Pour toi mon petit Lucas
Posté : 22 décembre 2015, 16:55
Bonjour à vous, j'ai écrit ce texte au fur et à mesure de mon histoire. A partir du moment où j'ai appris la fin de ma grossesse jusqu'à la dernière date indiquée. Je l'ai écrit pour mon petit garçon, avec tout l'amour que je lui porte et parce que cela me faisait du bien de lui parler. J'ai décidé de le publier pour qu'il soit gravé à jamais dans ce monde virtuel qu'est internet.
SANS MOT
25/06/2015 – Une partie de papa et une partie de maman se rencontrent et forment un petit œuf, c’est le début de ta formation, le début de la vie.
15/07/2015 – Depuis quelques jours déjà, j’avais de forts soupçons… Et c’est en ce mercredi 15 juillet que tu m’as fait une très belle surprise… Test de grossesse positif !! Une joie immense envahit mon corps, je pleurs de bonheur. Annonce à ton papa le soir même, énorme sourire aux lèvres. Je t’aime déjà…
08/09/2015 – 1ère écho du 1er trimestre obligatoire, comme tu es beau mon petit cœur ! Tu bouges tellement, la sage femme a du mal à te prendre en photo. Tu me remplis de joie, mon cœur se gonfle de bonheur. Grandit bien mon bébé, allez le temps faut que tu passes vite que je veux mon petit bout dans mes bras ! Tu es déjà tellement aimé. Tu remplis d’amour notre vie, celle de tes grands parents, de ta future tata.
Je n’arrive pas à croire que cela nous arrive, c’est merveilleux ! Je ne réalise pas qu’un petit être grandit, prend vie dans mon ventre. Tu fais déjà parti de la famille, tout le monde t’attend avec impatience. Tu es prévu pour le 25/03/2016.
Mi Septembre 2015 – En Corse, 1ère fois que je te sens bouger. C’est bizarre comme sensation, des papillons dans le ventre, mais c’est formidable. Un vrai bonheur
Octobre 2015 – je te vois bouger, enfin ! Je pose ma main sur le ventre et je te sens très bien… Tes petits coups de pied, ça fait des bosses c’est rigolo. C’est à ce moment là que ton papa te sent aussi et peut écouter ton cœur…Allez mon bébé, on finit le 4ème mois, bientôt on en est à la moitié, encore quelques mois et je te prends dans mes bras.
21/11/2015 – 2ème écho du 2ème trimestre obligatoire, tout se passe bien, papa est là. La sage femme nous montre ta tête, ton ventre, on voit bien ta colonne vertébrale. Ton p’tit nez et ta bouche… Que tu es beau mon bébé. Quelle surprise de voir que tu es un petit garçon ! Egale à toi-même tu gigotes toujours autant ! Ensuite, arrive la seconde qui va nous faire passer d’un moment merveilleux de bonheur au stress et à l’angoisse. Elle voit une petite poche de liquide en bas de ton dos. C’est à ce moment là que j’ai compris que la suite allait être sombre. De là, la gynéco pense à un méningocèle, qu’il faut aller voir un spécialiste pour faire une écho plus approfondie et comprendre ce que tu as exactement.
Je sens en moi une peine immense, une tristesse incontrôlable parce que je sais, je le sens au plus profond de moi, que cette « petite » poche n’annonce vraiment rien de bon pour toi et pour nous. Allez mon bébé, accroche toi, on a besoin de toi. Je te sens de plus en plus bouger maintenant. Je te parle tous les jours. Je t’aime. Ton papa est optimiste. Pour lui ce n’est rien de grave, c’est opérable. « Crois en notre bonne étoile » Il a raison, on garde espoir.
24/11/2015 – RDV à Marseille pour voir une spécialiste. Ton papa n’a pas pu venir travail oblige. Ta future mamie et ta tata m’accompagnent. On enchaine accueil, salle d’attente, secrétariat, salle d’attente, sage femme, salle d’attente, box et enfin après des heures d’attente, salle d’écho avec l’interne et la gynéco.
Début de l’échographie, elle regarde tout ton petit corps. Je repère très vite cette « petite » poche qui n’est pas si petite que ça. Ca te prend une bonne partie du dos et descend jusqu’au sacrum. Ce n’est pas bon signe. Elle regarde avec attention tes jambes… De nouveau je comprends immédiatement qu’il y a un autre problème lié à cette poche de liquide. Je fonds en larme, incapable de me contrôler. J’ai compris. La gynécologue m’explique quels sont les problèmes : tu as déjà des complications cérébrales, problèmes de vessie et d’intestin, tes jambes ne se plient pas et se courbent vers l’intérieur. Verdict, tu as un spina bifida mon bébé, le plus grave, nommé myéloméningocèle. Cela veut dire que ta colonne vertébrale au tout début de ton développement ne s’est pas fermée en totalité. Du coup, le liquide céphalo rachidien se libère et forme cette fameuse poche. Cela engendre une pression dans ton petit cerveau et une incapacité de mobiliser tes jambes correctement. C’est l’effondrement dans la salle. Ta mamie et ta tata réalisent la gravité de la situation et pleurent contre moi. Je suis sous le choc mais consciente de la décision à prendre.
La gynécologue commence à m’expliquer les différents choix mais c’est inutile. Dans ton cas mon bébé il m’est impossible de te laisser vivre comme cela. C’est alors qu’elle me parle de l’Interruption Médicale de Grossesse (IMG). La chose la plus atroce au monde que l’on peut faire subir à une femme. Cela signifie faire déclencher l’accouchement et te mettre au monde naturellement.
J’appelle ton papa qui, je le sais, sera complètement d’accord et prendra la même décision que moi. Je crois qu’il ne réalise pas vraiment la situation. Il reste calme, me dit que c’est la meilleure décision à prendre pour toi mon petit cœur. Qu’on ne peut pas continuer comme ça et te laisser vivre une vie qui n’en est pas une.
Je signe le papier disant que nous sommes d’accord pour une IMG. La signature la plus difficile de ma vie. Cela se fera le lundi 30/11/2015. C’est ce jour là que nous te verrons mon bébé. C’est ce jour là que ta vie s’arrêtera sans jamais qu’elle ait vraiment commencée.
Je ressens une telle COLERE ! Une telle injustice ! Pourquoi toi mon bébé ? Pourquoi nous… Tu n’as rien demandé, tu ne mérites pas ça. Tu n’auras pas la chance de vivre.
J’écris ce début SANS MOT ce jour le 25/11/2015. Oui c’est hier que nous avons appris la terrible nouvelle. Je continue à te parler car tu es toujours dans mon ventre, j’essaie de t’expliquer la situation. Je crois que tu ressens les choses, tu me fais comprendre que tu es toujours là. J’espère que tu comprendras notre décision. Elle a été prise avec une souffrance immense, une douleur terrible mais remplie d’amour. C’est la meilleure pour toi mon bébé et pour nous. Comment accepter de te voir grandir avec de tels problèmes psycho moteur ? Que tu sois dans l’incapacité d’être autonome, de vivre ta propre vie et de ne pas pouvoir réfléchir par toi même?
Je te rassure mon petit cœur, quand tu nous quitteras lundi tes arrières grands parents t’accueilleront avec amour dans ce paradis si bien pensé pour toi. Ils t’embrasseront et t’aimeront fort. Je sais qu’ils s’occuperont parfaitement de toi.
26/11/2015 – Aujourd’hui cela fait 5 mois et 1 jour que tu es dans mon ventre. Mais je ne suis pas heureuse. Je ne l’écris pas sur le calendrier cette fois ci. Les jours passent et le temps nous amène petit à petit à la fin de ta vie. J’essaie de profiter de chaque instant qu’il me reste avec toi mon petit bout. Je t’aime très fort. Je te sens toujours autant bouger, n’hésite pas continue. Je pleurs moins, je crois que mon corps s’est mis en stand by. J’essaie de penser sereinement à lundi pour que ce moment soit malgré tout un moment calme et paisible pour toi. Je suis fatiguée, je vais essayer de dormir un peu. Je t’aime mon petit cœur.
28/11/2015 – C’est une journée sans comme on dit aujourd’hui… Dur de me lever, j’ai été triste mais ton papa a réussi à quelques moments à me redonner le sourire. Tu bouges toujours autant, qu’est ce que j’adore te voir donner des petits coups. Mon ventre fait des vagues. Je voudrais profiter encore de toi longtemps, mais malheureusement, c’est demain que nous prenons la route pour Marseille. C’est là que je suis née et cela me conforte de savoir que tu naitras dans la même ville que moi. Cela me donne tellement de peine de déjà te quitter… Me séparer de toi me donne tant de tristesse, plus de 5 mois, cela parait peu mais j’ai vécu avec toi, je me suis habituée à ta présence, je me suis imaginée de merveilleux instants avec toi mon petit cœur. Je suis tombée sur une très belle citation sur internet et je trouve qu’elle est parfaite… « La peine ne se mesure pas au nombre de semaines ou au vécu d’un bébé, mais à la grandeur du rêve que portaient en eux ses parents. » Je suis prête à être maman depuis le jour où nous avons décidé avec ton papa que j’arrêtais la pilule. J’ai tant d’amour à donner. J’aurais tellement aimé te le montrer davantage. C’est injuste ce qui nous arrive, c’est injuste que ça tombe sur toi mon bébé. Tu n’as rien demandé et quelle cruauté de la vie de nous confronter à cette épreuve. Je t’aime fort mon petit garçon, jamais je ne t’oublierai. J’espère que lundi sera un moment calme et serein, que je n’aurais plus de colère envers cette injustice.
29/11/15 – Arrivés à l’hôpital vers 17h, c’est prévu pour le lendemain. On me donne 3 médicaments à prendre pour stopper la grossesse. J’essaie de profiter un maximum de toi mon petit cœur, de te sentir bouger encore un peu. Je pose mes mains sur mon ventre, je t’envoie tout l’amour que j’ai pour toi et je m’endors. Notre dernier jour ensemble arrive à sa fin…
30/11/15 – Réveil difficile. Je sais que c’est LE jour. Je suis terriblement triste mais tel un fantôme, je trouve la force de me laver avec la bétadine et de mettre la chemise d’hôpital. On attend… Vers 8h40, les brancardiers arrivent et me descendent en salle d’accouchement, ton papa n’est pas loin. Il me soutient, me fait des câlins c’est rassurant.
Il est 9h30, la sage femme pose le 1er comprimé au niveau du col de l’utérus pour enclencher le travail. Ensuite vient la pose de la péridurale.
Je ne cesse de penser à toi. La gynéco arrive avec l’équipe qui va s’occuper de faire l’amniocentèse et d’administrer les produits pour t’endormir doucement et surtout que tu ne souffres pas.
A ce moment je crois que je suis perdue, je ne sais pas vraiment ce qui m’arrive. Je ne veux pas te perdre, je voudrais te garder dans mon ventre encore. Ce n’est pas possible… Pas déjà, pas si vite. Au moment du geste, il y a ta mamie qui est prêt de moi, elle a posé ses mains sur mon visage ça me fait du bien. C’est comme si elle absorbait toute ma souffrance et ma peur. Je te parle intérieurement. Je t’envoie tout l’amour que j’ai pour toi, jamais je ne t’oublierais. Nous avons pris la meilleure décision pour toi et j’essaie de rester calme. Tes arrières grands parents vont t’accueillir avec tout l’amour et la tendresse possibles. Je t’aime fort.
Le geste est terminé, ce n’est qu’une question de temps pour que ton petit cœur s’arrête de battre. Maintenant, il faut que le travail avance pour que je puisse te mettre au monde.
Les heures passent… Régulièrement la sage femme vient voir comment cela évolue, c’est assez lent. C’est normal, tu es mon premier bébé. Et puis je crois qu’au fond de moi, je ne veux pas te voir partir. J’ai toujours envie de te protéger même si je sais que tu n’es déjà plus là.
Et puis à un moment, soudain, je ressens une forte envie de pousser. Je sens une forte pression en bas du ventre, tu es entrain d’arriver. J’ai peur mais il faut que je pousse, c’est incontrôlable… La sage femme arrive très vite, ta mamie est toujours là. Je pousse, je sens que tu viens par le bas. Tes jambes, ton corps et puis ta tête. Ca y est, en quelques minutes même pas, tu es sorti. 18h56. Jamais je n’oublierai cette heure. Ta mamie a été là pour m’accompagner, m’a soutenue, c’était fort. 700g/32cm. Lucas
Nous avons décidé de te voir mon petit cœur, une fois lavé et habillé, la sage femme t’a amené. J’ai eu peur de mal réagir mais en te voyant cela s’est évaporé à l’instant où je t’ai aperçu. Tu es magnifique. Que tu es beau mon petit garçon… Ton visage est si doux, si serein. Tu as déjà des cheveux bruns sur la tête, ta peau est toute douce. Oh que je t’aime. Je te porte un peu j’ai peur de te faire mal, c’est stupide comme réaction. Je profite de toi encore un peu. Je sais qu’il faut que je te rende à la sage femme et c’est très dur. J’y arrive malgré tout, c’est la dernière fois que je te verrai mon petit cœur.
01/12/15 – Il est 21h, assise sur mon lit, j’écris… je ne cesse de penser à toi mon petit Lucas. J’ai toujours en tête ton visage, si doux, si beau. Ta peau fragile et froide mais douce. Je suis triste de ne plus t’avoir près de moi, mais tu es dans mon cœur. Tu es mon premier bébé. Je ne cesse de penser à hier. A ce que j’ai vécu du début jusqu’à la fin. En boucle, continuellement. J’ai tout le temps envie de pleurer. Mon ventre est vide. Je me sens seule malgré le fait que ton papa est toujours là pour me faire des câlins et me réconforter.
5 mois passé dans mon ventre, à grandir. Je t’ai imaginé, j’ai espéré vivre des choses merveilleuses avec toi et ton papa, avec ta famille. Comment vais-je faire pour surmonter cette peine, cette souffrance de ne plus t’avoir ? Je voudrais te porter encore dans mes bras, t’embrasser, te câliner. Que tu es beau mon petit garçon. Je suis perdue, déchirée de ton absence. J’essaie d’être forte mais le chemin est long.
30/11/15 – 18h56 mon petit cœur, Lucas, tu es venu au monde, et est parti rejoindre les étoiles.
« Tu n’es plus là où tu étais, mais tu es partout là où je suis. » V.H
03/12/15 – Voilà maintenant 3 jours que je t’ai mis au monde mon petit garçon et je ressens toujours ce vide immense dans mon cœur. Tu me manques terriblement. Je suis toujours aussi en colère de ce qui nous arrive. Pourquoi la vie a décidé de nous confronter à cette épreuve atroce ? Te perdre est la chose la plus horrible que je dois vivre. Je rêve de te prendre dans mes bras, de te faire des bisous, de t’exprimer mon amour. Comment faire pour avancer ? Comment faire pour reprendre gout à la vie après t’avoir perdu ? Je me sens tellement triste, je souffre de ce vide immense.
Et puis j'ai décidé de me prendre en main et de m'inscrire sur ce forum...
SANS MOT
25/06/2015 – Une partie de papa et une partie de maman se rencontrent et forment un petit œuf, c’est le début de ta formation, le début de la vie.
15/07/2015 – Depuis quelques jours déjà, j’avais de forts soupçons… Et c’est en ce mercredi 15 juillet que tu m’as fait une très belle surprise… Test de grossesse positif !! Une joie immense envahit mon corps, je pleurs de bonheur. Annonce à ton papa le soir même, énorme sourire aux lèvres. Je t’aime déjà…
08/09/2015 – 1ère écho du 1er trimestre obligatoire, comme tu es beau mon petit cœur ! Tu bouges tellement, la sage femme a du mal à te prendre en photo. Tu me remplis de joie, mon cœur se gonfle de bonheur. Grandit bien mon bébé, allez le temps faut que tu passes vite que je veux mon petit bout dans mes bras ! Tu es déjà tellement aimé. Tu remplis d’amour notre vie, celle de tes grands parents, de ta future tata.
Je n’arrive pas à croire que cela nous arrive, c’est merveilleux ! Je ne réalise pas qu’un petit être grandit, prend vie dans mon ventre. Tu fais déjà parti de la famille, tout le monde t’attend avec impatience. Tu es prévu pour le 25/03/2016.
Mi Septembre 2015 – En Corse, 1ère fois que je te sens bouger. C’est bizarre comme sensation, des papillons dans le ventre, mais c’est formidable. Un vrai bonheur
Octobre 2015 – je te vois bouger, enfin ! Je pose ma main sur le ventre et je te sens très bien… Tes petits coups de pied, ça fait des bosses c’est rigolo. C’est à ce moment là que ton papa te sent aussi et peut écouter ton cœur…Allez mon bébé, on finit le 4ème mois, bientôt on en est à la moitié, encore quelques mois et je te prends dans mes bras.
21/11/2015 – 2ème écho du 2ème trimestre obligatoire, tout se passe bien, papa est là. La sage femme nous montre ta tête, ton ventre, on voit bien ta colonne vertébrale. Ton p’tit nez et ta bouche… Que tu es beau mon bébé. Quelle surprise de voir que tu es un petit garçon ! Egale à toi-même tu gigotes toujours autant ! Ensuite, arrive la seconde qui va nous faire passer d’un moment merveilleux de bonheur au stress et à l’angoisse. Elle voit une petite poche de liquide en bas de ton dos. C’est à ce moment là que j’ai compris que la suite allait être sombre. De là, la gynéco pense à un méningocèle, qu’il faut aller voir un spécialiste pour faire une écho plus approfondie et comprendre ce que tu as exactement.
Je sens en moi une peine immense, une tristesse incontrôlable parce que je sais, je le sens au plus profond de moi, que cette « petite » poche n’annonce vraiment rien de bon pour toi et pour nous. Allez mon bébé, accroche toi, on a besoin de toi. Je te sens de plus en plus bouger maintenant. Je te parle tous les jours. Je t’aime. Ton papa est optimiste. Pour lui ce n’est rien de grave, c’est opérable. « Crois en notre bonne étoile » Il a raison, on garde espoir.
24/11/2015 – RDV à Marseille pour voir une spécialiste. Ton papa n’a pas pu venir travail oblige. Ta future mamie et ta tata m’accompagnent. On enchaine accueil, salle d’attente, secrétariat, salle d’attente, sage femme, salle d’attente, box et enfin après des heures d’attente, salle d’écho avec l’interne et la gynéco.
Début de l’échographie, elle regarde tout ton petit corps. Je repère très vite cette « petite » poche qui n’est pas si petite que ça. Ca te prend une bonne partie du dos et descend jusqu’au sacrum. Ce n’est pas bon signe. Elle regarde avec attention tes jambes… De nouveau je comprends immédiatement qu’il y a un autre problème lié à cette poche de liquide. Je fonds en larme, incapable de me contrôler. J’ai compris. La gynécologue m’explique quels sont les problèmes : tu as déjà des complications cérébrales, problèmes de vessie et d’intestin, tes jambes ne se plient pas et se courbent vers l’intérieur. Verdict, tu as un spina bifida mon bébé, le plus grave, nommé myéloméningocèle. Cela veut dire que ta colonne vertébrale au tout début de ton développement ne s’est pas fermée en totalité. Du coup, le liquide céphalo rachidien se libère et forme cette fameuse poche. Cela engendre une pression dans ton petit cerveau et une incapacité de mobiliser tes jambes correctement. C’est l’effondrement dans la salle. Ta mamie et ta tata réalisent la gravité de la situation et pleurent contre moi. Je suis sous le choc mais consciente de la décision à prendre.
La gynécologue commence à m’expliquer les différents choix mais c’est inutile. Dans ton cas mon bébé il m’est impossible de te laisser vivre comme cela. C’est alors qu’elle me parle de l’Interruption Médicale de Grossesse (IMG). La chose la plus atroce au monde que l’on peut faire subir à une femme. Cela signifie faire déclencher l’accouchement et te mettre au monde naturellement.
J’appelle ton papa qui, je le sais, sera complètement d’accord et prendra la même décision que moi. Je crois qu’il ne réalise pas vraiment la situation. Il reste calme, me dit que c’est la meilleure décision à prendre pour toi mon petit cœur. Qu’on ne peut pas continuer comme ça et te laisser vivre une vie qui n’en est pas une.
Je signe le papier disant que nous sommes d’accord pour une IMG. La signature la plus difficile de ma vie. Cela se fera le lundi 30/11/2015. C’est ce jour là que nous te verrons mon bébé. C’est ce jour là que ta vie s’arrêtera sans jamais qu’elle ait vraiment commencée.
Je ressens une telle COLERE ! Une telle injustice ! Pourquoi toi mon bébé ? Pourquoi nous… Tu n’as rien demandé, tu ne mérites pas ça. Tu n’auras pas la chance de vivre.
J’écris ce début SANS MOT ce jour le 25/11/2015. Oui c’est hier que nous avons appris la terrible nouvelle. Je continue à te parler car tu es toujours dans mon ventre, j’essaie de t’expliquer la situation. Je crois que tu ressens les choses, tu me fais comprendre que tu es toujours là. J’espère que tu comprendras notre décision. Elle a été prise avec une souffrance immense, une douleur terrible mais remplie d’amour. C’est la meilleure pour toi mon bébé et pour nous. Comment accepter de te voir grandir avec de tels problèmes psycho moteur ? Que tu sois dans l’incapacité d’être autonome, de vivre ta propre vie et de ne pas pouvoir réfléchir par toi même?
Je te rassure mon petit cœur, quand tu nous quitteras lundi tes arrières grands parents t’accueilleront avec amour dans ce paradis si bien pensé pour toi. Ils t’embrasseront et t’aimeront fort. Je sais qu’ils s’occuperont parfaitement de toi.
26/11/2015 – Aujourd’hui cela fait 5 mois et 1 jour que tu es dans mon ventre. Mais je ne suis pas heureuse. Je ne l’écris pas sur le calendrier cette fois ci. Les jours passent et le temps nous amène petit à petit à la fin de ta vie. J’essaie de profiter de chaque instant qu’il me reste avec toi mon petit bout. Je t’aime très fort. Je te sens toujours autant bouger, n’hésite pas continue. Je pleurs moins, je crois que mon corps s’est mis en stand by. J’essaie de penser sereinement à lundi pour que ce moment soit malgré tout un moment calme et paisible pour toi. Je suis fatiguée, je vais essayer de dormir un peu. Je t’aime mon petit cœur.
28/11/2015 – C’est une journée sans comme on dit aujourd’hui… Dur de me lever, j’ai été triste mais ton papa a réussi à quelques moments à me redonner le sourire. Tu bouges toujours autant, qu’est ce que j’adore te voir donner des petits coups. Mon ventre fait des vagues. Je voudrais profiter encore de toi longtemps, mais malheureusement, c’est demain que nous prenons la route pour Marseille. C’est là que je suis née et cela me conforte de savoir que tu naitras dans la même ville que moi. Cela me donne tellement de peine de déjà te quitter… Me séparer de toi me donne tant de tristesse, plus de 5 mois, cela parait peu mais j’ai vécu avec toi, je me suis habituée à ta présence, je me suis imaginée de merveilleux instants avec toi mon petit cœur. Je suis tombée sur une très belle citation sur internet et je trouve qu’elle est parfaite… « La peine ne se mesure pas au nombre de semaines ou au vécu d’un bébé, mais à la grandeur du rêve que portaient en eux ses parents. » Je suis prête à être maman depuis le jour où nous avons décidé avec ton papa que j’arrêtais la pilule. J’ai tant d’amour à donner. J’aurais tellement aimé te le montrer davantage. C’est injuste ce qui nous arrive, c’est injuste que ça tombe sur toi mon bébé. Tu n’as rien demandé et quelle cruauté de la vie de nous confronter à cette épreuve. Je t’aime fort mon petit garçon, jamais je ne t’oublierai. J’espère que lundi sera un moment calme et serein, que je n’aurais plus de colère envers cette injustice.
29/11/15 – Arrivés à l’hôpital vers 17h, c’est prévu pour le lendemain. On me donne 3 médicaments à prendre pour stopper la grossesse. J’essaie de profiter un maximum de toi mon petit cœur, de te sentir bouger encore un peu. Je pose mes mains sur mon ventre, je t’envoie tout l’amour que j’ai pour toi et je m’endors. Notre dernier jour ensemble arrive à sa fin…
30/11/15 – Réveil difficile. Je sais que c’est LE jour. Je suis terriblement triste mais tel un fantôme, je trouve la force de me laver avec la bétadine et de mettre la chemise d’hôpital. On attend… Vers 8h40, les brancardiers arrivent et me descendent en salle d’accouchement, ton papa n’est pas loin. Il me soutient, me fait des câlins c’est rassurant.
Il est 9h30, la sage femme pose le 1er comprimé au niveau du col de l’utérus pour enclencher le travail. Ensuite vient la pose de la péridurale.
Je ne cesse de penser à toi. La gynéco arrive avec l’équipe qui va s’occuper de faire l’amniocentèse et d’administrer les produits pour t’endormir doucement et surtout que tu ne souffres pas.
A ce moment je crois que je suis perdue, je ne sais pas vraiment ce qui m’arrive. Je ne veux pas te perdre, je voudrais te garder dans mon ventre encore. Ce n’est pas possible… Pas déjà, pas si vite. Au moment du geste, il y a ta mamie qui est prêt de moi, elle a posé ses mains sur mon visage ça me fait du bien. C’est comme si elle absorbait toute ma souffrance et ma peur. Je te parle intérieurement. Je t’envoie tout l’amour que j’ai pour toi, jamais je ne t’oublierais. Nous avons pris la meilleure décision pour toi et j’essaie de rester calme. Tes arrières grands parents vont t’accueillir avec tout l’amour et la tendresse possibles. Je t’aime fort.
Le geste est terminé, ce n’est qu’une question de temps pour que ton petit cœur s’arrête de battre. Maintenant, il faut que le travail avance pour que je puisse te mettre au monde.
Les heures passent… Régulièrement la sage femme vient voir comment cela évolue, c’est assez lent. C’est normal, tu es mon premier bébé. Et puis je crois qu’au fond de moi, je ne veux pas te voir partir. J’ai toujours envie de te protéger même si je sais que tu n’es déjà plus là.
Et puis à un moment, soudain, je ressens une forte envie de pousser. Je sens une forte pression en bas du ventre, tu es entrain d’arriver. J’ai peur mais il faut que je pousse, c’est incontrôlable… La sage femme arrive très vite, ta mamie est toujours là. Je pousse, je sens que tu viens par le bas. Tes jambes, ton corps et puis ta tête. Ca y est, en quelques minutes même pas, tu es sorti. 18h56. Jamais je n’oublierai cette heure. Ta mamie a été là pour m’accompagner, m’a soutenue, c’était fort. 700g/32cm. Lucas
Nous avons décidé de te voir mon petit cœur, une fois lavé et habillé, la sage femme t’a amené. J’ai eu peur de mal réagir mais en te voyant cela s’est évaporé à l’instant où je t’ai aperçu. Tu es magnifique. Que tu es beau mon petit garçon… Ton visage est si doux, si serein. Tu as déjà des cheveux bruns sur la tête, ta peau est toute douce. Oh que je t’aime. Je te porte un peu j’ai peur de te faire mal, c’est stupide comme réaction. Je profite de toi encore un peu. Je sais qu’il faut que je te rende à la sage femme et c’est très dur. J’y arrive malgré tout, c’est la dernière fois que je te verrai mon petit cœur.
01/12/15 – Il est 21h, assise sur mon lit, j’écris… je ne cesse de penser à toi mon petit Lucas. J’ai toujours en tête ton visage, si doux, si beau. Ta peau fragile et froide mais douce. Je suis triste de ne plus t’avoir près de moi, mais tu es dans mon cœur. Tu es mon premier bébé. Je ne cesse de penser à hier. A ce que j’ai vécu du début jusqu’à la fin. En boucle, continuellement. J’ai tout le temps envie de pleurer. Mon ventre est vide. Je me sens seule malgré le fait que ton papa est toujours là pour me faire des câlins et me réconforter.
5 mois passé dans mon ventre, à grandir. Je t’ai imaginé, j’ai espéré vivre des choses merveilleuses avec toi et ton papa, avec ta famille. Comment vais-je faire pour surmonter cette peine, cette souffrance de ne plus t’avoir ? Je voudrais te porter encore dans mes bras, t’embrasser, te câliner. Que tu es beau mon petit garçon. Je suis perdue, déchirée de ton absence. J’essaie d’être forte mais le chemin est long.
30/11/15 – 18h56 mon petit cœur, Lucas, tu es venu au monde, et est parti rejoindre les étoiles.
« Tu n’es plus là où tu étais, mais tu es partout là où je suis. » V.H
03/12/15 – Voilà maintenant 3 jours que je t’ai mis au monde mon petit garçon et je ressens toujours ce vide immense dans mon cœur. Tu me manques terriblement. Je suis toujours aussi en colère de ce qui nous arrive. Pourquoi la vie a décidé de nous confronter à cette épreuve atroce ? Te perdre est la chose la plus horrible que je dois vivre. Je rêve de te prendre dans mes bras, de te faire des bisous, de t’exprimer mon amour. Comment faire pour avancer ? Comment faire pour reprendre gout à la vie après t’avoir perdu ? Je me sens tellement triste, je souffre de ce vide immense.
Et puis j'ai décidé de me prendre en main et de m'inscrire sur ce forum...