Besoin de temps avant de fixer l'IMG
Posté : 16 mars 2019, 01:58
Nouvelle sur ce forum,je vous raconte mon histoire de futur mamange.
A 40 ans, l'horloge biologique hurlant de plus en plus fort tic tac TIC TAC, j'ai réussi à convaincre mon mari de faire LE petit dernier, il était très réticent à cette décision car nous sommes une famille recomposée de 3 enfants, deux filles d'une 1ère union et 1 fille en commun, 3 filles à gérer au quotidien lui suffisait amplement et ne comprenait pas mon besoin viscéral d'agrandir une famille déjà nombreuse. Par chance, je tombe enceinte dès le 1er cycle début octobre, j'en pleure de joie, je suis encore très féconde, quel bonheur immense de porter de nouveau la vie! Je précise que c'est ma 4ème grossesse, toutes menées à terme (pas de FC), sans aucune complication, accouchement par voie basse, des grossesses de rêve et des enfants en parfaite santé.
Vu mon âge, mon gynéco reste prudent et m'informe longuement des risques liés aux grossesses tardives, oh je ne l'écoute que d'une oreille! L''écho de datation et la 1ère écho sont très positives,la CN est parfaite 1,4mm, 2 bras, 2 jambes, bon rythme cardiaque. Pourquoi devrais-je m'inquiéter? Je préfère savourer mon bonheur et décide d'annoncer la bonne nouvelle à mon entourage, aux enfants juste avant les fêtes de Noël. Mon aînée pleure de joie dans mes bras, les plus petites sont très impatientes d'être début juillet pour câliner le bébé.
Tri test à 1/750. Me voilà rassurée, c'est un excellent résultat malgré mon âge! Je suis hyper confiante, sereine, rien ne peut présager à cet instant que ma bulle va éclater, que le ciel orageux va me tomber sur la tête, que cette grossesse idyllique va se transformer en drame. Le gynéco me parle de DPNI, 2 semaines d'attente avant de pouvoir le passer car il sera pris en charge à partir du 17 janvier. Toujours aussi détendue, je passe ce fameux test avec un large sourire le 18 janvier au matin, pour moi c'est une formalité de plus à laquelle je n'accorde aucune importance. L'attente se fait sans aucun stress, 10 jours de délais pendant lesquels je n'y pense pas vraiment. Jusque ce samedi 26 janvier, coup de téléphone de mon gynéco qui m'annonce à regret que les résultats du dpni sont positifs à la trisomie 18. Mais ce n'est pas possible,mon tri test était très encourageant... Je retiens mes larmes, il me confie que c'est la faute à pas de chance et me conseille de me projeter dans une prochaine grossesse. Mais je suis enceinte d'un bébé en vie, que je sens bouger, de quelle prochaine grossesse me parle-t-il?
Et là tout s'enchaîne, amnio le 3 février qui confirmera bien la trisomie 18 libre et homogène une semaine après. Le gynéco qui m'informe que mon dossier passera en commission le lendemain pour accorder l'IMG qui doit être réalisée dans la foulée. Je ne comprends rien de ce qui m'arrive, mon bébé ne présente aucune anomalie visible. Je reste incrédule. STOP. Je lui demande une semaine pour assimiler cette 'information', je porte un enfant malade qu'aucun médecin ne peut soigner, ma grossesse a peu de chance d'arriver à son terme, au mieux mon bébé vivra quelques mois, peut-être quelques années dans d'atroces souffrances. A peine la portière fermée de ma voiture, j'hurle comme jamais je n'ai crié, je sens des coups de couteaux me déchiraient le cœur (l'expression prend tout son sens à ce moment), je le sens se briser morceau par morceau, j'ai mal dans chaque parcelle de mon corps, mal de ne pas pouvoir faire naître mon enfant, mal de renoncer à lui donner la vie. J'implore le Seigneur de me prendre MOI et de laisser mon bébé vivre. Pourquoi nous? Pourquoi mon bébé? Pourquoi cette maladie? Plus rien n'a de sens pour moi.
Le CPDP demande une écho poussée à joindre au dossier, je suis à 20 sa, nous assistons impuissants aux détails des malformations de notre fille (kystes bénins au cerveau, CIV, un seul rein et en forme de fer à cheval, les pieds bots, le front fuyant), le temps s'arrête, ma culpabilité décuple, tout est de ma faute, j'ai tellement insisté pour avoir ce dernier bébé malgré mon âge et voilà ce que la nature me donne suite à mes caprices de quadragénaire... RDV avec la généticienne dans la foulée qui nous rassure sur le caractère accidentel de la T18, libre et homogène, sans risque de translocation, des enfants en parfaite santé et aucune fausse couche, c'est un accident, un manque de chance. Un risque estimé à 1% pour la prochaine grossesse. Mais je refuse d'entendre parler de prochaine grossesse, je veux vivre celle-ci.
Ça fait 4 semaines que mon dossier est passé en commission, je suis à 24 sa, 5 mois et quelques jours que je porte mon enfant, ma princesse, impossible pour l'instant de la laisser mourir, partir, devenir un ange. Elle vit en moi, je la sens plusieurs fois par jour, je lui parle, la caresse, la taquine, lui offre tout l'amour et l'attention que j'ai pour elle. J'ai encore besoin de temps avant de lui dire adieu, mon mari qui souhaitait l'img dès la confirmation de la trisomie par l'amnio, me laisse le temps nécessaire pour me préparer, m'organiser, au moins je ne pleure plus -pour l'instant. La psy et la gynéco du CPDP respectent ma décision de prendre tout le temps dont j'estime avoir besoin. Je pense appeler le CHU semaine prochaine pour entamer les démarches et échanger concrètement sur le déroulement de l'IMG qui est inévitable à ce stade.
Voilà les mamanges, mon histoire de maman en pré deuil qui s'apprête à dire adieu à son ange dans les prochaines semaines.
Au début j'ai au du mal à lire les vôtres (trop d'émotions) et au fur et à mesure vos témoignages m'ont beaucoup aidé dans mon cheminement, comprendre ce que vous vivez à travers le deuil périnatal, apprendre à vivre avec ce vide en soi, et avancer malgré tout.
A 40 ans, l'horloge biologique hurlant de plus en plus fort tic tac TIC TAC, j'ai réussi à convaincre mon mari de faire LE petit dernier, il était très réticent à cette décision car nous sommes une famille recomposée de 3 enfants, deux filles d'une 1ère union et 1 fille en commun, 3 filles à gérer au quotidien lui suffisait amplement et ne comprenait pas mon besoin viscéral d'agrandir une famille déjà nombreuse. Par chance, je tombe enceinte dès le 1er cycle début octobre, j'en pleure de joie, je suis encore très féconde, quel bonheur immense de porter de nouveau la vie! Je précise que c'est ma 4ème grossesse, toutes menées à terme (pas de FC), sans aucune complication, accouchement par voie basse, des grossesses de rêve et des enfants en parfaite santé.
Vu mon âge, mon gynéco reste prudent et m'informe longuement des risques liés aux grossesses tardives, oh je ne l'écoute que d'une oreille! L''écho de datation et la 1ère écho sont très positives,la CN est parfaite 1,4mm, 2 bras, 2 jambes, bon rythme cardiaque. Pourquoi devrais-je m'inquiéter? Je préfère savourer mon bonheur et décide d'annoncer la bonne nouvelle à mon entourage, aux enfants juste avant les fêtes de Noël. Mon aînée pleure de joie dans mes bras, les plus petites sont très impatientes d'être début juillet pour câliner le bébé.
Tri test à 1/750. Me voilà rassurée, c'est un excellent résultat malgré mon âge! Je suis hyper confiante, sereine, rien ne peut présager à cet instant que ma bulle va éclater, que le ciel orageux va me tomber sur la tête, que cette grossesse idyllique va se transformer en drame. Le gynéco me parle de DPNI, 2 semaines d'attente avant de pouvoir le passer car il sera pris en charge à partir du 17 janvier. Toujours aussi détendue, je passe ce fameux test avec un large sourire le 18 janvier au matin, pour moi c'est une formalité de plus à laquelle je n'accorde aucune importance. L'attente se fait sans aucun stress, 10 jours de délais pendant lesquels je n'y pense pas vraiment. Jusque ce samedi 26 janvier, coup de téléphone de mon gynéco qui m'annonce à regret que les résultats du dpni sont positifs à la trisomie 18. Mais ce n'est pas possible,mon tri test était très encourageant... Je retiens mes larmes, il me confie que c'est la faute à pas de chance et me conseille de me projeter dans une prochaine grossesse. Mais je suis enceinte d'un bébé en vie, que je sens bouger, de quelle prochaine grossesse me parle-t-il?
Et là tout s'enchaîne, amnio le 3 février qui confirmera bien la trisomie 18 libre et homogène une semaine après. Le gynéco qui m'informe que mon dossier passera en commission le lendemain pour accorder l'IMG qui doit être réalisée dans la foulée. Je ne comprends rien de ce qui m'arrive, mon bébé ne présente aucune anomalie visible. Je reste incrédule. STOP. Je lui demande une semaine pour assimiler cette 'information', je porte un enfant malade qu'aucun médecin ne peut soigner, ma grossesse a peu de chance d'arriver à son terme, au mieux mon bébé vivra quelques mois, peut-être quelques années dans d'atroces souffrances. A peine la portière fermée de ma voiture, j'hurle comme jamais je n'ai crié, je sens des coups de couteaux me déchiraient le cœur (l'expression prend tout son sens à ce moment), je le sens se briser morceau par morceau, j'ai mal dans chaque parcelle de mon corps, mal de ne pas pouvoir faire naître mon enfant, mal de renoncer à lui donner la vie. J'implore le Seigneur de me prendre MOI et de laisser mon bébé vivre. Pourquoi nous? Pourquoi mon bébé? Pourquoi cette maladie? Plus rien n'a de sens pour moi.
Le CPDP demande une écho poussée à joindre au dossier, je suis à 20 sa, nous assistons impuissants aux détails des malformations de notre fille (kystes bénins au cerveau, CIV, un seul rein et en forme de fer à cheval, les pieds bots, le front fuyant), le temps s'arrête, ma culpabilité décuple, tout est de ma faute, j'ai tellement insisté pour avoir ce dernier bébé malgré mon âge et voilà ce que la nature me donne suite à mes caprices de quadragénaire... RDV avec la généticienne dans la foulée qui nous rassure sur le caractère accidentel de la T18, libre et homogène, sans risque de translocation, des enfants en parfaite santé et aucune fausse couche, c'est un accident, un manque de chance. Un risque estimé à 1% pour la prochaine grossesse. Mais je refuse d'entendre parler de prochaine grossesse, je veux vivre celle-ci.
Ça fait 4 semaines que mon dossier est passé en commission, je suis à 24 sa, 5 mois et quelques jours que je porte mon enfant, ma princesse, impossible pour l'instant de la laisser mourir, partir, devenir un ange. Elle vit en moi, je la sens plusieurs fois par jour, je lui parle, la caresse, la taquine, lui offre tout l'amour et l'attention que j'ai pour elle. J'ai encore besoin de temps avant de lui dire adieu, mon mari qui souhaitait l'img dès la confirmation de la trisomie par l'amnio, me laisse le temps nécessaire pour me préparer, m'organiser, au moins je ne pleure plus -pour l'instant. La psy et la gynéco du CPDP respectent ma décision de prendre tout le temps dont j'estime avoir besoin. Je pense appeler le CHU semaine prochaine pour entamer les démarches et échanger concrètement sur le déroulement de l'IMG qui est inévitable à ce stade.
Voilà les mamanges, mon histoire de maman en pré deuil qui s'apprête à dire adieu à son ange dans les prochaines semaines.
Au début j'ai au du mal à lire les vôtres (trop d'émotions) et au fur et à mesure vos témoignages m'ont beaucoup aidé dans mon cheminement, comprendre ce que vous vivez à travers le deuil périnatal, apprendre à vivre avec ce vide en soi, et avancer malgré tout.