Forum de l'association Petite Émilie

Bonjour,
Voila un peu plus de deux mois qu'est née notre fille Elie (je viens juste d'apprendre que c'était une fille), lors d'une IMG à 15SA+ pour T21 en mosaïque. C'était ma première grossesse.
Les médecins indiquent que le volet médical est bon, et que cette T21 était le fruit du hasard. En ce sens, j'aimerais assez rapidement relancer un projet bébé, n'étant plus toute jeune. Je suis persuadée que cette prochaine grossesse sera une épreuve difficile, mais il me semble qu'attendre davantage ne la rendra pas plus simple. Et j'ai envie de regarder vers l'avenir, de me battre pour cela.

Cependant, j'avoue que me trouve relativement mal en point. Il se passe rarement un jour sans que je ne pleure longuement. Au fil des différentes phases que nous avons du traverser, je ne pensais pas que la chute continuerais, mais c'est pourtant le cas. Ma gynéco m'a indiqué que bien souvent c'est vers le 3è mois suivant l'accouchement que la situation pouvait être la plus difficile.
Pour ma part, je ne sais que penser. Vais-je bientôt commencer à remonter doucement la pente, ou vais-je continuer à m'enfoncer et à sombrer comme j'en ai l'impression pour l'instant? A quel moment vais-je réussir à reprendre la main sur mon quotidien, et ré-envisager l'avenir de façon un peu plus positive, malgré la peine qui demeurera?

(Je suis consciente que chacune de nos histoire est très différente, et chacune d'entre nous a aussi perçu sa propre histoire de façon différente, et que vos réponses ne seront pas nécessairement ma vérité. Mais malgré tout, c'est parmi vos témoignages que je me reconnais le plus, et c'est ici le seul lieu où j'ai le sentiment de pouvoir m'exprimer librement, être entendue et recevoir des réponses qui ne semblent pas "à coté de la plaque".. Et où je ne me heurte pas au tabou sacré, aussi, qui force au silence !)

Du coup, je me demandais, pour celles d'entre vous qui liront ce poste et qui ont un peu plus "d'ancienneté" que moi : Et vous, à quel moment avez-eu le sentiment de commencer à remonter la pente? Y-a-t-il un un facteur particulier qui vous y a aidées?

Amicalement,

Bonjour méli,

Pour répondre à ta question, comme pour toi l'envie d'une noivelle grossesse a été rapidement présente. J'ai refusé la contraception après mon IMG, cela faisait déjà 3 ans que nous espérions un enfants dans nos foyer et cela n'avait pas de sens pour moi de mettre ce projet en attente, malgré la peine et le choc.

Mais comme toi, j'ai été très affectée par la perte de mon petit garçon. Au bout de deux mois (c'est à dire là où tu en es a priori) je reprenais le travail, malgré des hauts et des bas (tous les 2-3 jours, le moral changeait. J'étais à fond dans l'effet montagne russes émotionnelles). Cela a été très dur, plusieurs choses se sont mal passées et cela a été un choc de plus de constater que rien n'avait changé alors que mon monde, mon schéma mental, lui, était très différent. Ma façon de voir la vie, mes choix, mes certitudes avaient été bouleversées et l'univers entier me jetais à la tête le fait que, pour lui, la disparition de mon bébé n'avais entraîné aucun changement. Et pourtant, une fois ce nouveau choc encaissé, reprendre le travail m'a permis de me reconnecter avec moi même. En redevenant quelqu'un d'actif, même dans la douleurs, j'etais "tirée" vers la vie, vers les gens et vers ce que j'avais toujours été, une femme active et professionnelle.

A titre personnel je dirais qu'au bout de 3-4 mois, les choses se sont vraiment tassées. Je ne pleurait plus chaque jour dans l'anonymat du métro, sur le chemin du boulot. Mais le declic s'est vraiment produit quand ma DPA a éte passée. Le compte à rebours était terminé en quelque sorte ("j'aurais du en être à mon Xème mois de grossesse..."). Et j'ai, ce jour là, le jour où j'aurais du accoucher, été déclarer mon enfant à l'état civil. Je crois que psychiquement j'ai accepté que c'etait fini ce jour là. Je me suis dit que j'étais arrivée au bout d'un chemin et que je ne devais garder en tête que le bonheur, la joie d'avoir été enceinte.

Au bout de 6 mois j'étais bien. J'esperais juste tomber enceinte rapidement. Bien sûr il y avait des coups de mou, des retours de peine. Mais leur fréquence était beaucoup plus espacée.

Je suis retombée enceinte au bout de 10 mois. Les trois premiers mois de cette grossesse ont été un énorme retour en arrière. Je n'ai pas réussi à investir ce nouveau bébé, je n'ai pas cessé de penser à mon fils, à mon enfant disparu.

Chaque expérience de femme est différente bien sûr. Mais je pense qu'il y a des étapes à franchir. Le temps n'est pas seul en cause, il y a aussi les événements, et le travail que l'on fait sur soi. Le deuil n'est pas linéaire, et on fait des aller-retours entre les moments de mieux et ceux qui nous ramènent en arrière.

J'espère que tu trouveras ta voie parmi cette peine. Plein de pensées à tous nos petits....

Salut Meli,
Tout d abord bienvenue et une grosse pensée à ta petite fille.
Le temps sont très differents d une personne à l'autre mais ce qui semble un facteur commun pour nous toutes c'est que l'evolution n'est pas lineal mais plutot fluctuant entre les jours meilleurs et la redescente. C' est a dire, parfois on crois que c'est bon que on a reussi et d un coup tout reviens en arriere. Et ça est normal.
Seulemet on replonge de moins en moins souvant jusqu au le jour ou on se rende compte que ça va plutôt bien.
Je sais pas quand j'ai senti vraiment que j etait plus dans un trou, mais c est sure que ce n'etait pas à deux mois de l accouchement.
Aujourd hui je peux dire que ça va, mais il m'arrive encor3 d etre triste face à de souvenirs et même de pleurer.
Laisse toi ton temps. C est vital.
Beaucoup de courage

Bonjour,
Merci pour ces retours.
Effectivement, comme vous l'indiquez, il semble que pour beaucoup la DPA ai été un moment important dans l'avancée du deuil. Mais pour moi, ça signifie encore presque 4 mois, ça parait interminable. Bien sur cela restera une étape importante, mais j'espère qu'à ce moment là je ne serais pas encore en train de tomber chaque jour plus bas - j'aimerais bien entrevoir le fond bientôt, sinon à un moment, il va devenir difficile de se relever...! Comme tu le dis aussi Anne, j'imagine qu'une prochaine grossesse va probablement raviver la douleur et la peur - on verra, c'est en tout cas ce à quoi je tente de me préparer.
Mia, effectivement, j'ai l'impression que le temps est pleins de surprises, je n'en suis jamais là où je pensais aller. Mais ces temps-ci, j'attends avec un peu d'impatience les moments un peu plus légers, même si c'est pour mieux retomber ensuite. C'était un peu le sens de ma question: s'il y a des hauts et des bas, quand vont commencer à réapparaître les hauts, que j'ai l'impression de perdre de vue ces temps-ci ?
Bref, ce n'est pas simple...
Bon courage à vous pour vos projets respectifs, et une pensée pour vos bouts de chou!

Meli, malheureusement on peut pas savoir combien de temps le bas vont durer et dans combien de temps il vont disparaitre "deffinitivement". C est complexe, different chez chacune de nous.
Ça m'arrive aujourd hui d'avoir de bas, 7 mois après. Ils sont moins frequents et moins intenses, plus faciles à controler... mais il sont là et je suis sure qu il seront là pour toujours car ça fait desormais partie de moi aujourd hui.
Tout ce que je peux te dire c est qu aujourd hui je fait ma vie presque comme avant: je sort, je vois du monde (mais une petite selection des gens seulement), je travaille, je rigole... je peux toujours pas vour des femme enceintes même si je le suis moi même (mais c est tellement recente qu il y a aucune certitude), je ne fait plus rien que j'ai pas envie de faire et je suis un peu dans mon monde et j'oublie les choses plus facilement qu'avant. Mais je strees aussi beaucoup moins qu avant pour des choses banales car j'ai apris la vrai valeur des choses.
Vive tes emotions pleinement, accueille les et n'esseye pas d'aller bien à tout prix. Les choses arriveront doucement et par elles mêmes.