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le creux de la vague
Posté : 09 juillet 2019, 08:28
par dabaubin
Bonjour tout le monde,
ça fait plusieurs jours où j'hésite à écrire parce que ça va moins bien.
Nous avons perdu notre puce il y a 2 mois et demi, et depuis c'est un peu les montagnes russes, mais avec beaucoup de creux, avec la sensation d'avoir du mal à remonter la pente.
Le quotidien m'est moins pesant, j'arrive à faire le minimum en faisant bonne figure, c'est pas encore parfait, tant pi si mon ménage n'est pas au top, ou si nous ne mangeons pas très équilibrés en ce moment. Mais au delà de cette "bonne figure", au fond, je me sens seule, vide, triste, angoissée, incomprise... La différence avec les premiers jours après son décès, c'est que j'arrive à faire en sorte que ça ne se remarque pas... la souffrance aiguë se transforme en une souffrance chronique qui se fond dans le décors.
J'essaie de trouver des outils pour aller mieux, je vais voir un psy, une psychologue en couple, et nous avons débuter un groupe de parole avec un psychologue. Mais je me sens spectatrice de tout ça, comme si ça n'avait pas de réel effet sur moi.
Je culpabilise beaucoup depuis hier, car nous avons participé à la deuxième séance du groupe de parole, la première, suite à un problème d'organisation, tout le monde n'était pas présent, une nouvelle mamange a donc intégré le groupe. Sauf que... elle est enceinte. C'est dur pour moi de le dire, mais j'ai était en colère de la voir dans ce groupe. Elle n'y est pour rien, si elle est là, c'est qu'elle aussi a perdu un tout petit, qu'elle a ressenti cette même douleur.
Oui mais voilà...elle est enceinte, elle vit ce que je ne vivrais peut être plus jamais, et en tout cas, jamais jusqu'au bout, et jamais sereinement.
Il m'est très difficile encore de croiser des femmes enceintes ou avec des bébés. Ma DPA n'est pas encore passée, j'aurais encore dû être enceinte... et même après, je ne suis pas certaine que ça devienne plus facile pour moi.
Alors me voilà en colère, alors qu'elle n'y est pour rien, mais ce groupe de parole qui doit me faire avancer, finalement, j'ai peur qu'il me fasse l'effet inverse... Je n'est pas pu m'y exprimer naturellement, ça a suscité de l'angoisse, de la tristesse, là où son but est/serait de faire naitre un peu d'apaisement. Si je ne me sens pas en sécurité avec mon thérapeute, où est ce que je peux l'être?! Je m'en veux de réagir ainsi...
Je suis complétement perdue, je m'en veux, je me sens seule et je ne sais plus quoi faire...
Re: le creux de la vague
Posté : 09 juillet 2019, 09:41
par H_H
J'aurais moi même pu écrire ce texte tellement il exprime ce que je ressens actuellement. Tu as mis des mots sur mes émotions. C'est une souffrance chronique, on arrive à faire bonne figure, mais les 3/4 du temps on est sur le canapé, on mange des pates, la maison ressemble à un chantier. Je trompe bien mon monde mais pas moi. Actuellement je suis devant une série que je n arrête pas de remettre en arrière car je n arrive pas a me concentrer, a faire et défaire du crochet car je narrive pas a compter mes mailles jusqu'à 5 car mon esprit est ailleurs, j'ai les mêmes vêtements depuis 3 jours...
Mon groupe de parole est en pause jusqu'à septembre, et mon psy....ca me fait du bien sur le coup de parler mai je ne vois pas ou on va.
Je vérifie de plus en plus souvent mon ventre, pour être sûre, et je me répète inlassablement dans ma tête toute la journée "c'est fini, elles ne sont plus là "
Je passe mes journees à me remémorer ce terrible 29 mai, ce terrible 1er juin, et ce terrible 8 juin.
Je pense que cela vient du fait maintenant que l enterrement est passé, les gens ont retrouvés leurs vies, ils sont moins affectés que nous, alors on est là, à attendre d allez mieux....
Donc je comprend très bien ce que tu vis.
Pour ton groupe de parole à tu parlé au psy qui vous accompagne?il n'y à pas la possibilité de faire plusieurs groupes? Tu n'as pas à subir ça si ça te gène, en même temps les groupes de paroles sont souvent libérateurs.
Dans quelle region es tu?
As tu parlé as ton conjoint de cette situation? Il ne faut pas t'enfermer dans ta douleur, tu dois pouvoir dire ce que tu ressens, sinon cela rique de te ronger de l intérieur.
Nous souffrons déjà suffisamment, pas la peine d'en rajouter en souffrant en silence,
Je pleure encore tour les jours (à 1 exception près, 1 seul jour ou je n ai pas pleuré en 1 mois et demi), souvent le soir, je prend un moment pour pleurer, auprès de mon conjoint, je lui raconte mes sentiments, et ca me fait un peu de bien, disons que je me sens moins mal
Tu es encore en "congés" ou en arret?
Grosses pensées pour toi
Re: le creux de la vague
Posté : 09 juillet 2019, 09:43
par H_H
Et sache que tu n'es pas seule
Si tu veux on peut s échanger nos numéro et s'appeler, se faire des visios, se "textoter", en tout cas tu n es pas seule
Re: le creux de la vague
Posté : 09 juillet 2019, 10:13
par mamange Gabriel
Bonjour Dabaudin,
Je peux comprendre ton agacement quand une femme enceinte vient à ce genre de groupe mais peut être (surement d'ailleurs) qu'elle vit cette nouvelle grossesse difficilement et à besoin de réconfort.
Mais tu as tous les droits d'être agacé, je pense que c'est normal.
Je ne me suis pas inscrite à ces groupes de parole, pour l'instant j'essaye de gérer toute seule même s'il y a des rechutes (hier soir encore, quand je sors du bureau pour mon premier jour de reprise, je tombe sur une dame avec un garçon trisomique, ça m'a foutu un sacré coup. Alors que jamais j'ai croisé des enfants trisomiques dans les rues aux alentours de mon bureau. Comme si qu'on me disait tu vois lui il vit, on lui a laissé sa chance).
Je suis dans le même cas que toi, ne pas savoir si j'aurais la chance de retomber enceinte un jour. Je me raccroche au fait que des miracles existent.
Hier j'ai eu ma première séance d'ostéo depuis mon img et j'ai bien fait d'y aller. J'étais tendu de partout, elle m'a dit le stress et d'avoir tout porter se ressent sur mon corps. Donc je le conseille car même si on ne se rend pas compte, nous avons subi une épreuve physique aussi. Pour l'épreuve morale, il faudra plus de temps.
J'ai déjà un rdv pour de l'acupuncture en fin de mois. Je sais bien que tout ça ne permet pas de guérir mon infertilité car j'ai de l'endométriose mais si cela me permet d'aller mieux c'est toujours ça de pris.
En tout cas, je mets toutes les chances de mon côté avant ma dernière tentative de FIV en septembre.
J'ai même commencé ce matin des tests d'ovulation au cas où quoi je ne sais pas. Peut être que je débloque complètement mais tant pis, au pire je contribue au chiffre d'affaires de tous ces médecins et des boites pharmaceutiques qui vendent ces produits
Donc tu vois on réagit toutes différemment et il faut surtout pas se juger, chacun fait comme il le sent : groupe de parole, psy, médecine douce, ...
Re: le creux de la vague
Posté : 09 juillet 2019, 11:06
par Urbanie
Bonjour Dabaubin,
Ce que tu viens de vivre est encore très frais, très récent. Les périodes de montagnes russes sont très fréquentes, au début. Je lis que tu fais déjà énormément de choses pour essayer d'aller mieux, et c'est une très bonne chose. Le deuil cependant se fait à un rythme parfois indépendant de notre volonté.
J'ai aussi souvent eu envie d'aller mieux "tout de suite", d'accélérer les choses pour ne rester au fond du gouffre, être mal m'était insupportable. La vérité, c'est que j'avais malgré tout besoin de temps, tout simplement, et même si mes efforts m'ont aidée à avancer (en allant voir un psy, par exemple), il m'a fallu patienter encore un peu pour que ma vie et mes émotions retrouvent petit à petit un équilibre de croisière. Nous avançons toutes pas à pas, à notre propre rythme, donc je ne peux pas te prédire quand les choses iront mieux, mais ce que tu ressens est parfaitement "normal" compte tenu des circonstances.
Tu peux venir nous parler de ta colère et de ta tristesse ici si tu en ressens le besoin.
Bien à toi,
Urbanie
Re: le creux de la vague
Posté : 09 juillet 2019, 21:14
par dabaubin
Merci pour vos réponses.
J'ai totalement conscience que la grossesse de cette maman doit être empreint d'angoisse, je comprends qu'elle puisse être en recherche de réassurance...sauf que la, je ne suis pas capable de lui apporter ça, et je ne pense pas que ce groupe de parole ait cette vocation là.
D'où mes sentiments extrêmement ambivalents, d'un côté je comprend qu'elle soit la puisqu'elle aussi à perdu la perte d'un bébé, mais d'un autre, sa présence me torture... Tout cela ne fait qu'accentuer un sentiment de honte, culpabilité de de dévalorisation...
Je vais tenter l'ostheo, c'est vrai que je n'y avait pas penser.
Re: le creux de la vague
Posté : 09 juillet 2019, 21:21
par H_H
C'est compréhensible, on ne s'attend pas à voir des femmes enceintes dans un groupe sur le deuin périnatale.
la responsable du groupe où je vais m'a prévenu que certaines maman reviennent pendant leur grossesse, car cela les angoissent, leur rappelle leur enfant perdu...
Je comprend que cela puisse déranger, j'envie toutes les femmes enceintes, jalouses les bébés en bonne santé ...
Re: le creux de la vague
Posté : 09 juillet 2019, 21:56
par Urbanie
C'est délicat en effet, parce que le fait de voir une femme enceinte doit te faire beaucoup de mal et, en effet, les grossesses d'après peuvent être hyper anxiogènes. Vous avez toutes les deux besoins de ce groupe, mais la cohabitation risque d'être douloureuse pour toi, au moins les premiers temps...
Tu penses pouvoir en parler avec l'animatrice de votre groupe sinon? Au moins pour lui exprimer ton ressenti, de façon à t'en libérer un peu? Parfois, exprimer ce qui nous pose problème peut aider à crever l'abcès et donc à se sentir entendue (c'est très personnel, mais parfois parler de ce qui me tracasse me suffit à accepter mes émotions en cas de coup dur).
Re: le creux de la vague
Posté : 09 juillet 2019, 21:59
par dabaubin
Par respect et délicatesse, je ne le ferais pas en sa présence, je ne veux pas qu'elle pense être un problème, parce que ce n'est pas le cas, ce n'est pas elle le problème, loin de là. Je pense que je vais essayer de parler au psychologue qui animé le groupe, s'il peut se rendre disponible
Re: le creux de la vague
Posté : 09 juillet 2019, 22:44
par dabaubin
Non non, tes idées sont loin d'être nulle !
J'ai surtout très peur de la blesser, le but n'est absolument pas celui ci... Elle n'y est pour rien. Je ne veux pas qu'elle paye pour ma souffrance. J'ai peur de ne pas être assez délicate si je le verbalisé