IMG le 25/05/2018 et désespoir insurmontable
Posté : 12 juin 2018, 13:49
Bonjour à toutes et à tous,
Cela fait plusieurs jours maintenant que je parcoure ce forum, qui me fait beaucoup de bien d'ailleurs par vos différents témoignages. Aujourd'hui j'ai décidé de publier un message car comme vous je n'arrive pas à surmonter cette épreuve, je sais qu'il est encore tôt (img le 25/05/2018), que cette interruption est encore trop récente, mais je suis anéantie...
Je me présente brièvement avant de continuer: je m'appelle Amandine, j'ai 29 ans, c'était ma première grossesse et mon bébé était atteint de Trisomie 21 libre et homogène.
Je souffre énormément et en même temps j'ai l'impression de ne pas avoir assimilé tout ce qui est arrivé en quelques semaines (l'échographie qui montrait une clarté nucale élevée, la biopsie du trophoblaste, les rendez-vous médicaux par ci par là comme un robot, l'attente des résultats, cette attente traumatisante avec mon bébé à l'intérieur, au chaud, avec moi...). Je vis cette douleur pleinement et en même temps, j'ai l'impression d'être en dehors de mon corps (ce corps que je déteste par ailleurs: je ne peux plus me regarder dans le miroir, je me douche dans le noir...) et d'observer cela de l'extérieur, c'est très étrange... J'ai déjà vécu un deuil, mon frère est décédé il y a deux ans d'un arrêt cardiaque alors que rien ne le présageait, comme ça du jour au lendemain. J'ai mis deux ans à "m'en remettre" avec l'aide d'une merveilleuse psychologue, je suis passée par des étapes que je ne souhaite à personne, et là après deux ans de reconstruction je me lance dans un projet d'enfant avec mon conjoint, et voilà vous connaissez la suite... Encore un deuil, encore une épreuve, et ce deuil là n'est pas le même, il est pire, je le vis en tant que maman qui n'a pas pu protéger son bébé et qui l'a perdu, c'était un garçon... Comme vous, je culpabilise, nous avons pris cette décision ensemble, c'était la bonne mais certains jours dans mon cœur je ne suis pas en paix avec cette dernière, je ne supporte pas d'être sans mon bébé, d'être revenue vide, déconnectée de lui, de lui avoir retiré la vie. Cette culpabilité (peut-être infondée) est trop lourde à porter. Et comme vous, j'en veux à la vie, je ne comprends pas, je suis en colère, d'une fureur noire à l'intérieur de moi, une rage que je n'arrive pas à contrôler. Les larmes coulent toutes seules à longueur de journée. Je sens que je perds pieds. Je ne sais pas quoi faire pour m'en sortir. J'ai l'impression d'être comme morte à l'intérieur, (désolée pour ces mots forts qui, je l'espère, ne vous choqueront pas, j'ai longtemps hésité à venir écrire ici et je me suis dit que, s'il y avait bien un endroit où je pouvais utiliser ces mots-là, ce serait celui-là).
De plus, avec mon conjoint depuis cette épreuve, il y a des hauts et des bas, surtout des bas je dois dire. Je sens qu'on n'arrive pas à s'aider, nos colères se heurtent, on se déchire parfois plus qu'autre chose et ça me rend folle car paradoxalement, en ce moment où j'ai perdu toute confiance en moi, confiance en ce corps que je hais, j'ai besoin de son amour, de ses attentions, j'ai besoin que l'on soit proche, que l'on essaie de se "ressourcer" ensemble et c'est bien difficile ... Cela rajoute encore plus à ma douleur et à la sienne. C'est quelqu'un de très colérique, colère qu'il a réussi à dompter avec le temps et du travail et cette épreuve fait ressortir ses vieux démons, je me sens impuissante et de toute manière, je n'ai plus de force...
Je suis désolée pour ce message de désespoir, j'avais besoin de venir le "crier" ici (même si je crois que je devrais aller crier au sens littéral quelque part...peut-être que cela me ferait du bien...). J'avais besoin de parler à des mamans qui sont passées par le même chemin, vos différentes conversations m'ont aidée jusque là donc aujourd'hui c'est à mon tour de poster quelque chose.
Merci par avance et je vous embrasse.
Cela fait plusieurs jours maintenant que je parcoure ce forum, qui me fait beaucoup de bien d'ailleurs par vos différents témoignages. Aujourd'hui j'ai décidé de publier un message car comme vous je n'arrive pas à surmonter cette épreuve, je sais qu'il est encore tôt (img le 25/05/2018), que cette interruption est encore trop récente, mais je suis anéantie...
Je me présente brièvement avant de continuer: je m'appelle Amandine, j'ai 29 ans, c'était ma première grossesse et mon bébé était atteint de Trisomie 21 libre et homogène.
Je souffre énormément et en même temps j'ai l'impression de ne pas avoir assimilé tout ce qui est arrivé en quelques semaines (l'échographie qui montrait une clarté nucale élevée, la biopsie du trophoblaste, les rendez-vous médicaux par ci par là comme un robot, l'attente des résultats, cette attente traumatisante avec mon bébé à l'intérieur, au chaud, avec moi...). Je vis cette douleur pleinement et en même temps, j'ai l'impression d'être en dehors de mon corps (ce corps que je déteste par ailleurs: je ne peux plus me regarder dans le miroir, je me douche dans le noir...) et d'observer cela de l'extérieur, c'est très étrange... J'ai déjà vécu un deuil, mon frère est décédé il y a deux ans d'un arrêt cardiaque alors que rien ne le présageait, comme ça du jour au lendemain. J'ai mis deux ans à "m'en remettre" avec l'aide d'une merveilleuse psychologue, je suis passée par des étapes que je ne souhaite à personne, et là après deux ans de reconstruction je me lance dans un projet d'enfant avec mon conjoint, et voilà vous connaissez la suite... Encore un deuil, encore une épreuve, et ce deuil là n'est pas le même, il est pire, je le vis en tant que maman qui n'a pas pu protéger son bébé et qui l'a perdu, c'était un garçon... Comme vous, je culpabilise, nous avons pris cette décision ensemble, c'était la bonne mais certains jours dans mon cœur je ne suis pas en paix avec cette dernière, je ne supporte pas d'être sans mon bébé, d'être revenue vide, déconnectée de lui, de lui avoir retiré la vie. Cette culpabilité (peut-être infondée) est trop lourde à porter. Et comme vous, j'en veux à la vie, je ne comprends pas, je suis en colère, d'une fureur noire à l'intérieur de moi, une rage que je n'arrive pas à contrôler. Les larmes coulent toutes seules à longueur de journée. Je sens que je perds pieds. Je ne sais pas quoi faire pour m'en sortir. J'ai l'impression d'être comme morte à l'intérieur, (désolée pour ces mots forts qui, je l'espère, ne vous choqueront pas, j'ai longtemps hésité à venir écrire ici et je me suis dit que, s'il y avait bien un endroit où je pouvais utiliser ces mots-là, ce serait celui-là).
De plus, avec mon conjoint depuis cette épreuve, il y a des hauts et des bas, surtout des bas je dois dire. Je sens qu'on n'arrive pas à s'aider, nos colères se heurtent, on se déchire parfois plus qu'autre chose et ça me rend folle car paradoxalement, en ce moment où j'ai perdu toute confiance en moi, confiance en ce corps que je hais, j'ai besoin de son amour, de ses attentions, j'ai besoin que l'on soit proche, que l'on essaie de se "ressourcer" ensemble et c'est bien difficile ... Cela rajoute encore plus à ma douleur et à la sienne. C'est quelqu'un de très colérique, colère qu'il a réussi à dompter avec le temps et du travail et cette épreuve fait ressortir ses vieux démons, je me sens impuissante et de toute manière, je n'ai plus de force...
Je suis désolée pour ce message de désespoir, j'avais besoin de venir le "crier" ici (même si je crois que je devrais aller crier au sens littéral quelque part...peut-être que cela me ferait du bien...). J'avais besoin de parler à des mamans qui sont passées par le même chemin, vos différentes conversations m'ont aidée jusque là donc aujourd'hui c'est à mon tour de poster quelque chose.
Merci par avance et je vous embrasse.