Forum de l'association Petite Émilie

Bonjour,

C'est la première fois que je cherche de l'aide via un forum, mais je me sens très seule et pour moi ce forum est le seul endroit où je sens que je peux être comprise.

Je me présente, je m'appelle Christelle, j'ai 35 ans. Il y a 2 mois maintenant j'ai appris que j'étais enceinte de mon premier enfant, c'était une surprise, une merveilleuse surprise pour moi et pour son père. Il s'était logé dans mon ventre pour l'anniversaire de son père lors d'un magnifique week-end à Prague et avait manifesté sa présence un mois plus tard pour mon anniversaire, je me réjouissais déjà de lui raconter cette histoire que je trouvais super.

Mais voilà, il y a 10 jours maintenant, première frayeur, je me lève un matin et je perds beaucoup de sang, direction les urgences, finalement c'est juste un petit décollement placentaire, on me rassure, je peux donc aller à l'échographie du 1er trimestre 2 jours plus tard. J'avais tellement hâte de cette rencontre entre notre bébé et son père...
On le voit, on le trouve parfait il croise ses petites jambes, c'est tellement beau. Puis, le silence...le gynéco reste longtemps sur cette image, je comprends tout de suite, mon compagnon non. La sanction tombe, sa nuque dépasse les 5 mm, il faut faire une biopsie du trophoblaste, on nous laisse quasi aucun espoir.

J'ai retenu mes émotions et puis en sortant du cabinet j'ai craqué, je pleure tout le temps depuis et mon compagnon ne comprends pas, ce n'est pas encore un bébé pour lui...J'ai fait cette biopsie jeudi dernier, la nuque du bébé a réduit un peu, c'est bon signe selon le médecin et l'infirmière qui l'assiste, je reprends espoir, j'y crois, j'arrive à moins pleurer et samedi le résultat: Trisomie 21.

Bien sûr depuis je suis effondrée, je pleure tout le temps, je ne dors presque plus...Nous sommes d'accord avec mon compagnon, ce sera une IMG mais pas pour tout ce qui entoure cet acte. J'aime ce bébé de tout mon coeur depuis l'instant même où j'ai su que j'étais enceinte c'est un crève-coeur pour moi de le laisser partir même si au fond de moi-même je sais que c'est la meilleur solution. J'aimerai pouvoir accompagner ce bébé du mieux que je peux, je voudrais être une bonne maman pour lui même si c'est dans cet événement si douloureux. Je voudrais qu'il continue à exister pour nous pour toujours. Au début, je voulais que ça se passe au plus vite, mais maintenant que je sais de façon certaine quelle est l'issu, je voudrais prendre le temps de ne rien regretter et j'ai l'impression que ce qui est le mieux pour mon bébé et pour moi est de prendre le temps de le voir, lui parler, lui donner un prénom et pourquoi pas un jour l'inscrire sur notre livret de famille. Mais mon compagnon ne veut pas en entendre parler, pour lui c'est "pas de prénom, pas de livret de famille, on oubliera pas mais on passe à autre chose et vite". Il ne comprends pas que je pleure tout le temps, il dit que je me fais du mal pour rien, que je complique tout, que je pense pas à lui.

Enfin voilà, je suis perdue, je ne trouve pas les mots pour lui faire comprendre ce que je ressens, pour lui faire comprendre que ce n'est pas me faire du mal mais juste suivre le chemin que je pense être le meilleur pour mon bébé et pour moi.

J'ai rendez-vous cet après midi pour savoir comment cela va se passer, rencontrer le médecin, l'anesthésiste, j'espère pouvoir trouver une oreille compréhensive mais c'est vrai que si une personne parmi vous avait rencontré les mêmes difficultés dans la compréhension avec son compagnon, cela m'aiderait beaucoup de la lire.

Merci beaucoup

Christelle

Bonjour Christelle,

Je suis sincèrement navrée de t'accueillir sur Petite Emilie. Si tu le souhaites, tu peux demander le livret de l'association à l'adresse petiteemilie@petiteemilie.org, il te sera délivré sur simple demande en pdf.
Il arrive souvent qu'on est des réactions différentes de nos conjoints. On pleure le même bébé mais pas de la même façon d'où les décalages dans le couple. Prends le temps de pleurer ton bébé, de le faire exister. Peut être que ton mari peut comprendre que tu aurais donné un prénom à ce bébé s'il était né vivant et que tu souhaites le faire tout de même comme n'importe qu'elle maman. Lui donner un prénom et préparer son arrivée, aussi douloureuse soit-elle c'est le faire exister et se confronter à une situation douloureuse contre laquelle ton mari souhaite peut être se protéger, te protéger.
Prenez le temps de discuter et sache que tu peux revenir ici déposer tes larmes et ta colère ou tout ce qui te passe par la tête/
Tendres pensées à ton bébé.
Céline

Coucou Christelle.

Je pense que ton conjoint est pt un peu dans le déni... Ce que vs vivez est très douloureux à vivre et vs ne le vivez pas de la mm façon...tu as limpression qu'il veut vite effacer tout cela et c'est sûrement ça façon de se protéger. J'espère pour toi que petit à petit il va pouvoir t'accompagner dans le chemin inverse.
Le rdv de cette après-midi lui permettra pt de vivre les choses différemment. Sinn il y a un très beau texte écrit par un papa dans la ruprbique qui leurs est dédié. Un texte où la petite fille était aussi trisomique. Il pourra pt s'y retrouver et percevoir les choses différemment.

Je te souhaite bcp de courage et en effet profite mm si c'est étrange et dur , de ces moments avec ton petit bébé , car ils seront les rares souvenirs.... Si précieux.

Bonjour Christelle,

Je suis désolée de t'accueillir ici.

Je suis admirative sur ta façon de réagir à tout faire pour profiter de tes derniers instants avec ton bébé qui sont effectivement si important.

Si jamais tu as des questions sur ce que tu peux prévoir pour le jour de ton accouchement (appareil photo, kit d'empreintes, doudous, vêtements, etc...), surtout n'hésite pas. Il est très important de se créer un maximum de souvenir avec notre bébé, ils te seront très précieux dans l'avenir.

Je te souhaite beaucoup de courage dans cette épreuve.

Nadège

Merci à vous pour vos messages et votre soutien dans cette épreuve.
Les choses n'ont pas vraiment évoluées en ce qui concerne la communication avec mon conjoint. Cependant, il accepte quand même aujourd'hui de me voir pleurer et de me prendre dans ses bras sans rien dire. Je sais qu'il fait de son mieux mais nous vivons les choses de manière différente.
je trouve en plus que nous ne sommes pas vraiment accompagnés par l'équipe médicale dans cette épreuve. J'ai demandé à voir quelqu'un pour que nous puissions exposer nos différents points de vue en terrain neutre, car je voudrais simplement qu'il accepte que je puisse vivre les choses différemment de lui sans que ce soit malsain ou que je me fasse du mal pour "rien" comme il le pense aujourd'hui. On m'a répondu que ce n'était pas possible maintenant, que nous verrions un psy après l'img, je comprends pas, c'est maintenant que nous en avons besoin.
heureusement, ce forum existe, il m'encourage beaucoup à réfléchir à ce que je veux pour mon bébé et à continuer sur mon chemin quoi qu'en pense mon entourage.
Merci encore pour votre soutien

Bonsoir Christelle,

Je suis tombée sur ton message et je voulais savoir comment tu allais aujourd'hui? Est-ce que tu as reçu de l'aide pour partager ce que tu ressentais avec ton conjoint en terrain neutre? Je ne comprends pas comment ils ont pu te répondre qu'il n'était pas possible que tu vois un psy! Si tu as fait la demande c'est que tu en as besoin et ils sont censés nous aider dans ces épreuves.

J'espère que tu as trouvé toute l'aide dont tu avais besoin pour surmonter ton chagrin et que cette année 2016 t'apportera beaucoup de bonnes choses.

Magali

Bonjour Christelle.
Nous vivont un peu la méme sitation notre histoire est la méme en ce qui concerne la trisome 21 et du coup l img méme s moi y a d autre probléme derriére . pour moi rien ne st encore fait . je vais le 18 janvier pour l img du moin je rentre le 16 pour murer mon col .... Mon mari par contre a beaucoup pleuré le premier jour depuis il reste dans son coin et y pense seul. pour lui aussi ce n est pas un bébé mais un foetus se smot peuvent aussi me froisser mais il essai de faire attention a ce q il dit maintenant parce que je prend tout mal.. en ce qui concerne le psy on ma dit exactement la méme chose que je ne verrai le psy qu aprés l img et avant ma sortie de l hopital( je ne vais pas en mat mais en chir pour ne pas entendre les pleure des bébés ) du coup je me sent aussi un peu mise a l ecart mais l equipe de castre pour ma part est assez bien et j ai un gyneco juste genial. J espere que tu va bien on na plus de nouvelle je pense que tu a du avoir recourt a l img depuis ta publi je pense trés fort a toi et n hesite pas a venir me parler si tu en en eprouve le besoin. a bientot
Aurore

Bonjour Aurore,
Merci beaucoup pour ton message. En effet, quand j'ai lu ton histoire j'ai eu envie de te répondre car la mienne y ressemble beaucoup. La situation avec mon conjoint a beaucoup évolué depuis mon premier message, il a longtemps voulu minimiser l'importance de cette épreuve mais maintenant je me rends compte que c'était plus par peur que je sombre et que je ne me relève pas. Il a compris quelques jours avant l'IMG,qui a eu lieu ce jeudi, que j'avais besoin de construire mon histoire avec mon fils et de la rendre la plus douce possible. Toute comme toi, j'avais acheté un doudou et un lange aussi et dormi avec les nuits qui ont précédé l'accouchement. A l'hôpital, il a été merveilleux, il a dormi chaque nuit avec moi et ne m'a pas quitté une minute. L'accouchement a eu lieu jeudi, c'était un moment très doux, un concentré d'amour avec mon compagnon, nous avons beaucoup parlé et là aussi il est toujours resté avec moi. Concernant notre petit garçon, nous avons pu le rencontrer quelques heures après, l'équipe médicale avait pris le soin de bien le préparer et nous l'a amené dans un petit couffin tricoté, c'était un moment merveilleux. Mon conjoint ne voulait pas le voir non plus au début, car comme ton mari il ne le considérait pas comme un vrai bébé, il trouvait ça un peu malsain et voyeuriste. Mais quand on nous a apporté le bébé et que je l'ai pris dans mes bras, au lieu de partir il est venu à côté de moi pour l'admirer, et tous les 2 nous l'avons trouvé magnifique. Mon cœur de mère s'est mis à battre encore plus fort et pour lui aussi ça a déclenché quelque chose en lui. Il a réalisé que c'était bien un bébé, notre bébé. Il a beaucoup pleuré l'heure suivante. Aujourd'hui, il m'a dit qu'il ne regrettait absolument pas, que finalement il le fallait.
Aujourd'hui, je me sens encore portée par ce moment magique qu'a été la rencontre avec mon fils, je me sens relativement sereine ayant l'impression d'avoir fait le maximum pour mon bébé et garder son petit corps intact, ce qui comptait beaucoup pour moi. L'amour que mon conjoint et moi partageons n'a jamais été aussi fort, ce qui me porte aussi. Nous avons chacun fait un pas vers l'autre, il a accepté la déclaration à l'état civil, j'ai renoncé au prénom et au livret de famille, c'est la solution qui convenait à notre couple. Mais mon bébé me manque terriblement et je ne peux toujours pas dormir, la nuit je continue à penser à lui et à pleurer. Je dois maintenant faire confiance au temps pour apaiser ma peine.
Il se sera passé pas mal de temps entre l'annonce du diagnostic et l'accouchement pour toi,pour moi aussi ce fut le cas et en ce qui me concerne ça m'a permis de bien réfléchir à ce que je voulais pour mon bébé, nous avons pu évoluer mon mari et moi en terme de communication, enfin nous avons vraiment réussi à parler ensemble seulement 48 heures avant mais nous n'y serions pas parvenu si nous n'avions pas eu ce temps. Nous n'avons pas encore vu de psys lui et moi, nous en verrons un ensemble dans 15 jours.
Je ne connais pas ton mari mais il a encore le temps d'évoluer sur sa façon de vivre cette épreuve, on ne se rend pas compte car c'est certainement plus vif chez nous et parce qu'on ressent pleins de choses dans notre corps et que nous n'avons pas la même relation avec no bébés que nous aimons à la folie depuis l'instant où nous avons connu leur présence mais c'est très dur pour les papas aussi. Mon conjoint culpabilise beaucoup, se trouve très égoïste, a l'impression de m'avoir fait du mal et pour lui aussi la question du "pourquoi nous? Qu'avons nous fait pour devoir vivre ça?" se pose, même si il sait bien sûr qu'il n'y a pas d'explications et que de toute manière que personne ne mérite de vivre une telle épreuve et surtout il a peur pour moi, il me sens fragile et craint que je réduise ma vie à ce que nous avons vécu ces dernières semaines.
Je te souhaite beaucoup de courage pour vivre ce moment, fais surtout tout ce dont tu as envie pour construire ton histoire avec ton bébé, et profites un maximum de ta rencontre avec lui. Comme pour chaque naissance, ce sera magique, il sera magnifique. Pour ton mari, ne t'inquiète pas tu vois déjà qu'il essaye de faire attention à ce qu'il dit pour ne pas te blesser, c'est bien qu'il est pret à faire des efforts pour t'accompagner en faisant de son mieux. C'est bien tout ce que l'on peut faire d'ailleurs, faire de notre mieux.
Je pense moi aussi très fort à toi, ton mari, ton bébé et le reste de ta famille et de la même façon si je peux t'apporter mon aide, n'hésites pas.

Je voulais aussi remercier Magali pour avoir pris de mes nouvelles.

A très bientôt,
Christelle