C'était le 31 Janvier
Posté : 11 avril 2018, 13:48
Bonjour,
Je m’appelle A. et j’ai 28 ans. Le 31 Janvier 2018, j’ai accouché à terme de mon deuxième fils, sans vie cette fois-ci.
Quelques jours après l’accouchement, j’ai décidé que je viendrai déposer mon histoire ici, quand j’aurais déjà passé certaines étapes du deuil, de la perte. Et que mon témoignage sur ce forum marquerait un pas dans ma reconstruction.
J’ai la sensation que j’en suis là maintenant. Alors, j’écris.
Je suis tombée enceinte « par hasard ». En tout cas, ce n’était pas prévu. A l’époque, je traversais une période difficile dans mon couple et dans la vie. Ce bébé imprévu est arrivé. Nous avons décidé de le garder et d’essayer de recoller nos morceaux. On y est progressivement parvenu. Mais pendant toute la grossesse, j’étais inquiète. Inquiète de voir à quel point cette deuxième grossesse différait de la première. Chose plutôt normale en réalité, mais moi, ça m’inquiétait. J’avais été « un peu malade » pour le premier, là, je vomissais mes trippes à chaque repas et j’avais des migraines à m’en faire exploser le cerveau. Et puis m’on ventre s’est arrondi plus vite, plus tôt. Alors que pour mon premier fils, je crapahutais encore au 9ème mois, là, à 4 mois et demi, j’avais déjà un ventre de plus de 6 et j’avais du mal à être « dynamique ». Il parait que c'est comme ça, « ce sont les bébés d’après le 1er », c’est normal. Mais moi, j’étais pas tranquille quand même. Et puis j’étais très fatiguée. Avec un premier enfant en bas âge dans les pattes, c’est normal. Et puis mon mari a perdu sa mère, il est rentré dans sa famille, qui habite à 10.000 km de la France. Et je me suis occupée seule de la maisonnée, en plus de mon travail, où les déplacements et autres sont le quotidien. Alors, en décembre, la sage-femme m’a arrêtée. Heureusement, j’étais crevée. Mais tout allait bien quand meme.
Début Janvier, nous allons faire la dernière échographie. Jusqu’à présent, inquiète sans raison, je n’avais pas trop investi la grossesse. Je m’étais dit : « on attend la dernière échographie pour acheter ce dont on aura besoin ». Mis à part un berceau à moitié équipé et un minuscule carton de vêtements pour bébé 0 mois, on n’avait rien. Parce que j’étais pas tranquille. Sans raison tangible.
Je m’allonge sur le lit du radiologue-échographe, toujours très sympathique. J’aimais bien le contact avec lui. Il fait les échographies. Le bébé est beau, bien proportionné, il bouge bien, beaucoup même. A la fin, le médecin nous dit « bon, il a un ventricule légèrement plus gros que la moyenne, mais ce n’est pas grave. Ça arrive fréquemment. Vous verrez, ça se résorbe après la naissance ». Et hop, nous voilà sorti du cabinet.
Nous ne sommes pas trop rassurés pour autant. Et petit à petit, durant la journée, nous tournons et retournons les pages du rapport, relisons les mesures prises. Mon mari est médecin. Et en se refaisant le film de l’échographie, des choses lui reviennent en tête : l’échographe n’a pas fait les gestes essentiels lors d’une détection d’une potentielle anomalie : il n’a pas mesuré cette anomalie (le compte rendu la qualifie de légère, sans qu’on sache de combien elle est exactement), il n’a pas fait appel à un confrère pour un 2ème avis et il ne nous a pas, par mesure de précaution, orienté vers le diagnostic anté-natal de notre hopital de référence. C’est tout ça qui fait fortement tiqué mon époux.
Je passe les détails. Mais la fin de l’histoire, c’est un accouchement à 9 mois de grossesse d’un bébé sans vie, à qui on avait diagnostiqué à la suite d’échographies poussées et IRM, une absence totale et isolée du corps calleux, ce petit pont qui relie les deux ventricules cérébraux.
Aujourd’hui, c’est l’heure pour moi de délester mon histoire ici, dans ce jardin du souvenir. Merci à toutes pour vos témoignages souvent libérateurs bien que très douloureux, qui m’ont aidés et accompagnés durant ces derniers mois sur le chemin si laborieux du deuil. Bon courage aux autres, aux suivantes car malheureusement, il y en aura toujours. Sachez que la vie apporte des belles choses comme des plus laides, mais qu’il est possible de vivre avec, au mieux.
Je laisse également un message dans la rubrique « les choses qui nous aidés à aller mieux », avec toutes les choses qui m’ont aidé à retrouver des moments plus léger et une ligne d’horizon plus apaisée.
Je m’appelle A. et j’ai 28 ans. Le 31 Janvier 2018, j’ai accouché à terme de mon deuxième fils, sans vie cette fois-ci.
Quelques jours après l’accouchement, j’ai décidé que je viendrai déposer mon histoire ici, quand j’aurais déjà passé certaines étapes du deuil, de la perte. Et que mon témoignage sur ce forum marquerait un pas dans ma reconstruction.
J’ai la sensation que j’en suis là maintenant. Alors, j’écris.
Je suis tombée enceinte « par hasard ». En tout cas, ce n’était pas prévu. A l’époque, je traversais une période difficile dans mon couple et dans la vie. Ce bébé imprévu est arrivé. Nous avons décidé de le garder et d’essayer de recoller nos morceaux. On y est progressivement parvenu. Mais pendant toute la grossesse, j’étais inquiète. Inquiète de voir à quel point cette deuxième grossesse différait de la première. Chose plutôt normale en réalité, mais moi, ça m’inquiétait. J’avais été « un peu malade » pour le premier, là, je vomissais mes trippes à chaque repas et j’avais des migraines à m’en faire exploser le cerveau. Et puis m’on ventre s’est arrondi plus vite, plus tôt. Alors que pour mon premier fils, je crapahutais encore au 9ème mois, là, à 4 mois et demi, j’avais déjà un ventre de plus de 6 et j’avais du mal à être « dynamique ». Il parait que c'est comme ça, « ce sont les bébés d’après le 1er », c’est normal. Mais moi, j’étais pas tranquille quand même. Et puis j’étais très fatiguée. Avec un premier enfant en bas âge dans les pattes, c’est normal. Et puis mon mari a perdu sa mère, il est rentré dans sa famille, qui habite à 10.000 km de la France. Et je me suis occupée seule de la maisonnée, en plus de mon travail, où les déplacements et autres sont le quotidien. Alors, en décembre, la sage-femme m’a arrêtée. Heureusement, j’étais crevée. Mais tout allait bien quand meme.
Début Janvier, nous allons faire la dernière échographie. Jusqu’à présent, inquiète sans raison, je n’avais pas trop investi la grossesse. Je m’étais dit : « on attend la dernière échographie pour acheter ce dont on aura besoin ». Mis à part un berceau à moitié équipé et un minuscule carton de vêtements pour bébé 0 mois, on n’avait rien. Parce que j’étais pas tranquille. Sans raison tangible.
Je m’allonge sur le lit du radiologue-échographe, toujours très sympathique. J’aimais bien le contact avec lui. Il fait les échographies. Le bébé est beau, bien proportionné, il bouge bien, beaucoup même. A la fin, le médecin nous dit « bon, il a un ventricule légèrement plus gros que la moyenne, mais ce n’est pas grave. Ça arrive fréquemment. Vous verrez, ça se résorbe après la naissance ». Et hop, nous voilà sorti du cabinet.
Nous ne sommes pas trop rassurés pour autant. Et petit à petit, durant la journée, nous tournons et retournons les pages du rapport, relisons les mesures prises. Mon mari est médecin. Et en se refaisant le film de l’échographie, des choses lui reviennent en tête : l’échographe n’a pas fait les gestes essentiels lors d’une détection d’une potentielle anomalie : il n’a pas mesuré cette anomalie (le compte rendu la qualifie de légère, sans qu’on sache de combien elle est exactement), il n’a pas fait appel à un confrère pour un 2ème avis et il ne nous a pas, par mesure de précaution, orienté vers le diagnostic anté-natal de notre hopital de référence. C’est tout ça qui fait fortement tiqué mon époux.
Je passe les détails. Mais la fin de l’histoire, c’est un accouchement à 9 mois de grossesse d’un bébé sans vie, à qui on avait diagnostiqué à la suite d’échographies poussées et IRM, une absence totale et isolée du corps calleux, ce petit pont qui relie les deux ventricules cérébraux.
Aujourd’hui, c’est l’heure pour moi de délester mon histoire ici, dans ce jardin du souvenir. Merci à toutes pour vos témoignages souvent libérateurs bien que très douloureux, qui m’ont aidés et accompagnés durant ces derniers mois sur le chemin si laborieux du deuil. Bon courage aux autres, aux suivantes car malheureusement, il y en aura toujours. Sachez que la vie apporte des belles choses comme des plus laides, mais qu’il est possible de vivre avec, au mieux.
Je laisse également un message dans la rubrique « les choses qui nous aidés à aller mieux », avec toutes les choses qui m’ont aidé à retrouver des moments plus léger et une ligne d’horizon plus apaisée.