Forum de l'association Petite Émilie

Demain, c'est l'inhumation de ma fille.
Elle est née sans vie le 28 mai 2018. Nous avons préféré faire la crémation une semaine après l'accouchement, et décaler l'inhumation, afin que nos amis puissent venir (nous ne voulions que la famille proche le jour de la cérémonie).
Je ne comprends toujours pas pourquoi j'ai accouché trop tôt. Et aujourd'hui, la réalité me rattrape. Je me rends compte petit à petit que ma fille ne sera jamais avec nous. Demain, c'est un dernier adieu.
Je me rends compte que toute ma vie, je vais vivre avec cette perte. Toute ma vie ma fille me manquera. Il y a des jours où ça va bien. Je m'occupe de mes grands, je reprends du plaisir à être avec eux. Le quotidien suit son cours.

Aujourd'hui, j'ai eu mon retour de couches. Je ne m'y attendais pas si tôt. Ca me rappelle de mauvais souvenirs: j'ai eu un décollement à 13SA, et des saignements tout le long de ma grossesse.

Elle me manque tellement. Est ce que un jour la peine s'apaisera? Sera moins intense? Je l'espère. Elle est ma dernière pensée du soir, ma première pensée du matin. Je la vois dans ses grands frères. Même toute petite, elle leur ressemblait tellement.

Un jour, j'agrandirai ma famille. Je ne sais pas quand, dans 1 mois ou 1 an ou plus tard. Mais ma petite Hanaé restera auprès de moi, dans mon coeur pour toujours.

Merci à ce forum d'exister. Je me sens moins seule.

Bonjour Vega,

Je suis triste de te lire. Tous ces moments sont encore si à vif, c'est légitime de se sentir perdue, de se demander si un jour on retrouvera un peu de paix...

Mais je ne te cache pas que le temps, le travail et la réflexion sur soit, seront des alliés pour aller mieux. Je me souviens que j'ai beaucoup pleuré durant les mois qui ont suivis la perte de mon fils, mais aussi beaucoup vidé mon esprit de tout ce qui l'occupait auparavant, et beaucoup réfléchi à cette épreuve, à la perte de mon premier enfant, au manque de sens que cela avait, et aux souvenirs qu'il me restait de ces moments. Mon cerveau, par moment les effaçait, c'était très bisard, et j'avais beaucoup de mal à me souvenir du visage de mon fils. Et parfois ces souvenirs étaient si forts, si envahissants, que je me sentais comme paralysée. La psy m'a expliqué que, lord d'un trauma violent, le cerveau se bloque, se met en mode survie pour permettre à la vie de revenir. Car la douleur, le choc est trop fort pour être supporté non stop durant des jours. Alors souvent, on a quelques jours de mieux, et puis les souvenirs reviennent, avant d'avoir à nouveau une période de répit.

Nous vivrons toutes avec la perte de nos anges. Mais dans notre malheur, nous auront aimé nos enfants aussi fort qu'une mère peut aimer. Et je peux te dire, avec un an de recul, que c'était précieux. Je suis heureuse d'avoir aimé mon fils, et de l'avoir accompagné durant le petit bout de chemin que nous avons fait ensemble. Je sais que je suis la personne qui a le plus compté dans sa courte vie, et j'espère de tous mon coeur qu'un jour nous seront réunis, car il a énormément compté pour moi également.

Et même si je pleure encore parfois sa perte, je suis incapable de regretter d'avoir été brièvement et pour l'éternité, sa maman.

C’est beau Anne ce que tu écris là... C’est vrai qu’avec le recul ce que je retiens de cette aventure c’est la chance que j’ai d’aimer à ce point ce bébé, j’espère vraiment retrouver ma puce à la fin de ma vie aussi...
Mon entourage a difficile parfois de comprendre que je ne regrette en rien d’avoir pu vivre cette grossesse...

Vega, la période du retour de couche avait été compliquée pour moi aussi, rappel de douloureux souvenirs... en plus je pense qu’il entraine une chute d’hormones qui n’arrange rien... Cela fait bientôt 6 mois que j’ai perdu mon bébé et je peux te dire que oui la peine s’apaise chez moi, je me souviens plus des moments « agréables » comme le sentiment d’amour, notre rencontre, nos contacts pendant ma grossesse,... plutôt que les moments tristes. J’y pense toujours autant mais de manière plus paisible qd même... Au niveau du manque par contre c’est encore fort difficile, c’est p-e aussi pcq je n’ai pas d’autres enfants pour remplir un peu ce manque de pouponner, cajoler,... Même si, on est bien d’accord que tes grands ne peuvent malheureusement pas combler ce manque simplement pcq ils ne sont pas ton bébé

Je te souhaite beaucoup de courage pour demain et pour les autres jours... Douces pensées à nos petits anges d’amour