Forum de l'association Petite Émilie

Bonjour à tous,
Je suis à ma 4ème grossesse, j'ai deux petites filles de 7 et 4 ans et une grossesse arrêtée à 3mois en décembre dernier.
Lundi nous avons fait l'écho du 2ème trimestre et nous avons appris que notre fille souffrait d'une malformation du cerveau... nous avons donc rendez vous lundi prochain au CHU ******* pour une nouvelle écho et une amniocentèse mais l'issue de cette grossesse est très sombre...
Depuis cette annonce je passe par 15000 émotions dans la journée, de l'espoir que ce ne soit pas grand chose à l'envie irrépressible d'hurler et d'arracher ce bébé de mon ventre et en finir avec toute cette histoire.
Je ne supporte plus ma fille quand elle bouge, je ne souhaite pas que mon mari s'approche de moi car je ne souhaite pas qu'il me sente enceinte, il na pas encore senti la petite bouger et je ne veux pas que ça arrive pour le protéger de toute cette peine supplémentaire.

Des mamanges ont elles était dans mon cas, de vouloir absolument passé à autre chose tout de suite maintenant ?

Bonjour Johannaluna,

Je suis désolée de ce que tu es en train de vivre et l'attente des examens/résultats est vraiment insupportable. Malheureusement, nous n'avons pas le choix que de passer par cette étape afin d'être sûr de ce qu'il se passe et que le corps médical ne fasse pas d'erreurs...
Concernant le fait que tu ne supporte plus de sentir ton bébé bouger, j'ai eu le même sentiment à l'annonce du diagnostic de mon fils, lors de l'échographie du 3ème trimestre. Je ne voulais plus le sentir, je ne me regardais plus ni me touchais le ventre, je m'habillais et me déshabillais dans le noir et par dessus tout, je ne supportais plus que mon chéri me caresse le ventre (ce qu'il a très mal vécu). Je pense que cette émotion est normale, on essaie de se protéger comme on le peut et ce "rejet" en fait partie. Après, j'ai pris la décision de continuer à "vivre" malgré la décision qui se profilait car mon fils avait été conçu et attendu dans l'amour, et je me suis dis qu'il devait ressentir et partir avec tout cet amour.

Le diagnostic de ta fille est encore très récent et il vous faut "encaisser" cette nouvelle. Ne soyez pas trop durs avec vous-mêmes, la situation est déjà assez difficile comme ça.
Je vous souhaite plein de courage en attendant la suite des examens et sachez que quelque soit la décision que vous prendrez, elle sera la bonne et personne ne peut vous juger. Ce sera, quoi qu'il en soit, un "choix" d'amour.

Bonjour Joca,

Merci pour ta réponse, ça me réconforte je me sens moins seule, je me dis que j'ai une réaction qui peut être "normale".
Effectivement je penses que la nouvelle est encore fraîche et j'ai du mal à me positionner. Peut être que mon passage au CHU ****** me fera revoir ma façon de penser.
Finalement ce n est pas l'IMG en soit qui me fait peur mais le après. Comment faire le deuil de ce bébé et surtout le deuil de ce 3ème enfant car je ne souhaite pas faire revivre toute cette angoisse auprès de mes filles, car je le sens, je suis moins disponible pour mes filles depuis lundi.

Bonjour Johannaluna,

Je te souhaite la bienvenue sur le forum.

L'attente est en effet assez pénible à vivre, surtout que dans le cas de malformations au cerveau les médecins préfèrent parfois attendre pour observer l'évolution avant de poser le moindre diagnostic (j'ai été dans la même situation que toi, donc je ne comprends que trop bien). Les médecins ont-ils évoqué avec toi un calendrier, pour te permettre de te projeter un minimum? Par exemple échographie de contrôle dans X jours, RDV avec un spécialiste dans X jours, IRM éventuelle à telle date, etc, etc... Je sais que cela m'avait beaucoup aidée, vu que j'ai la fâcheuse tendance à essayer de me projeter dans l'après sans attendre que le moment présent ne passe.

Pour ce qui est de tes filles, je comprends tes craintes. Nous avions envoyé notre fille chez une cousine, le temps de mon hospitalisation. Le reste du temps, j'essayais de faire face avec mon mari. On avait institué une sorte de "deal": après chaque RDV médical, on allait se poser dans un café pour débriefer librement, pleurer, dire tout ce qui nous passait par la tête. Puis, en rentrant, nous nous occupions de notre fille. Bien évidemment, les enfants sentent quand quelque chose ne va pas, mais cela nous avait permis de la préserver de choses trop complexes à entendre ou à expliquer (elle n'avait que 2 ans à ce moment la).

Bien à toi,

Urbanie

Bonsoir Johannaluna,

Je m'appretais a ecrire mon message et j'ai lu la réponse d'Urbanie, j'aurais pu l'ecrire mot pour mot, absolument mot pour mot !

Sur les mouvements de bébé, j'ai eu deux reactions differentes :
Pour ma 1ere IMG, le diagnostic a été rapide (1 seconde) et sans appel, mon bébé n'etait pas viable. Cette envie que tout s'arrete vite, je l'ai eue cette fois là. Pour autant il "a fallu" attendre 8jrs avant de stopper la grossesse et ça m'a paru être une torture, surtout que je le sentais bouger, tres vivement depuis une 10aine de jours (oui, à 12SA). Du jour au lendemain, je ne l'ai plus senti bouger, meme quand j'ai voulu la veille de l'IMG "me reconnecter" à lui pour lui dire au revoir.

Pour ma 2eme IMG, j'ai eu beaucoup plus d'ambivalence, je pense tout simplement parce que l'idee de stopper la grossesse est venue plus progressivement (apres avoir vu la geneticienne qui nous a informés que dans notre situation on resterait quoiqu'il arrive les ultimes decisionnaires), on alternait entre des moments d'espoirs et de peurs, des moments de "connexion" et de "deconnexion" avec lui.. et puis la connexion etait etabli depuis plus longtemps aussi cette fois-la. Pour lui aussi j'ai donc eu des moments où je m'agacais de le sentir, où je ne pouvais pas poser ma main sur lui, j'ai rapidement pris le parti de ne pas me culpabiliser de ces moments de deconnexion, je lui disais en moi-meme comme je disais à mon fils aîné "tu sens que maman ne va pas bien, ça n'est pas à cause de toi, ce sont les medecins qui m'inquietent" et aux moments où je me sentais mieux je prenais le temps parfois de lui reparler de mes inquietudes, uniquement si je m'en sentais..

Bref, tout ça pour te faire voir que toute reaction me semble possible. Pour les differences, j'y trouve mes justifications qui me sont personnelles, mais à chacun de voir comment il ressent les choses, sans se juger...

Pour la question de "comment faire le deuil" je me revois me la poser... et me rends compte qu'il n'y a pas le choix, ça se fait. Mais ça n'est pas encore le moment pour toi, il me semble, chaque chose en son temps

Je te souhaite plein de patience et de courage

Dans cette situation, il n'y a rien d'anormal, on fait comme on peut et comme on le sent au moment où on le fait.
Meme si je comprends cette envie que tout s'arrête vite, ce temps est malgré tout nécessaire, tu t'en rendras compte par la suite. Mais pour le moment, concentre-toi sur le présent et sur ce qui te fait du "bien".

Je pense bien à toi.