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comment avancer ?

Posté : 27 juin 2019, 11:28
par Ouana
Les étapes du deuil :
Déni: refus de la réalité.
Colère,protestation: recherche d’un coupable
Désorganisation,prise de conscience du caractère définitif de la perte: peur, douleur, impuissance, désespoir – repli, parfois rupture de communication entre conjoints.
Réorganisation,résignation,recherche de sens: recherche de soutien, reprise du quotidien.
Acceptation, ou plutôt adaptation: stabilité, paix, sérénité.


Je ne fait que regarder les étapes du deuil pour me convaincre que je suis dans l'acceptation de ce qui m'est arrivée...
Mais au fond je crois que je suis entre le déni (par moment je touche mon ventre et je lui parle - est ce que c'est glauque ?), la colère (je m'en veux de ne pas avoir été capable de donner un bébé à mon mari, lui qui veux tellement être papa), et dans ses moments là je me sent tellement seule...
Elle me manque.

Re: comment avancer ?

Posté : 27 juin 2019, 13:17
par H_H
Comme je vous comprend. J'attend tjs de me reveiller de se cauchemars j'attend toujours que l'on invente une machine à remonter le temps.
Je pense que les etapes du deuil ne se franchisse pas vraiment, on avance, on recule, jusqu'à ce que l'on arrête de reculer et que l'on avance une bonne fois pour toute....

Re: comment avancer ?

Posté : 27 juin 2019, 14:09
par MariEve
Bonjour les filles,

Ce questionnement sur le cheminement du deuil a beaucoup évolué chez moi au fil de mes differents deuils. Ma vision des choses maintenant est qu'on peut même faire les etapes dans une autre ordre, qu'on peut meme faire plusieurs (bouts d')étapes en meme temps, qu'on peut meme revenir sur une étape déjà entamée plus tôt, qu'on peut etre dans une des etapes le matin et dans une autre l'apres-midi.... bref, que tout est possible, je me demande meme s'il n'est pas possible de ne pas en remarquer certaines, de ne pas y passer du tout ?

Dans ce que tu as cité Ouana, je n"y vois pas l'etape de "negociation" (dont la machine à remonter le temps de Hannah_Haley pourrait en être un exemple d'apres ce que j'ai compris).

Peu importe où vous en êtes, vous avancez, il n'y a pas d'autre solution. C'est un chemin chaotique où je finis par me dire que ça ne sert peut etre pas a grand chose de chercher à s'y situer (si ce n'est de voir que toutes ces emotions, pensées.. sont normales) et qu'on ne peut pas predire dans combien de temps on arrivera a un apaisement durable. Je crois que ça on le sait apres coup.

Ouana, parle à ton bébé, c'est de l'amour, ça n'a rien de glauque. Il a vécu dans ton ventre, ça n'est pas surprenant d'avoir besoin de t'y reconnecter pour te sentir proche de ton bébé.

Douces pensées à vos anges

Re: comment avancer ?

Posté : 27 juin 2019, 14:34
par Ouana
Je n'ai pas encore eu le courage d'aller au jardin des souvenirs... aujourd’hui je suis dans une phase de colère et de culpabilité.

J'ai tuée mon bébé, ma petite fille, comment j'ai pu faire une chose pareil, comment je peux avancer en ayant ce sentiment ?
Comment vous avez fait ? pour celle qui ont réussi à avancé ?

Re: comment avancer ?

Posté : 27 juin 2019, 15:35
par MariEve
On (ma psy surtout) m'a souvent incitée à être bienveillante envers moi-meme.
Si tu n'as pas pu aller au jardin du souvenir, je t'invite a ne pas t'en culpabiliser, tu penses surement deja bien souvent a Charlotte, tu l'aimes évidemment et il n'y a rien besoin de prouver ni à ton bébé qui le sent, ni aux autres que ça ne regarde pas.
Pour autant si la colère a besoin de s'exprimer chez toi et que tu souhaites ne pas te faire de mal en te la retournant vers toi (=culpabilité), tu peux peut etre trouver un moyen de te défouler, de d'exterioriser... peut etre par des loisirs creatifs, du bricolage, du jardinage, de la renovation, du sport, que sais-je ?

(Parenthese personnelle, mais tout a fait relative car il y a maintenant 6 ans que j'ai un rapport décomplexé vis a vis du cimetiere, a l'epoque pour ma soeur que j'allais voir de maniere tout a fait aléatoire : si besoin quotidiennement, pas du tout parfois pendant plus d'un an je crois ; pour mon petit Nolan je n'ai jamais cherché à savoir où etait le jardin du souvenir où il était, de crainte qu'il ne me plaise pas, que je trouve ça glauque... pour me proteger en fait. Et puis c'etait à 30min minimum de chez moi, du coup, j'ai ressenti le besoin d'avoir un lieu de recueillement chez moi, j'ai acheté un photophore que j'adore, où j'allume une bougie quand j'y pense ou plutot quand j"en ai envie.. des fois j'y pense et me dis, non ca n'est pas le moment, des fois il reste des jours et des jours sans s'allumer, des fois je rallume une bougie dès que la precedente s'eteint. Car maintenant ce photophore sert parfois pour mes deux bébés, parfois pour un seul, tout depend du moment. Ça me parait important que rien ne soit figé, que rien ne soit obligatoire. Je sais bien que quand je n'allume rien ni ici, ni au cimetiere, que quand je passe a proximité du cimetiere et que je ne m'y arrete pas alors que j'en aurais le temps, mes petits bebes ne m'en voudrons pas parce que ces choses je les fais pour moi, pour me faire du bien. Ils savent que je les aime, je le sais.)

Pour la culpabilité de la décision, je sais que je devrais vivre avec dans le sens où je ne saurai jamais au niveau medical si on a pris la bonne decision (on n'avait a disposition que des probabilité qu'il aille bien/qu'il aille mal). Avec mon conjoint on s'est toujours dit qu'il ne faudrait pas qu'on oublie ce qui nous a amené a nous décider au bout de ces 2 mois d'indecision.
C'est ressorti encore lors de ma seance d'EMDR avec ma psy avant-hier, je sens que ça travaille. Je garde en tete que nous avons pris une decision d'amour pour notre bébé, qu'il ne pouvait en etre autrement.
Aussi je t'invite à chaque fois que la culpabilité de la decision toque a ta porte de lui reparler de ce qui vous a mené à dire au revoir à Charlotte. Je ne doute pas qu'il y a aussi énormément d'amour !
Je ne sais pas, vois-tu un psy pour t'aider a traverser ce chemin ?

Re: comment avancer ?

Posté : 30 juin 2019, 02:21
par camashe
Coucou, ici aussi c'est très confus. Cela vient de faire un mois et sur une même journée mon humeur peu être très fluctuante. J'ai parfois l'impression d'avancer un peu et d'autres fois de repartir en arrière. J'ai aussi l'impression que les jours suivants un "bon jour" sont les pires.Et, lorsque j'arrive à reprendre contact avec des personnes extérieures à la famille, je suis fière de moi d'essayer de sortir de ma bulle mais en même temps complètement vidé. Le deuil va être long, il faut s'armer de patience.Un jour après l'autre, je ne prévoit plus rien et vous ?

Re: comment avancer ?

Posté : 30 juin 2019, 08:57
par Anne2017
Bonjour a toutes,
Comme le dit l'une d'entre vous, on avance sur ce chemin en franchissant des étapes et en revenant en arrière, chacune sensible à tel ou tel étape plutôt qu'à une autre.
La voie de la guérison est un chemin fait de montagnes russes er d'étapes qui paraissent insurmontables. Et puis on chemine, on avance, on tombe 1000 fois sur ce chemin et on se relève 1001...Parce qu'il n'y a que ça à faire, avancer, quoi qu'il arrive.
Je sais que les premiers temps semblent terrible. Les images de nos enfants, la perte de la joie de la grossesse, le traumatisme des annonces et de L'IMG, et les mots des autres, parfois si maladroit ou cruel... Je me souviens d'avoir reçu un choc, à la reprise du boulot, de voir que le monde continuait à tourner exactement comme avant alord que mon fils était mort. Sur le trajet, à la sortie du métro, je me souviens nettement de m'être répété un grand nombre de fois, avec les larmes aux yeux "je ne n'ai pas inventé, il était là "...

Je sais que j'ai été longtemps dans l'incapacité de prévoir quoi que ce soit. Faire des projets, même tout petits, étaient insurmontable. Le seul projet qui fut moteur était de retomber enceinte, et j'ai mis quelques mois à comprendre combein c'était trop tôt pour moi, je cherchais inconsciemment à retrouver la joie évaporée de ma grossesse...

Vous allez trouver votre voie pour puiser dans vos ressources de résilience. Mais cela sera probablement long et souvent douloureux.
Cela fait 2 ans et la plupart du temps le deuil est derrière moi. Il y a des nuits pourtant, comme cette nuit, ou mes rêves me ramènent à un petit bébé fragile et magnifique, à qui je donne le sein, avec douceur et tristesse à la fois.

Malheureusement nous porterons nos enfants dans nos coeurs toute notre vie. Mais paradoxalement, nous auront la chance de porter cet amour en nous toute notre vie.

Re: comment avancer ?

Posté : 30 juin 2019, 10:41
par H_H
J'ai pensé la même chose que toi, il fallait que je sois punie, j'ai dit à mon conjoint "
Mais comment tu fais pour m'aimer j'ai tué nos enfants TES enfants, tu ne fera jamais de balançoire avec elles à cause de MOI" je l'ai hurlé aux sages femmes aussi, aux médecins aus infirmières, à qui voulait l'entendre ou non.
Mais ils ne comprenaient pas,parcequ'ils ils ne savaient pas. Mon conjoint s'enervait quand je lui disais "mais si c'est moi"
La journée je me répétait dzns ma tête "tes filles sont mortes tu les a tuées" puis un jour voyant mon conjoint en colère et ayant peur qu'il me quitte (ba oui j avais tué ses enfants) et comme il n arrêtait pas de me dire "arrête de dire ca" je lui ai dit "ok, j arrête de le dire, mais personne ne pourra m empêcher de le penser, je suis la seule à savoir vraiment, et même si je te dit que je ne me sens pas coupable, ca sera faux je me sentirais tout le temps coupable, personne ne peux changer ca"
Alors j'ai arrêté de le dire, et puis je me suis mise à écouter ce que les médecins avaient à dire, et mon compagnon, et puis j'ai arrêté de me le dire...
J'ai encore de la culpabilité, beaucoup moins. Nous
avons rdv avec les médecins de réanimation, et allons recevoir les résultats d'analyse du placenta J'ai tellement peur, est ce qu'il sera écrit en noir et blanc que c'est de ma faute? "Anaïs a tué ses enfants. " Je ne sais pas, en attendant j'essai de ne pas y penser. Sinon cela me ronge.
Je me rappelle avoir demandé a la sage femme si mon lait pouvez être donné à des bébés dans le besoin.
Elle m'a dit "non, car il y en a trop peu, cela va couter trop cher de le faire analyser, ils ne le feront pas" (il n'y avait vraiment pas beaucoup) mon sang s'est glacé à "non" et avant qu'elle ne puisse continuer sa phrase j'étais déjà en train de penser "c est pour pas tuer d autres bébés,ils ont trouvé quelque chose dans mon lait" puis quand elle a fini sa phrase j'ai pensé "ouf comme ça ils ne sauront pas que Cest moi qui les ai tuées!" Comme un détenu en cavale.....
La culpabilité est tenace et elle ne partira pas sans aide

Je ne sais pas si mon témoignage t'aidera...


Ouana a écrit : 27 juin 2019, 14:34 Je n'ai pas encore eu le courage d'aller au jardin des souvenirs... aujourd’hui je suis dans une phase de colère et de culpabilité.

J'ai tuée mon bébé, ma petite fille, comment j'ai pu faire une chose pareil, comment je peux avancer en ayant ce sentiment ?
Comment vous avez fait ? pour celle qui ont réussi à avancé ?

Re: comment avancer ?

Posté : 30 juin 2019, 11:11
par H_H
pour rebondir sur ce que dit Anne, nous avions prévu avec mon conjoint de partir quelques jours en Drôme/Ardèche, nous y sommes allez il y a 2 ans, cela nous avait fait le plus grand bien (notamment pour notre couple).
Mais ni l'un ni l'autre n'arrivons à organiser quoi que ce soit car on arrive pas à se projeter, nous partons donc ce soir, sans savoir où ni comment, parceque si on attend d'allez mieux, on partira jamais!

Re: comment avancer ?

Posté : 30 juin 2019, 11:23
par Anne2017
Vous faites bien de partir, de changer de cadre. Mon mari nous avait emmené 4 jours en Normandie 2 mois après la perte de notre fils. Nous avions besoin de panser nos plaies et de sortir de notre souffrance.
J'ai vécu ces moments comme une bouffée d'air, malgré des moments de larmes face à la beauté de certains paysages et la difficulté de ne pas de laisser envahir par la tristesse parfois.