Forum de l'association Petite Émilie

Ce week end, j'étais au mariage d'un de mes amis d'enfance.
Assez peu de monde était au courant de ma grossesse. Je pense même que certaines personnes ont appris au moment du décès d'Hanaé que j'étais enceinte.
Bref, à ce mariage, je croise un ami de mon frère et de mes copains d'enfance, qui habite loin, il voit mes fils et me dit: "et toi alors, tu as combien d'enfants?". Je n'ai pas su trop quoi dire, je ne voulais pas m'étaler, alors j'ai répondu 2 garçons. Je me suis sentie mal, j'ai eu l'impression de trahir ma fille. J'ai senti une très grande tristesse m'envahir.

Je me demande comment on peut parler de ça aux gens qui ne sont pas au courant. C'était mon 3eme bébé. Elle est là dans mon coeur. Elle a sa place au cimetière (son grand frère dit que Hanaé dort au cimetière, c'est compliqué pour lui, il n'a que 3 ans), elle est "présente" dans nos vies, nous parlons d'elle, du futur aussi.

D'un côté, j'ai envie de crier au monde entier que oui j'ai perdu ma fille, que je suis immensément triste, qu'elle me manque, que je veux encore la sentir en moi... et de l'autre, je veux garder cette perte pour moi, pour "l'assimiler", la "digérer". Peut être qu'un jour je trouverais une façon d'annoncer cette perte, en limitant les questions en retour.

Bonjour
C'est encore très récent . Pour ma part c'était ma première grossesse et je ne savais pas quoi dire quand on me demande si j'ai des enfants. Au départ je disais non et j'avais la boule au ventre . En septembre , nouvelle rentrée scolaire , nouveaux collègues qui n'étaient pas au courant pour ma grossesse me pose la question , après le mariage c'est les enfants? Qd je me sents en confiance avec la personne je le dis j'ai été enceinte l'année dernière car notre bébé était trisomique , je gère mon deuil et oui nous en voulons d'autres mais pour l'instant dame nature ne veut pas. Je suis allée l'inscrire sur le livret de famille en septembre et c'est à ce moment là que j'ai pris conscience de la place qu'elle prenait dans notre famille . La psychologue et la reflexologue me font réfléchir sur comment en parler et surtout raconter au prochain bébé l'histoire de ce bébé particulier qui sera à tout jamais dans notre cœur.

Je pense qu'avec le temps tu te sentiras prête à en parler avec bcp d'amour et de douceur pour cette petite fille qui fait partie de vous et tes enfants seront là pour t'aider à raconter ce que vous avez vécu car c'est bien connu que eux ne prennent pas des gants pour dire les choses.
Bon courage
Sophie

Comment parler de nos enfants disparu, c'est la question insoluble pour beaucoup d'entre nous, en tous cas ça l'est encore pour moi...

Cela fait un an et demi que j'ai perdu ce petit garçon et c'est encore très dur d'en parler, de trouver les mots pour expliquer que nous avons du faire un choix terrible pour notre enfant, un choix d'amour. D'expliquer que, dans mon coeur, c'est mon premier enfant. De dire combien je l'ai aimé même si je ne l'ai connu qu'en moi, lorsque je le portais. Alors je ne sais pas quoi te dire.

Il y a énormément de gens qui ne sont pas au courant pour mon fils dans mon entourage, amis, famille, collègues.... Pour l'instant je fais comme si, je réponds que oui, ça sera mon premier, car je suis à nouveau enceinte. Mais cela me fend le coeur à chaque fois.

Je crois qu'avec le temps, en ce qui me concerne, et au fil des occasions, je trouverai le courage et la force de parler de mon fils, simplement et sans m'étendre. Mais ce jour n'est pas encore venu.

Cette question est importante mais elle peut évoluer avec le temps. C'est en avançant dans ton deuil que tu saurais ce que tu veux dire et à qui. C'est ce que j'espère pour moi également.

Bonjour Vega

Je crois qu’effectivement c'est un grand questionnement pour nous tous... Que dire en cas de "Avez vous des enfants ? " Quelles réponses donner ? Je me suis moi même beaucoup posé la question... ainsi qu'à mon homme.

Je n'ai toujours pas vraiment de réponse car cela ne met toujours pas arrivé de devoir répondre à une telle question. Mais je crois que si je dis non, j'aurais l'impression de trahir mon bébé, de l'abandonner une fois de plus... A mes yeux, elle a belle et bien existé même si pour tous le monde ce n'est pas le cas. Elle a une place dans notre famille. Mais dire oui, implique aussi d'accepter la gène que cela peut occasionner dans la conversation... Il faut surtout que tu vois en fonction de toi qu'est ce qui te fait plus de bien ...

Je penses aussi que cela est une question de "filigue" tu le sens ou non, tu te sens prêtes ou pas...
Aujourd'hui tu as répondu cela mais peut-être qu'un jour quand la douleur sera moins présente et que tu arriveras à parler de ton enfant naturellement cela sonnera comme un déclic et répondra simplement lorsque l'on te le demandera ...

Je te souhaite de trouver des réponses que ce soit aujourd'hui ou au fil du temps ... Pleins de courage

Bonjour à toutes,
Je vous comprends toutes...moi aussi, à chaque fois qu'on me pose la question, j'ai envie d'évoquer ma fille ... Aujourd'hui, alors que je suis enceinte à nouveau d'une fille, que tout le monde me dit "c'est génial, le choix du roi" je pense aussitôt à celle que j'ai perdu, ayant envie de répondre aux gens que j'ai déjà une fille, pas dans mes bras, mais dans mon cœur. Mais, en fait, je crois que j'ai + peur de mettre les gens mal à l'aise que de parler de ma fille, car j'en ai toujours beaucoup parlé. Et si l'occasion se présente, j'en parle naturellement sans chichi, et les gens comprennent mais comme dit l'une d'entre vous, on le dit si on sent le feeling avec la personne en face, quand c'est le bon moment...

Bonjour.
Je suis aussi avec la meme question, ne voulant pas gener les gens. Mais repondre que je nai pas d enfants je ne veux pas non plus. Je pense repondre que je nai pas d enfant vivant meme si ce nest pas forcement mieux... peut etre que lon peut trouver la reponse a apporter au fur et a mesure des questions et des reactions des gens.

J'en ai parlé à la psy du coup, de ce questionnement.
Mon mari l'a dit a une de ses collègues de manière un peu "brutale". Quand elle lui a demandé combien il avait d'enfants et de quels âges, il a répondu 3, 3 ans, 18 mois et elle est morte ...
Il est comme ça, très franc. Moi je suis pas capable de faire comme ca.
La psy m'a conseillé de dire 3 mais malheureusement nous avons perdu notre fille en cours de grossesse.
C'est plus doux. Ca me correspond mieux. Je verrais comment je ferais la prochaine fois que la question se posera...

vega174 a écrit : ↑07 juillet 2018, 08:29 La psy m'a conseillé de dire 3 mais malheureusement nous avons perdu notre fille en cours de grossesse.

C'est un peu ce que je fais aussi quand on me pose la question. Je réponds que j'ai perdu une petite fille il y a 3 ans. Je ne précise pas forcément que c'était une IMG. Maintenant qu'il y a aussi Raphaël, ça va peut-être changer.

Et voilà, cette question que je redoutais tant a été posée!
Un ami de ma soeur m'a demandé combien j'avais d'enfants, j'ai répondu "2 garçons et on a perdu une petite fille il y a 2 mois".
J'étais soulagée et fière de pouvoir enfin le dire comme ça, de façon simple. Il a eu l'air un peu gêné du coup (et désolée aussi), mais tant pis! Je veux lui donner sa juste place à ma petite Hanaé.

Pour ma part, les proches en qui j'ai confiance savent que j'ai perdu une petite fille pendant la grossesse. Aux autres, je leur dis que j'ai une fille de 3 ans. Un copain que j'avais perdu de vu et que j'ai recroisé il y a 3 mois a beaucoup insisté pour savoir pourquoi je n'avais pas de deuxième enfant. J'ai fini par lui lâcher qu'on avait perdu une petite fille. Il était tellement confus et atterré que je lui ai dit que c'était en cours de grossesse, au début du deuxième trimestre. Je me sentais coupable et mal -à-l'aise qu'il puisse croire que j'avais perdu une petite fille qui avait vécu. Comme si perdre un enfant qui n'a jamais vécu était moins grave. Et après je m'en suis voulu d'avoir dit ça, et pensé cela. Bref, ça reste très compliqué pour moi, et je parle juste de ma fille aînée et de mon âge avancé de quadragénaire ^^ comme ça on me fiche la paix.