, laissez vous guider par ce que votre coeur vous dit, vous avez le droit de revenir sur certaines décisions et ne laissez personne vous dicter ce qui est bon ou mauvais dans cette épreuve ( moi j'ai la chance de ne pas avoir eu de personne malveillante dans mon entourage) .
Au plaisir de vous lire et d'échanger avec vous.
Pensée à tous vos petits anges.
Je vous lis depuis maintenant 1 mois et demi, je me suis inscrite il y a une semaine et j'écris enfin aujourd'hui.
Il y a un mois et demi, il y avait 799 publications.. aujourd'hui 806...807 avec le mien. 6500 IMG ont lieu chaque année. Et jamais je n'aurai cru faire partie de cette statistique.
Avant de vous parler de moi, de mon parcours , de notre histoire, je voulais remercier l'association et toutes les filles qui ont eu le courage de publier. Je vous lis chaque jour depuis ce vendredi 21 juin. Certains témoignages m'ont beaucoup aidée, dans le déroulement , la prise de certaines décisions et aujourd'hui encore dans la gestion du deuil et de la perte de notre fils.
Je m'appelle Ambre, j'ai 28 ans. Avec mon conjoint nous avons mis en route les essais bébé à la signature de mon CDI en septembre 2018. un beau + en novembre 2018, bébé attendu pour juillet 2019. Le vendredi 21 décembre j'apprends que le cœur de ce petit être s'est arrêté, il faut donc procédé à une IMG médicamenteuse. J'évacue l'embryon le 24 décembre... Triste NoeL. Mais voilà, nous reprenons les essais, et je retombe enceinte le 30 janvier 2019.
Début de grossesse compliqué avec beaucoup de métrorragies, je suis mise en arrêt par mon gynéco dès début avril.
La T1 est parfaite, nous passons une écho plaisir en 3D début mai, c'est un garçon. <3 . Je suis toujours en arrêt, le gynéco préfère attendre la T2 pour être sur que tout va bien par rapport aux hémorragies. Je commence à bien sentir bébé bouger et percevoir ses coups. j'entends son petit coeur battre à chaque consultation grâce au doppler du gynéco, plus de saignement à 3 mois pile, mon petit garçon est un battant! Arrive la T2, un vendredi 21 juin... "jusque là tout va bien , nous allons maintenant regarder le coeur". Là, le gynéco se tourne vers nous et nous dit " je pense que votre bébé à un problème au coeur, une malformation, très grave". Je suis aide soignante, je connais la morphologie du coeur alors je demande instinctivement " quelle malformation?", je m'effondre... il me répond que le ventricule gauche et l'aorte ne se sont pas développés. Il arrête l'écho et nous explique qu'il va nous adresser à un cardiopédiatre pour confirmer le diagnostic et une écho de référence par un autre gynéco afin d'envisager la suite... Nous sommes reçu 1h après par la cardiopédiatre, qui a été exceptionnelle avec nous, et qui confirme la malformation. Elle nous expose les solutions: l'IMG, les soins palliatifs à la naissance de bébé ou les 3 interventions extrêmement lourdes et incertaines sur Paris... Le lundi 24 juin, jour de mon anniversaire nous voyons la gynéco pour l'écho de référence, l'hypoplasie du VG est isolée, pas d'autres malformations. Elle nous explique de nouveau les 3 options , et le déroulement de la prise en charge de la grossesse à partir de maintenant, la décision du CPDPN en fonction de notre choix, etc.. Nous avons noté plein de question le week end afin d'avoir tous les éléments. Nous avons revu la cardio pédiatre juste après l'écho. Le CPDPN a lieu le lendemain, le mardi, la gynéco nous informe que l'IMG serait accordée, que la prise en charge palliative aussi, et que les interventions chirurgicales serait à organiser dès à présent...
Nous sommes au téléphone avec la gynéco, nous avons discuté avec mon conjoint tout le week end et tout le lundi après midi. Pour nous, laisser souffrir notre petit garçon était difficile, les interventions sont trop incertaines à ce jour, la cardio pédiatre nous a bien exposé les complications , le quotidien de bébé... quelle vie nous allions lui offrir? Une vie bien différente de celle que nous lui avions promis à sa conception...
Nous revoyons la gynéco le mercredi pour le déroulement de l'IMG. L'accouchement aura lieu le lundi 1er juillet, avec la prise de 1er médicaments le samedi matin. on parle amniocentèse, autopsie...
Il a été difficile de sentir bébé bouger depuis l'annonce du diagnostic, d'envisager la suite de l'accouchement, la reconnaissance, le prénom, le devenir du corps ? Au début, je ne voulais le voir qu'une fois à la naissance et le laisser s'en aller avec tous les autres petits anges au jardin du souvenir, à 45 min de chez moi.
J'ai dans un premier temps " rejeté" mon fils, mais qu'avait il demandé lui? Rien, alors j'ai de nouveau toucher mon ventre, je lui ai dit que tout allait bien se passer. Que je l'aimais. Et peu à peu, j'ai l'impression qu'il se manifestait de moins en moins...
Nous avons décidé de le reconnaître, peut être pas le jour même mais on le ferait.
Je pleure chaque jour, chaque nuit, pourquoi nous, pourquoi lui, on m'a déjà pris un bébé. c'est injuste. Je suis en colère, je suis triste. Dans mon entourage, beaucoup de bébés sont attendus à la même période...
Je rentre à la maternité dans le service de grossesse pathologique le samedi pour la prise des cachets mais on ne reste que 10min. Là je pleure de nouveau, c'est le début de la fin si je puis dire... c'est horrible. Ma belle soeur sage femme et future maman est là pour nous soutenir. Tout notre entourage est là pour nous. Et c'est une chance dans ces moments là.
Le lundi , 7h30, on me conduit à ma chambre en grossesse patho, m'explique que je vais rapidement monter en salle de naissance pour poser la péridurale, faire l'amniocentèse et me déclencher. La gyncéo nous avait tout expliqué. Le coeur de mon bébé ne sera pas arrêté, au stade de ma grossesse, le travail arrêtera son petit coeur et au vue de la pathologie, il ne pourra pas naître vivant... je suis soulagée quelque part.
10h pose de la péri, tensiomètre, voie pour perfusion etc... 10h30-45 amniocentèse par la gynéco et son interne qui nous suit depuis 1 semaine. Elle nous réexplique l'importance de l'amnio, de faire les caryotypes et l'autopsie afin de savoir si la malformation est vraiment isolée ou associée à un syndrome. Nous revenons sur notre décision d'autopsie. Nous ne voulons pas que notre fils soit mutilé...
11h30 , on me met les comprimés en intravaginal. La sage femme , qui a été exceptionnelle, nous explique tout, répond à toutes nos questions. Je lui dit que je veux faire tout ce que je peux pour aider au travail. J'ai à l'avance décidé d'accompagner mon bébé dans la sérénité le jour de l'accouchement, sans cris et sans pleurs, accompagnée de mon conjoint.
J'ai froid, j'ai soif j'ai faim... je tremble. Peut être mon inconscient qui prend le dessus, une manière dont s'exprime mon angoisse.
La sage femme passe régulièrement, me fait uriner grâce à des allers retours ( sondage),contrôle mon col et me donne à boire. Le travail n'avance pas trop, je ne ressens rien, la péri ne fait presque plus effet. A 15h, elle me remet des comprimés vaginaux, me passe du ***** et contrôle ma température car je bouillonne... en effet je chauffe. Elle me fait des bilans, analyse d'urines et me passe des antibio dans la perf. Je suis vaseuse, me sent faible fatiguée, tension à 8.5... Vers 16h , ouverte à 1 , la sage femme rompt la poche des eaux ( je ressens un petit POC quand elle perce), elle m'avait tout expliqué et j'ai donc géré la péridurale afin de ne pas avoir mal. Elle m’explique que le travail va s'accélérer. 16h45 17h , ouverte à 3. Là je panique, je sais que tout va aller très vite à partir de maintenant.Je ressens les contractions sans grosse douleur,je me mets sur le côté gauche. 17h25 je sens une poussée dans les fesses, rien de sur, puis une deuxième puis quand je tente de me remettre sur le dos une plus grosse. Je sais que ca y est ! Je sonne, j'envoie mon conjoint chercher quelqu'un. Une auxiliaire puer, la sage femme et une gynéco arrive. " Votre bébé est là", on s'installe, j'ai peur, je pleure, mais je dois l'accompagner, je l'ai promis.
J'ai demandé à ce qu'on mette un drap car on ne voulait pas voir notre fils tout de suite. il est 17h45-50, je suis installée, la gynéco pose sa main sur mon ventre et appuie pour aider mon bébé à sortir, on me fait pousser 3 ou 4 petite fois. 17h59, notre ange est né. Le placenta suit, je pousse 1 ou 2 fois.
La sage femme me nettoie etc... nous demande comment nous voulons faire pour rencontrer bébé. J'ai fait retouché un bonnet et un body blanc taille préma (de chez zeeman) afin qu'il soit habillé et mis dans la couverture que ma tante lui avait offert pendant la grossesse. Nous avons voulu le rencontrer seul chacun notre tour. La sage femme me l'a décrit. J ai demandé à ce qu'il soit dans un couffin. Je n'ai pas souhaité le prendre dans mes bras car je voulais le laisser tranquille, en paix. Mon conjoint l'a vu avant dans la nurserie.
La sage femme amène mon fils, dans son petit couffin en osier, elle me le pose sur le lit et me le présente. Il est magnifique. Mon bébé, un vrai bébé tout formé de 700g ( estimé à 500g). Il a tout, son petit nez, ses petits sourcils, sur son visage , ses petits ongles et les petits trous qu'on peut voir sur les mains de bébé... Il est beau, il est chaud. Il dort, pour toujours. Je passe une bonne demi heure avec lui. Je suis prise d'un sentiment, ou d'une émotion que je ne connais pas... mais je comprends... je suis maman.
Je suis restée jusque 21h30 en salle de naissance sous surveillance. On m'a amené dans ma chambre, j'ai du manger un peu avant de me lever. Je souhaitais prendre une douche, je suis épuisée, et toujours avec cette température. Mon conjoint est rentré à la maison, il avait la possibilité de rester mais je n 'ai pas voulu. La journée avait été compliqué pour lui aussi.
Je suis tombée d'épuisement en pleurant, la main sur mon ventre, vide. Je me suis réveillée plusieurs fois.
Nous avons revu notre fils le lendemain, à ce moment là je ne voulais pas être séparée de mon fils pour toujours, l'incinération n'était plus envisageable. J'ai demandé à mon conjoint s'il accepterais que je fasse inhumer notre bébé auprès de ma mamie, ma mère et de mon petit frère.Il a accepté en me disant qu'il ne pourrait pas s'occuper des démarches. Je lui ai dit que je m'occupais de tout. Et ça m'a fait du bien de savoir qu'il serait près de nous et que j'allais le "confier" à ma mère.
La dame de l'état civil est passée nous voir en chambre, c 'était plus facile pour nous. Nous avons reconnu notre fils, et avons donné le prénom que nous avions en tête depuis le début: Nahil .
Nous avons finalement accepté l'autopsie. Peut être que notre fils sauvera ses frères et soeurs à l'avenir. Je suis sortie l'après midi.
Le retour à la maison a été compliqué. Et c'est encore compliqué.
J'ai revu mon fils à la chambre mortuaire chaque jour que j'ai pu. Je l'ai embrassé, je l'ai touché, je lui ai parlé, et je lui ai demandé pardon...
Nous avons fait inhumé Nahil le mardi 9 en toute intimité. Depuis, je me rends au cimetière quasi tous les jours... Depuis l'enterrement, je suis plus sereine, soulagée qu'il soit pas loin de nous.
Beaucoup de choses me ramène sans cesse à lui , à la perte de mon bébé et me font souffrir dans mon quotidien: la montée de lait qui suit, les dates, la vue de bébés etc... j'ai eu mon RDC pile 1 mois après mon accouchement.
Nous allons partir avec mon conjoint en vacances , lui a repris le travail après le congés pater accordé et gère à sa façon son deuil, ce que je respecte. On en parle parfois, j'essaye de ne pas craquer devant lui pour ne pas agrandir sa peine non plus. Moi j'ai pris mon congés maternité pour la durée minimum obligatoire c'est à dire 8 semaines afin de me reposer car je suis épuisée depuis et aussi parce que reprendre trop tôt aurait été compliqué pour moi. Je n'ai pas vu de psy, j'ai peur que cela ressasse la perte et ma douleur... J'ai vécu beaucoup d'épreuves et je pense que seul le temps pourra apaiser cette douleur, et me fera vivre avec. Nous ne sommes pas fermer et souhaitons donner un petit frère ou une petite soeur à notre ange. Mais d'abord, nous avons tous les rendez vous à passer avec la gynéco fin septembre et la généticienne ( sous environ 4 mois).
J'espère que mon témoignage ( très long je l'avoue mais qu'est ce que ça fait du bien) aidera à son tour des femmes dans le besoin, dans l’incertitude et dans la peur comme je l'ai été.
Un petit conseil, laissez vous guider par ce que votre coeur vous dit, vous avez le droit de revenir sur certaines décisions et ne laissez personne vous dicter ce qui est bon ou mauvais dans cette épreuve ( moi j'ai la chance de ne pas avoir eu de personne malveillante dans mon entourage) .
Au plaisir de vous lire et d'échanger avec vous.
Pensée à tous vos petits anges.