Comme un plat de tartiflette cassé ...
Posté : 17 janvier 2019, 09:39
Hier, par 3 fois dans la journée, je fais tomber quelque chose qui s'éparpille partout à terre. Je me dis c'est pas possible, c'est quoi cette journée?! Quel est le message ?!
Puis vient le soir.
17h, je lance la cuisson du repas. Carottes, pommes de terres, oignons je vais faire une tartiflette à la carotte, un test.
18h , je coupe les légumes avec ma filles, les mets dans le plat, le reblochon et zou au four. Nous nous réjouissons, comme ca va être bon ! Comme nous allons l'apprécier ce plat ce soir alors que cela fait plusieurs soirs que nous mangeons sur le pouce.
18h30, je me rends compte que le plat est trop haut dans le four, je sors donc le plat du four avec sa grille pour le baisser d'un cran. Le plat glisse. Comme un éclair, le temps de rien, je ne peux rien faire, mes mains sont bloquées sur la grille. Si je ne fais rien, le plat casse. Si j'essaye de le rattraper, la grille tombe, le plat casse. Quoi que je fasse, mon plat de tartiflette va s'écraser au sol. Cela ne prends qu'un temps infime, microscopique ... Et pourtant les pensées défilent. Il ne reste plus qu'à espérer que les dégats ne soient pas trop importants.
Le plat tombe, s'éclate au sol. Il y a du verre partout, mélangé dans chaque morceau de légume, dans chaque part de fromage. Tout est par terre, répandu dans ma cuisine, inmangeable ... Et moi je crie. NON. Pas ca !!!! PUT*** pas ca !!!!! J'EN AI MARRE !!!!!
Ma fille a sursauté au choc, elle prend peur quand je crie.
Mon conjoint essaye de me rassurer, ca arrive, on en refera une, je vais aller chercher autre chose à manger.
Mais je ne veux pas autre chose, je veux ma tartiflette !!!!! J'essaye, coute que coute, de ramasser les morceaux de légumes qui potentiellement ne sont pas touchés par le verre. J'entends un " Mais ca ne sert à rien d'essayer de les ramasser c'est dangereux ... On ne va pas manger ca."
Mais je m'en contrefiche, je veux pas tartiflette, alors je sors un plat, je ramasse, je trie.
Je regarde mon plat, il y a 3 malheureux morceaux de carottes qui se battent en duel, que j'ai pu sauver ... Sans en plus avoir la certitude absolue qu'il n'y a pas de verre dedans.
La boule me monte à la gorge, je lance un "je n'ai pas la force de tout mettre à la poubelle, tu t'en occupes ? Je vais chercher autre chose à manger... "
La boule sortira pendant le repas, j'éclate en sanglot, devant les yeux ébahis de mon conjoint qui ne comprends pas pourquoi avoir cassé ma tartiflette me mets dans cet état.
Une histoire de tartiflette ? Pas que !
Parce que dans ma rage hier, j'ai réalisé, que cette histoire c'est aussi l'histoire de ma grossesse et de ma fille.
On l'avait préparée avec amour cette petite bébé. On avait tout programmé dans notre tête, on lui avait préparé un gros baluchon d'amour tout prêt pour elle, j'avais déjà multiplié mon coeur de maman, avant même qu'elle vienne se loger dans mon ventre. J'avais un peu acheté ses ingrédients ...
Puis on y a mis du coeur, à la faire et la faire bien ! J'ai pris soin de respecter les consignes de précautions, son papa a pris soin de moi afin que je puisse au mieux lui faire un nid tout douillet, sa grande soeur mettait également tout son coeur à l'ouvrage, en pensant déjà à ses doudous, ses vetements, lui faisant des caresses. On lui a tous préparés un petit plat tout beau, et zoup au four, faut "lever" maintenant bébé, thermostat 7, on t'attends !
On ouvre le four de mon ventre, à travers l'appareil d'échographie, on observe bébé, tout se passe bien là dedans? Ah non, il y a un petit problème ... Oh, 3 fois rien, juste des bras malformés, si on règle un peu la grille et on remet au four, nous on est prêts à l'accueillir quand même !
Donc voilà, mais le réglage ne se passe pas comme prévu, à l’amniocentèse on apprend que ce ne sont pas que ses 2 bras qui posent question, mais tout son développement, tu es atteinte d'un syndrome rare ma fille. Le plat chute. Il y a ce moment, où on se demande quoi faire, un instant bref et éternel en même temps. Quoi qu'on fasse, tout est voué à être douloureux. Alors on regarde notre bébé chuter, en si peu de temps. Ce bébé qu'on avait mis tant d'amour, d'énergie et de temps à construire, il était là tout beau, et l'instant d'après il est tout cassé, au sol, notre coeur avec.
Puis il faut tout ramasser, morceau après morceau, de notre coeur, du souvenir de notre bébé aussi ... C'est chéri qui ramasse aussi, mon coeur en miette, et qui m'aide à le porter un peu le temps que je sois capable de le faire seule.
Voilà ... Ou comment revivre une épreuve au travers d'un plat de tartiflette. Voilà pourquoi j'ai fondu en larmes hier au repas. Ce n'était pas qu'un plat de tartiflette, c'était l'histoire de ma fille qui se rejouait pour moi.
Une étape ? Inévitable ? Surement. Douloureuse ? Très.
Dans quelques jours, quand je serai prête, je referai une tartiflette. Pas la même, ce ne sera jamais la même. Mais j'y mettrai les mêmes ingrédients, autant d'amour et d'attention. Mais cette fois ci, combien j'espère avoir la force de porter ce plat pour qu'il ne s'étale pas par terre, combien j'espère que mon bébé ait tous ses chromosomes bien mis ...
Puis vient le soir.
17h, je lance la cuisson du repas. Carottes, pommes de terres, oignons je vais faire une tartiflette à la carotte, un test.
18h , je coupe les légumes avec ma filles, les mets dans le plat, le reblochon et zou au four. Nous nous réjouissons, comme ca va être bon ! Comme nous allons l'apprécier ce plat ce soir alors que cela fait plusieurs soirs que nous mangeons sur le pouce.
18h30, je me rends compte que le plat est trop haut dans le four, je sors donc le plat du four avec sa grille pour le baisser d'un cran. Le plat glisse. Comme un éclair, le temps de rien, je ne peux rien faire, mes mains sont bloquées sur la grille. Si je ne fais rien, le plat casse. Si j'essaye de le rattraper, la grille tombe, le plat casse. Quoi que je fasse, mon plat de tartiflette va s'écraser au sol. Cela ne prends qu'un temps infime, microscopique ... Et pourtant les pensées défilent. Il ne reste plus qu'à espérer que les dégats ne soient pas trop importants.
Le plat tombe, s'éclate au sol. Il y a du verre partout, mélangé dans chaque morceau de légume, dans chaque part de fromage. Tout est par terre, répandu dans ma cuisine, inmangeable ... Et moi je crie. NON. Pas ca !!!! PUT*** pas ca !!!!! J'EN AI MARRE !!!!!
Ma fille a sursauté au choc, elle prend peur quand je crie.
Mon conjoint essaye de me rassurer, ca arrive, on en refera une, je vais aller chercher autre chose à manger.
Mais je ne veux pas autre chose, je veux ma tartiflette !!!!! J'essaye, coute que coute, de ramasser les morceaux de légumes qui potentiellement ne sont pas touchés par le verre. J'entends un " Mais ca ne sert à rien d'essayer de les ramasser c'est dangereux ... On ne va pas manger ca."
Mais je m'en contrefiche, je veux pas tartiflette, alors je sors un plat, je ramasse, je trie.
Je regarde mon plat, il y a 3 malheureux morceaux de carottes qui se battent en duel, que j'ai pu sauver ... Sans en plus avoir la certitude absolue qu'il n'y a pas de verre dedans.
La boule me monte à la gorge, je lance un "je n'ai pas la force de tout mettre à la poubelle, tu t'en occupes ? Je vais chercher autre chose à manger... "
La boule sortira pendant le repas, j'éclate en sanglot, devant les yeux ébahis de mon conjoint qui ne comprends pas pourquoi avoir cassé ma tartiflette me mets dans cet état.
Une histoire de tartiflette ? Pas que !
Parce que dans ma rage hier, j'ai réalisé, que cette histoire c'est aussi l'histoire de ma grossesse et de ma fille.
On l'avait préparée avec amour cette petite bébé. On avait tout programmé dans notre tête, on lui avait préparé un gros baluchon d'amour tout prêt pour elle, j'avais déjà multiplié mon coeur de maman, avant même qu'elle vienne se loger dans mon ventre. J'avais un peu acheté ses ingrédients ...
Puis on y a mis du coeur, à la faire et la faire bien ! J'ai pris soin de respecter les consignes de précautions, son papa a pris soin de moi afin que je puisse au mieux lui faire un nid tout douillet, sa grande soeur mettait également tout son coeur à l'ouvrage, en pensant déjà à ses doudous, ses vetements, lui faisant des caresses. On lui a tous préparés un petit plat tout beau, et zoup au four, faut "lever" maintenant bébé, thermostat 7, on t'attends !
On ouvre le four de mon ventre, à travers l'appareil d'échographie, on observe bébé, tout se passe bien là dedans? Ah non, il y a un petit problème ... Oh, 3 fois rien, juste des bras malformés, si on règle un peu la grille et on remet au four, nous on est prêts à l'accueillir quand même !
Donc voilà, mais le réglage ne se passe pas comme prévu, à l’amniocentèse on apprend que ce ne sont pas que ses 2 bras qui posent question, mais tout son développement, tu es atteinte d'un syndrome rare ma fille. Le plat chute. Il y a ce moment, où on se demande quoi faire, un instant bref et éternel en même temps. Quoi qu'on fasse, tout est voué à être douloureux. Alors on regarde notre bébé chuter, en si peu de temps. Ce bébé qu'on avait mis tant d'amour, d'énergie et de temps à construire, il était là tout beau, et l'instant d'après il est tout cassé, au sol, notre coeur avec.
Puis il faut tout ramasser, morceau après morceau, de notre coeur, du souvenir de notre bébé aussi ... C'est chéri qui ramasse aussi, mon coeur en miette, et qui m'aide à le porter un peu le temps que je sois capable de le faire seule.
Voilà ... Ou comment revivre une épreuve au travers d'un plat de tartiflette. Voilà pourquoi j'ai fondu en larmes hier au repas. Ce n'était pas qu'un plat de tartiflette, c'était l'histoire de ma fille qui se rejouait pour moi.
Une étape ? Inévitable ? Surement. Douloureuse ? Très.
Dans quelques jours, quand je serai prête, je referai une tartiflette. Pas la même, ce ne sera jamais la même. Mais j'y mettrai les mêmes ingrédients, autant d'amour et d'attention. Mais cette fois ci, combien j'espère avoir la force de porter ce plat pour qu'il ne s'étale pas par terre, combien j'espère que mon bébé ait tous ses chromosomes bien mis ...